Star Wars : The Clone Wars

Saison 1

Après un film pilote qui avait eu la mauvaise idée de sortir au cinéma alors qu'il n'était clairement pas fait pour ce format, la première saison de Star Wars : The Clone Wars le suit mais sur le petit écran cette fois-ci. S'il faut un ou deux épisodes pour rentrer réellement dans la narration, le reste de la saison est aussi varié que réussi en proposant autant des personnages bien travaillés qu'une découverte de la galaxie Star Wars riche et dépaysante.

En dehors des six films de cinéma, que la majorité du grand public connaît bien, Star Wars a fait vivre sa franchise à la télévision ou en vidéo. Le premier téléfilm de la saga remonte ainsi à 1978 avec Au Temps de la Guerre des Étoiles : il s’agit là plus d’un produit marketing que d'une œuvre de fiction, renié depuis par George Lucas. Viennent ensuite deux téléfilms autour des Ewoks : Star Wars : Les Aventures des Ewoks - La Caravane du Courage en 1984 et Star Wars : Les Aventures des Ewoks - La Bataille pour Endor en 1985. La même année, George Lucas produit parallèlement deux séries animées. La première se nomme Star Wars : Droïdes et ne dure qu'une seule saison. Elle a tout de même droit à un téléfilm en guise de conclusion, Star Wars : Droïdes - Heep Le Destructeur en 1986, puis à deux films sortis directement en vidéo, Star Wars : Droïdes - Les Pirates et le Prince en 1997 et Star Wars : Droïdes - Le Trésor de la Planète Cachée en 2004, simples compilations de plusieurs épisodes de la série remontés ensemble. La deuxième série animée se nomme quant à elle Star Wars : Ewoks. Elle dure deux saisons et a également droit à des films d'animation sortis directement en vidéo, et là aussi, proposant un montage de ses épisodes : Star Wars : Ewoks - Le Village Hanté en 1997 et Star Wars : Ewoks - Les Contes de la Forêt d'Endor en 2004. Il faudra ensuite attendre le deuxième épisode de la trilogie pour voir une nouvelle mini-série animée dérivée de Star Wars. Il s'agit de Star Wars : Clone Wars, narrant les aventures se passant après Star Wars : L'Attaque des Clones et censée préparer Star Wars : La Revanche des Sith.

Après le succès de la série animée, Star Wars : Clone Wars, diffusée sur Cartoon Network de 2003 à 2005, George Lucas annonce, dans la foulée de la diffusion de son dernier épisode, la mise en chantier d'une nouvelle série d'envergure traitant le même sujet, mais en 3D cette fois-ci. Il faut dire la première était en réalité plus une suite de pastilles qu'une véritable série animée. Composée de dix épisodes de trois petites minutes sur les deux premières saisons puis de cinq épisodes de douze minutes sur la dernière saison, l'ensemble dure en effet à peine deux heures. Le but, ici, est donc de proposer une série avec des épisodes de 22 minutes sur au moins 100 épisodes répartis au minimum sur cinq saisons. La première de Star Wars : The Clone Wars (le rajout de l'article défini dans le titre marque la différence nominative avec la première série) a donc lieu le 3 octobre 2008 sur Cartoon Network. En France, elle est diffusée à partir du 23 décembre 2008 sur W9, puis dans M6 Kid dès le 18 janvier 2009.

Pour superviser la série, George Lucas fait appel à un jeune artiste totalement passionné de l'univers Star Wars : Dave Filoni.
Dave Filoni, né le 7 juin 1974, grandit à Mt. Lebanon, une petite ville située près de Pittsburgh en Pennsylvanie. Il débute sa carrière en réalisant des storyboards pour des séries télévisées animées comme Teamo Supremo ou Dave le Barbare pour Disney Television Animation. En 2005, il se lance dans la réalisation et tourne dix épisodes de la série de science-fiction Avatar, le Dernier Maître de l'Air. Peu de temps après, il entre chez Lucasfilm Ltd. et réalise le film en images de synthèse Star Wars : The Clone Wars en 2008 avant de superviser la série. Après le rachat de The Walt Disney Company, il s'occupe des premières saisons de Star Wars : Rebels puis se consacre à Star Wars : Forces du Destin. et pose les grandes lignes de la série Star Wars : Resistance.

L’aspect visuel de Star Wars : The Clone Wars a été élaboré pour se démarquer de ce qui se faisait dans la concurrence. Ainsi, le style des personnages se rapproche plus de la série animée 2D avec un rendu très anguleux. Leur animation adopte en outre un côté saccadé afin de rendre hommage au genre du manga mais également aux séries de marionnettes anglaises des années 60 comme Thunderbirds. L'univers léché de Pixar, comme Les Indestructibles, est donc bien loin. Ce n'est pas non plus une série en motion-capture comme peut l'être le film La Légende de Beowulf. La série adopte clairement son propre style, que celui-ci soit apprécié ou pas. Les décors comme les effets spéciaux sont quant à eux superbes, plongeant véritablement le téléspectateur dans l'univers Star Wars. Il faut dire que la série Star Wars : The Clone Wars prend le parti, comme les six films cinéma, de proposer un format scope en 2.35 :1 - quasiment jamais utilisé pour la télévision !

Lors de la production, George Lucas est impressionné par la qualité de l'ensemble et décide sur le tard de proposer un film sur grand écran avant sa diffusion à la télévision, s’offrant là une sorte d’épisode pilote de luxe. Ainsi, il prend le scénario des quatre premiers épisodes prévus pour débuter la série et qui disposaient d’un fil rouge commun, puis les combine pour constituer un récit tenant sur une durée de 90 minutes, ce qui donne le film Star Wars : The Clone Wars. Bien mal lui en a pris car le format n'est clairement pas adapté pour le grand écran et l'ensemble est finalement très mal accueilli par la critique et boudé par la public, non habitué à voir Star Wars en animation au cinéma.

La première saison de Star Wars : The Clone Wars se voit composée de 22 épisodes reliés par un fil rouge somme toute très mince qui, au delà du thème de la Guerre des Clones, consiste dans la tentative de convaincre les différentes planètes de la République de rester dans son giron et de refuser les sirènes des séparatistes. Elle propose tout de même des arcs plus ou moins longs allant d'un seul épisode pour certains à d'autres récits s'étalant sur trois. La série démarre ainsi doucement avec une aventure sur un seul épisode, Embuscade, montrant Yoda affrontant la maléfique Asajj Ventress. Ce n'est pas forcément le meilleur moyen de créer l'intérêt : ce début de saison étant un peu mollasson. D'autres épisodes autonomes viendront d'ailleurs régulièrement s'intercaler entre des arcs plus longs et sont heureusement de meilleure facture. Parmi eux, il sera apprécié l'épisode Intrusion qui propose un discours politique entre diplomatie et guerrier très intéressant. L'épisode qui conclut la saison, Prise d'Otage, se concentre lui aussi sur un seul épisode. Sa réussite repose sur son suspense haletant qui referme la saison sur une note particulièrement positive.

Mais la grande force de cette saison est sans conteste ses arcs de deux ou trois épisodes. À commencer par celui du Malveillant (L'Aube du Malveillant, L'Ombre du Malveillant et Détruisez le Malveillant), dès le deuxième épisode, qui met alors en vedette Anakin Skywalker et son apprentie, Ahsoka Tano, aidés du maître Jedi Plo Koon. Ils affrontent alors le Général Grievous et son vaisseau invincible. Le diptyque La Capture du Comte Dooku et Le Général Gungan est aussi intéressant car il introduit un personnage qui va devenir emblématique de l'univers étendu Star Wars, apparaissant dans plusieurs séries mais aussi en tant qu'animatronique dans les Parcs Disney : le pirate Hondo Ohnaka. Un autre diptyque (Le Crash et Les Défenseurs de la Paix) est également passionnant. D'abord, il offre un beau rôle au chevalier Jedi Aayla Secura mais en plus, propose une planète dont les autochtones ont une vision très idéaliste de la paix et de la meilleure façon de la protéger. Enfin, la trilogie Tempête sur Ryloth, Les Innocents de Ryloth et Liberté sur Ryloth organise la découverte d'une planète mythique de la galaxie Star Wars : Ryloth, la planète des Twi'lek. L'arc introduit aussi le personnage de Cham Syndulla qui deviendra ensuite le père de Hera Syndulla, l'héroïne de Star Wars : Rebels.

Bien qu'à destination des enfants, Star Wars : The Clone Wars détonne par un ton plutôt sombre et violent. La série prend, en effet, pour toile de fond la guerre, ce qui implique morts et destructions. Alors, certes, il n'y a jamais de sang mais il est vu des vaisseaux complètement détruits avec des équipages à son bord. L'hécatombe est générale. De même, les clones sont régulièrement tués de la même façon que les droïdes de combats sont détruits. D'ailleurs, la série propose une réflexion intéressante sur l'utilisation des clones que les films avaient juste effleurée : bien que faits de matière vivante, ils sont utilisés par la République comme de la chair à canon, afin de rivaliser avec les droïdes de combats construits en nombre par les Séparatistes. Si les Jedi ont beaucoup de respect pour eux, il est évident que l'État qu'ils défendent n'en a aucun. Les Clones ne sont que des choses, vivantes certes, mais des choses tout de même. La série propose aussi différentes approches pour critiquer la guerre et ses conséquences allant du guerrier le plus belliqueux qui tue tout ce qui bouge et, à l'opposé, le pacifiste dont l'apathie ne peut empêcher le malheur de s'abattre tout de même sur lui. Avec le recul, la première saison de Star Wars : The Clone Wars est ainsi bien plus ambitieuse que ne le seront les entames des séries Disney, Star Wars : Rebels et Star Wars : Resistance, visant un public moins âgé. Heureusement, Star Wars : Rebels s'est bonifiée avec le temps et Star Wars : Resistance a vu la fin de première saison faire décoller son intérêt.

La première saison de Star Wars : The Clone Wars fait revenir beaucoup des personnages des films. Les héros de la série sont bien sûr Anakin Skywalker et Obi-Wan Kenobi mais le téléspectateur a aussi le plaisir de retrouver Yoda, Mace Windu, Palpatine aka Dark Sidious, le Comte Dooku, le Général Grievous, Padmé Amidala, les droides R2-D2 et C-3PO sans oublier le personnage honni des fans, Jar Jar Binks. La version française sera particulièrement appréciée car quasiment toutes les voix des films ont repris leur rôle, permettant une identification immédiate à la différence de la version originale où seul Anthony Daniels peut être entendu en tant que C-3PO.
Parmi les nouveaux personnages, le téléspectateur retrouve Ahsoka Tano introduite dans le film pilote. Cette apprentie Jedi est la Padawan d'Anakin Skywalker. Aussi têtue que lui, véritable tête brûlée doublée de pipelette, elle est particulièrement attachante en étant une combattante qui cherche à apprendre mais qui se trouve souvent être plus sage que son instructeur. Sa relation avec Anakin fonctionne bien et apporte une complicité qui donne de la fraîcheur aux épisodes où le Jedi et sa Padawan sont présents.
Asajj Ventress, elle aussi vue dans le film, apparaît régulièrement dans cette première saison. Guerrière Sith, créée dans la série télévisée de 2003, Star Wars : Clone Wars, elle donne toujours l'impression, comme dans le film, qu'il manque une partie essentielle de son histoire pour le téléspectateur qui ne connaît pas la première série. Il ignore donc tout de sa rencontre avec le Comte Dooku et de ses motivations. Un vrai handicap en soi.
Les autres personnages très présents dans la série sont naturellement les Clones et les Droïdes de combat. Les soldats arrivent malgré leur similitude à retranscrire une émotion et un discours nuancé plutôt bienvenus. Leur relation avec les Jedi est en outre correctement développée et intéressante. Les Droïdes séparatistes sont tout aussi réussis mais d'une autre manière : d'une naïveté confondante et d'une incompétence absolue, ils affichent un discours à la logique implacable mais qui s'avère souvent décalé et donc très drôle, apportant une légèreté inattendue aux épisodes. Leur réplique « Bien reçu, bien reçu. » est depuis devenue culte.

L'une des conséquences du rachat de Lucasfilm Ltd. par The Walt Disney Company est de mettre fin à l'Univers Étendu afin de laisser les coudées franches aux scénaristes pour les nouveaux films et les laisser partir d'une feuille blanche sans s'inquiéter de la cohérence de l'ensemble. Seuls sont désormais canon les six premiers films ainsi que le film et la série Star Wars : The Clone Wars. La chose est étonnante pour la série car non seulement elle vient compléter la précédente série Star Wars : Clone Wars mais s'est vue agrémenter d'autres oeuvres que ce soit en roman, en bandes dessinées ou en jeux vidéo. La deuxième série télévisée est donc l'unique à être canon ; tout le reste est devenu Légendes, ce qui amène certains problèmes comme les débuts de Asajj Ventress absents de la série CGI puisque présents dans la série 2D. Cette décision produit également des conséquences dans les futures oeuvres de Lucasfilm Ltd. puisque des personnages introduits dans Star Wars : The Clone Wars se retrouvent dans les nouvelles séries mais aussi dans les films comme Saw Gerrera dans Rogue One : A Star Wars Story. De même, le gros cliffhanger de Solo : A Star Wars Story aura son explication dans l'une des saisons de Star Wars : The Clone Wars. Mais les spectateurs ignorant tout des séries télévisées Star Wars trouveront l'idée farfelue. À la différence du temps de George Lucas où le réalisateur ne se souciait pas de ce qui était fait en dehors des films, Lucasfilm Ltd. via son story group s'assure donc désormais que tous les événements présents sur tous les supports soient cohérents. Cela nécessite tout de même aux spectateurs occasionnels une connaissance qu'ils n'ont pas forcément, d'où la surprise de certains dans Solo : A Star Wars Story.

Au final, la première saison de Star Wars : The Clone Wars sera bien mieux accueillie par la presse et le public que le film d'animation pilote. Il faut dire que les épisodes sont à la fois prenants et ambitieux, proposant un prolongement intéressant de l'univers Star Wars. Il sera peut-être regretté un petit côté redondant avec cette obsession de changer de planète, et donc de lieu d'affrontement, à chaque épisode avec, en toile de fond l'idée de la voir rallier le camp de la République ou celui des Séparatistes. Mais pour une première saison dont le but est de poser les bases, le contrat est plus que rempli et, surtout - c'est l'essentiel - donne envie de découvrir la suite.