Rencontre avec Anthony Daniels
L'Éternel C-3PO

L'article

rédigé par Fabien Dupont
Publié le 12 décembre 2019

Dans le cadre de la sortie de Star Wars : L’Ascension de Skywalker le 18 décembre 2019, Chronique Disney a eu l’honneur d’être invité à participer à une rencontre avec Anthony Daniels organisée le 8 octobre dans le splendide hôtel Le Bristol Paris.

Qui mieux que l’interprète du mythique droïde C-3PO peut aborder le dernier opus de la saga Skywalker, pour laquelle il a joué dans chaque film ? La vie d’Anthony Daniels a en effet été rythmée par l’évolution de la création de George Lucas. Dès 1977 et Star Wars : Un Nouvel Espoir, il parvient à rendre son personnage d’être de métal particulièrement attachant en lui confiant sa gestuelle et son irremplaçable accent britannique. Suite au succès colossal de l’opus, il reprend son rôle dans Star Wars : L’Empire Contre-Attaque en 1980, Star Wars : Le Retour du Jedi en 1983, Star Wars : La Menace Fantôme en 1999, Star Wars : L’Attaque des Clones en 2002, Star Wars : La Revanche des Sith en 2005, Star Wars : Le Réveil de la Force en 2015, Star Wars : Les Derniers Jedi en 2017 et donc Star Wars : L’Ascension de Skywalker en 2019, en faisant le seul acteur à avoir joué dans chaque film de la saga Skywalker.
Mais Anthony Daniels ne s’est pas contenté de la saga principale. Dès 1978, il joue dans le cataclysmique Au Temps de la Guerre des Étoiles avant d’apparaître dans bon nombre d’œuvres dérivées parmi lesquelles les séries animées Star Wars : Droïdes, Star Wars : The Clone Wars, Star Wars : Rebels et Star Wars : Resistance. Il double également son personnage dans différentes adaptations vidéoludiques ainsi que dans les parcs à thèmes Disney pour les attractions Star Tours (y compris dans sa version française !) et Star Tours : L'Aventure Continue. Sur le grand écran, il signe un caméo dans Rogue One : A Star Wars Story (2016) et apparaît dans un autre rôle, celui du mendiant Tak, dans Solo : A Star Wars Story (2018).

Ce destin extraordinaire ne semblait pourtant pas être écrit à l’avance. Né le 21 février 1946 à Salisbury en Angleterre, Anthony Daniels entame des études de droit sous l’influence de ses parents. Son réel désir est néanmoins depuis toujours d’être comédien. Il quitte donc l’université deux ans plus tard pour rejoindre Londres et l’école d’arts dramatiques Rose Bruford College, où il apprend l’art du mime et la radio auprès d’excellents professeurs qui l’inspirent particulièrement. Une fois son diplôme en poche, il décroche un BBC Radio Award et rejoint ainsi l’entreprise publique britannique pour laquelle il participe à des centaines de productions. Il rejoint ensuite le National Theatre of Great Britain et se représente en tournée ainsi qu’à Londres.
C’est là qu’il reçoit un appel afin de rencontrer George Lucas au sujet d’un film de science-fiction. Ce domaine ne l’intéresse pas le moins du monde, lui qui a demandé à être remboursé après être allé voir 2001, L’Odyssée de l’Espace (1968). Il décline donc l’invitation avant de changer d’avis devant l’insistance de son agent. Lors de sa rencontre avec le réalisateur américain, le script le laisse de marbre mais il est happé par un concept du droïde doré dessiné par l’illustrateur Ralph McQuarrie. C’est donc avec joie qu’il accepte finalement ce rôle pour lequel son talent de mime le destinait.

Anthony Daniels est affable pour évoquer le lien qui l’unit avec cette saga vers laquelle il a selon lui été poussé par une force supérieure qui l’a mené jusqu’à cette conférence de presse alors qu’il ne s’y attendait pas une seconde. Généreux dans sa parole comme dans sa gestuelle, le Britannique amoureux de la France - il y possède une résidence provençale - s’exprime dans ce qu’il nomme avec humour du “franglais”. Sa modestie ne l’empêche pas d’être très à l’aise avec la langue de Molière, quitte à solliciter son auditoire afin de l’aider à traduire certains mots. Seul son personnage peut en effet maîtriser à la perfection plus de six millions de formes de communication !

Le comédien convoque ses souvenirs et notamment ceux du film de 1977, qui reste son préféré malgré l’expérience affreuse qu’il a pu constituer pour lui. Le costume et les tournages dans le désert tunisien ou sous la canicule londonienne ont en effet été abominables. Il passait alors ses journées sous le soleil ou la chaleur des projecteurs, enfermé dans un costume qu’il compare à un micro-ondes. Il plaisante notamment sur le fait que, chaque jour durant le tournage, une équipe s’occupait du maquillage de Carrie Fisher ou de la coiffure d’Harrison Ford alors qu’il était délaissé dans son costume, rouge comme de la viande rôtie. Il ressent cependant de l’affection pour ce film qui reste pour lui une histoire unique, simple et pleine d'innocence.
Anthony Daniels explique également comment il a inventé la démarche caractéristique de C-3PO, en composant avec les contraintes du costume qui était très lourd pour ses épaules. La démarche la plus naturelle le faisait en effet ressembler à un monstre, ce qui ne correspond pas selon l’acteur au caractère du personnage. Il décide donc d’adopter une gestuelle de serveur à laquelle s’ajoutent des petits pas saccadés. La démonstration qu’il effectue pour illustrer son propos donne l’impression de voir le célèbre droïde en chair et en os, malgré l’absence du costume. Le Britannique évoque également la difficulté que représente la visibilité réduite que lui laisse le costume. Bien souvent, il n’aperçoit qu’une faible partie de l’environnement et des personnages qui l’entourent. Il ne voit ainsi pas R2-D2 lorsqu’il pose son bras sur lui, dans un geste particulièrement célèbre. Si certains de ces inconvénients persistent, le costume est fabriqué depuis Star Wars : Le Réveil de la Force en impression 3D et apporte heureusement un confort bien plus important à l’acteur.

L’interprète de C-3PO explique ce que représente pour lui le fait d’avoir joué dans l’intégralité de la saga, bien que cela soit tellement énorme qu’il ne puisse en avoir une image complète, ne possédant pas un recul suffisant sur la situation. Il a compris l’importance de ces films pour le public en accompagnant les tournées de ciné-concerts autour du monde. Il a ainsi vu que les gens les ressentaient d’une manière différente de la sienne, le sentiment rencontré en regardant ces aventures n’étant pas celui vécu lors des tournages. Anthony Daniels illustre son propos avec humour en expliquant avoir trouvé particulièrement excitant le fait de piloter le Faucon Millenium dans l’attraction Millenium Falcon: Smugglers Run du Disneyland Park californien alors que l’expérience sur le plateau de tournage est ennuyante.
Néanmoins, il est fier d’incarner une saga aussi importante aux yeux du public. Il souligne d’ailleurs le caractère transgénérationnel de Star Wars, qui touche les enfants, les parents et les grands-parents au sein d’une même famille, en leur donnant quelque chose à partager. Désormais fin connaisseur de l’univers des passionnés, il évoque le désamour de certains fans parmi les plus âgés pour Star Wars : La Menace Fantôme. Il estime cependant que l’âge de visionnage du premier film détermine les goûts de chacun. Il raconte ainsi avoir rencontré un jeune fan ayant découvert la saga durant l’enfance en 1999 et possédant l’Épisode I comme opus favoris et même le décrié Jar Jar Binks comme personnage préféré ! La force de George Lucas est selon Daniels d’avoir su s’adresser aux enfants, qui sont restés fans en grandissant.

Anthony Daniels évoque enfin Star Wars : L’Ascension de Skywalker et le dénouement tant attendu de la saga Skywalker. La fin est selon lui particulièrement satisfaisante, le film rassemblant toutes les pièces qui étaient jusqu’alors éparpillées. Il salue à ce titre le travail d’écriture de J.J. Abrams (Star Wars : Le Réveil de la Force) et de Chris Terrio (Argo), co-auteurs du script. L’acteur refuse évidemment de donner la moindre information sur le déroulement de l’intrigue, le long-métrage étant selon lui gorgé de secrets qui constitueront un fantastique cadeau de Noël pour les fans. Il insiste cependant sur le caractère héroïque de Rey et sur l’implication remarquable de l’actrice Daisy Ridley dans les cascades et notamment dans les scènes qui voient son personnage affronter Kylo Ren.
Cet Épisode IX voit C-3PO revenir sur le devant de la scène. S’il n’avait pas grand chose à faire dans les films les plus récents, Daniels s'amusant à le comparer à une “décoration de Noël”, il fait ici partie de l’équipe des héros. Il est en effet toujours au cœur de l’action et dans les scènes à effets spéciaux. Le Britannique évoque notamment l’honneur qu’a représenté pour lui le fait de tourner dans le désert de Jordanie, bien que le sable se soit infiltré partout dans son costume, y compris dans des "endroits sensibles". Lors de cette rencontre, Anthony Daniels n’a d’ailleurs pas terminé son travail sur le film puisqu’il doit encore effectuer le doublage de ses scènes au cours de la semaine suivante. Le costume étouffe en effet sa voix lorsqu’il prononce ses dialogues sur le tournage.

En sortant de cette conférence de presse, chaque participant peut exprimer sa joie d’avoir pu échanger avec un acteur aussi sympathique, à l’humour britannique et à la gestuelle inimitables. Éternel C-3PO, Anthony Daniels représente un personnage mythique pour chaque génération de fans de la saga Star Wars. Il raconte cet incroyable destin marqué par la saga intergalactique dans son autobiographie intitulée Je Suis C-3PO, parue chez l’éditeur DK le 5 novembre 2019.

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