Maman, J'ai Encore Raté l'Avion...
Et Je Suis Perdu Dans New York
Le synopsis
La famille McCallister, encore échaudée par les événements de la fin d’année dernière, est bien décidée à ne pas reproduire les mêmes erreurs. Mais voilà, dans la cohue de l’aéroport de Chicago où tous les McCallister s'apprêtent à embarquer vers Miami pour y passer les vacances de Noël, Kevin se trompe de vol et atterrit... à New York ! Dans la Grosse Pomme aux buildings d’acier, il doit alors faire face à un duo d’ennemis cambrioleurs bien connu, alors échappé de prison et à la rancœur tenace… |
La critique
Décidément, les fêtes de fin d’année sont synonymes de vacances et de négligence parentale chez les McCallister ! L’année 1992 signe ainsi le retour de Kevin et de sa grande famille dans une toute « nouvelle » aventure - toute proportion gardée - où le terrain de jeu n’est plus cantonné aux quatre murs d’une maison cossue de la banlieue de Chicago mais se transpose sur l’île de Manhattan, à New York. Après le succès retentissant de Maman J’ai Raté l’Avion en 1990 devenu depuis un classique de Noël, Chris Columbus essaye donc de renouveler l'essai deux ans plus tard avec Maman, J'ai Encore Raté l'Avion... Et Je Suis Perdu Dans New York. Surfant sur le succès de son prédécesseur mais sans jamais atteindre sa superbe, il fait partie de ces suites où le seul plaisir de se replonger dans un univers connu suffit à apprécier l’opus sans pour autant le préférer à son aîné, lui et lui seul, véritable film culte de Noël.
En 1990, 20th Century Fox bouscule le box-office avec un film à petit budget traitant d’un enfant resté seul chez lui pour Noël, devant faire face à deux cambrioleurs bien déterminés à mettre à sac tout le quartier. Maman, J’ai Raté l’Avion devient alors le plus gros succès de l’année avec plus de 476 millions de dollars au box-office mondial et reste en salles jusqu’en juin de l’année suivante devenant ensuite un classique de Noël à revoir chaque année comme une tradition à laquelle ne pas déroger. Les récompenses tombent également comme la neige en hiver et 20th Century Fox décide de produire une suite, intitulée Maman, J'ai Encore Raté l'Avion... Et Je Suis Perdu Dans New York et d’en donner les commandes au réalisateur responsable du succès du premier opus, Chris Columbus. Né le 10 septembre 1958 à Spangler en Pennsylvanie, il réalise ses premiers longs-métrages en super 8 dès son très jeune âge. Il débute ensuite sa carrière à Hollywood comme scénariste, notamment sur trois productions de Steven Spielberg : Gremlins (1984), Les Goonies (1985) et Le Secret de la Pyramide (1985). Il passe alors derrière la caméra en mettant en scène Nuit de Folie (1987) et Heartbreak Hotel (1988), tous deux chez Touchstone Pictures. Mais c'est sa rencontre avec John Hughes qui va donner un nouvel élan à sa carrière et l'amener à réaliser plusieurs comédies familiales très populaires, Maman, J'ai Raté l'Avion ! (1990) et sa suite Maman, J'ai Encore Raté l'Avion... Et Je Suis Perdu Dans New York (1992) au succès sans précédent, qui lui ouvrent les portes de nombreux succès à venir. Madame Doubtfire (1993) et L'Homme Bicentenaire (1999, ce dernier chez Touchstone Pictures) avec Robin Williams, Neuf Mois Aussi (1995) avec Hugh Grant, en seront de dignes exemples. Il s'essaye aussi au mélodrame sur Ma Meilleure Ennemie (1998) avec Julia Roberts. Il obtient encore un nouveau grand succès en adaptant pour Warner Bros. les deux premiers volets de la saga Harry Potter : Harry Potter à l'École des Sorciers (2001) et Harry Potter et la Chambre des Secrets (2002). Par la suite, il réalise, entre autres, l'adaptation du musical de Broadway Rent (2005), celle du roman jeunesse Percy Jackson : Le Voleur de Foudre (2010) et devient dès 2006 producteur de la franchise très rentable de La Nuit au Musée avec Ben Stiller. En 2015, il met en scène le consternant film de science-fiction où une entité extraterrestre, ayant pris la forme de célèbres personnages de jeux vidéo, attaque l'espèce humaine, Pixels.
Maman, J'ai Encore Raté l'Avion... Et Je Suis Perdu Dans New York se déroule donc un an après Maman, J’ai Raté l’Avion (même si sa sortie cinéma se situe deux ans après) mais cette fois, hors de question d’oublier le petit Kevin qui avait vaillamment défendu seul la demeure familiale contre deux bandits aussi dangereux qu’idiots. Non, cette fois, il se trompe de vol et se retrouve carrément dans l’une des plus grandes villes du monde, New York ! Et comme un malheur n'arrive jamais seul, il est de nouveau confronté à ses ennemis, tout juste échappés de prison et eux aussi - comme un heureux hasard - dans la métropole new-yorkaise. S’en suit une pléiade de rencontres fortuites et de courses-poursuites dans la ville où tout est possible. Il faut donc avouer que Columbus ne prend ici aucun risque, mis à part celui de réaliser un remake de son précédent succès : le canevas reste le même ! Le cadre s’en retrouve certes bien plus élargi avec comme toile de fond un New York dans son plus bel atour de Noël mais les ingrédients de la recette n’ont malheureusement pas changé : des gags identiques, des personnages similaires, un univers musical inchangé et comble de tout, des scènes à la trame carrément copiée ! Ainsi, le début du film est en tout point semblable à celui du premier opus jusqu’à ce que Kevin, cette fois, parte bien de la maison avec sa famille. Perdu à l’aéroport, les ennuis commencent et avec eux, la répétition incalculable de gags déjà vus et qui ont déjà fait leur preuve. Le titre du film même prouve que le réalisateur souhaite renouveler l'exploit sans pour autant repartir de zéro quitte à ce qu'il n'ait aucun sens : Maman, J'ai Encore Raté l'Avion... Et Je Suis Perdu Dans New York rappelle dans la première partie du titre le premier opus alors que Kevin ne « rate » pas à proprement parler l'avion cette fois mais se trompe de vol tandis que le titre original « Home Alone 2: Lost in New York » rappelle une fois de plus Home Alone alors qu'il s'agit du seul opus de la franchise où Kevin n'est pas « Home Alone » - comprendre « seul à la maison » - mais bien perdu dans l'une des plus denses villes du monde.
Le bilan n’est pourtant pas aussi fade qu'il n'y parait. L’action est, en effet, au rendez-vous et les quelques nouvelles extensions du scénario original, augmentant d'une trentaine de minutes cet opus comparé au précédent, sont grandement appréciées. Elles se traduisent ainsi, dans un premier temps, par de nouveaux lieux tels que le Plaza Hotel sur la Cinquième Avenue, institution dans le domaine hôtelier à Manhattan, le magasin de jouets Duncan’s Toy Chest, véritable caverne d’Ali Baba pour petits et grands enfants, l’immanquable Central Park, poumon vert de New York et enfin la maison délabrée de l’oncle de Kévin ; puis, dans un second temps, par de nouveaux personnages brillamment interprétés, s’insérant parfaitement dans les excellents rôles principaux déjà établis dans Maman, J’ai Raté l’Avion.
Pour le plus grand plaisir du public, Macaulay Culkin endosse de nouveau le rôle du cadet de la famille, Kevin McCallister. Né le 26 août 1980 à New York, le jeune garçon a eu une carrière très prolifique assez tôt. Dès ses quatre ans, il apparaît, en effet dans une production de l’Orchestre Philharmonique de New York puis enchaîne les seconds rôles à la télévision puis au cinéma en 1988 dans le film Le Rocher de Gibraltar aux côtés de Burt Lancaster. Épatant John Hughes qui le faisait alors tourner dans son film L’Oncle Buck, il convainc Columbus de lui offrir le rôle central de son film Maman, J’ai Raté l’Avion !. L’immense succès du long-métrage lui ouvre alors les portes d’une célébrité sans précédent pour un enfant de son âge, devenant ainsi l’enfant le mieux payé de tous les temps. Avec sa bouille d’ange et sa répartie cinglante, il est aux yeux du monde entier un Kevin McCallister irrésistible. Il côtoie ensuite les plus grandes stars, Michael Jackson le prenant même sous son aile, le faisant tourner dans son clip Black or White ou l’invitant à venir régulièrement dans son manoir de Neverland. Dans Maman, J’ai Encore Raté l’Avion... Et Je Suis Perdu Dans New York, il tient tête de nouveau à ses ennemis de brigands mais aussi à un personnel d’hôtel peu professionnel. Notoriété oblige, son cachet pour le deuxième opus sera de 4,5 millions de dollars contre les 110 000 encaissés précédemment, ce qui constitue à l’époque un record de salaire pour un enfant de douze ans !
Le duo de voleurs est une fois de plus interprété par Joe Pesci et Daniel Stern, jouant respectivement Harry et Marv. Le premier, né en 1943, est pourtant habitué à des rôles de voyou beaucoup plus sérieux, à l’instar de ses personnages dans Raging Bull, L’Arme Fatale 2, 3 et 4, Casino, ou encore JFK. Dans la franchise Maman, J’ai Raté l’Avion !, il est le « cerveau » de l’équipe apportant ce qu’il faut de finauderie et de dangerosité. Columbus a cependant dû chaperonner l’acteur qui lâchait trop facilement des gros mots, évidemment peu acceptables dans une comédie familiale. Il lui a donc conseillé de remplacer le mot « Fuck » par « Fridge » (signifiant « réfrigérateur » en anglais), rajoutant ainsi même au ridicule au personnage ! Question ridicule, son compère Marv, joué par Daniel Stern, n'est pas en reste. L’acteur américain, né en 1957, doit d’ailleurs sa renommée à Marvin, le malfrat quelque peu simplet aux pieds nus ! Les deux acteurs forment ainsi un duo fonctionnant du tonnerre, aussi hilarants lorsqu’ils se prennent le bec que lorsqu’ils sautent - à pieds joints - dans les pièges pondus par le génie de Kevin ! Dans Maman, J’ai Encore Raté l’Avion... Et Je Suis Perdu Dans New York, ils ont l’air aussi perdus que le petit McCallister dans la grande métropole américaine mais sont bien plus décidés à avoir la peau de celui qui les a mis en prison et qui d’ailleurs n’hésite pas à redoubler d’efforts pour s’en débarrasser. Dans cet opus, les gags semblent beaucoup plus mortels sans pour autant leur infliger des douleurs à la hauteur des dommages causés. Ce côté cartoonesque est, comme dans le premier opus, le moment le plus croustillant du film tandis que le public souffre avec eux tout en se moquant de leurs malheurs.
Du côté de la famille McCallister, les parents de Kevin sont toujours interprétés par John Heard et Catherine O’Hara. Né en 1945 et décédé en 2017, Heard est notamment connu pour son rôle de Peter McCallister dans Maman, J’ai Raté l’Avion ! mais aussi du sénateur Tancredi dans la série Prison Break. Il forme avec O’Hara (dont la voix n’est pas sans rappeler celle de Sally dans le film L’Étrange Noël de Monsieur Jack), un couple convaincant bien que vite débordé par un départ précipité d’une famille nombreuse. Celle-ci se compose de leurs enfants : Buzz (joué par Devin Ratray vu plus tard dans la saison 1 de la série Agent Carter), Megan (Hilary Wolf), Linnie (campée dans le second opus par Maureen Elisabeth Shay, reprenant le rôle d’Angela Goethals), Jeff (Michael C. Maronna) et bien évidemment l’énergique Kevin. La famille va cependant être accompagnée de l’oncle Franck, interprété par Gerry Bamman (Cocktail, Bodyguard) et de sa femme Leslie (Terrie Snell) et leurs enfants : Rod (Dustin Diamond), Heather (Kristin Minter) et Fuller joué par Kieran Culkin (Le Père de la Mariée), frère de Macaulay dans la vie qui voit son rôle un tantinet développé dans le deuxième film. Malheureusement, la famille de Kevin, dans un contexte général, est la véritable déception de Maman, J’ai Encore Raté l’Avion... Et Je Suis Perdu Dans New York. Depuis le premier épisode, personne n'a en effet évolué ou même appris de ses erreurs, Buzz et l’oncle Franck étant pour exemple, toujours désagréables et violents avec le cadet de la famille sans aucune raison apparente. Au final, ce groupe homogène dont fait partie Kevin ne sert qu’à le mettre en valeur : il n’est pas comme les autres et son génie le rend unique et sera même la raison d’un final heureux pour toute sa famille.
Une galerie de nouveaux personnages donne alors une saveur particulière à cette suite. Au Plaza Hotel, l’un des établissements hôteliers les plus chics de la ville, Kevin trouve un adversaire à sa hauteur en la personne de Mr Hector, concierge principal de l’hôtel, interprété par Tim Curry. Acteur et chanteur britannique né en 1946 dans le Cheshire (Angleterre), il se révèle au grand écran par le rôle du Dr. Frank-N-Further dans The Rocky Horror Picture Show avec Susan Sarandon en 1975. Il enchaîne alors les succès avec Annie (1982), Legend (1985) ou encore À La Poursuite d’Octobre Rouge (1990) et devient inoubliable grâce à son rôle du clown Grippe-Sous dans l’adaptation télévisée du roman de Stephen King Ça en 1990. Pour Disney, il prête ses traits au Cardinal de Richelieu en 1993 dans Les Trois Mousquetaires et devient Long John Silver dans L’Île au Trésor des Muppets (1996). Dans Maman, J’ai Encore Raté l’Avion... Et Je Suis Perdu Dans New York, il joue avec excellence le rôle du concierge d’hôtel tiraillé entre ses idées reçues vis-à-vis de Kevin et sa conscience professionnelle.
En face de l’hôtel prestigieux, le célèbre Central Park s’étale à perte de vue. C’est dans cet écrin de verdure que Kevin rencontre le pendant féminin de Old Man Marley (joué par Roberts Blossom dans Maman, J’ai Raté l’Avion), la dame aux pigeons, interprétée par Brenda Fricker, la première actrice irlandaise à avoir reçu un Oscar. Elle campe ici une résidente de Central Park donnant des graines à ses oiseaux, ses seuls amis. Comme pour Old Man Marley, Kevin s’en méfie dans un premier temps et la craint même. Il se rendra compte que derrière son apparence peu avenante, elle se révèle touchante et lui délivre une leçon de vie qui lui fera réaliser l’importance de la famille. Son rôle s’inspire par ailleurs de la femme aux oiseaux sur le parvis de la Cathédrale St John de Londres dans Mary Poppins (1964).
Enfin, sur sa route, Kevin rencontre le propriétaire d’un sublime magasin de jouets, Duncan’s Toy Chest. Monsieur Duncan, alors interprété par l’acteur américain Eddie Bracken (Les Coulisses de Broadway, L’Embrouille Est dans le Sac), est l’esprit de Noël personnifié. Reversant le montant des ventes de Noël à un hôpital pour enfants, il saura également remercier plus que gracieusement Kevin et sa famille pour avoir sauvé la cagnotte des mains des gangsters.
Le dernier personnage à mériter d’être cité est, comme souvent dans les films où elle est présente, la ville de New York. La métropole américaine, star du cinéma, défile en toile de fond ses endroits les plus populaires à l’instar de Times Square, le Queensboro Bridge, le Rockefeller Center et son célèbre sapin de Noël, ses bouches de métro (comme celle du 57 W 57th St d’où Harry et Marv sortent), son immanquable Central Park mais aussi le Plaza Hotel sur la Cinquième Avenue et son architecture Renaissance. Son propriétaire de l’époque, Donald Trump, futur 45ème Président des États-Unis, fait d’ailleurs une courte apparition en jouant son propre rôle (le magnat milliardaire l’avait en effet acheté en 1988 pour le revendre quelques années plus tard en 1995). Ce caméo de quelques secondes n'est évidemment pas si anodin : à l'époque, Trump acceptait le tournage d'un film sur l'une de ses propriétés à la seule condition de lui écrire un rôle pour le film en question ! Le Duncan’s Toy Chest s’inspire quant à lui de l’établissement F.A.O. Schwarz (du nom de son créateur Frederick August Otto Schwarz), originellement sur la Cinquième Avenue et considéré comme le plus grand magasin de jouets au monde. Cependant, les équipes tournent ces scènes dans le Rookery Building à Chicago, monument historique de la ville. Enfin, une émotion toute particulière se fait ressentir à la vue de deux silhouettes d’acier dans le ciel de Manhattan : les tours jumelles du World Trade Center du haut desquelles Kevin contemple la plus grande métropole du monde. Après les attentats de 2001, cette scène sera retirée des diffusions du film par respect pour les familles des victimes pour ensuite être réintégrée en 2018. Trônant fièrement au-dessus de ce bouillonnement urbain, elles sont à jamais immortalisées dans Maman, J’ai Encore Raté l’Avion... Et Je Suis Perdu Dans New York qui offre une vue imprenable depuis ces tours d'acier.
Les tribulations du jeune Kevin dans l'un des espaces urbains les plus denses au monde ne seraient cependant rien sans l'univers musical créé par l'immense compositeur de la saga Star Wars, de l'archéologue chevronné Indiana Jones, mais aussi de Minority Report et Pentagon Papers, John Williams. Ayant signé une bande originale des plus enchanteresses dans Maman, J’ai Raté l’Avion mêlant des chants classiques de Noël à de nouvelles compositions spécialement créées pour l'occasion qui reçoivent les récompenses qu'elles méritent (le titre principal du film, Somewhere in My Memory, décroche en effet une nomination à l’Oscar de la Meilleure Chanson Originale tandis que l'ensemble de la bande originale reçoit une nomination à l'Oscar de la Meilleure Musique de Film), John Williams fait comme les scénaristes pour Maman, J’ai Encore Raté l’Avion... Et Je Suis Perdu Dans New York : il sert la même recette à son auditoire ! Point de prise de risque ici lorsqu'il reprend la chanson-titre Somewhere in My Memory ou des chants de Noël déjà entendus dans le premier film (Star Of Bethlehem, Home Alone Christmas Medley) mais de bonnes surprises se font entendre avec des mélodies connues et reconnues pour la saison de Noël comme It's Beginning to Look a Lot Like Christmas (interprétée par Johnny Mathis), Jingle Bell Rock (de Bobby Helms) ou encore The Most Wonderful Time of the Year (de Andy Williams). Malgré tout, ces bandes-originales sont de véritables plongées dans une saison magique emplie de bons sentiments et de rassemblements en famille.
Le casting quatre étoiles et la nouvelle panoplie de personnages ne font pas oublier le manque cruel de scénario et les innombrables occasions manquées. Mais là où certains voient un simple remake du premier film, d’autres y apprécient des clins d’œil à un classique devenu culte. Ainsi, à des scènes paraissant copiées collées, l’œil averti se délecte au final des parallèles avec le chef d’œuvre Maman, J’ai Raté l’Avion. Pour exemple, dans la séquence où Kevin se prélasse dans l’une des plus belles suites du palace, il regarde le film Angels with Even Filthier Souls (Les Anges aux Âmes Encore Plus Sales), suite présumée du film fictif Angels with Filthy Souls (lui même parodique d’Angels with Dirty Faces - Les Anges aux Figures Sales de Michael Curtiz). Pour l’occasion, Ralph Foody reprend son rôle de gangster dans ce qui constitue sa dernière apparition au cinéma avant sa mort en 1999. D’autres clins d’œil jalonnent le film comme le fameux cri de la maman de Kevin et suffisent à emporter l’adhésion du public qui se déplace en nombre dans les salles sombres.
Maman, J’ai Encore Raté l’Avion... Et Je Suis Perdu Dans New York est ainsi le deuxième plus gros succès au box-office américain de l’année 1992 (juste après Bodyguard avec Kevin Costner et Whitney Houston) et troisième au box-office mondial (après Bodyguard et Aladdin). Pour un budget initial estimé à 18 millions de dollars (légèrement supérieur au premier), le film remporte plus de 173 millions de dollars aux États-Unis pour atteindre la coquette somme de 365 millions dans le monde entier, réalisant un score inférieur à Maman, J’ai Raté l’Avion. Le succès est donc indéniablement au rendez-vous, si bien que la franchise ne s’arrête pas en si bon chemin même s'il aurait été préférable que cela ne soit pas le cas. Macaulay Culkin a d’ailleurs bien compris cela et ne rempile pas pour le troisième opus dans lequel le scénariste John Hughes s’engouffre en 1997 avec Maman, Je m’Occupe des Méchants ! réalisé par Raja Gosnell (Chris Columbus devient ici producteur) au succès catastrophique. Les téléfilms Maman, Je Suis Seul Contre Tous diffusé en 2002 sur ABC dans l’émission The Wonderful World of Disney et enfin Maman, la Maison est Hantée ! (2012) de la collection des ABC Family Original Movies finissent d’enterrer l’univers créé par Chris Columbus. En 2019, pourtant, la nouvelle plateforme de streaming Disney+ annonce un reboot de la franchise, propriété de Disney après le rachat de 21st Century Fox par The Walt Disney Company en 2017.
D’autres secteurs vont s’emparer de cette manne financière générée par la saga comme par exemple les jeux vidéo (trois opus développés par Sega sortent en 1991 et 1992), les jeux de société (Home Alone Game) et même les jouets. Ainsi, à la sortie internationale de Maman, J’ai Encore Raté l’Avion... Et Je Suis Perdu Dans New York, Tiger Electronics, célèbre fabricant de jouets américain connu pour avoir notamment créé le Furby, met en vente une version complètement fonctionnelle du Talkboy, le jouet utilisé par Kevin dans l’opus pour enregistrer son oncle sous la douche ou les voleurs avouant leurs crimes. Ni plus ni moins qu’un lecteur/enregistreur de cassette, il remporte un tel succès que plusieurs versions sont éditées comme le Talkgirl (aux couleurs rose et violette), le Deluxe Talkboy incluant l’option slow playback et une cassette contenant des répliques du film, le Talkboy FX Plus avec stylo incorporé, sa version féminine le Talkgirl FX Plus et une version de poche sans cassette, le Talkboy Jr. et le Talkgirl Jr..
N’arrivant pas à renouveler la surprise créée par son aîné, Maman, J'ai Encore Raté l'Avion... Et Je Suis Perdu Dans New York reste une suite plutôt bien ficelée, voulant surtout surfer sur le succès du film original sans pour autant profiter de toutes les possibilités scénaristiques qu’offre la mythique ville américaine. Dernière occasion de voir Macaulay Culkin en Kevin affronter avec malice deux brigands pas des plus malins, l'opus régale toutefois les fans du genre et constitue un moyen efficace de prolonger les fêtes dans les meilleures conditions.
Au final, une seule phrase suffit à résumer avec panache les aventures du petit Kevin : « Merry Christmas, ya filthy animal… and a happy new year! ».