New York Stories
Titre original : New York Stories Production : Touchstone Pictures Date de sortie USA : Le 10 mars 1989 Genre : Comédie dramatique |
Réalisation : Woody Allen Francis Ford Coppola Martin Scorsese Musique : Carmine Coppola Durée : 114 minutes |
Disponibilité(s) en France : | Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis : |
Le synopsis
Une anthologie de trois histoires courtes ayant en commun la ville dans laquelle elles se déroulent : New York. |
Life Lessons
Apprentissages Lionel Dobie, un peintre réputé, supporte mal la fin de sa liaison amoureuse avec son assistante Paulette et trouve, dans ce malheur, l'inspiration nécessaire à la création d'une nouvelle œuvre... |
Life Without Zoe
La Vie Sans Zoë Zoë ne voit jamais ses parents fortunés - Charlotte, une photographe et Claudio, un flûtiste - qui la laissent vivre dans un palace avec leur majordome. Suite à un cambriolage de l'hôtel, elle découvre la boucle d'oreille qu'une princesse arabe avait offert à son père... |
Oedipus Wrecks
Le Complot d'Œdipe La vie amoureuse de Sheldon est sans cesse perturbée par sa mère envahissante. Mais lors d'un spectacle de magie, elle disparaît mystérieusement, tant et si bien que même le magicien ne saurait dire où elle se trouve. Une drôle de surprise apparaît le lendemain dans le ciel new-yorkais... |
La critique
New York Stories est un film d'anthologie, assemblage de trois histoires courtes. C'est une première dans le domaine des films "live" pour les studios Disney qui ont produit de nombreux films d'anthologie, en animation (Fantasia, les films d'animation d'anthologie produits durant les années 1940, Les Aventures de Winnie l'Ourson et Fantasia 2000). De par son absence de transitions entre ces séquences, New York Stories est ainsi plus proche de La Boîte à Musique et Mélodie Cocktail dont les séquences n'avaient toutes comme point de rendez-vous que l'utilisation de la musique.
Le thème commun des séquences de New York Stories est bien entendu la Grosse Pomme et chacune est réalisée par un réalisateur renommé qu'il est étonnant de retrouver associé aux deux autres.
Martin Scorsese en est en réalité à son deuxième coup d'essai chez Touchstone. Il a en effet réalisé La Couleur de l'Argent trois ans plus tôt. Né à New York dans une famille d'immigré siciliens, la ville l'inspire largement dans nombreuses de ses œuvres (Taxi Driver, New York, New York, Raging Bull, puis plus tard À Tombeau Ouvert ou encore Gangs Of New York), il n'est donc pas anodin de le voir ici à la réalisation de la séquence qui ouvre le film. Dans "Apprentissages", Nick Nolte interprète avec brio le rôle d'un peintre en mal-être qui cohabite avec la femme qu'il aime sans pouvoir assouvir sa passion ; cette dernière n'éprouvant plus rien pour lui. Son obsession est retranscrite à l'écran via un montage souvent nerveux (la scène où Rosanna Arquette l'observe peindre en est un exemple marquant), se réservant quelques effets de style audacieux et toujours justifiés (le gros plan encadré de noir sur le pied de Rosanna Arquette ou bien la rêverie érotique dans les tons bleutés sont à souligner). Steve Buscemi (qui jouera ensuite pour Disney dans Billy Bathgate, Les Ailes de l'Enfer, Armageddon, et prêtera aussi sa voix aux personnages de Léon dans Monstres & Cie, de Wesley dans La Ferme se Rebelle et de Bucky dans Mission-G), apporte sa touche personnelle lorsqu'il interprète un comédien récitant ses textes devant une assemblée attentive. Martin Scorsese livre là un court-métrage sombre et intelligent qui plaira à ses fans et à tous ceux qui se laisseront toucher par cette histoire d'amour en phase de décomposition. Attention, c'est un court-métrage qui se mérite et qui n'est pas facile d'accès, d'où l'avantage qu'il soit proposé en premier, quand le spectateur est encore frais et attentif.
Francis Coppola est le seul des trois réalisateurs à ne pas être originaire de New York. Il est connu pour ses grands chefs-d'œuvre Le Parrain (et ses deux suites) et Apocalypse Now.
Comme Martin Scorsese, Francis Coppola a déjà collaboré avec Disney trois ans auparavant : il est le réalisateur de Captain EO, film en relief présenté dans les Parcs à thèmes Disney mettant en vedette Michael Jackson. En 1996, il réalise Jack, avec Robin Williams.
Il est également le scénariste de La Vie Sans Zoë, en association avec sa fille, Sofia (qui sortira de l'ombre par la suite en réalisant Virgin Suicides et Lost In Translation).
La Vie Sans Zoë est une fable mettant en vedette des enfants. La jeune Heather McComb sait rendre convaincant le comportement mondain de Zoë tout en sachant rester attachante. Cette histoire d'enfant esseulée par des parents absents sait rester touchante mais survole parfois certains événements qui s'enchaînent trop rapidement, tant et si bien qu'il paraît évident qu'elle aurait gagnée à être traitée dans un long-métrage à part entière. Placée au milieu du film, elle apporte une touche de fraîcheur à l'ensemble et se laisse suivre sans déplaisir. Toutefois, les critiques l'ont considérée comme la plus mauvaise séquence de l'opus, lui reprochant sa naïveté et son manque de profondeur, comparativement aux deux autres.
Woody Allen est, comme Scorsese, originaire de New York (de nombreux films situés dans cette ville parsème sa filmographie) mais, à l'inverse de ses deux prédécesseurs, signe sa toute première participation à un projet des studios Disney (En qualité d'acteur, il tiendra en 1991 le rôle principal à Scènes de Ménage dans un Centre Commercial toujours pour Touchstone). Son Complot d'Œdipe est une comédie réjouissante parsemée de quelques touches de fantastique dont l'incongruité fait le charme. Il y interprète le premier rôle et sait parfaitement le rendre attachant et convaincant. Toutefois, il se fait voler la vedette par Mae Questel, hilarante dans le rôle d'une mère juive possessive, à la fois insupportable et adorable. La quasi-totalité de ses répliques font mouche et permettent de ressentir au mieux l'embarras dans lequel son fils se trouve. La scène où elle est choisie dans le public pour participer au tour de magie est juste ultime ! Mae Questel interprète son personnage tout en exagération, et découvrir qu'elle a été la voix de Betty Boop (y compris dans Qui Veut la Peau de Roger Rabbit) et d'Olive, dans la série animée qui a inspiré le film Popeye rend sa prestation encore plus pertinente !
Woody Allen entame son histoire comme une tranche de vie tout-à-fait classique et change la donne en y ajoutant un élément fantastique. Celui-ci choque au premier abord mais s'intègre parfaitement au ton de la séquence : le tour de force réside alors dans sa capacité à être finalement accepté par le spectateur, Allen ne se risquant à aucun moment d'expliquer comment tout cela est possible. Ainsi, Le Complot d'Œdipe conclut le film sur une touche légère et divertissante au plus haut point.
New York Stories est une expérience cinématographique grisante, à la fois dans le fait de retrouver trois grands réalisateurs au service d'une même œuvre, mais aussi parce que chacune des séquences ajoute à l'ensemble sa touche particulière. Les deux tiers du film adoptent un ton plutôt familial même s'il s'ouvre avec une séquence plus profonde et tourmentée à laquelle tous n'adhèreront pas, malgré sa qualité certaine. À voir, sans nul doute !