Mission-G
Le synopsis
Le Département de la Défense du gouvernement américain, toujours à la pointe de la technologie, forme des animaux à devenir de parfaits espions. Dotés des tout derniers gadgets, des cochons d'Inde réunis sous la mention "Mission G" sont ainsi entraînés à affronter les situations les plus périlleuses. Mais cette fois-ci, la fine équipe découvre que le destin du monde est en jeu. Darwin, le chef toujours déterminé à remplir sa mission coûte que coûte, Blaster, l'expert en armement et amateur de sensations extrêmes, et Juarez, la pro des arts martiaux, sexy en diable, aidés par une mouche experte en reconnaissance, Mooch, et une taupe, Speckles, spécialiste en informatique ne seront pas de trop pour déjouer le danger...
La critique
Mission-G est un film hybride à mi-chemin entre l'enfantin Chihuahua de Beverly Hills et le mature Small Soldiers, le tout mélangé à des effets spéciaux dignes des meilleurs Jerry Bruckheimer et un humour potache à la Raymond ; le mélange des genres s'avèrant pour le coup extrêmement périlleux !
La légende veut que l'origine du film soit aussi farfelue que son scénario. Elle prétend en effet qu'un jour, le fils du futur réalisateur, Hoyt Yeatman, rentre de l'école avec un cochon d'Inde puis s'exclame, du haut de ses cinq ans, que ces petites bêtes feraient de parfaits soldats. La remarque germe aussitôt dans l'esprit de son paternel qui se met à développer autour du thème un récit pseudo militaire ; le plus incroyable étant alors que le producteur Jerry Bruckheimer (Pirates des Caraïbes, Benjamin Gates) le suive dans son délire... Le résultat donne ainsi une histoire rocambolesque dotée d'effets spéciaux mirobolants. Car si le récit n'est pas inédit en soi, son approche, elle, est totalement dingue : une équipe de rongeurs a pour mission de sauver le monde des intentions maléfiques d'un industriel mégalomane. Pas moins ! Gadgets, cascades, engins motorisés : toute la panoplie de l'agent secret type est pour cela au rendez-vous... Sauf qu'elle se voit là appliquée à des cochons d'Inde ! L'idée est sans doute amusante deux minutes. Sur la longueur d'un film, elle l'est finalement très peu. Car, là ou le bas blesse, c'est que Mission-G se prend à la fois trop au sérieux (le seconde degré est quasiment absent) et pas du tout (les blagues potaches susceptibles de faire rire les moins de cinq ans sont légions avec une préférence appuyée pour l'humour pipi-caca). Les spectateurs adultes se demandent alors ce qu'ils sont venus faire dans cette galère, et accessoirement dans la salle...
La galerie de personnages "animaux" reste d'ailleurs le meilleur - et seul -
atout du film. Globalement attachants, les petits rongeurs, naturellement
craquants, bénéficient, en effet, à plein d'un doublage français de qualité. A
la différence de la version américaine qui fait appel à des stars du cinéma pour
endosser le rôle des cochons d'inde, Disney France a, il est vrai, préféré, pour
sa part, se tourner vers des doubleurs professionnels dont le travail sur le
film ne souffre d'aucuns reproches.
Darwin, le chef de la bande qui n'a bien sûr jamais froid aux yeux et fait
montre d'un courage, d'une vaillance et d'une audace toujours salutaires, est
ainsi doublé en français par Patrick Poivey, la fameuse voix de Bruce Willis.
Juarez, la touche féminine du groupe qui n'hésite pas à user de ses charmes pour
parvenir à ses fins, bénéficie, elle, sans perdre au change, de la voix
française de Julia Roberts (Céline Monsarat) alors que la version américaine lui
attribue celle de Penelope Cruz.
Blaster, le casse-cou de service, fan d'armes en tout genre et de sports de
l'extrême, prend lui l'intonation de Med Hondo, l'Eddie Murphy français, implant
idéal quand il s'agit de faire une cour appuyée à Juarez.
Speckles, la taupe informatique à qui aucun ordinateur ne résiste, conserve,
pour ce qui la concerne, en français sa voix américaine, Nicolas Cage, assurée
de ce côté de l'Atlantique par Dominique Collignon-Maurin.
Reste enfin Mooch, une mouche, véritable sentinelle volante, qui se contente
elle d'émettre de simples bzzzzzzz.
A côté de cette fine équipe, évolue une ribambelle de personnages secondaires
faite d'hamsters, de cochons d'Inde et autres souris, tous plus dingues les uns
que les autres. L'infantilisation du film est alors en marche rendant le récit
tout bonnement insupportable pour les spectateurs de plus de cinq ans ; Hurley,
en particulier, a le don de taper sur les nerfs...
Si les personnages "animaux" (en dehors de ceux de l'animalerie) savent se rendre attachants, les personnages humains sont eux décevants. A croire que jouer avec des rongeurs, même en images de synthèse, est trop difficile ou demande un talent spécifique dont les acteurs retenus ici sont visiblement dépourvus. Bill Nighy, l'inoubliable Davy Jones dans Pirates des Caraïbes : Le Secret du Coffre Maudit, se noie ainsi dans un jeu lourdingue à l'excès tandis que Zach Galifianakis, épatant dans Very Bad Trip, est curieusement transparent...
Histoire saugrenue, casting à demi convaincant, Mission-G a décidément bien du mal à séduire. Pour les quelques spectateurs qui, contre toute attente, accrochent néanmoins, la bonne surprise vient assurément de ses effets spéciaux. Jerry Bruckheimer n'a, en effet, rechigné devant aucuns sacrifices et mis visiblement les moyens pour offrir un rendu 3-D bluffant ; sans oublier les petites créatures, réalisées en images de synthèse, plus vraies que nature ! Les scènes d'actions, nombreuses dans le film, sont ainsi à couper le souffle à l'exemple de la course poursuite dans un engin à boule de hamster ultra moderne. Mais le plus impressionnant reste assurément la 3-D en elle-même. Les réalisateurs ont, il est vrai, choisi de rétrécir le format de l'image : le scope tient ainsi dans du 16/9 avec des bandes noires en haut et en bas de l'écran. Très fréquent en home-cinéma, le procédé rare en cinéma traditionnel, permet donc de donner encore plus de profondeur à la 3-D : certaines scènes explosent littéralement à l'écran, leurs effets étant saisissants.
Véritable débauche d'effets spéciaux au service d'une histoire infantilisante, Mission-G est un film qui demeure soporifique pour tous les spectateurs de plus de cinq ans.