Un Lévrier pas Comme les Autres

Un Lévrier pas Comme les Autres est un épisode diffusé dans le cadre de l'émission de la chaîne américaine NBC, Walt Disney's Wonderful World of Color.

Larry Lansburgh prend en charge sa réalisation. Accueilli dès les années 40 dans l'équipe de Walt Disney, l'homme est un grand spécialiste des docu-fictions animaliers filmés en extérieur, sans acteur, ni artifice. Au sein du studio, il s'occupe d'abord des parties à prises de vues réelles des films d'animation comme Saludos Amigos, Les Trois Caballeros ou Danny, Le Petit Mouton Noir puis se voit confier, fort logiquement, des court-métrages « live » à l'exemple de Ouragan, le Pur-Sang sorti en 1954.

Mais Larry Lansburgh a d'autres ambitions, et parmi elles, la production de longs-métrages. Il propose ainsi en 1954, à Walt Disney, l'histoire de La Revanche de Pablito dont il a déjà entièrement développé le script. Étant lui-même un cavalier hors pair, il réalise également autour du thème de l'équitation de nombreux courts-métrages dont The Horse With the Flying Tail (1960) qui décroche l'Oscar du Meilleur Court-Métrage, mais aussi Rodéo Fantastique (1966) ou encore Accroche ton Chapeau dans le Vent (1969). En dehors des chevaux, il signe d'autres courts-métrages animaliers dont un est nommé à l'Oscar du Meilleur Court-Métrage, Cow Dog (1956) tandis qu'un autre le remporte, The Wetback Hound (1957). Il travaille parallèlement beaucoup pour la télévision, et ce, même après sa retraite des studios Disney prise en 1971, sur notamment The Horse of the West (1957), Casse-Cou (1971), Chester, Yesterday's Horse (1973) ou Runaway on Rogue River (1974).

Les lévriers sont parmi les chiens les plus rapides au monde. Rien de plus naturel que l'homme les utilise donc pour assouvir son goût pour le sport, la compétition et les paris. Le téléfilm commence ainsi par présenter, via la voix du narrateur Rex Allen, les règles de la course de lévriers. Elle a en effet pour objectif de faire courir des chiens afin qu'ils poursuivent un lièvre ou un lapin artificiel sur un circuit, livrant une simple course de vitesse où le premier lévrier franchissant la ligne d'arrivée est déclaré gagnant ou réalisant une poursuite à vue du leurre simulant une chasse. Dans beaucoup de pays, la course de lévriers est simplement amateure et vise la distraction d'un public familial. Dans certains, notamment aux États-Unis, elle est une forme de pari mutuel, similaire à ceux des courses de chevaux. Et elle est tout aussi impressionnante ; preuve en est la technique retenue par Larry Lansburgh qui a l'excellente idée, au début du téléfilm, de placer sa caméra sur le lièvre mécanique, amenant un angle de vue imprenable pour mettre parfaitement en valeur les chiens en pleine course.

Un Lévrier pas Comme les Autres se concentre ensuite sur l'un des lévriers, Greta, une chienne pas comme les autres. Cette dernière est plutôt en recherche d'attention et d'affection. Sauf qu'elle est dans un milieu où la recherche d'efficacité et de performance dans la course prime sur toute chose. Pour son maître, l'important est que le lévrier gagne ses courses et lui rapporte donc de l'argent. Dès lors, quand Greta sabote la course, son propriétaire se rend compte qu'elle est complètement inadaptée à ce sport et qu'elle ne lui rapportera rien, voire même lui fera perdre de l'argent. Il fait alors une chose ignoble en l'abandonnant au bort de la route, sur le chemin de retour, près d'une prairie plutôt aride. Et la chienne ne comprend pas ce qu'il lui arrive et erre le temps de trouver à manger ou d'être adoptée par un humain qui voudra bien la prendre sous son aile. Malheureusement, elle n'est pas très douée pour la chasse ou la pêche tandis que les hommes qu'elle rencontre en s'approchant de leur maison ne veulent pas d'elle. La première moitié du téléfilm est alors vraiment poignante car le téléspectateur ne peut être que touché devant ce pauvre animal abandonné.

Dans la deuxième moitié, Greta trouve finalement un nouveau foyer. Elle sympathise avec un chien de berger. Ce dernier la ramène à son campement où des immigrés basques espagnols gardent des moutons. La chienne, grâce à sa vitesse, devient très vite pour eux un atout pour protéger, avec son nouvel ami, le troupeau des attaques de coyotes. Les maîtres humains commencent alors à l'adopter lui apportant nourriture et confiance. La fin du téléfilm va alors proposer une scène conçue typiquement pour plaire aux enfants. Le camp est en effet visité par une ourse et ses deux petits et leur curiosité va faire qu'ils vont le mettre à sac. Greta essaye, en bonne gardienne, de les faire partir mais n'arrive pas à se débarrasser des plantigrades. Ses nouveaux maîtres découvrent alors le désastre et reprochent à Greta de ne pas avoir protégé leurs affaires en leur absence. Elle va alors se rattraper en les aidant à capturer les deux oursons pour attirer leur mère dans un piège afin de transférer la famille dans une réserve animalière, ceci avec l'aide des rangers. Le téléfilm se termine alors sur une chanson mélancolique, Greta, The Misfit Greyhound, entendue en pointillé durant tout le moyen-métrage et superbement écrite par les frères Sherman, les compositeurs attitrés des studios Disney, auteurs pour eux de nombreux chefs-d'œuvre dont Mary Poppins.

Un Lévrier pas Comme les Autres est un joli docu-fiction où le téléspectateur n'a aucun mal à s'attacher à cette chienne abandonnée et à la suivre dans ses aventures.

Le moyen-métrage a été diffusé au cinéma, à l'international, à partir de 1966, notamment en France où il sort en salles le 13 décembre 1969.