Rencontre avec l'Équipe de Coco
L'article
Mardi 14 novembre 2017, l'équipe du film Coco des Pixar Animation Studios était à Paris pour le présenter à la presse et à un parterre d'invités juste avant l'avant-première française au Grand Rex qui diffuse l'opus en exclusivité du 15 novembre au 28 novembre préalablement à sa sortie nationale fixée au 29 novembre 2017. La salle du cinéma s'est donc parée, spécialement pour l'occasion, aux couleurs de Coco. Lee Unkrich (réalisateur), Darla Anderson (productrice), Ary Abittan (voix française d'Hector), François-Xavier Demaison (voix française du Mariachi) et Andrea Santamaria (voix française de Miguel) sont ainsi montés sur scène pour parler de leur expérience sur le film tandis qu'après la séance, un groupe de chanteurs mexicains a donné un petit concert en reprenant certaines chansons du long-métrage.
Avant cela, dans l'après-midi, Chronique Disney a eu la chance de rencontrer lors de deux tables rondes, le réalisateur et la productrice d'un côté et les voix françaises de l'autre.
Diplômé de l'école de cinéma de l' USC (University of Southern California) en 1991, Lee Unkrich entame sa carrière dans le cinéma et la télévision en prises de vue réelles, travaillant notamment sur la série Les Dessous de Palm Beach. Arrivé en 1994 chez Pixar, il devient monteur sur Toy Story en 1995, puis sur 1001 Pattes (a bug's life) en 1998, sur lequel il assure également certaines voix additionnelles. Co-réalisateur, monteur et à nouveau voix additionnelles sur Toy Story 2 en 1999, il co-signe Monstres & Cie en 2001 puis, deux ans plus tard, co-réalise avec Andrew Stanton, Le Monde de Nemo, certifié à l'époque, plus grand succès de l'histoire de l'animation quelques semaines seulement après sa sortie. L'année 2010 représente, pour Lee Unkrich, un tournant important dans sa carrière, puisqu'il est nommé, seul, à la tête de la réalisation de
Toy Story 3, le troisième volet des aventures des célèbres jouets animés. Encensé par la critique et le public, l'opus est, encore à ce jour, le plus grand succès des studios Pixar avec 1,067 milliards de dollars engrangés au box office mondial.
Darla K.Anderson, quant à elle, rentre cher Pixar en 1993. Elle est d'abord productrice sur 1001 Pattes (a bug's life) avant d'enchaîner sur Monstres & Cie, Cars - Quatre Roues, Toy Story 3 puis Coco.
Pour Lee Unkrich, le chalenge principal dans Coco a assurément été les squelettes du film. Il voulait, en effet, qu'ils soient sympathiques, attachants, de vraies personnages mais sans jamais faire peur pour ce qu'ils sont. Cela a donc été un gros travail de recherche, non seulement pour les équipes d'études visuelles mais aussi les animateurs afin de définir un design unique et inédit.
L'autre travail difficile s'est porté sur l'histoire, en particulier sur la façon d'aborder la mort. Au tout début du projet, le récit était axé sur un garçon qui perd un être cher et qui accomplit tout un travail de deuil. C'était alors un point de vue très nord-américain. Or, la signification de Día de Muertos au Mexique est l'opposé total de cette vision. Il s'agit plutôt de la famille au sens large et surtout du fait de ne jamais l'oublier. L'histoire a donc été reprise de zéro pour se diriger vers celle du résultat final.
D'un point de vue visuel, le monde des vivants a été créé, en s'inspirant des visites au Mexique, dans une envie que tout soit très horizontal avec une dominance de couleur orange. Il se crée ainsi un vrai contraste avec le Pays des Morts où tout est vertical, coloré et plein de vie. L'effet se présente ainsi un peu à la façon dont Dorothy dans Le Magicien d'Oz, passe du monde en noir-et-blanc vers le monde en couleur.
À l'origine, Coco n'était pas non plus prévu pour être un film musical. Mais le voyage au Mexique des artistes de Pixar a changé la donne. Les différentes chansons et mélodies mexicaines écoutées lors du séjour ont, en effet, imprégné les artistes de leurs atours. Dès lors, ils ont choisi de prendre modèle pour Coco sur le film O'Brother des frères Coen, c'est-à-dire un opus où la musique est placée au centre de l'intrigue mais sans que cela soit pour autant une comédie musicale. Il s'agit donc d'une histoire qui parle de chanteur où il est évident que des personnages allaient pousser la chansonnette sans que cela soit, pour autant, à la façon d'une vraie comédie musicale style West Side Story. À partir du moment où l'option musicale est retenue, l'idée d'une chanson qui interviendrait plusieurs fois dans le récit mais de façon différente s'impose comme une évidence très rapidement. Le réalisateur décide alors de faire appel à Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez, des amis proches, en leur donnant juste le fil conducteur, sans titre ni autre indication, que la volonté d'avoir une chanson qui peut être à la fois interprétée de façon exubérante ou comme une berceuse. Le couple de compositeur est revenu avec Remember Me qui s'affirme vite comme incontournable : alors que l'histoire a encore beaucoup bougé au cours de la production, deux choses n'évolueront plus : la fin du film et cette chanson.
Il est toujours difficile de savoir, avant projection, comment le public va réagir à un long-métrage, même si les cinéastes tentent toujours de parler au plus grand nombre avec des problématiques qui touchent chacun des spectateurs. Il y a ainsi une part de chance. Il n'empêche, pour Lee Unkrich, il faut savoir donner de la place aux scènes pour laisser à l'émotion le temps de monter. Il faut un rythme lent mais efficace pour bien installer les personnages et les sentiments. De la sorte, même si Coco a beaucoup changé au cours de son processus de création, la scène finale est restée quasi intacte à sa vision originale car les artistes se sont vite rendus compte qu'elle parlait beaucoup à l'équipe et au-delà, à tout ceux qui la recevait comme telle.
Andrea Santamaria, âgé de douze ans, est un habitué des doublages. Il s'est, il est vrai, fait remarquer pour sa prestation du Petit Prince dans le film français éponyme de 2015.
Ary Abittan s'essaye, lui, pour la première fois au doublage, même s'il a été, dans un registre proche, le narrateur français du film Disneynature, Chimpanzés. L'acteur et humoriste, plutôt habitué aux comédies et dont le plus gros succès Qu'est-ce qu'on a Fait au Bon Dieu ? sorti en 2014, propose ainsi dans Coco une prestation tout en nuance.
Ary Abittan comme Andrea Santamaria ont été tout bonnement ravis d'apprendre qu'ils étaient choisis pour donner leur voix dans Coco car doubler un film Pixar est à la fois un grand honneur mais aussi l'assurance de participer à une aventure intemporelle. Le doublage s'est pourtant fait sur une petite semaine sachant que chacun double ses scènes séparément à l'exception d'une scène ensemble ainsi que de la bande-annonce. Le plus dur du travail a été, en réalité, sur les chansons dans la mesure où ils ne sont, ni l'un ni l'autre, des chanteurs à la base. Mais l'expérience a été terriblement enrichissante pour chacun d'eux. Pour Ary Abittan, le doublage de Coco est une aventure intéressante car son personnage est un peu éloigné des rôles comiques dans lequel il est habituellement casté. Pour Andrea Santamaria, Coco est une expérience encore plus impressionnante que Le Petit Prince car il s'agit là pour lui, d'un doublage pour le compte d'un grand studio. Les deux se sont évidemment inspirés des voix anglaises mais sans forcément tenter de les copier. Pour Ary Abittan, se sont en fait les chansons qui lui ont permis de trouver le timbre parfait tandis que pour Andrea Santamaria, la voix de Miguel lui est venue naturellement. Étant d'origine italienne - une autre langue aux sonorités latines marquées - parler en espagnol ne lui a pas été trop difficile.