Les Disques d'Oz de Disney
L'article
La sortie au cinéma du (Le) Monde Fantastique d'Oz prévue à l'horizon 2013 ramène les studios Disney à Oz. Et force est de constater qu'ils aiment y retourner, que cela soit via les écrans (le petit comme le grand) avec The Rainbow Road of Oz, Oz, un Monde Extraordinaire ou Le Magicien d'Oz des Muppets ou simplement en musique par le biais d'une discographie assez fournie. C'est ce secteur dont ce billet entend faire le (33) tour !
Le 3 novembre 1956 a lieu un grand évènement à la télévision américaine. CBS programme, en effet, pour la toute première fois de l'histoire du petit écran outre-Atlantique, un film de cinéma, présenté en intégralité. Il s'agit alors du (Le) Magicien d'Oz, le classique de 1939 de la MGM. La diffusion remporte un succès phénoménal en rassemblant près de 45 millions de téléspectateurs ! Cet engouement donne immédiatement à Decca l'idée de ressortir la bande-originale du film la même année, étonnamment couplée avec des chansons Disney tirées du Grand Classique, Pinocchio. L'album prend alors le simple titre de Song Hits from Walt Disney's Pinocchio / Wizard of Oz. Sur la face A, s'y retrouvent les chansons du (Le) Magicien d'Oz (Over The Rainbow, The Jitterbug, Munchkinland, If I Only Had A Brain, If I Only Had A Heart, The Merry Old Land Of Oz et We're Off To See The Wizard) tandis que la face B distille les airs de Pinocchio (When You Wish Upon A Star, I've Got No Strings, Turn On The Old Music Box, Little Wooden Head, Jiminy Cricket, Three Cheers For Anything, Give A Little Whistle et Hi-Diddle-Dee-Dee (An Actor's Life For Me)). Il ne s'agit pas là, en revanche, des versions originales des films mais de ré-interpretations pour la plupart chantées par The Ken Darby Singers. Même si cet album n'est absolument pas édité par Disney, c'est bien la première fois que son œuvre musicale est associée à celle de Victor Fleming ; le disque étant d'ailleurs réédité en 1983 par RCA.
Ken Darby est un compositeur et acteur américain, né le 13 mai 1909 à Hebron, Nebraska (États-Unis) et décédé le 24 janvier 1992 à Sherman Oaks (États-Unis). Après sa participation au film Le Magicien d'Oz, où il prête sa voix à un des Munchkins, il crée une chorale pour réinterpréter les musiques populaires des films d'Hollywood, notamment Le Magicien d'Oz pour sa première édition en album en 1940. Il intègre ensuite Disney où il travaille de 1940 à 1947 sur La Boîte à Musique, Mélodie du Sud, Mélodie Cocktail, Danny, le Petit Mouton Noir et Brave Mécanicien. Il poursuit après cela une riche carrière au sein d'Hollywood où il est nommé six fois pour l'Oscar de la Meilleure Musique de Film : Le Roi et Moi (1956), South Pacific (1959), Porgy and Bess (1959), Flower Drum Song (1961), La Conquête de l'Ouest (1963) et Camelot (1967). Il est aussi - et notamment - l'auteur du célèbre Love Me Tender d'Elvis Presley !
Le deuxième mélange discographique entre le monde d'Oz et celui de Disney consiste en la parution en août 1962 de la compilation, Disney Meets the Wizard. Interprétée par Roger Ericson & His Men, elle comprend alors les chansons Whistle While You Work, We're Off to See the Wizard, When You Wish Upon a Star, Zip-a-Dee-Doo-Dah, Over the Rainbow, Someday My Prince Will Come, If I Only Had a Brain, Heigh Ho, Give a Little Whistle, Bibbidi-Bobbidi-Boo.
Et ce n'est pas tout ! Mieux même : les prochains disques mélangeant l'univers d'Oz et de Disney sont publiés eux directement par le studio de Mickey ! En 1949, Walt Disney crée, en effet, Walt Disney Music Company pour éditer des productions musicales. Son premier directeur Fred Raphael enchaine toutefois les échecs commerciaux et cède sa place, après 20 albums ayant tous fait, d'affilée, chou blanc ! Roy Disney décide ainsi, en 1950, de le remplacer par Jimmy Johnson. Les deux hommes se connaissent bien. James Alexander Johnson Jr, surnommé Jimmy, est, en réalité, embauché au sein des studios dès septembre 1938 comme assistant pour la publicité auprès de Roy Disney lui-même. Il est ensuite nommé directeur de Walt Disney Publications, une société créée pour départager les productions non cinématographiques du merchandising (géré alors par Walt Disney Entreprises). La société prend naturellement la direction de Walt Disney Music Company. Jimmy Johnson en restera le directeur - direct ou indirect - pendant près de 20 ans. En 1956, Walt Disney, encouragé par le succès de la musique de Davy Crockett, crée en plus le label Disneyland Records dans le but d'éditer des disques de bandes originales ou de narrations basées sur les films du studio.
Il n'empêche. Les échecs de la mise en chantier du film The Rainbow Road of Oz et de la création d'une zone lui étant dédiée dans le parc Disneyland refroidissent considérablement les ardeurs de Disney qui mettent en sommeil les droits achetés en 1954 sur les livres d'Oz. Il faut ainsi patienter jusqu'en 1965 pour voir Jimmy Johnson se décider le premier à renouer avec cette mine d'or remisée, via le label Disneyland Records. Une production audio représente, en effet, une prise de risques bien moindre qu'un film : moins exposée et moins couteuse ! Quelques voix suffisent (sachant, qu'en plus, les vrais professionnels sont capables d'en assumer plusieurs sur le même disque), un peu de musiques, quelques effets sonores et le tour est joué ! Il adapte donc The Scarecrow of Oz (1915), le neuvième roman de la saga d'Oz de L.Frank Baum.
Pour donner vie à l'histoire, Disneyland Records fait alors appel à Ray Bolger en guise de narrateur principal et de voix du personnage de l'Épouvantail. Depuis 1956, le film de la MGM étant, en effet, rediffusé régulièrement à la télévision, l'acteur ayant joué l'Épouvantail dedans, est ainsi assurément la meilleure personne pour assumer cette fonction sur le disque, même si le titre de l'album (emprunté au livre sur lequel il se base) n'est, en réalité, pas très connu du public. Ray Bolger n'est en revanche, lui, pas un inconnu des studios Disney depuis son rôle de Barnaby dans la comédie musicale, Babes in Toyland sortie en 1961. Le récit du disque suit donc globalement celui du livre ; deux chansons y étant toutefois ajoutées : la reprise de Over The Rainbow et une nouvelle écrite pour l'occasion, Happy Glow.
Il faut ensuite attendre quatre années supplémentaires pour voir Disneyland Records revenir à Oz. En avril 1969, un disque sort et adapte, il est vrai, le roman du (Le) Magicien d'Oz ; Disney se faisant fort d'obtenir une licence auprès de la MGM afin de réutiliser la musique et les paroles du classique de 1939. Ainsi, pour l'occasion, les chansons Over the Rainbow, In the Merry Land of Oz, If I Only Had A Brain, Follow The Yellow Brick Road et Ding, Dong, The Witch is Dead sont réorchestrées et réinterprétées. Par contre, l'histoire suit, elle, presque scrupuleusement le livre, et s'éloigne en cela du film. Ray Bolger ne reprend d'ailleurs pas son rôle de l'Épouvantail et se voit remplacé par Dal McKennon. Sam Edwards, pour sa part, endosse les personnages du Lion Peureux et de l'Homme en Fer Blanc.
Une autre production audio sort également la même année avec The Cowardly Lion of Oz. Éditée en août 1969, l'opus a deux grosses particularités. Tout d'abord, il reprend deux chansons (The Oz-Phabet et The Pup-Pup-Puppet Polka) qui avait été créées à l'origine pour le film avorté The Rainbow Road of Oz et composées par Buddy Baker et Tom Adair. Ces derniers sont d'ailleurs rappelés pour en écrire quatre de plus pour le disque : Trouble in Oz, Livin' A Lovely Life, Just Call Smarmy et If You'll Just Believe. Ensuite, il est bâti sur une histoire totalement inédite et entièrement écrite pour Disneyland Records. Sam Edwards y reprend ainsi son rôle du Lion tandis que sa voix chantée est, elle, tenue par l'anglais Mike Sammmes.
Le disque The Cowardly Lion of Oz annonce donc que son histoire se base sur un écrit de Ruth Plumly Thompson, ce qui est, en réalité, totalement erroné. Il faut, il est vrai, savoir qu'après les quatorze romans fondateurs de L.Frank Baum, son éditeur Reilly & Lee décida de continuer une collection de livres consacrée au pays d'Oz. Dix-neuf furent ainsi écrits par Ruth Plumly Thompson de 1921 à 1939, trois par John R. Neill de 1940 à 1942, deux par Jack Snow de 1946 à 1949, un par Rachel Groscrove en 1951 et un dernier en 1963 par Eloise Jarvis McGraw et Lauren Lynn McGraw. Disneyland Records, reprenant en réalité – et seulement ! - le titre du troisième roman de l'auteure Ruth Plumly Thompson, a surement préféré se prévaloir d'un quelconque problème de droits en citant son nom alors même que l'histoire est inédite.
Enfin, il convient de préciser, qu'avant la sortie de The Wizard of Oz et The Cowardly Lion of Oz, Disneyland Records propose en janvier 1969 un album reprenant l'intégralité des chansons des deux futurs disques ainsi que celles de celui de 1965, The Scarecrow of Oz, sous le simple titre The Songs from The Wizard of Oz.
L'année suivante, dès janvier 1970, sort, en guise de conclusion, ce qui semble devoir être alors le dernier disque illustré du label sur le thème d'Oz. Cette fois-ci, il se base sur une adaptation du roman de L.Frank Baum, The Tin Woodman of Oz et permet ainsi de boucler la saga qui propose désormais un disque pour chacun des trois personnages emblématiques du film de 1939, Le Magicien d'Oz. L'histoire de cet opus se termine d'ailleurs de façon plus positive que le roman avec un beau mariage pour chacun des personnages ; Disneyland Records ayant voulu clore avec lui - et joyeusement - son cycle de disques d'Oz.
Comme ses prédécesseurs, il renoue avec une flopée de chansons dont I Dream of True Love et Mrs. Yoop, The yoo Koo Hoo. Sam Edwards et Dal McKennon reprennent également leur rôle du Lion et de l'Homme en Fer Blanc pour le premier et de l'Épouvantail pour le second, tandis qu'un jeune garçon, Ron Howard (le futur Richie dans Happy Days et futur réalisateur de Splash), se fait remarquer dans le rôle du jeune garçon Woot.
Contre toute attente, Disneyland Records remet aussitôt une dernière fois le couvert avec une nouvelle production en mai 1970, The Story of the Wizard of Oz. Elle est toutefois différente des précédentes puisqu'il s'agit là d'un livre du type « Lisons ensemble». Bien que son histoire soit strictement la même que le disque sorti l'année précédente, elle est néanmoins sérieusement abrégée. En outre, seul le type de dessin est conservé : les images et la narration étant intégralement changées. Hal Smith y assume le rôle de narrateur alors que seulement deux chansons tirées du film de la MGM s'invitent en toute fin d'album : Over The Rainbow et Follow The Yellow Brick Road.
A partir de là, les droits d'Oz chez Disney vont s'endormir pendant quinze ans. Il faut, en effet, attendre Oz, Un Monde Extraordinaire pour revoir sortir des disques sur son univers. En 1985, Sonic Atmospheres propose ainsi en 33 tours, la bande originale du film avec la musique composée par David Shire et jouée par l'Orchestre Symphonique de Londres ; un album finalement réédité en 1989 en CD par le label Bay Cities. Enfin, et parallèlement, Disneyland Records sort, lui aussi en 1985, autour du film, un disque de type « Lisons ensemble».
Nouveau passage à vide pendant vingt ans pour arriver au dernier album tournant autour du monde d'Oz et sorti chez Disney. Il s'agit, il est vrai, de Best of the Muppets Featuring The Muppets' Wizard of Oz, un CD proposé en mai 2005. L'opus reprend les six chansons du téléfilm Le Magicien d'Oz des Muppets ((Gotta Get Outta) Kansas, When I'm With You, The Witch Is in the House, Calling All Munchkins, Good Life et Nap Time) auquel il rajoute huit chansons tirées de la série Le Muppet Show (The Muppet Show Theme, Mahna Mahna, (It's Not Easy) Bein' Green, Lady of Spain, Halfway Down the Stairs, What Now My Love?, Tenderly et Happy Feet) et une du film Les Muppets, Ça C'est du Cinéma ! (The Rainbow Connection).
Enfin, 2013 marque le retour d'Oz dans l'univers discographique de Disney avec la bande originale de Danny Elfman signée pour Le Monde Fantastique d'Oz...