Le Garçon et le Poulpe

Le Garçon et le Poulpe est un court-métrage qui prolonge la tradition de la série de cartoons La Magie d'Être Ensemble offerts par Disney de 2020 à 2022. À la fois produit marketing, promotionnel et caritatif, il n'oublie pas pour autant d'être artistique en proposant une histoire aussi touchante qu'émouvante.

De 2020 à 2022, The Walt Disney Company, via sa filiale Europe, Middle East & Africa basée à Londres, avait proposé trois courts-métrages à l'approche des fêtes de fin d'année : Lola, Beau-Père et Le Cadeau. Ils étaient construits sur le même principe : raconter une histoire touchante de famille tout en faisant la promotion de produits dérivés des grandes marques de l'entreprise, que ce soit Disney, Marvel, Star Wars ou Pixar. Tous avaient pour but de lancer la campagne annuelle Make-a-Wish, une association qui réalise les vœux d'enfants de 3 à 17 ans atteints d'affections graves et dont Disney est partenaire depuis plus quarante ans. Le Garçon et le Poulpe est construit sur le même moule sauf qu'il s'agit principalement ici d'un court-métrage en prises de vues réelles.

Disney confie étonnement la réalisation de ce court-métrage marketing à un réalisateur de renom : Taika Waititi. Né le 16 août 1975 à Raukokore en Nouvelle-Zélande, ses goûts pour l’écriture et la mise en scène le conduisent à réaliser en 2005 Two Cars, One Night, nommé à l’Oscar du Meilleur Court-métrage et depuis intégré à la collection des Searchlight Shorts. Après quelques longs-métrages, la carrière de Taika Waititi est marquée par sa collaboration fructueuse avec The Walt Disney Company, qui démarre pourtant par un échec. Rédigeant le script initial de Vaiana, la Légende du Bout du Monde (2016) pour les Walt Disney Animation Studios, il ne voit en effet que quelques-uns de ses éléments retenus dans la version finale. Son travail sur le Marvel Cinematic Universe est en revanche plus heureux. Sa réalisation de Thor : Ragnarok (2017) est saluée, alors qu’il y joue également le rôle de Korg, qu’il reprend dans Avengers : Endgame (2019). Devant ce succès, Waititi écrit et réalise le quatrième film centré sur le Dieu du Tonnerre, Thor : Love And Thunder (2022). Il signe également l’épisode de conclusion de la première saison de la série Star Wars : The Mandalorian (2019) sur Disney+, première série Star Wars en prises de vues réelles pour laquelle il double d'ailleurs le droïde chasseur de primes IG-11. Il réalise enfin deux films chez Searchlight Pictures : Jojo Rabbit (2019) et Une Équipe de Rêve (2023).

Force est de constater que Le Garçon et le Poulpe est assez consensuel visuellement, s'éloignant plutôt du style foisonnant et décalé du réalisateur. Ceci dit, il arrive tout de même à insuffler sa patte au travers des personnages. Le jeune garçon est, il est vrai, le genre de protagoniste sortant de l'ordinaire qu'affectionne particulièrement l'artiste. Il distille aussi quelques éléments comiques à commencer par le gimmick qui fait que chaque personnage qui croise le poulpe - le garçon, sa mère, le Père Noël - réagit exactement de la même façon : il crie de frayeur car il trouve affreux l'animal. La scène où le garçon cache les yeux du poulpe quand il passe devant le marchand japonais de sushi est aussi amusante tout comme les petites scènes de vie entre le garçon et son parasite qu'il accueille sur la tête. Le moment où la petite pieuvre fait semblant de manger un pop-corn devant la télé alors qu'il n'a pas de bouche est ainsi mignon à souhait.

Le plus grand défi technique du court-métrage est d'arriver à offrir un personnage de poulpe à la fois réaliste d'un point de vue corporel mais aussi expressif sur le plan émotionnel. Pour cela, Disney a fait appel à deux sociétés : l'une chargée de la création, adam&eveDDB, et l'autre des effets visuels, Untold Studios. Leur collaboration permet ainsi de proposer une pieuvre avec huit tentacules qui peut se déplacer indépendamment, changer de forme et même de couleur de peau, tout en transmettant la chaleur et le charme nécessaires à l'histoire. Clairement, le petit animal est la vraie réussite du (Le) Garçon et le Poulpe ; le personnage étant particulièrement attachant, aussi mignon qu'attendrissant, le tout rehaussé par l'utilisation intense, afin de le caractériser musicalement, de la version instrumentale de la chanson Partir Là-Bas du film d'animation La Petite Sirène. Ceci dit, le spectateur ne comprend pas fatalement pourquoi il se retrouve sur la tête du jeune garçon, un peu à la façon de Rémy sur celle de Linguini dans Ratatouille. En revanche, il saisit parfaitement comment, après avoir découvert le monde avec le garçon, le poulpe souhaite réaliser son prochain rêve : celui de suivre le Père Noël sur son traîneau.

Le Garçon et le Poulpe est donc un court-métrage produit par la branche marketing de Disney et cela se voit dans les références aux multiples jouets et produits dérivés qui sont subtilement présentés. La filiale a, en effet, essayé de placer différentes allusions selon le même principe que les Mickey Cachés. Certaines sont évidentes comme les figurines de Buzz l'Éclair, de l'Empereur Zurg, de Dingo ou de R2-D2 voire du jouet en forme de sabre laser. D'autres sont plus subtiles, à l'image par exemple du poisson clown dans l'aquarium qui fait penser au personnage de Nemo, de l'affiche représentant un jeune garçon dessiné sur une vespa rappelant le film Luca de Pixar, du poster d'Iron Man ou encore des décorations d'une vitrine de Noël avec des figurines de Woody et de Pile-Poil. Il est également amusant de noter que l'écran de télévision passe un programme sur Disney+, le film désormais classique de 1994 Super Noël, qui donne d'ailleurs envie au poulpe de rencontrer le vrai Père Noël.

Le Garçon et le Poulpe est un joli court-métrage de Noël, une sorte de mélange entre Ratatouille et La Petite Sirène, apte à faire chavirer le cœur des parents et des enfants avant les fêtes.