Titre original : Victory Vehicles Production : Walt Disney Animation Studios Date de sortie USA : Le 30 juillet 1943 Série : Genre : Animation 2D |
Réalisation : Jack Kinney Durée : 8 minutes |
Disponibilité(s) en France : |
Le synopsis
Dans la série des "how to" comment Dingo remplace ses véhicules à moteur essence par différentes inventions... |
La critique
Vive le Pogostick est le premier des deux courts-métrages de Dingo ayant pour fond la Seconde Guerre Mondiale.
Jusqu'à l'entrée en guerre des États-Unis consécutive à l'attaque de Pearl Harbor par l'aviation japonaise, les Studios Disney n'étaient touchés par le conflit que sur l'aspect financier. L'Europe en guerre était devenue, en effet, un marché éteint où les productions de la Compagnie ne s'écoulaient plus. D'un point de vue artistique, la guerre, dont les enjeux restaient très éloignés des préoccupations de l'Amérique profonde, n'avait, qu'à de très rares exceptions (telle une commande du gouvernement canadien pour quatre films de propagande) d'influences sur les productions Disney.
Pourtant, ce fameux 7 décembre 1941, l'Amérique attaquée se retrouve subitement partie prenante au conflit. Le gouvernement U.S. réquisitionne alors immédiatement les Studios de Mickey ; la machine de guerre américaine se mettant en marche. Disney reçoit la lourde tache de vulgariser les enjeux du conflit, ses tenants et aboutissants. Toutes les Stars de la Compagnie sont mises à contribution et participent à l'effort de Guerre. La fibre patriotique est exacerbée et tous les thèmes sont bons à mobiliser : de l'intérêt pour tout un chacun de payer ses impôts en temps et en heure (The New Spirit) à la dissection des méthodes de la dictature hitlérienne (Education for Death)...
Vive le Pogostick, premier des cartoons de Dingo à prendre pour décor la guerre, est construit dans la même veine que la série des "How to..." sachant qu'il devait se nommer à l'origine How to Get There en anglais.
En 1937, Dingo perd, en effet, sa "voix" à la suite du départ de Pinto Colvig du studio de Mickey. Le personnage, privé un temps de ses vocalises originales, les retrouvera toutefois en 1941 à la faveur du retour de son doubleur initial, et ce, jusqu'au décès de ce dernier, en 1967. Dans l'intervalle, la technique de la narration, qui permet à Dingo de rester aphone, est plébiscitée. Disney, bien décidé à sauver coûte que coûte son gaffeur attitré, contourne, en effet, la difficulté rencontrée en le mettant en scène dans des aventures commentées par voix-off. L'artiste John McLeish se voit ainsi chargé du commentaire audio de toutes les péripéties de Dingo. À l'origine, il pense participer à un programme éducatif et utilise donc un ton grave et sérieux. Se rendant compte de sa méprise, il entreprend de modifier son intonation afin de la rendre burlesque. Mais c'est sans compter sur l'intervention des réalisateurs qui le convainquent de revenir à sa prestation première, idéale pour instaurer un contraste hilarant entre le récit et la nature des images qui le supportent. La série des "How to..." est née. Le court-métrage Dingo Fait de l'Équitation, surprenant d'humour décapant, l'inaugure de façon magistrale. RKO Pictures, le distributeur exclusif de Disney à l'époque, trouve le cartoon tellement réussi qu'il décide de l'inclure dans le long-métrage, Le Dragon Récalcitrant, pensant qu'il toucherait ainsi un plus large public.
Vive le Pogostick annonce dès son écran titre sa thématique : les problèmes de déplacement de la population civile en temps de guerre et surtout de restrictions et rationnement en essence, acier, pneu... Le titre du cartoon montre ainsi un pare-brise de voiture avec une ribambelle d'autocollant qui parlait beaucoup au public de l'époque, en particulier les adultes. Il peut se remarquer un autocollant noté A qui ne correspond pas du tout au jeune conducteur comme pour les voitures françaises contemporaines mais plutôt à un sticker de rationnement d'essence, le A représentant la priorité basse pour obtenir du carburant. La facilité de faire le plein était, en effet, donnée en priorité aux métiers indispensables comme les secours ainsi qu'à l'armée pour permettre au pays de gagner la guerre contre ses ennemis mortels. D'ailleurs, l'un d'eux est clairement nommé au cour du cartoon où un panneau encourage la population à "Beat the Jap with Scrap" ce qui peut se traduire en "Battre les Japonais avec de la Ferraille".
Le narrateur commence par expliquer, qu'avant l'invention de l'automobile, les centres villes étaient plus concentrés ; la population habitant à proximité de son travail. Mais avec l'invention de la voiture, les distances se sont raccourcies en temps et les gens se sont éparpillés dans les banlieue, les villes grossissant en surface, et les routes devenant une vraie fourmilière. Le rationnement a donc créé un problème réel de déplacement. De nombreux citoyens ont alors décidé de régler le souci en proposant des idées, toutes plus farfelues les unes que les autres. L'une d'entre elle voit un véhicule bouger selon la force motrice d'un chien (ici Pluto qui fait un jolie caméo) qui course, en faisant du surplace, un chat posé sur l'engin par le propriétaire des deux animaux.
D'autres solutions plus farfelues les unes que les autres sont ensuite proposées : une roue à chaussures ; une brouette à pédales ; un jeu à bascule à roulette pour les enfants remplaçant idéalement le bus scolaire ; les éperons de cow-boy alliés à deux lassos tournant de façon coordonnées ; un rocking-chair sur roue ; des extenseurs de musculation reliés à un véhicule ; un politicien qui raconte du vent, force motrice de son véhicule ; une balançoire sur roulette ; un green de golf sur roue. Cette dernière est particulièrement amusante car totalement improbable alors même que le narrateur insiste dessus en fonction de l'utilisation qu'en fait Dingo. Pour garer la "voiture", il suffit, en effet, d'exécuter doucement un putt comme si la balle de golf était à proximité du trou gagnant. Il y a, par contre, des idées qui ne marchent pas comme le fait d'utiliser des patins à roulettes et un aimant en espérant que le magnétisme dirigé vers un casque en métal permettra de faire avancer le conducteur. À part se prendre tous les objets en métal du voisinage, il y a peu de chance de faire avancer qui que ce soit...
Mais la vraie solution vient du bâton sauteur, une sorte de manche à balai monté sur ressort. Le spectateur suit ainsi un consommateur lambda, Dingo bien sûr, qui est satisfait de son achat. Il est vu en train de sortir de chez lui, prendre le bâton sauteur dans son garage et partir au travail sans oublier naturellement d'acheter le journal du jour. L'utilisation de ce nouveau moyen de transport est particulièrement pratique puisqu'il permet de prendre des raccourcis, de faire de l'exercice et de respirer le grand air. Beaucoup plus simple à garer, il suffit uniquement d'un petit trou pour le déposer sereinement. L'utilisateur du bâton sauteur sera en si bonne forme qu'il ne pourra s'empêcher toute la journée de bondir. Grâce aux bons effectués, le bâton sauteur permet également d'apprécier - enfin ! - les paysages qui étaient cachés jusqu'à présent par des panneaux publicitaires installés le long de la route. Le bitume pourra aussi être économisé puisqu'il n'y a plus besoin de routes complètes mais juste de petits points pour pouvoir rebondir. En cas de pluie, il peut même y être installé un parapluie rétractable.
Vive le Pogostick se termine alors en ventant les bienfaits de ce nouveau véhicule et montrant un certain nombre de citoyens l'utiliser. Un superbe plan final dévoile ainsi un centre ville embouteillé avec ces nouveaux véhicules utilisés par tout le monde. Le court-métrage conclut avec la chanson déjà entendue au générique de début, Hop on Your Pogo Stick, écrite par Ned Washington et Oliver Wallace, à la mélodie entêtante aussi entraînante que joyeuse.
Vive le Pogostick est un amusant cartoon qui fait la promotion d'un véhicule improbable tout en éduquant les citoyens à limiter l'utilisation de leur voiture.