Colère
Date de création : Le 19 juin 2015 Nom Original : Anger Créateur(s) : Pete Docter |
Apparition : Cinéma Vidéo BD Livres Jeux Vidéo Parcs Voix Originale(s) : Lewis Black Voix Française(s) : Gilles Lellouche |
Le portrait
Colère est l’une des émotions de Riley Andersen, personnage principal du film d’animation Vice-Versa, produit en 2015 par les studios Pixar. Habillé strictement avec une chemise et une cravate, l’émotion rouge est masculine et se fait un devoir de défendre la fillette dans de nombreuses situations injustes, en s’énervant et se battant pour elle. Comme les autres émotions, Colère génère des boules de souvenirs, de couleur rouge pour lui, qui rejoignent celles de ses acolytes dans la mémoire à long terme. S’il n’est pas une émotion principale, Colère n’en reste pas moins une émotion bruyante et remarquée, n’hésitant pas à exprimer son mécontentement : il incarne une petite voix insoumise chez Riley, et ne manque donc pas d’être scandalisé, aux côtés des autres émotions, de son déménagement vers San Francisco.
Colère est la dernière émotion à faire son entrée au quartier cérébral. Il prend la suite de Dégoût, et se manifeste quand le père de Riley la menace de la priver de dessert si elle ne finit pas son plat de brocoli. C’est donc une injustice qui fait entrer en scène l’émotion rouge, alors calmement assise sur un canapé, en train de lire son journal, lequel reprendra l’actualité de la vie de Riley dans ses gros titres tout au long du film. Il est donc noté « PAS DE DESSERT ! » quand Colère entend la menace du père, et réagit : « Quoi ? Pas de d’dessert ? Non, mais attends, il est sérieux lui ? », puis prend les commandes du tableau de bord des émotions.
Joie, en voix narratrice, le présente ainsi : « Voilà Colère, il est très à cheval sur la justice et l’impartialité ». L’émotion rouge poursuit en montant le ton « Ah ouais, c’est comme ça qu’tu le prends Moustache ? Pas de dessert donc ? Et ben tu l’auras voulu, on va t’la finir ton assiette, mais c’est surtout toi qui vas déguster ! », et actionne ses manettes pour faire crier Riley de mécontentement et d’énervement.
Il lâche les commandes dès que le père de la fillette imite un avion avec sa cuillère pleine de brocoli, et Joie reprend les commandes pour accepter la bouchée : la diversion a ici fonctionné, et illustre ce que de nombreux parents ont vécu avec leurs enfants, à savoir un changement total de comportement dès lors que le jeu est introduit ! Colère fait donc partie des émotions de Riley, qui vont la guider tout au long de sa vie. Comme les autres, il est surpris et inquiet par la nouvelle du déménagement de la fillette à San Francisco, qui implique une perte de tous ses repères et la construction d’une nouvelle vie, en parallèle de son entrée dans l’adolescence.
Quand Riley et ses parents arrivent à San Francisco, la fillette ne fait qu’observer les rues et les paysages. Dans un bouchon, elle voit de nombreux automobilistes klaxonner pour signaler leur énervement, et Colère s’exclame : « Ils sont bien énervés ici, j’sens que ça va me plaire ! ». Il répond ensuite à l’annonce du père précisant qu’ils sont bientôt arrivés par un ton agacé - « Alors accélère ! » -, mais ne prend cependant pas les commandes pour faire réagir ainsi la jeune fille. Au moment où Joie récapitule toutes les maisons imaginées pendant le voyage, Colère réagit au château : « Ça me plaît ça ! C’est livré avec un dragon ! ».
Quand Riley découvre sa nouvelle maison, c’est une grande déception : toutes les émotions sauf Joie donnent leur avis négatif, et c’est Colère qui ouvre le bal « Non, mais attendez c’est une blague ? On va pas s’installer là ? ». Face à cela, Peur panique et vient se réfugier sur la tête de Colère, qui s’énerve et fait jaillir du feu de son crâne en hurlant « Descends de ma tête ! ». Les deux émotions créent ici une scène humoristique qui vient nuancer le côté dramatique et triste de la situation que vit Riley, devant la découverte de sa maison.
Colère éprouve, avec ses acolytes, un regain d’espoir quand Joie évoque la chambre de la fillette, mais réagit tout aussi négativement en la découvrant : « Oula j’suis énervé là, on vient de prendre perpet’ ». La tension monte autant chez l’émotion rouge que chez la jeune fille, mais Joie réussit encore une fois à les faire sourire en imaginant la décoration de cette future chambre. Colère reste pourtant sur ses gardes quand l’émotion jaune dit « J’ai lu quelque part qu’une chambre vide était un don du ciel », en répliquant d’un air soupçonneux « Et où t’as lu ça toi ? ». Colère n’hésite pas à remettre en question les dires de Joie, en ayant une posture de méfiance.
Il retrouve le sourire en participant à la décoration imaginaire de la chambre, mais le perd très vite quand Riley apprend que le camion de déménagement s'est perdu. Quand Joie fait remonter le souvenir de la pizzeria, Colère partage le sourire des autres émotions, mais est cependant scandalisé quand il voit la part de pizza au brocoli : « Quoi ?! Non, mais attends, c’est sérieux là, t’appelles ça de la pizza toi ? Tu sais d’où on vient ? Tu veux que j’ten colle une ? ». Cette scène est très comique, car Colère accorde une très (trop) grande importance à la qualité de la pizza, qui semble sacrée pour lui, et donc pour Riley. Il ne prend pas les commandes de ses émotions, mais s’exprime néanmoins vivement sur le sujet.
Au moment où la mère demande à sa fille ce qu’elle a préféré pendant leur voyage, Colère s’exclame « cracher par la fenêtre de la voiture ! », en arborant un grand sourire, mais s’accorde pourtant très vite avec Joie quand elle montre la photo prise devant un gigantesque dinosaure, en disant « Ah, c’était trop bien ». Le soir venu, alors que Riley attend que ses parents viennent lui dire bonne nuit, Peur, Dégoût et Colère pilotent, et l’émotion violette panique face au bruit des voitures à l’extérieur. Il s’imagine un ours cherchant à rentrer, ce que Dégoût dément, mais Colère renchérit très sérieusement « J’ai vu un type très poilu et il ressemblait à un ours ». Cette phrase introduit encore une fois le rire dans une situation à première vue stressante pour l’héroïne, et permet au spectateur de prendre du recul.
Il poursuit ensuite en donnant son avis général sur la situation : « On n’aurait jamais dû déménager ! […] Qu’est-ce que Papa et Maman sont venus faire dans ce trou ! ». Joie intervient alors, et tente de les raisonner, en vain : sur un ton sarcastique, Colère fait la « liste de tout ce qui pourrait enthousiasmer Riley » en comptant sur ses doigts : « Maison immonde, chambre immonde », et toutes les autres émotions le soutiennent en ajoutant un aspect négatif qu’a vécu la fillette pendant le déménagement. Il arrête l’émotion jaune dans son élan, et lui dit « Non non Joie, te fatigues pas cocotte, y'a aucune raison pour que Riley pète le feu. Laisse-nous gérer ça, ok ? ».
Colère semble ici prendre la tête des ressentis négatifs des émotions, et s’oppose à Joie, l’émotion leader. Il est d’accord avec ses acolytes et pense que Riley devrait manifester son mécontentement, et non pas rester joyeuse et prétendre que rien ne la dérange dans ce changement de vie. Il propose ainsi avec un grand sourire machiavélique que le lendemain la fillette « s’enferme à double tour, et [hurle] le seul gros mot qu’on connaît ! Ah ça donne la frite ça ».
Quand la mère de Riley entre dans la chambre, il s’exclame « Ah ! Voilà le train des mauvaises nouvelles ! », et file la métaphore en imitant le bruit d’un train à vapeur après chaque mauvaise nouvelle qu’elle annonce. Cette scène, à première vue annonciatrice de tristesse, est en réalité présentée grâce à Colère comme comique à travers son sarcasme.
Il prend les commandes et s’apprête à rendre Riley énervée, lorsqu’il s’arrête soudainement en entendant la mère remercier sa fille d’être restée joyeuse malgré toutes les péripéties vécues pendant cette nouvelle aventure. Stupéfait, il rend pourtant sans rien dire les commandes à Joie, qui s’empresse de faire réagir la fillette. Il va très vite dans le sens de l’émotion leader et dit « pour une fois je suis d’accord avec Maman ». Et c’est sur un sourire que les émotions se quittent pour la nuit.
Le lendemain, chaque émotion est missionnée par Joie pour réaliser son plan d’attaque pour ce jour de rentrée des classes. Elle s’adresse donc à Colère : « Va décharger les rêveries, j’ai commandé des réserves au cas où on s’ennuierait en classe », ce à quoi l’émotion rouge répond, son journal dans les mains, « sage précaution, y a des écoles où on s’ennuie même pendant la récré, et j’te parie que ce sera le cas ».
L’émotion rouge reprend la parole quand Riley est en classe, après le départ contraint de Joie et Tristesse, à la suite de plusieurs événements précipités. Il regarde avec Peur et Dégoût la disparition du tube aspirateur et dit, comme pour détendre l’atmosphère « J’ai le droit de le dire le gros mot là ? », ce qui introduit encore une fois une note d'humour dans une situation négative.
Les trois émotions les plus négatives de la jeune fille sont donc livrées à elles-mêmes au quartier cérébral, sans l’émotion leader pour les guider. Pendant cette période, c’est Colère qui s’affirme comme nouveau leader du quartier cérébral : il va guider ses acolytes et les sentiments et réactions de Riley, désormais privée de Joie. Dégoût remarque que Riley semble contrariée, et Colère renchérit « Quelle tête tu veux qu’elle fasse ? Toutes ses îles sont hors service ! ». Quand la mère de Riley lui demande comment s’est passée sa première journée dans sa nouvelle école, il remarque immédiatement le sous-entendu de la question et dit « attention elle nous cuisine », et laisse les deux autres émotions prendre les commandes. Il se décide à prendre leur place au moment où le père pose la même question, afin de montrer l’agacement de la fillette.
Colère continue en répondant au père « Ah ouais ? T’aimes pas ce genre d’attitude ? Et ben tu vas être servi ! », et Riley répond avec un ton de plus en plus énervé « c’est quoi ton problème ? Lâche-moi d’accord ? ». À ce moment, c’est aussi l’émotion rouge qui pilote chez le père de Riley : aucune des deux émotions rouges ne se calmera, et Colère chez Riley dit « Qu’est-ce qu’il y a ? Il me cherche le p’tit papa ? Allez viens j’tattends ! », les deux mains posées sur ses commandes. Il fait très vite exploser la jeune fille de colère, qui hurle « Oh la ferme ! » et file dans sa chambre les poings liés.
Plus tard, quand le père de Riley tente de renouer avec elle et de savoir la raison de sa contrariété, il fait des mouvements de ouistiti pour la faire rire. Colère réagit immédiatement en disant « Oh j’ai compris : il essaye de ranimer l’île des bêtises », mais sans Joie pour répondre à ce geste, l’île en question s’effondre devant les trois émotions, démunies. Les trois acolytes réapparaissent quand Riley est en conversation vidéo avec Meg, sa meilleure amie. Au moment où elle lui annonce qu’une nouvelle fille a intégré l’équipe, la fillette se sent remplacée et trahie : Colère tient d’ailleurs dans ses mains le journal du jour, avec comme gros titre « Remplacée ! Plus besoin de Riley ». Il tente de contenir sa colère, en vain, et s’empare des commandes pour faire raccrocher subitement la jeune fille en disant « Ah t’aimes la transmission de pensée Meg ? Tu vas voir c’que j’en fais moi de ta transmission ! ».
Colère reprend plus tard les commandes des sentiments de la fillette pendant son match d’essai de hockey, qu’elle rate à cause de la perte de ses repères et de ses îles de personnalité. Quand elle tombe sur la glace, l’émotion rouge annonce « bon ben c’est bon, ça m’gave », et s’énerve sur le pupitre : Riley sort telle une furie de la glace et dit à sa mère sur un ton énervé « on rentre ». Colère représente ici à la fois l’énervement, la frustration et la déception chez la jeune fille : elle aime toujours le hockey, bien que son île s’effondre à son tour, mais est tant énervée et perdue dans cette nouvelle vie qu’elle préfère abandonner cette passion pour le moment.
La scène suivante où Colère apparaît le montre encore une fois muni de son journal, titrant cette fois-ci « Riley arrête le hockey ! », en écho à son essai raté pour intégrer l’équipe de San Francisco. Il lève les yeux de son journal et s’exclame en donnant un coup de pied au canapé « et ben moi j’en ai carrément ras le bol ! Voilà c’est dit ! Faut faire quelque chose ! ». Après avoir été témoin de la tentative de démission de Peur, Colère sort une idée des placards, matérialisée par une ampoule, en la qualifiant de « La meilleure idée de tous les temps » : la fugue.
Colère explique plus en détails son idée, en arborant un sourire satisfait : « C’est dans le Minnesota qu’on s’est fait tous nos meilleurs souvenirs, alors on va tous repartir dans le Minnesota et s’en faire d’autres ! ». Peur comprend tout de suite son intention derrière cette idée, et lorsqu’il prononce le mot « fugue », l’émotion rouge le reprend en disant « fuguer, tout de suite les grands mots. Mais non ! J’appellerais ça une escapade de rééquilibrage mémoriel de nous-mêmes ! ». Il poursuit ensuite en donnant des arguments pour supporter son idée, et convaincre ses deux acolytes : « On avait la belle vie, jusqu’à ce que Papa et Maman décident de s’la jouer cool à San Francisco ! ».
Face à cela, Peur ne semble pas rassuré et évoque le fait que cette décision est un peu excessive, face à quoi Colère continue sa plaidoirie : « On avait notre chambre, notre jardin si mignon, tous nos potes ! ». Il se lance ensuite pour faire défiler un souvenir allant sûrement en ce sens, mais c’est la chanson que Riley a dans la tête qui revient : une touche d’humour est amenée dans cette scène sérieuse et dramatique, encore dans le but de faire rire le spectateur et de pallier au pathos de la situation.
Devant cette chanson idiote et horripilante, Colère s’énerve une nouvelle fois et se confie : « Oh j’en peux plus, j’suis carrément au bout du rouleau ». Quand Peur suggère de laisser passer la nuit pour mieux réfléchir à cette éventuelle solution, l’émotion rouge répond sur un ton ampoulé et sarcastique « d’accord, on verra ça demain ! Puisque comme par magie demain matin, un monde enchanté plein de surprises nous attendra à notre réveil ! ».
Mais la nuit ne s’écoule pas paisiblement, puisque Peur réveille Riley à la suite d’un cauchemar, déclenché en réalité par Joie et Tristesse dans leur plan pour regagner le quartier cérébral. Colère et Dégoût sont réveillés en même temps que la fillette, et l’émotion rouge ne manque pas de sortir à nouveau l’idée de la fugue. Avant de l’insérer dans le tableau des commandes pour la transmettre à Riley, il demande à ses deux acolytes « Vous êtes avec moi ? » : Peur répond par la négative, et Dégoût esquisse un petit oui, dans le but d’aider la jeune fille. Il place donc l’ampoule dans le tableau des commandes, et constate que la fillette a « percuté » et a donc accepté l’idée.
Quand Dégoût lui demande comment Riley va faire pour retourner seule dans le Minnesota, Colère répond encore de manière sarcastique « oh, mais c’est simple ça, c’est pas compliqué, on va y aller en skateboard, en trottinette ou en poney », sans s’attendre à ce que Peur soit assez crédule pour croire à ces idées. Une autre petite touche d’humour est ici introduite, juste avant que Colère annonce qu’il compte voler les parents de la fillette pour payer le bus. La chanson dans la tête de Riley revient alors, pour adoucir encore une fois l’atmosphère de la scène. Mais selon Colère, voler les parents est légitime car « Papa et Maman nous ont mis dans le pétrin, à eux de nous en sortir et puis c’est tout » : il traduit ici la logique de la jeune fille, qui tente de se trouver des excuses, mais qui sait au fond qu’elle commet une erreur.
Alors que la fillette prépare son sac de voyage, elle semble avoir un moment d’hésitation dans son geste : il s’agit de Peur, stoppant momentanément Colère dans les commandes pour tenter de le raisonner sur la dimension grave de cette décision. L’émotion rouge l’écarte aussitôt et répond « écoute-moi bien : on n’a plus de bons souvenirs, tu veux que Riley soit heureuse ? Alors laisse-la rentrer dans le Minnesota et ce sera réglé ».
Malgré l’hésitation de Peur et Dégoût sur le trajet de la gare routière, Colère incarne parfaitement l’émotion leader qui ne faiblit pas et garde le cap, dans le but de donner à Riley « de nouveaux souvenirs ». Il finit pourtant par craquer quand la fillette s’apprête à monter dans le bus, et crie « Mais c’est n’importe quoi ! Monte pas dans l’bus fais pas ça ! ». Chaque émotion tente alors de sortir l’idée du tableau des commandes pour faire rebrousser chemin à la jeune fille, en vain. Quand le tableau des commandes se bloque peu à peu devant leurs yeux, Colère ouvre grand ses yeux de peur et dit « Mais qu’est-ce qu’on a fait là ? ».
Les trois acolytes ont perdu tout espoir de sauver la situation quand Joie et Tristesse sont propulsées sur la vitre du quartier cérébral. Pour les faire rentrer, Dégoût manipule Colère en l’énervant et en faisant jaillir le feu de sa tête, puis s’en sert pour percer un trou dans la vitre. Après avoir hissé les deux émotions, ils expliquent dans la panique la situation de manière confuse, et Colère est, avec les autres, très surpris quand il voit Joie confier à Tristesse le soin de régler la situation, et d’ôter l’idée de la fugue du tableau des commandes.
Après la réussite de Tristesse, qui a poussé Riley à se confier à ses parents, les cinq émotions réapparaissent devant le paysage des nouvelles îles de personnalité de la jeune fille. Colère dit d’ailleurs « L’île de l’amitié s’est agrandie, et je sens que j’vais adorer l’île de la confrontation ». Il découvre ensuite le nouveau tableau des commandes, avec l’« accès à la totalité du dico des gros mots » : il s’empresse d’en prononcer un, mais le mot est couvert par le bruit d’un autre bouton actionné par erreur par Peur. Ici encore, les deux émotions créent de l’humour.
La dernière scène se passe à la patinoire, juste avant le début du premier match de hockey de Riley dans l’équipe de San Francisco, qu’elle a finalement intégré. À la vue des exclamations de support des parents, Colère avoue « ouais c’est vrai, Papa et Maman sont plutôt cools », avec un sourire. Colère prend une dernière fois la parole quand le match commence, pour traduire l’excitation et la détermination de la fillette à mener le match « allez c’est parti, poussez-vous tous ! […] Pousse-toi d’là toi, laisse faire les pros ! ».
Comme Riley possède cinq émotions, les autres personnages principaux ont eux aussi droit à une version personnalisée de Peur, Colère, Dégoût et Tristesse, qui reprennent pour chaque personnage leurs vêtements, attitude ou bien coiffure. Les parents de Riley, sa professeure et Jordan, son futur petit ami, ont donc eux aussi une version de Joie dans leur tête. Cette déclinaison sur plusieurs personnages généralise le fait que, pour chaque adulte, enfant, homme ou bien femme, ses sentiments sont pilotés par les mêmes émotions, qui s’adaptent cependant à la personne pour laquelle elles sont présentes, tant sur le plan physique que sur la personnalité. Le but est de souligner l’aspect réaliste des émotions, et permettre ainsi aux spectateurs de renforcer l’identification de leurs actions et ressentis à ce mode de fonctionnement émotionnel. Colère réapparaît chez la mère à la fin du film, juste avant le début du match de la fillette : elle est comme toutes les autres émotions maquillées aux couleurs de l’équipe de hockey de San Francisco, et souligne, à l’attention du mari, que le maquillage est « la meilleure idée qu’il ait eue depuis des années ». L’émotion rouge jette ensuite le souvenir du pilote d’hélicoptère derrière elle, et revient à admirer son mari, avec un regard follement amoureux. L'émotion rouge de la mère réapparaît dans le court-métrage Premier Rendez-vous ? (2015), mais ne prend la parole qu’une fois, proposant de gifler le mari faisant une nouvelle fois ses « yeux de merlan frit ». Chez le père de Riley, Colère est l’émotion leader, avec Peur et Tristesse à ses côtés. En tant qu’émotion principale, il influence la plupart des sentiments du père, qui n’hésite pas à s’énerver au dîner face à l’insolence de sa fille. Dans cette scène, il ne cherche pas à comprendre les raisons de la réaction de la fillette, et se contente de montrer que « c’est ici qu’on commande », au grand dam de sa femme. Ici, l’émotion rouge du père et celle de la fillette se livrent un combat singulier, que gagne bien sûr le père de Riley, grâce à son autorité parentale. Colère est cependant incapable ici de se poser les bonnes questions, et de réfléchir sur le véritable mal-être de sa fille. Dans le court-métrage Premier Rendez-vous ?, il mène le jeu en guidant le père vers une attitude de père protecteur, très méfiant face à un jeune homme fréquentant sa fille. Il tente de le cuisiner, mais baisse toute sa garde quand Jordan lui dit faire partie d’un groupe de rock, comme lui à son âge. Les émotions du futur petit ami de Riley, Jordan, sont aussi montrées à la fin du film d’animation : comme ses acolytes, Colère est paniqué et court dans tous les sens à la vue d’une fille, en l’occurrence Riley, qui lui adresse la parole, provoquant une paralysie chez le jeune homme et créant ainsi une scène très comique ! |
« Colère s’assure avec passion que tout ce qui arrive à Riley est juste. Il a un esprit fougueux et a tendance à exploser (littéralement) lorsque les choses ne se passent pas comme prévu. Il réagit rapidement de manière excessive et a peu de patience pour les désagréments de la vie ». Voici la description du personnage de Colère faite par les studios Pixar sur leur site. Dès les premiers croquis, il est imaginé avec sa silhouette définitive : un bloc rouge, fumant par le haut du crâne quand son émotion se déchaîne. Comme pour ses acolytes, Colère devait traduire l’émotion qu’il porte sur son physique : les graphistes et animateurs n’ont pas rencontré de grandes difficultés dans sa création, contrairement notamment à Dégoût, qui fut plus complexe.
Dans le documentaire Mixed Emotions, le coréalisateur Ronaldo Del Carmen explique que « Colère est très rigide et immobile, et il a un tempérament fougueux, donc il est coloré en rouge ». Quelle couleur représente en effet mieux la colère que le rouge ? Il fallait ensuite travailler sur les expressions de l’émotion, allant de sa tête « normale » jusqu’à son explosion de colère : plusieurs croquis ont été faits pour montrer cette évolution à la fois sur son visage, mais aussi sur toute son apparence : quand Colère s’énerve, il défait sa cravate, froisse son journal, et s’embrase peu à peu jusqu’au jaillissement de flammes du haut de sa tête. D’ailleurs, le journal quotidien qui l’accompagne tout au long du film semble faire partie du personnage : il reprend à la fois ce que vit Riley dans sa journée, tout en adoptant un ton indigné en gros titres, pour traduire le début d’énervement de Colère.
Chris Sasaki, artiste des personnages, explique dans le documentaire Drawing With Your Inner Child le choix du feu chez ce personnage, ainsi que sa silhouette : « Une des choses que nous voulions pour lui était le feu. Nous avons essayé de donner des idées pour un langage façonné avec le feu, mais nous savions que nous ne pouvions pas nous contenter d’un effet. Pour sa texture, nous avons cherché de la brique, et nous avons donc choisi une silhouette de personnage en bloc […]. Et nous avons pris soin de décliner ces éléments en bloc, avec par exemple ses sourcils en bloc ». Colère est donc un personnage géométrique, sans aucun arrondi, ce qui reflète au mieux l’émotion qu’il incarne. Son costume ajoute une dimension sérieuse chez lui, qui confirme le fait qu’il prend au sérieux de nombreuses situations et se bat contre d’éventuelles injustices faites à la jeune fille.
Colère est doublé en version originale par l’acteur, scénariste et producteur Lewis Black, ayant notamment doublé le personnage de Linnux dans le film d’animation Rock Dog (2016). En français, c’est l’acteur, réalisateur et scénariste Gilles Lellouche qui lui prête sa voix. Pour Disney et Pixar, il avait déjà doublé Martin dans Cars 2 (2011), rôle repris ensuite dans Cars 3 (2017), ainsi que Rhino dans Volt, Star Malgré Lui (2008).
Colère apparaît brièvement avec toutes les autres émotions dans le court-métrage d’animation Premier rendez-vous ?, alors que Riley se prépare à sortir à la patinoire avec son petit ami Jordan. Colère ne prend la parole qu’une seule fois pour s’adresser directement à la mère, pour lui dire « arrête de parler comme ça ! » car elle adopte un discours soi-disant « jeune », qui est en réalité très gênant et énerve l’émotion rouge.
Colère apparaît aussi dans le jeu Disney Infinity 3.0 (Avalanche Software et Heavy Iron Studios, 2015) : Riley s’est endormie en regardant un film d’horreur, dispersant ses souvenirs dans le Monde de l’Imagination. Le joueur doit alors incarner les émotions de la jeune fille, dont Colère, pour rassembler tous ses souvenirs avant qu’elle ne se réveille. L'émotion figure aussi dans les jeux développés pour smartphones Disney Emoji Blitz (Disney Mobile, 2016), Disney Crossy Road (Hipster Whale, 2016) et Disney Heroes : Battle Mode (PerBlue, 2018).
Colère apparaît pour la première fois à la vue du public dans le Parc Disney California Adventure de Disneyland Resort, pendant la pré-parade annonçant la Pixar Play Parade, lors de la saison estivale de 2015. Vice-Versa a alors inspiré un char où toutes les émotions sont présentes, Colère y compris, sous la forme d’audio-animatronics. Colère est placé au sommet du char, surplombant les autres émotions.
Pixar Play Parade (Disney California Adventure)
Dans le même Parc, Colère s'invite dans un stand de hot dogs appelé Angry Dogs situé sur Pixar Pier, la jetée dédiée aux productions des studios à la lampe de bureau. L’émotion rouge est alors représentée en statue énervée, du feu jaillissant de sa tête et cuisant le hot dog disposé au-dessus d’elle. À proximité, une attraction dédiée au film, intitulée Inside Out Emotional Whirlwind, a ouvert ses portes en 2019. Les visiteurs embarquent ainsi à bord d’une des huit montgolfières appelées les « Memory Movers » représentant chacune une émotion de Riley, ou bien l’un des personnages de son imagination. Colère possède ainsi sa propre montgolfière.
Contrairement aux deux émotions principales, Tristesse et Joie, Colère ne fait pas d’autre apparition dans les Parcs à thèmes. Il est en revanche présent sur la glace du spectacle Follow Your Heart de la franchise Disney on Ice !, joué entre 2016 et 2018 dans plusieurs villes du continent nord-américain telles que Vancouver, Los Angeles, Orlando, Edmonton, Boston et San Diego. La jeune fille y apparaît en effet entourée de son équipe de hockey et de ses cinq émotions, dont Colère.
Follow Your Heart (Disney on Ice !)
Avec ses expressions, son engagement et ses réactions qui font sourire, Colère est un personnage lui aussi très attachant. S’il représente une émotion négative, il n’en reste pas moins drôle et indispensable chez Riley. Ses crises colériques accompagnées d’une explosion de flammes venues du sommet de sa tête représentent parfaitement son émotion, et rendent ses colères superbement comiques ; le spectateur pouvant en outre les voir grandir. Comme le célèbre nain Grincheux de Blanche Neige et les Sept Nains (1937), Colère est râleur, pessimiste, mais ne peut s’empêcher d’attendrir le public et de le faire rire. Il a sa propre manière d’incarner un ange gardien pour la fillette, notamment en n’hésitant pas à se battre pour elle et à s’affirmer. Avec l’entrée de Riley dans l’adolescence, Colère tend à prendre une place de plus en plus importante au quartier cérébral, dans le but d’affirmer son caractère.