La Petite Fille aux Allumettes
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Date de création : Le 05 juin 2006 Nom Original : The Little Matchgirl |
Apparition : Cinéma |
Le portrait
L’œuvre d’Hans Christian Andersen a, à plusieurs reprises, inspiré les artistes de Disney. Dans les années 1930, ces derniers ont notamment livré deux adaptations du (Le) Vilain Petit Canard au sein de la collection des Silly Symphonies. En 1989, les studios faisaient cette fois l’événement avec La Petite Sirène, leur vingt-huitième grand classique animé. En 2000, le public découvrait enfin l’histoire du Petit Soldat de Plomb dans une séquence de Fantasia 2000. En 2006, c’est cette fois le récit de La Petite Fille aux Allumettes qui est à son tour transposé à l’écran avec son héroïne bouleversante au destin tragique.
La neige tombe. Épaisse, elle recouvre les toits d’une ville de Russie. Dans la rue, les habitants flânent doucement. D’autres patinent sur la rivière gelée. Appuyée sur le parapet d'un pont, une petite fille les regarde en souriant. Soudain, elle est violemment bousculée par un cheval qui passe trop près d’elle. Projetée au sol, elle laisse tomber ses allumettes qu’elle s’empresse de ramasser. Ce sont en effet des trésors inestimables qu’elle tente de vendre aux passants contre quelques pièces.
Charmante et souriante malgré sa situation, la petite fille ne récolte cependant que le mépris des gens qui croisent son chemin en la regardant à peine. Tournant la tête, une femme fait même part de son total mépris pour la fillette. Montant sur un réverbère, celle-ci tente d’attirer l’attention des uns et des autres, en vain… En face d’elle, des enfants et leurs parents sortent d’une boutique les bras chargés de paquets en tout genre. Emportée par un traîneau, la famille est vraiment charmante. Livrée à elle-même, la petite fille les regarde s’éloigner avec mélancolie.
Un officier la soulève pour la faire descendre de son perchoir au moment où arrive l’allumeur de réverbères. Alors que la nuit tombe, les rues se vident. Le froid est de plus en plus piquant. La petite fille se retrouve seule, assise dans la neige, dans une ruelle sombre et venteuse. Soufflant dans ses mains, elle essaye de se réchauffer comme elle le peut. Totalement frigorifiée, elle se décide finalement avec dépit à craquer l’une de ses précieuses allumettes pour profiter, ne serait-ce qu'un instant, de sa chaleur et de sa lumière.
Tâchant tant bien que mal de garder la flamme allumée, elle s’imagine enveloppée par la chaleur d’un poêle brûlant. Elle est malheureusement ramenée à la réalité lorsque son allumette s’éteint. Elle se risque à en griller une deuxième et se met à rêver d’une table de fête recouverte de victuailles. Mais une fois encore, le maigre feu s’éteint. Couverte de neige et affamée, la petit fille embrase une troisième allumette qui fait apparaître devant elle, comme par magie, un traîneau tiré par trois splendides chevaux. Emportée au loin, elle rejoint une charmante isba nichée au cœur d’une clairière enneigée. Elle frappe à la porte. Une vieille femme vient lui ouvrir. Sont-ce les ombres de son passé ? Celles-ci se dissipent lorsque l’allumette s’éteint.
Agacée d’avoir été si violemment sortie de son rêve, la petite fille s’empare sans attendre des trois dernières flammèches et les allume toutes en même temps. Elle retrouve dès lors sa grand-mère qui la prend dans ses bras. Elle a du mal à retenir ses larmes, plus encore lorsqu’elle aperçoit le magnifique sapin de Noël éclairé de dizaines de chandelles. Invitée à allumer les trois dernières bougies, la petite fille n'a jamais été aussi heureuse.
Le sourire aux lèvres, la petite fille se laisse peu à peu emporter dans ses songes. Bercée par cette douce rêverie, elle ne se rend pas compte que la vie s’échappe de son corps. L’enfant meurt ainsi, dans le froid glacial de la nuit noire, dans l’indifférence la plus totale... Dans un halo de lumière, son esprit est rejoint par celui de sa grand-mère qui l’emmène avec elle dans un au-delà plus chaleureux.
Après la sortie de Fantasia 2000, Roy E. Disney entreprend de transformer l’essai et de concrétiser le rêve de son oncle, Walt, qui, en 1940, envisageait lui-même de produire d’autres concerts animés dans la veine de Fantasia. C’est ainsi que Fantasia 2006 est mis en chantier avec pour ambition de mettre en valeur des musiques du monde en lieu et place de partitions purement classiques. Le marasme de l’animation traditionnelle et les résultats décevants des derniers grands classiques au cinéma finissent toutefois de convaincre les dirigeants des studios de passer à autre chose. Fantasia 2006 fait dès lors partie des projets sacrifiés et remisés au placard. Seuls les segments déjà terminés, Destino, Lorenzo, Un par Un et La Petite Fille aux Allumettes, sont malgré tout proposés au public de manière plus ou moins confidentielle lors de festivals ou bien sur le marché de la vidéo.
La Petite Fille aux Allumettes s’inspire du récit éponyme écrit en 1845 par Hans Christian Andersen. Publié au sein du cinquième volume de ses Contes, l’intrigue prend place la dernier soir de l’année. La neige et le froid se sont emparés des rues. Dans l’obscurité, une pauvre petite fille marche, tête et pieds nus. Dans son tablier, elle porte un fagot d’allumettes qu’elle cherche à vendre aux passants, sans grand succès. N’osant pas rentrer chez elle sans argent sous peine d’être battue par son père, elle se glisse dans une ruelle, elle lutte contre le gel en craquant une à une ses allumettes. Rêvant d’une vie meilleure, elle décède finalement, le sourire aux lèvres, heureuse d’avoir rejoint dans les cieux sa chère grand-mère.
Associé à la partition de Quatuor pour Cordes No. 2 en Ré Majeur (3e Mouvement) d'Alexandre Borodine, La Petite Fille aux Allumettes reprend presque mot pour mot le texte d’Hans Christian Andersen. Sous l’égide du producteur Don Hahn et du réalisateur Roger Allers qui avaient déjà travaillé ensemble au moment de la production du (Le) Roi Lion, les artistes de Disney s’attachent en effet à coller au plus près de l’œuvre originale. Seuls quelques changements mineurs sont opérés. Les rues de Copenhague sont remplacées par celles d’une ville russe. le personnage du père est quant à lui purement et simplement éliminé. Les autres éléments de l’histoire sont pour leur part conservés.
Extraits du storyboard
Au moment de concevoir leur héroïne, les artistes font de plus le choix de se rapprocher le plus possible de la description offerte par Hans Christian Andersen. Celle-ci apparaît sous les traits d’une enfant vivant dans une extrême pauvreté. Peut-être orpheline, elle marche dans la rue sans chaussures, les pieds entourés par des bandages. En haillons, sa tenue se limite à une simple robe surmontée d'un gilet et d’une étole. Contrairement au récit d’origine, elle ne porte pas de tablier, ses allumettes étant rangées dans une boîte tenue en bandoulière. Un châle recouvre ses cheveux, une autre différence par rapport à l’œuvre initiale où elle est tête nue. Enfin, si Hans Christian Andersen parle bien d’une fillette blonde à la chevelure bouclées, la petite marchande d’allumettes de Disney est petite brune avec des cheveux raides.
Extraits du storyboard
Une véritable armée d’animateurs est réunie pour mener à bien la production de La Petite Fille aux Allumettes. Le générique de fin ne dit toutefois pas précisément qui se charge d’animer l’enfant.
La petite fille du court-métrage n’est jamais réapparue sous aucune forme que ce soit.
Walt Disney's Giant Book of Fairy Tales
Néanmoins, les studios Disney avaient déjà adapté son histoire en octobre 1973 dans le recueil Walt Disney's Giant Book of Fairy Tales publié par Purnell. Réunissant trente-six histoires inspirées des contes populaires, l’ouvrage offre le rôle de la petite fille à Alice, l’héroïne d’Alice au Pays des Merveilles. La grand-mère, quant à elle, est incarnée par Pâquerette, l’une des fées de La Belle au Bois Dormant.
Au cœur d’un court-métrage n’ayant injustement jamais bénéficié d'une diffusion digne de ce nom, la Petite Fille aux Allumettes est une héroïne magnifique dont le destin, funeste, est l’un des plus déchirants et poignants de toute la filmographie des studios Disney.