Date de création : Le 16 novembre 1990 Nom Original : Red |
Apparition : Cinéma Voix Originale(s) : Peter Firth Voix Française(s) : Guy Chapellier |
Le portrait
En 1990, les studios d’animation Disney signent Bernard et Bianca au Pays des Kangourous, leur vingt-neuvième long-métrage animé. Suite des (Les) Aventures de Bernard et Bianca sorti treize ans plus tôt, le long-métrage offre alors une belle dose de dépaysement en emmenant les spectateurs à l’autre bout du monde, au cœur de l’Australie sauvage, avec sa faune si particulière à laquelle appartient notamment le kangourou Red.
Red apparaît dans seulement deux scènes de Bernard et Bianca au Pays des Kangourous. À la quarantième minute, le marsupial entre dans l’histoire au moment le plus tragique. Cody, le jeune héros, vient d’être fait prisonnier par le terrifiant Percival McLeach. En attendant que l’enfant accepte enfin de lui dévoiler l’emplacement du nid de Marahute, la grande aigle royale, le braconnier l’enferme dans une cage au milieu de dizaines d’autres créatures captives.
Enchaîné par le cou à l’un des murs de la pièce, Red partage ainsi son triste sort avec le lézard à collerette Frank et des dizaines d’autres spécimens rares parmi lesquels un ornithorynque, un varan, divers oiseaux, des opossums, des écureuils volants, des serpents, des wombats ainsi qu’un vieux koala, Krebbs, attaché juste à côté de lui. Si ce dernier se montre particulièrement pessimiste quant à l’avenir de chacun, Red semble pour sa part entretenir encore un peu d’espoir. Aussi, lorsque Krebbs affirme haut et fort qu’il existe bel et bien un moyen de s’échapper, une lueur d’espoir se lit dans les yeux du kangourou. Mais sa joie est vite douchée quand il comprend que son ami ironise en affirmant que tout le monde sortira un jour de là « déguisé en portefeuille, en ceinture à boucle et en sac à main » !
Le jeune Cody connaît heureusement les mots pour réconforter ses compagnons d’infortune. Amusé par Frank qui se triture le cerveau pour trouver une solution, Red accepte sans tarder de participer au plan d’évasion échafaudé par le petit garçon. Avec sa queue, il fait basculer un crochet qui, assemblé grâce des lacets à divers bouts de bois, permet en deux temps, trois mouvements de construire une perche suffisamment longue pour s’emparer des clés suspendues près de la porte. Mais une fois encore, l’espoir est réduit à néant avec l’arrivée soudaine de Joanna, la femelle varan de McLeach qui, prévenue par les cris d’orfraie de Frank, pénètre dans la pièce et détruit sans tarder la perche avant de remettre les clés à leur place sur le mur...
Le lendemain, une nouvelle tentative d’évasion est possible. Frank est en effet parvenu à crocheter la serrure de sa cage avec sa queue. Aussi surpris d’heureux, Red est le premier à se rendre compte que le lézard n’est plus prisonnier. « Chuuuut ! Joanna va t’entendre... », prévient le kangourou qui cherche à tout prix à faire taire le reptile qui, trop content d’être libre, ne peut contenir sa joie... « Frank... Tais-toi ! ». Rebelote, les jérémiades de Frank alertent Joanna qui ressurgit et le prend en chasse. Red tente bien de récupérer les clés. « Les clés, Frank ! Donne-nous les clés ! Par ici, envoie les clés ! ». Lorsque Frank se retrouve malgré lui sur le dos de Joanna, Red ne peut s’empêcher de rire. « Lâche pas les rênes ! », crie-t-il en regardant cette sorte de rodéo.
Mais les réjouissances sont de courte durée. Lorsque McLeach arrive à son tour, dans la pièce, il n’est plus question de s’évader... Cody est alors exfiltré par le chasseur. L’enfant abandonne par conséquent malgré lui ses pauvres compagnons dont le sort, faute de revenir dans l’histoire, demeure inconnu des spectateurs...
Lorsqu’ils se lancent dans la production de Bernard et Bianca au Pays des Kangourous, les réalisateurs Hendel Butoy et Mike Gabriel ainsi que l’équipe d’artistes et de scénaristes envisagent dès le départ de créer un film totalement dépaysant. L’Australie a en effet rarement été montrée en animation. Chez Disney, une seule incursion à Oz est à souligner. Elle remonte à 1948. Il s’agissait alors du court-métrage Mickey, Pluto et l’Autruche de Charles A. Nichols.
Souhaitant évidemment montrer la faune et la flore de l’île-continent, un groupe de cinq artistes y séjournent durant deux semaines afin de photographier les paysages, les plantes et les nombreux animaux typiques de la région, des koalas aux lézards, en passant par les wombats, les échidnés à nez court, les quokkas, les serpents et évidemment des kangourous. D’autres études sont également menées au zoo de San Diego, dans le sud de la Californie, où les dessinateurs se rendent régulièrement durant la production. Au final, ces derniers donnent naissance à trois catégories d’animaux bien différentes. Tout d’abord, ceux qui vivent à l’état sauvage et qui ne sont pas capables de parler, telle l’aigle royale Marahute. À l’opposé, Bernard, Bianca, Jake ou bien Wilbur portent des vêtements et sont capables d’user du langage. Enfin, entre les deux, figurent des animaux qui, s’ils ne portent pas de vêtements, sont néanmoins aptes à parler.
Appartenant à cette troisième catégorie, Red est un kangourou dans la force de l’âge. Grand et costaud, sa robustesse ne lui est malheureusement d’aucune utilité à présent. Entravé au niveau du cou, il est en effet solidement attaché à un mur de pierre. Ses chaînes, lourdes, sont si courtes qu’elles l’empêchent en particulier de bouger, de s’allonger ou bien même de marcher quelques pas. Cette torture physique n’est pas la seule calamité. En plus de sa captivité, Red doit en effet supporter les crises d’hystérie de Frank et les sarcasmes de son « voisin de cellule », Krebbs, qui ne ménage aucun de ses compagnons avec son humour noir parfois acéré.
Le long-métrage ne donne aucune information claire et précise sur Red. Le public ignore en effet tout de la vie du kangourou avant que celui-ci ne soit capturé par McLeach. Son sort final est lui aussi inconnu. Comme les autres animaux prisonniers, il ne revient pas à l’écran après la mort brutale de McLeach. La cachette du braconnier étant dissimulée au fin-fond du désert, personne ne semble dès lors en mesure de venir les délivrer. Chaque spectateur est par conséquent laissé libre d’imaginer ce qu’il advient d’eux. Les plus pessimistes envisageront une disparition terrible... Les plus optimistes pourront pour leur part inventer une fin plus heureuse dans laquelle tout le monde est libéré par Frank qui, une fois encore, serait parvenu à ouvrir sa cage avec sa queue avant de libérer tout le monde. Il est aussi possible de croire que Cody, qui connaît l’emplacement du repaire de McLeach, revienne sauver ses amis.
Esquisse de Jake et Red
Dans une première ébauche de l’histoire, les scénaristes avaient un temps imaginé que Red était un ami proche et un partenaire de Jake, le rat-kangourou qui mène l’enquête aux côtés de Bernard et Bianca. Quelques recherches graphiques montrent en effet les deux personnages ensemble. Juché sur la tête de Red, Jake profitait alors de la taille, de la force et de la rapidité du kangourou pour arpenter les grands espaces et venir en aide aux animaux en danger. L’idée n’a cependant pas été conservée. Plus aucun lien entre Red et Jake n’est dès lors évoqué dans le montage final du film. Aucune indication ne permet en outre de savoir si Red est lié, de près ou de loin, à Faloo, la kangourou femelle qui, au début du film, indique à Cody à quel endroit se trouve l’aigle Marahute prise dans les filets de McLeach.
Le nom de l’animateur ayant donné vie à Red n’est pas clairement indiqué dans le générique du film.
En version originale, le personnage de Red est interprété par le comédien Peter Firth. Né à Bradford, en Angleterre, le 27 octobre 1953, il débute le théâtre dès le plus jeune âge. Se destinant à devenir acteur, il obtient ses premiers rôles en 1969 dans les séries The Flaxton Boys et L’Autobus à Impériale. En 1973, il monte sur les planches du Royal National Theatre de Londres pour jouer dans Equus, la pièce de Peter Shaffer. Reprise à Broadway, la pièce est ensuite adaptée au cinéma en 1977 et permet à Firth de remporter un Golden Globe et d’être en lice pour l’Oscar du Meilleur Acteur dans un Second Rôle pour son incarnation du personnage d’Alan Strang. À l’affiche de Roméo et Juliette et Amadeus dans lesquelles il joue le premier rôle, l’acteur apparaît au cinéma dans des films comme Tess, À la Poursuite d’Octobre Rouge, Les Ombres du Cœur, Amistad, Mon Ami Joe, Pearl Harbor et Un Parcours de Légende, ainsi qu’à la télévision dans les séries Highlander, Holding On, That’s Life et MI-5.
En France, le rôle de Red est tenu par Guy Chapellier. Né le 15 mars 1946, le comédien fait partie des acteurs les plus actifs dans le domaine du doublage. Débutant dès les années 1970, il est notamment l’une des voix françaises de Scott Bakula, Jackie Chan, Kevin Kline, Rowan Atkinson, William Fichtner, Eric Roberts... Interprète de KITT dans la série K 2000, Chapellier offre par ailleurs son talent à d’innombrables personnages animés tels que Jim Chéri, le Prince Philippe, l’Amiral et Hadès.
Personnage mineur d’un film souvent relégué au second plan, Red fait partie des nombreux protagonistes amenant toute sa part d’exotisme à Bernard et Bianca au Pays des Kangourous.