Robert Bruce
Date de création : Le 19 janvier 1949 Nom Original : Robert the Bruce Créateur(s) : Mary Blair Ken Anderson Marc Davis |
Apparition : Cinéma Voix Originale(s) : Bob Haymes Voix Française(s) : Daniel Beretta (Danny, le Petit Mouton Noir) Bernard Lanneau (Braveheart) Interprète(s) : Angus Macfadyen |
Le portrait
En 1949, Danny, le Petit Mouton Noir raconte l’histoire de Jeremiah, un petit garçon plein d’enthousiasme qui rêve de faire concourir son mouton à la foire. Mais la vie à la ferme n’est pas si simple et les obstacles sont nombreux pour l’enfant qui doit faire preuve de ténacité pour arriver à ses fins, à l’image de certains grands héros de l’Histoire parmi lesquels le roi Robert Bruce.
Robert (VII) Bruce naît selon certaines sources le 11 juillet 1274 au château de Turnberry, dans le sud-ouest de l’Écosse. Issu d’une lignée d’origine anglo-normande, il fait partie des familles les plus puissantes du royaume. Son arrière-grand-père, Robert (IV) Bruce, 4e lord d’Annandale, est le petit-neveu des rois Malcolm IV et Guillaume 1er et l’arrière-petit-fils de David 1er Son grand-père, Robert (V), dit le « Compétiteur », est alors un temps en lice pour prendre la couronne avant la naissance du futur Alexandre III. Son père, Robert (VI), est enfin l’un des plus solides soutiens du roi d’Angleterre Édouard 1er aux côtés de qui il se bat pour détrôner le roi Jean 1er d’Écosse.
Robert Bruce, premier roi d'Écosse,
gravure du XVIIIe siècle.
À la mort de sa mère, Margaret de Carrick, en 1292, Robert Bruce devient comte de Carrick. Bien que sa famille soit liée depuis des décennies à l’Angleterre, il participe en 1297 à la révolte dirigée par William Wallace pour obtenir l’indépendance de l’Écosse. Si la victoire des Écossais est éclatante à Stirling, Bruce est toutefois vaincu à Irvine. Nommé entre 1298 et 1300 Gardien de l’Écosse, un poste équivalent à celui de régent du royaume, il poursuit la lutte contre les armées d’Angleterre qui attaquent de nouveau en juillet 1301. Au premier semestre 1302, il fait cependant comme d’autres nobles écossais le choix de déposer les armes et de prêter allégeance à Édouard 1er qui parvient durant les mois suivants à prendre Édimbourg, Perth, Dundee ou bien Aberdeen. Le 23 août 1305, William Wallace, dernier chef écossais à se battre, est par ailleurs exécuté à Londres.
La Mort de John Comyn dans l'église des franciscains de Dumfries,
gravure d'Henri Félix Emmanuel Philippoteaux, XIXe siècle.
Retrouvant grâce à Édouard 1er la baronnie d’Annandale autrefois confisquée à son père par Jean 1er d’Écosse, Robert Bruce manœuvre en coulisse afin de prendre possession du trône d’Écosse revendiqué depuis longtemps par sa famille. Pour ce faire, il quitte en secret la cour d’Angleterre. Il assassine en outre son rival John Comyn, un crime qui lui vaut d’être excommunié. Il est alors couronné Robert 1er, roi d’Écosse, par l’archevêque William de Lamberton le 25 mars 1306. Prenant la tête d’une armée, il devient bientôt le fer de lance de l’indépendance de son royaume. La réponse de l’Angleterre ne se fait pas attendre. Édouard 1er marche sur le nord dès le printemps 1306. Bruce est défait lors de la bataille de Methven. Ses compagnons sont arrêtés et exécutés. Obligé de se faire passer pour mort pendant des mois, Robert Bruce revient en Écosse en février 1307. Victorieux lors des batailles de Glen Trool et de Loudoun Hill, il poursuit la guerre contre Édouard II, désormais roi d’Angleterre suite à la mort de son père survenue le 7 juillet 1307.
Statue de Robert Bruce exposé sur l'esplanade du Château de Stirling.
Vainqueur à Inverurie et Aberdeen, Robert Bruce prend le contrôle de toute l’Écosse au nord de la rivière Tay en mars 1309. Faute d’obtenir une paix négociée avec l’Angleterre, il poursuit la lutte durant les années suivantes. La bataille décisive a lieu à Bannockburn les 23 et 24 juin 1314. Robert 1er a des troupes quatre fois moins nombreuses que celles d’Édouard II. Les Écossais parviennent pourtant à la Victoire grâce à la stratégie de Bruce consistant à utiliser des formations de piquiers pour briser la cavalerie ennemie. Le trône de Robert 1er est ainsi consolidé. Robert Bruce dirige l’Écosse jusqu’à sa mort survenue le 7 juin 1329 dans le manoir de Cardross, près de Dumbarton. Son règne est marqué par d’autres confrontations avec l’Angleterre jusqu’à la signature du traité de paix d’Édimbourg-Northampton avec le roi Édouard III qui reconnaît l’indépendance de l’Écosse. La guerre se poursuit toutefois avec l’Irlande envahie par son frère Édouard Bruce dès 1315. Robert 1er se rapproche par ailleurs de l’Église de Rome et du pape Jean XXII qui lève son excommunication.
Robert Bruce, roi d’Écosse, ne fait qu’une apparition furtive chez Disney lors de l’une des rares scènes animées de Danny, le Petit Mouton Noir. Lorsque sa chère grand-mère Kincaid lui apprend qu’il n’est pas question d’aller à la foire faute d’argent, Jérémiah, le héros de l’histoire, perd en effet le moral. Regardant sa collection d’images, il ne peut cacher sa peine. C’est alors que le vieil hibou dessiné sur ses cartes prend vie pour l’encourager à ne surtout pas baisser les bras.
Débute alors un numéro musical enthousiasmant durant lequel le hibou chante la chanson C’est la Ténacité qui te Fait Triompher écrite par Larry Morey et Eliot Daniel. Après une évocation animée du voyage extraordinaire entrepris par Christophe Colomb et son équipage, le volatile prend pour exemple Robert Bruce.
Présenté comme « le roi d’Écosse le plus admiré », le souverain, placé sous la menace des Anglais, a plus d’une fois essuyé des défaites. Obligé de battre en retraite sur nombre de champs de bataille, le désespoir s’est dès lors emparé de lui au point qu’il songea un temps à renoncer à défendre sa cause. Le hibou raconte qu’il aperçut alors une araignée elle-même en mauvaise posture. Cherchant à atteindre une branche trop haute, l’insecte devait en effet lui aussi face à l’adversité. Robert Bruce lui conseilla d’abandonner. Mais l’araignée refusa net. Car selon elle, c’est grâce à la ténacité que tout un chacun peut arriver à son but.
Avec acharnement, l’araignée serait ainsi parvenue à enfin agripper sa branche. Belle leçon de morale pour Robert Bruce qui aurait dès lors fait le choix de s’accrocher lui aussi à ses rêves. Reprenant les armes, le roi aurait ainsi réussi à vaincre l’Angleterre, son ennemie de toujours, et à libérer son pays.
Le court segment animé de Danny, le Petit Mouton Noir évoquant Robert Bruce s’inspire d’une légende publiée pour la première fois en 1828 dans Tales of a Grandfather de Sir Walter Scott. Celle-ci prend place au début de son règne lorsque le roi, acculé par les Anglais, décide de partir en exil. Traqué, il trouve refuge dans une grotte sombre où il aperçoit une petite araignée en train de tisser bon gré mal gré sa toile. L’insecte, tout petit, tombe à de nombreuses reprises. Malgré tout, il remonte sur la paroi et retente sa chance, parvenant, à force d’abnégation, à fabriquer sa toile. Robert Bruce est alors inspiré par cette araignée pugnace. Il décide par conséquent de retourner en Écosse et de reprendre les armes face aux Anglais finalement battus lors de la bataille de Bannockburn.
Le personnage de Robert Bruce est notamment développé par Mary Blair qui le représente en armure, brandissant son épée. Un kilt et un tartan rouge rayé de bleu rappellent ses origines écossaises. D’autres concept-arts ont été également produits par Ken Anderson, Bill Peet et Marc Davis.
L’animation du personnage, très limitée, n’est pas attribuée à un artiste en particulier. Le générique indique que les séquences animées ont été conçues par une équipe réunie autour d’Eric Larson, John Lounsbery, Hal King, Milt Kahl, Les Clark, Don Lusk et Marvin Woodward.
En version originale, Robert Bruce est interprété par Bob Haymes. Né le 29 mars 1923 à White Plains, dans l’État de New York, le comédien passe une partie de sa jeunesse à Paris où s’est installée sa mère, Marguerite. Voyageant dans toute l’Europe, celui qui se fait également appeler Bob Stanton commence sa carrière au début des années 1940 en qualité de chanteur dans l’orchestre de Carl Hoff et Bob Chester. Dès 1942, il apparaît à la radio dans l’émission Gillette Cavalcade of Sports diffusée ensuite à la télévision sur les ondes de NBC. Présentateur de Campus Hoopla, Television Screen Magazine, Village Barn et Around the Town, puis vedette de la sitcom It’s a Business, il joue au cinéma dans Two Señoritas from Chicago, Swing Out the Blues, Sailor’s Holiday, Monsieur Winkle s’en Va en Guerre, Abbott et Costello à Hollywood ou bien encore The Gentleman Misbehaves. Auteur de plusieurs tubes comme My Love, My Love et That’s All, il réalise plusieurs spots publicitaires lors de la campagne présidentielle de Richard Nixon. Bob Haymes est mort le 27 janvier 1989 à Hilton Head Island, en Caroline du Sud.
Dans le doublage de Danny, le Petit Mouton Noir réalisé en 1998, Robert Bruce est interprété par Daniel Beretta. Né le 24 décembre 1946 à Audincourt, dans le Doubs, l’acteur commence le solfège dès l’âge de trois ans et monte sur scène dès treize ans. Repéré à Montbéliard, il monte à Paris et suit les cours du Petit Conservatoire de la Chanson de Mireille. Il y rencontre Richard de Bordeaux avec qui il forme un duo couronné de succès. Dès 1966, il apparaît au théâtre dans Copain Clopants, puis dans son premier film, Un Été Sauvage. Depuis 1988, Daniel Beretta est la voix française d’Arnold Schwarzenegger. Il double aussi entre autres Lumière dans La Belle et la Bête et le maire dans L’Étrange Noël de Monsieur Jack.
Robert Bruce est l’un des personnages principaux de Braveheart, le film aux cinq Oscars réalisé par Mel Gibson et sorti en salle en 1995. Tourné en Écosse et en Irlande, le long-métrage évoque la vie et le combat de William Wallace. Robert Bruce est donc évidemment évoqué. Toutefois, l’intrigue écrite par le scénariste Randall Wallace s’autorise quelques libertés par rapport à l’histoire véritable. Robert Bruce apparaît ainsi sous les traits d’un baron écossais encore sous l’influence de son père, pourtant mort au moment des événements. Atteint de la lèpre, ce dernier l’incite alors à jouer un double jeu en lui conseillant de soutenir Wallace tout en prenant secrètement le parti des Anglais.
Oubliant d’évoquer concrètement ses faits d’armes durant la révolte, Braveheart présente surtout Robert Bruce comme un traître à son pays ayant participé à la défaite de William Wallace lors de la bataille de Falkirk. Refusant de le tuer, le futur Robert 1er presse toutefois le chef écossais à prendre la fuite pour éviter sa capture. Wallace n’échappe cependant pas à son destin. Alors que Robert Bruce cherche à se rapprocher de lui, son père manigance en sous-main. William Wallace est finalement arrêté, emmené à Londres et condamné à mort. À la fin du film, Robert Bruce, repenti, est montré à la tête des troupes écossaises lors de la bataille victorieuse de Bannockburn à la suite de laquelle l’indépendance de l’Écosse est arrachée aux Anglais.
Dans Braveheart, Robert Bruce est interprété par le comédien Angus Macfadyen. Né à Glasgow, en Écosse, le 21 septembre 1963, il débute sa carrière en jouant Phillip Benjamin dans The Lost Language of Cranes. Sa filmographie compte des films comme Broadway, 39e Rue, Titus, Equilibrium, Saw 3, The Lost City of Z. Il endosse de nouveau le costume de Robert 1er dans Robert the Bruce, une « suite » de Braveheart sortie en 2019.
En Français, le personnage est doublé par Bernard Lanneau, la voix attitrée de Kevin Costner, Alec Baldwin, Dennis Quaid, Jeff Goldblum et Michael Keaton ainsi que d’Alistair Krei dans Les Nouveaux Héros.
Simple figurant d’un film souvent oublié, Robert Bruce permet de mettre un court instant la lumière sur un personnage majeur de l’histoire de l’Écosse souvent méconnu en dehors du Royaume-Uni.