Ernest Nordli
Date de naissance : Le 15 juin 1912 Lieu de Naissance : Salt, Lake City, dans l’Utah, aux États-Unis Date de Décès : Le 22 avril 1968 Lieu de Décès : San Francisco, en Californie, aux États-Unis |
Nationalité : Américaine Profession : Artiste de Layout Décorateur Directeur Artistique Illustrateur |
La biographie
Durant la production de Blanche Neige et les Sept Nains, le département animation des studios Disney s’est transformé en une véritable ruche employant des centaines d’artistes en tout genre. Si certains sont parvenus à inscrire leur nom dans la légende, à l’image des célèbres Neuf Vieux Messieurs, d’autres, en revanche, sont progressivement tombés dans l’anonymat, à l’image d'Ernest Nordli.
Ernest Nordli (à gauche), Don Griffith et Tom Codrick
lors de la production de La Belle au Bois Dormant, 1953
Ernest (Erni) Nordli voit le jour le 15 juin 1912 à Salt Lake City, la capitale de l’Utah. Son père, Hans Magnus Nordli, est un immigré norvégien arrivé en Amérique au tournant du siècle. Sa mère, Hedvig Charlotte Esterblom, descend quant à elle de parents originaires de Suède. Cadet d’une fratrie composée de six enfants (Philip, l’aîné, William, Douglas, Ruth et Genevieve), Ernest Nordli a dix-sept ans lorsque sa famille quitte l’Utah pour rejoindre la Californie. À présent installés à Santa Barbara, tous les huit s’entassent alors dans une modeste maison située au 901, Valerio Street. Pour gagner leur vie, Hans décroche un emploi de linotypiste. De son côté, Hedvig donne des cours de musique à domicile. Leurs maigres revenus permettent aux enfants de poursuivre bon gré, mal gré leurs études. Après son lycée, Ernest décide de se consacrer pleinement à sa passion pour le dessin en intégrant la Santa Barbara School of the Arts, la célèbre école créée en juin 1920 par le peintre et illustrateur Fernand Lungren. Là, il croise notamment la route d’artistes aussi prestigieux que Carl Oscar Borg, Albert Herter, DeWitt Parshall, Thomas Moran ou bien encore John Marshall Gamble qui, en plus de ses cours de peinture, officie comme président du conseil d’administration.
Particulièrement fasciné par l’art moderne, Ernest Nordli quitte l’école au moment où celle-ci vit ses heures les plus tragiques. Son fondateur, Fernand Lungren, décède en effet en 1932, quelques jours avant son soixante-quinzième anniversaire. Ses successeurs tentent alors de prendre le relai, en vain. Comme tant d’autres lieux d’art et de culture touchés par la Grande Dépression, l’école est contrainte de fermer ses portes en 1933… Fort de son expérience, Ernest Nordli tente de rebondir en frappant à la porte de nombreux studios. En 1936, il décroche ainsi un poste aux studios Disney. Employé comme artiste de layout, il rejoint dès lors les dizaines de petites mains associées à la production de Blanche Neige et les Sept Nains (1937).
Un temps impliqué dans la création de Pinocchio (1940), Ernest Nordli est promu directeur artistique sur La Danse des Heures, la séquence de Fantasia inspirée de la partition d’Amilcare Ponchielli (1940). Il occupe par ailleurs le même poste sur Dumbo (1941). Dans le même temps, Nordli est associé comme artiste de layout et décorateur à la création de quelques courts-métrages tels que Le Camarade de Pluto (1941), Pluto Junior (1942), La Mascotte de l’Armée (1942) et Pluto au Zoo (1942). Impliqué dans la conception de certains films d’entraînement durant la Seconde Guerre mondiale, l’artiste est également crédité au générique de plusieurs cartoons de Donald comme, entre autres, Donald le Riveur (1940), L’Œuf du Condor Géant (1944), Inventions Nouvelles (1944), Donald Amoureux (1945), Le Vieux Séquoia (1945), Peinture Fraiche (1946), Dodo Donald (1947) et Papa Canard (1948).
À la fin des années 1940, Ernest Nordli quitte les studios Disney. Il continue alors sa carrière en tant qu’illustrateur et encreur pour différentes maisons d’édition, notamment DELL pour laquelle il conçoit quelques superbes couvertures pour les revues The Lone Ranger, The Cisco Kid, Zane Grey’s Hide-Out et Curly Kayoe.
En 1954, Ernest Nordli rejoint Warner Bros.. Intégré aux équipes de Chuck Jones, il remplace alors Maurice Noble au poste de responsable du layout et planche sur les courts-métrages Bébé la Terreur (1954), A Hitch in Time (1955), Lapin Traceur (1955), Quel Cauchemar ! (1955), Carottes et Malédictions (1956), La Patrouille de l’Espace (1956), Parfum Céleste (1956), Vroumm ! (1956) et Berceuse Martienne (1956).
De retour chez Disney en 1956, Ernest Nordli fait équipe avec Lance Nolley sur le court-métrage Les Accidents Ménagers avec Donald (1956). Avec Basil Davidovich, il conçoit le layout de L’Histoire d’Anybourg (1957). Durant la période, Ernest Nordli est surtout associé à la production de La Belle au Bois Dormant (1959). La tâche est alors ardue tant les choix visuels et artistiques réalisés pour ce film sont atypiques et compliqués. Tout en s’inspirant du style développé par le directeur artistique Eyvind Earle, les responsables du layout doivent en effet produire des croquis sur des feuilles beaucoup plus grandes afin de coller au format Technirama. Aux côtés d’Ernest Nordli, c’est ainsi une armée de dessinateurs composée de Basil Davidovich, Tom Codrick, McLaren Stewart, Don Griffith, Joe Hale, Homer Jonas, Victor Haboush, Jack Huber et Ray Aragon qui s’active.
Reprenant le concept des (Les) Accidents Ménagers, Ernest Nordli réalise seul les dessins de mise en scène d’Un Accident est Vite Arrivé, l’un des derniers films de Donald réalisé par Charles A. Nichols (1959). Il conçoit en outre les personnages et les décors du (Le) Chariot à Voile (1961). Avec le directeur Ken Anderson et le décorateur Walt Peregoy, l’artiste participe dans le même temps à donner aux (Les) 101 Dalmatiens son aspect inimitable (1961). Pour ce faire, il s’inspire notamment de ce style très épuré imaginé dès le début des années 1950 par les artistes du concurrent UPA. Très à la mode dans les années 1950, il l’avait d’ailleurs lui-même déjà utilisé lorsqu’il travaillait avec Chuck Jones. Reconnaissable entre mille avec ses décors incroyables créés à partir d’aplats de couleur détourés avec de simples traits noirs, Les 101 Dalmatiens se démarque dès lors nettement de tous les autres classiques animés des studios Disney. Et si Walt a rejeté en bloc ce style si éloigné de ses productions différentes, il s’agit certainement du long-métrage le plus proche de ce qu’Ernest Nordli affectionnait en matière d’art.
Affecté par les nombreux reproches adressés par Walt Disney aux créateurs des (Les) 101 Dalmatiens, Ernest Nordli fait le choix de quitter une nouvelle fois les studios au début des années 1960. Il poursuit alors sa riche carrière d’illustrateur débutée dès les années 1950 et crée d’autres belles couvertures pour les revues. Il se met également au service d’autres studios. Format Films l’associe notamment à la création de quatre épisodes de The Alvin Show (1961-1962). Son ami Chuck Jones l’invite de nouveau à le rejoindre chez Warner lors de la production de Chat c’est Paris ! (1962) et Mon Royaume pour un Bip-Bip (1963).
Pour Hanna-Barbera, Nordli travaille sur Les Aventures de Yogi Bear (1964) et la série Johnny Quest (1965). Il enchaîne ensuite avec Journée Noire pour Chat (1965) et Tom & Jerry au Cinéma (1966), deux aventures de Tom et Jerry produites par MGM (1965). Toujours avec Chuck Jones, il conçoit quelques cartoons avec Bip-Bip et le Coyote : Ô Rage, Ô Désespoir ! (1965), Du Goudron et des Plumes (1965), Chasse au Bip-Bip, Mode d'Emploi (1965), Le Vol du Coyote (1965) et Le Coyote aux Trousses (1965). Créateur de décors de The Man from Button Willow, un western animé produit par Eagle Films (1965), il complète enfin sa filmographie avec deux fantaisies de Speedy Gonzales dans Bienvenue au Club (1967) et Pour Quelques Fromages de Plus (1967). Toujours produit par Warner Bros., le dessin animé hors-série Chimp & Zee est son ultime film (1968).
Heurté par certains événements de sa vie, comme son divorce avec Rosalind E. Couper en 1966, Ernest Nordli meurt le 22 avril 1968. Son ami Walt Peregoy laisse alors entendre qu’il s’agirait d’un suicide. Il avait cinquante-cinq ans.