DuckTales
Titre original : Disney's DuckTales Date de sortie USA : Le 14 septembre 1989 Pegi : Tout le monde Langue : Anglais Type de jeu : Plates-formes Multijoueur : Aucun |
Développeur : Capcom Musique : Hiroshige Tonomura Jeux testé sur : NES Également disponible sur : Game Boy PC PlayStation 4 Xbox One |
Liste des niveaux
The Amazon Transylvania African Mines The Himalayas The Moon |
La critique
Dès le début des années 80, le monde vidéoludique est en plein essor. Très vite, les consoles et les jeux de qualité souvent médiocre se multiplient et envahissent le marché, à tel point qu'un krach en 1983 manque de tuer dans l’œuf ce qui allait devenir par la suite l'une des révolutions technologiques majeures de ces quarante dernières années. À n'en point douter, l'une des machines qui redistribue alors les cartes en imposant dans le même temps les premiers codes du jeu vidéo n'est autre que la première véritable console de salon de Nintendo, la NES. Éditée en 1983 au Japon sous le nom de Famicom (abréviation de Family Computer), puis en 1985 en Amérique du Nord et l'année suivante en Europe, la NES aura ainsi marqué toute une génération de joueurs, jusqu'ici habitués à se déplacer dans les salles d'arcade pour retrouver leurs héros préférés. À plus d'un titre donc, la NES (l'abréviation de Nintendo Entertainment System), s'imposera dans l'esprit des gamers, puisque c'est précisément sur ce support que ces derniers découvriront les premiers épisodes de sagas vidéoludiques aujourd'hui cultes, comme Metroid, Final Fantasy, Castlevania, Mega Man ou encore le mythique The Legend of Zelda. En plus de proposer aux joueurs ces premiers opus plus que prometteurs, c'est également la NES qui popularisera massivement des personnages phares déjà apparus sur d'autres supports et bornes d'arcade, comme Mario, Kirby ou encore Snake, le héros de la saga Metal Gear.
Pourtant, et malgré ces très nombreux succès, la NES n'aura pas réussi à proposer durant ses premières années d'existence de bons jeux adaptés de films, de séries ou mettant en scène des personnages déjà connus et adorés du public. Cette première génération de joueurs n'avait pourtant qu'une envie : incarner ses personnages préférés, manette en main ! Dès 1982, et alors même que les premières consoles de salon n'en étaient qu'à leurs balbutiements, Disney avait anticipé cette demande des joueurs en accompagnant la sortie au cinéma de Tron d'une série de jeux vidéo sur de multiples supports, destinés tant à promouvoir le long-métrage qu'à offrir aux spectateurs une expérience immersive et prolongée de celle qu'ils avaient vécue sur grand écran. Dès lors, Disney développera et éditera quantité de jeux plus ou moins réussis durant les années 80 et 90, le plus souvent en partenariat avec des studios tiers, dont Capcom et Virgin Interactive Entertainment sont certainement les plus emblématiques ; ils proposeront en effet plusieurs pépites, parmi lesquelles des adaptations sur diverses consoles d'Aladdin ou encore du (Le) Roi Lion.
Si la transition entre les années 80 et 90 est un tournant majeur dans l'industrie vidéoludique, les consoles rivalisant en termes d'avancées technologiques, cette période est également un véritable âge d'or pour Disney Television Animation, qui réalise alors quelques unes de ses meilleures séries télévisées animées. Ainsi, La Bande à Picsou, Tic & Tac – Rangers du Risque, Super Baloo ou encore Myster Mask et La Bande à Dingo mettent en scène quelques uns des personnages emblématiques de la compagnie de Mickey, qui s'offrent là une carrière sur le petit écran, après avoir amusé des générations entières de spectateurs au cinéma et de lecteurs de bande-dessinées. Faisant les beaux jours des blocs de séries animées diffusés le matin et l'après-midi, du (The) Disney Afternoon sur Disney Channel au Disney Club de TF1, la très grande majorité de ces programmes se voit aussi adaptée en jeux vidéo, au plus grand bonheur des fans de tous âges.
Très logiquement, c'est donc La Bande à Picsou qui, la première, a droit à son adaptation vidéoludique. Développé par Capcom, la compagnie qui a notamment crée les univers de Mega Man, Steet Fighter ou encore Resident Evil, le jeu vidéo DuckTales sort ainsi aux États-Unis le 14 septembre 1989, puis l'année suivante au Japon et en Europe. Le succès est immédiat : le titre se vend en effet à plus d'un million six cent mille exemplaires dans le monde, devenant alors le plus gros succès de Capcom sur NES, et s'octroyant dans le même temps la trente-cinquième place dans le classement des meilleurs ventes de la console, tous éditeurs confondus. En 1990, un portage du jeu sur Game Boy, toujours édité par Capcom, connait un succès identique. Il faut dire que Capcom a mis les petits plats dans les grands pour plaire aux fans du Canard le plus riche du monde, que ce soit au niveau du gameplay, des graphismes et de la musique : tout y est (presque) parfait !
Dès le lancement de DuckTales, le joueur est immédiatement plongé dans l'ambiance de la série animée, l'écran-titre du jeu apparaissant en même temps que les premières notes du générique télévisée retentissent, reconnaissable entre mille. Que le gamer l'ait entendu à l'époque ou qu'il le découvre aujourd'hui, ce générique est assurément l'un des meilleurs jamais proposés sur une console 8-bits, et si la nostalgie est évidemment de la partie, la musique, elle, n'a pas pris une ride. Une fois l'un des trois niveaux de difficulté choisi, un nouvel écran apparaît, celui de la sélection des niveaux. Le jeu est malheureusement chiche en explications et en scénario, le tout étant habituellement expédié à cette époque au dos des boîtes du jeu ou dans le livret d'accompagnement. Balthazar Picsou, incarné par le joueur, doit alors choisir entre cinq destinations, chacune cachant un trésor inestimable. Le gamer a ainsi le choix de parcourir la jungle amazonienne, un château hanté en Transylvanie, des mines africaines, des caves enneigées himalayennes et même... la lune ! Un véritable tour du monde attend dès lors le fortuné Canard, dans sa quête des richesses les plus jalousement gardées de la Terre... et de l'espace.
Fort d'une réalisation ultra-léchée, DuckTales propose une prise en main quasiment immédiate au joueur, notamment grâce à un gameplay à la fois simple et terriblement efficace. Le jeu tire d'ailleurs pleinement partie de la canne de Picsou, que ce dernier peut utiliser pour effectuer toute une série d'actions, que ce soit comme un bâton à ressort afin de terrasser des ennemis ou pour atteindre des endroits normalement inaccessibles avec un simple saut, ou pour s'en servir comme d'un club de golf, lui permettant par exemple de lancer des projectiles. Les contrôles du Canard, remarquablement fluides, ont été salués (avec raison !) par la critique, à une époque où trop nombreux étaient les jeux qui proposaient d'incarner des personnages dont l'inertie n'était guère différente de celle d'une enclume. Les sauts sont ainsi parfaitement maîtrisés par le joueur après seulement quelques minutes de jeu ; et c'est heureux, tant le titre réclame que le gamer explore chaque recoin du niveau, souvent labyrinthique, pour dénicher tous les trésors cachés qui viendront augmenter la fortune de Picsou.
Indéniablement, avec seulement cinq niveaux au compteur, DuckTales est court, trop court. Trois heures maximum suffiront ainsi au joueur pour le terminer, mais c'était sans compter sur l'ingéniosité de Capcom, qui s'est amusé à programmer un système de fins alternatives, correspondant au niveau de richesses amassées par le joueur au fil du de l'opus. Car en plus de récupérer les cinq trésors gardés jalousement par des boss à la fin de chaque niveau, certains pactoles sont si bien cachés que le joueur devra arpenter deux ou trois fois chaque stage pour espérer tous les retrouver ! En plus de cet ajout appréciable, Capcom a pensé le jeu de manière à ce qu'il ne soit pas du tout linéaire : c'est ainsi que le joueur devra effectuer au moins deux passages dans certains stages pour espérer trouver des objets nécessaires à sa progression, en suivant parfois des chemins différents. Et quel plaisir de reparcourir ces niveaux à la fois colorés et à l'ambiance musicale mémorable ! Car si chaque lieu se trouve doté d'une identité distincte, bénéficiant là du travail de qualité apporté par Capcom pour retranscrire avec fidélité des ambiances tour à tour chatoyantes ou angoissantes, c'est incontestablement la musique de DuckTales que le joueur retiendra tout particulièrement. Hiroshige Tonomura, qui signe la partition de l'opus, livre ici l'une des bandes sonores les plus réussies de la NES, en tirant partie de toutes les capacités techniques de la machine. Une véritable réussite !
Alors que sa réalisation est une vraie réussite technique, il manque tout de même à DuckTales de véritables dialogues ou, du moins, un semblant de trame narrative. Le joueur ne sera évidemment jamais perdu dans l'histoire, néanmoins, le jeu peut parfois manquer d'incarnation et d'immersion. C'est d'ailleurs d'autant plus dommage qu'une myriade de personnages de l'univers de Donaldville s'invitent dans l'aventure vidéoludique : Riri, Fifi et Loulou Duck, Zaza, Flagada Jones, Mamie Baba, Les Rapetou, Miss Tick, Archibald Gripsou et même Robotik sont en effet de la partie ! Le jeu arrive toutefois malgré l'absence de dialogues à intégrer à la perfection tous ces personnages, chacun détenant un rôle clair et souvent décisif. Mamie Baba se trouve ainsi souvent dans les passages difficiles pour remonter les points de vie du joueur, quant à Flagada Jones, il permet à Picsou d'aller mettre en lieu sûr les trésors amassés jusqu'à présent, déverrouillant même parfois un passage secret rempli de diamants ! Capcom semble toutefois avoir appris de ses erreurs, puisque des boîtes de dialogues seront présentes dans le jeu suivant, Chip 'n Dale Rescue Rangers, un jeu s'inspirant de la série animée Tic & Tac – Rangers du Risque, sorti moins d'un an après DuckTales.
Fort de sa galerie de personnages secondaires, DuckTales brille tout autant par l'incroyable diversité de ses ennemis : gorilles, yetis, plantes carnivores, aliens, méduses de l'espace ou encore insectes en tout genre ; chacun des niveaux du jeu propose un univers ultra-riche, que le joueur se surprendra à arpenter encore et encore, avec un plaisir toujours renouvelé. Les boss de niveaux sont également bien pensés, même s'il aurait été appréciable que l'opus demande une certaine réflexion au joueur pour se défaire de certains d'entre eux, plutôt que de toujours se servir de la canne pour les vaincre.
Malgré ces quelques petits défauts, DuckTales reste l'un des meilleurs de sa génération : rien d'étonnant, dès lors, à voir Capcom développer une suite, DuckTales 2, qui sort à son tour sur NES et Game Boy en 1993. Le succès du premier opus auprès du public confirme d'ailleurs très rapidement l'envie qu'ont les joueurs d'incarner leurs personnages préférés, si bien que Disney confie à Capcom le soin d'adapter la quasi-totalité de ses séries animées en jeux vidéo à la fin des années 80 et au début des années 90 ! Tic & Tac – Rangers du Risque, Super Baloo, Myster Mask, La Bande à Dingo et Bonkers sont ainsi tour à tour adaptées par le studio vidéoludique japonais sur toutes les consoles Nintendo de l'époque !
Rapidement, DuckTales est donc devenu l'un des jeux emblématiques de toute une génération de gamers, au même titre que la série animée dont il s'inspire a marqué les esprits des téléspectateurs. Nostalgie oblige, le titre connait plusieurs rééditions au fil des années. En 2013, il est ainsi remasterisé et complètement retravaillé en haute définition, et édité sous le titre DuckTales: Remastered, sur PC, Xbox 360, PlayStation 3, Wii U, ainsi que sur tous les appareils Android et iOS. Quelques éléments de gameplay sont même ajoutés, comme par exemple une carte du niveau, ainsi qu'un combat final en haut du Vésuve, mais aussi de véritables dialogues et un fil narratif beaucoup plus étoffé. Plus récemment, en 2017, est également parue une compilation de jeux Capcom, The Disney Afternoon Collection, disponible sur PC, PlayStation 4 et Xbox One. L'opus, qui puise son titre du fameux programme de Disney Channel The Disney Afternoon, propose au joueur contemporain de découvrir ou de redécouvrir six jeux majeurs édités par Capcom sur la NES, dont les deux jeux DuckTales originaux, agrémentés de quelques bonus sympathiques, comme la possibilité de « remonter dans le temps » pour corriger une erreur.
Si nombreux sont les jeux édités par Disney dans les années 80, force est de reconnaître que DuckTales sort tout à fait du lot, en se payant le luxe d'être l'un des premiers jeux vidéo de l'histoire mettant en scène des personnages déjà connus et aimés de tous, à connaître un véritable succès, tant critique que commercial. Nul doute que le titre aura ouvert la voie à beaucoup d'autres, tout en s'ancrant durablement dans l'esprit des gamers des premières générations comme l'un de leurs meilleurs souvenirs de jeu. DuckTales est une réussite à tous les niveaux, et il se doit d'être (re)découvert par le gamer contemporain qui ne pourrait faire autrement que d'en tomber amoureux : un must-play !
Les Plus
• Une aventure épique autour du monde
• Une bande-son aux petits oignons • Le plaisir inégalé d'incarner le célèbre Canard • Une rejouabilité toujours plaisante |
Les Moins
• Le manque de dialogues et de trame narrative
• Un jeu un peu trop court • Un manque de diversité dans les combats contre les boss |