Newsies
The Broadway Musical
Titre original : Newsies : The Broadway Musical Production : Disney Theatrical Productions Date de sortie USA : Le 16 février 2017 Genre : Comédie musicale |
Réalisation : Brett Sullivan Musique : Alan Menken Jack Feldman Durée : 134 minutes |
Le synopsis
En 1899, Joseph Pulitzer, propriétaire de l'un des plus grands quotidiens de la ville, le New York World, décide d'augmenter les royalties qu'ils demandent aux jeunes vendeurs de journaux de New York. Mais chez les "newsies", comme ils se font appeler, la révolte gronde. L'ensemble des jeunes gens, menés par l'impétueux Jack Kelly, se met alors en grève pour combattre le véritable coup de force du magnat de la presse... |
La critique
Newsies : The Broadway Musical est une première pour Disney Theatrical Productions : il s'agit de la première captation de l'un de ses musicals. Proposant une expérience différente par rapport à une vision dans un théâtre, le film permet aussi de retrouver les émotions ressenties devant la troupe. Fort d'un montage de qualité, il permet à ce qui est surement le meilleur musical de Disney, de faire entrer sa troupe originelle pour toujours dans la postérité et de voir sa performance gravée dans le marbre pour les générations futures.
Le film de 1992, Newsies - The News Boys, est le genre de projet que les studios Disney connaissent bien : un long-métrage, en avance sur son temps, rejeté à sa sortie par la critique et le public mais que le temps va réhabiliter. Tout débute à la fin des années 80 quand le couple de scénariste, Bob Tzudiker et Noni White, propose l'idée d'un film sur la grève de 1899 des petits vendeurs de journaux contre les grands magnats de la presse dont Joseph Pulitzer. Le long-métrage était à l'origine plutôt un film historique mais Jeffrey Katzenberg, alors responsable des Walt Disney Studios, veut en faire un long-métrage musical, à prises de vues réelles. Il faut dire alors que les Walt Disney Animation Studios avaient rendu leurs lettres de noblesses aux films d'animation musicaux façon Broadway avec des succès comme La Petite Sirène ou La Belle et la Bête. Le dirigeant de Disney pense ainsi transposer ce succès dans la branche live du studio. Il confie d'ailleurs les chansons au compositeur Alan Menken aidé du parolier Jack Feldman. Kenneth Ortega, un chorégraphe accompli, est quant à lui promu pour la première fois réalisateur tandis que le rôle phare de Jack Kelly est confié à Christian Bale et celui de Joseph Pulitzer à Robert Duvall. Les chansons, la chorégraphie, les décors, le casting et la thématique sont réellement de qualité... mais malheureusement le film sera incompris et boudé.
La Critique est, en effet, plutôt froide, parfois virulente à tel point que l'opus est considéré comme le plus mauvais film de l'année (rien que ça ?!) et décroche le triste honneur d'être nommé pour quatre Razzie Awards : pire réalisateur, pire acteur, pire actrice et pire chanson. Il "gagnera" même cette récompense pour la chanson High Times, Hard Times. Le plus amusant est de voir qu'à la même date, Alan Menken emporte l'Oscar pour la Meilleur Chanson avec Aladdin ! Le public boude lui aussi carrément le long-métrage qui ne récolte que deux millions de dollars alors que son budget s’élevait à quinze. Un des plus mauvais score du label Disney... Si cela ne gênait pas le public d'aller voir une sirène chanter, en 1992, les comédies musicales à prises de vues réelles restent donc encore un genre totalement désuet. Personne ne veut aller en salles pour voir de "vraies" personnes pousser la chansonnette. Il faudra attendre 2001 avec Moulin Rouge ! et surtout 2002 avec Chicago, qui a reçu l'Oscar du Meilleur Film, pour que les comédies musicales au cinéma reprennent le chemin du succés. 2017 verra même, une décennie plus tard, un film musical à prises de vues réelles, Disney qui plus est, La Belle et la Bête, rentrer dans le top 10 des meilleurs résultats au box office mondial de l'histoire. Que de chemin parcouru en 25 ans ! La mode cinématographique est un éternel recommencement et Newsies - The News Boys a clairement joué un rôle visionnaire sur la réhabilitation du genre auprès de toute une génération.
À l’image de nombreuses œuvres cinématographiques musicales comme Fantasia ou Le Magicien d'Oz, Newsies - The News Boys va, il est vrai, gagner petit à petit en popularité. Déjà, lors de sa sortie en VHS de location, le film commence à avoir un excellent bouche-à-oreille et rembourse enfin son budget rien qu'avec les recettes vidéo. La diffusion et rediffusion en boucle sur Disney Channel, à une époque où la chaîne n'avait pas assez de programmes inédits pour boucler sa grille et allait puiser dans le catalogue de sa filiale cinéma, va amplifier le phénomène. Son aura continue d'augmenter et des communautés de fans se créent aidées en cela par l'avènement d'internet. Ils se donnent même un nom : les "fansies" ! Les premiers succès de Christian Bale et la reconnaissance acquise par Alan Menken font le reste et finissent par transformer Newsies - The News Boys en film culte ! De nombreux aspirants danseurs ou chanteurs se le passent en boucle. Des spectacles amateurs sont montés dans les écoles ou les camps de vacances. Pas étonnant dès lors à voir l'opus être l’un des premiers films "live" du catalogue Disney à être exploité intensément au début des années 2000. Le 30 janvier 2001, la bande originale est proposée pour la première fois en CD, tandis que l'année suivante, le 15 janvier 2002, le film sort en DVD, avec une édition digne de ce nom qui plus est.
À la fin des années 2000, cette popularité grandissante va donner l'idée à Thomas Schumacher, président de Disney Theatrical Productions, de monter une production théâtrale afin de le licencier pour des productions régionales. Le producteur demande à Alan Menken et à Jack Feldman la possibilité d'adapter le film et les chansons pour un musical. Ceux-ci acceptent à condition qu'ils participent eux-mêmes au projet. Ils vont ainsi reprendre toutes les chansons du film (à l'exception de High Times, Hard Times et de My Lovey Dovey Baby) et en écrire cinq supplémentaires (Don't Come A-Knocking, Watch What Happens, Brooklyn's Here, The News is Getting Better et Then I See You Again). Un ingénieux système de décors imaginé par Tobin Ost est créé ayant plusieurs avantages techniques dont celui d'être facilement démontable lors d'une tournée tout en étant artistiquement cohérent avec l'ambiance de début de la révolution industrielle dans l'ultra urbaine New York. Les décors ont ainsi la possibilité de bouger permettant de laisser de la place pour les scènes dansées ou au contraire de se rapprocher du public pour les scènes plus intimistes. Christopher Gattelli propose, quant à lui, des chorégraphies bluffantes particulièrement athlétiques et masculines dans la veine de West Side Story. La première mondiale du spectacle a lieu le 25 septembre 2011 au Paper Mill Playhouse de Millburn dans le New Jersey, où la période d'essai dure trois semaines jusqu'au 16 octobre. Et là, c'est la consécration. Le musical est acclamé par la critique, ovationné par le public et le succès est tel que Disney, surpris d'une telle ampleur, décide de bousculer ses plans de départ et monte le spectacle à Broadway.
Newsies - Le Musical ouvre ainsi à Broadway le 15 mars 2012 au Nederlander Theatre pour ce qui ne devait être qu'un engagement limité dans le temps, jusqu'en août 2012. Le Nederlander Theatre réalise d'ailleurs durant la semaine de l'ouverture du spectacle son record de box office de son histoire. Quelques mois plus tard, Disney Theatrical Production annonce que le show passe en engagement ouvert, c'est-à-dire sans date de fin déterminée ! Par rapport à la version du Paper Mill Playhouse, le show perd deux chansons (The News is Getting Better et Then I See You Again) mais en rajoute trois (The Bottom Line, That's Rich et Something to Believe In). Coté distinctions, Newsies a été nommé pour huit Tony Awards en 2012 : Meilleure Comédie Musicale, Meilleur Livret, Meilleur Acteur dans un Rrôle Principal, Meilleure Réalisation, Meilleure Chorégraphie, Meilleure Partition, Meilleure Orchestration et Meilleure Mise en Scène. Parmi ces huit, il en remporte deux : Meilleure Partition (Alan Menken et Jack Feldman) et Meilleure Chorégraphie (Christopher Gattelli). Avec un budget de cinq millions de dollars, il rembourse sa mise en seulement sept mois et devient le musical Disney le plus rapide à se rentabiliser. Le musical durera deux ans et demi avec 1005 représentations ce qui en fait un vrai succès, surtout comparé à d'autres spectacle Disney plus récent comme La Petite Sirène ou Tarzan. Sa dernière représentation à New York a lieu le 24 août 2014.
Peu de temps après, Newsies part en tournée dans tout le reste des États-Unis. Pour l'occasion, une nouvelle chanson est écrite et rajoutée dans le second acte. Letter from the Refuge voit ainsi Crutchie, l'ami handicapé de Jack décrire dans une lettre ses conditions de vie dans l'orphelinat. La tournée débute le 11 octobre 2014 à Schenectady dans l'état de New York avant de se terminer après deux saisons le 2 octobre 2016 à Austin au Texas. Au final, le musical aura été joué 784 fois dans 65 villes d'Amérique du Nord. Entre Broadway et le reste du pays, ce ne sont donc pas moins de 2.7 millions de spectateurs qui auront assisté au show !
Cet engouement s'explique par la qualité indéniable du musical. Newsies possède, en effet, une énergie et un optimisme incroyable. Les chansons sont entraînantes et les chorégraphies, alliant acrobaties et claquettes, époustouflantes. Le propos est aussi universel dans ce combat de David contre Goliath, dans cette idée que rien n'est impossible à condition de le vouloir et de rester uni dans l'adversité, que toutes les causes méritent de se battre et que baisser les bras n'aidera en rien. Plus que tout autre spectacle Disney, Newsies est singulier à plus d'un titre. C'est d'abord celui qui est principalement masculin (même s'il y a quelques rôles féminin d'envergure). Il est ensuite un hommage à la jeunesse car les héros ne sont que des jeunes garçons. Enfin, il n'est basé sur aucune magie ou aucune fantaisie. C'est une histoire vraie et donc bien plus identifiable pour les spectateurs. Certes, il n'a pas un côté grand public comme Le Roi Lion ou La Belle et la Bête mais il est surement le musical dont la base de fans est la plus solide. Ceux qui ont vu Newsies revendiquent qu'il s'agit là clairement du meilleur musical Disney.
Thomas Schumacher a toujours été hésitant à enregistrer en live les performances de ses musicals. Pour lui, les spectacles se vivent plus qu'ils ne se regardent sur petit ou grand écran. Mais c'est une captation de Billy Elliott qui l'a finalement convaincue. Il voulait être sûr que cela serait formidable et il fallait trouver le spectacle adéquat à ce genre d'exercice. Tous les musicals n'auraient pas le même impact pour une captation et les shows plus fantaisistes tels que Le Roi Lion ou La Belle et la Bête ne fonctionneraient pas et perdraient de leur impact. Newsies, bien au contraire, était le candidat parfait pour tenter l'expérience. Le musical est ainsi idéal pour être regardé de loin comme de près, les gros plans ne gâchant pas ici les trucages nécessaires à la magie ou la fantaisie, absentes de cette histoire. Il est donc décidé de mixer la troupe de Broadway avec celle de la tournée ainsi que de faire revenir les premiers rôles lors de l'ouverture du show à New York : Jeremy Jordan (Jack Kelly), Kara Lindsay (Katherine Plumber), Ben Fankhauser (Davey Jacobs) et Andrew Keenan-Bolger (Crutchie). Alors que le casting est de l'ordre de vingt-huit acteurs en règle générale, elle est ici de quarante afin de donner encore plus d'ampleur aux chorégraphies. La captation se fait au Pantages Theatre de Los Angeles pendant une semaine ; les caméras étant placées à différent endroits de la salle afin d'avoir différents angles de cadrage. Elle est complétée par une captation en public le 11 septembre 2016 devant une salle remplie de près de 3 000 fans qui ont fait la queue dès le matin pour assister à cette représentation unique en son genre.
Regarder Newsies : The Broadway Musical est à la fois une expérience différente que de voir le spectacle dans un théâtre mais aussi un formidable moyen de revivre les sensations ressenties devant le show. La captation permet, en effet, de vivre le musical autrement. Il possède des angles de vues qu'il est impossible d'avoir assis sur son siège en direct. Les prises de vue au-dessus de la scène sont réellement impressionnantes. L'apport du film se voit également dans les gros plans sur les acteurs qui mettent vraiment en exergue leur talent de comédien comme de chanteur. Le montage est dynamique et magnifie les numéros musicaux, toujours aussi impressionnants tout comme les moments plus calmes de jeux entre les personnages. Le film prend aussi le pouls du public notamment quand celui se lève en plein milieu du spectacle pour saluer l'incroyable performance à la fin de la chanson Seize the Day. Et les chanceux qui ont vu le musical dans un théâtre se rappellent s'être aussi levés avec le public lors de cette scène. Ce n'est pas du tout une réaction forcée pour la captation. Le film empêche, en revanche, d'avoir une vision d'ensemble de chaque numéro comme peut l'avoir un spectateur dans son théâtre. Le mouvement des décors est moins évident et surtout moins impressionnant. Ainsi, la captation retranscrit parfaitement l'énergie du spectacle mais n'est pas forcément là pour proposer une expérience identique. Les deux sont complémentaires mais il reste tout de même essentiel de vivre ce musical en direct. La captation donne, en revanche, une très bonne idée de la qualité exceptionnelle de l'œuvre jouée aussi bien dans ses décors simples mais particulièrement inventifs qui remplissent la scène en hauteur comme en largeur, que dans ses chansons entêtantes, ses chorégraphies extraordinaires, et surtout dans son indéfectible optimisme. Les fans du musical retrouveront, quant à eux, ce qu'ils ont ressenti devant le spectacle : les frissons vont les envahir et les larmes de joie et de bonheur couler sur leurs joues.
Newsies : The Broadway Musical est proposé au cinéma, via Fathom Events dans les cinémas autour des États-Unis sur trois dates : les 16, 18 et 22 février 2017. Là encore, c'est un succès sans précédent. Plus de 200 000 personnes vont assister à l'une des trois séances proposées. Avec 3.4 millions de dollars, il s'agit du deuxième meilleur score de Fathom Events pour une captation d'un spectacle. Une quatrième date est alors rajoutée le 4 mars tandis que des projections sont proposées un peu partout en Europe mais malheureusement pas en France. Le 23 mai 2017, la captation est proposée en téléchargement digital et VOD sans édition physique pour l'instant.
La captation Newsies : The Broadway Musical est une expérience complémentaire de celle d'une vision dans un théâtre. Elle
n'en demeure pas moins indispensable car elle permet au plus grand nombre de découvrir l'un des meilleurs musicals Disney, surtout pour les Français qui ont peu de chance de le voir arriver un jour sur une scène parisienne. L'énergie et la bonne humeur communicative de ce show, le tout porté par une partition magnifique d'Alan Menken et un casting tout simplement incroyable sans parler des chorégraphies à couper le
souffle, se doivent d'être ressenties par n'importe quel fan Disney.
Il n'y a désormais plus
aucune excuse de ne pas découvrir Newsies : The Broadway Musical !