L'Amour ne s'Achète Pas !
Le synopsis
Collégien, Ronald Miller a bien du mal à se défaire de l’étiquette du loser. Lorsqu’il rend service à Cindy Mancini, qu’il aime en secret depuis des années, il réussi à inverser la tendance. Mais saura-t-il gérer cette subite popularité ? |
La critique
L'Amour ne s'Achète Pas ! est une satire américaine qui a pour but de de dénoncer les codes du lycée, tout en exagérant certains de leurs caractéristiques. Ainsi, le spectateur retrouve, comme dans beaucoup d’autres comédies, les différents archétypes et groupes sociaux, les intellectuels d’un côté, les sportifs de l’autre. Sans surprise, ce sont ces derniers qui font la loi dans l’établissement bien qu’ils n’aient pas la matière grise suffisante. Leur quotidien se limite à jouer des muscles et à courir après les filles, en martyrisant au passage les geeks qu’ils traitent de « sous-hommes ».
La réalisation de cette comédie adolescente est confiée à Steve Rash. Ce metteur en scène américain, qui commence à tourner ses propres films dès huit ans avec le matériel de son père, a tout d’abord été photographe à l’université Music at Texas A&M and TV/Film at The University of Texas, avant de devenir opérateur à la WFAA, affiliée au réseau ABC. Dans les années 70, il réalise et dirige la photographie de vidéos musicales pour la série télévisée Sump'n Else. Dans la même veine, il crée le concept de « marathon » qu’il diffuse à travers des programmes de musique comme The Now Explosion et Music Connection qui donnera naissance quelques années plus tard à MTV. Durant cette période, il travaille pour de grands noms de la musique tels que Jimi Hendrix, Ray Charles, The Who… Plus récemment, il est principalement reconnu pour ses réalisations de American Pie : No Limit ! Et American Girls 3.
À travers le scénario, le réalisateur met également l’accent sur les dangers du capitalisme et de la consommation de masse. Avec les années 80, les États-Unis découvrent en effet les centres commerciaux et les supermarchés et une nouvelle façon de consommer où tout est accessible pour qui en a les moyens. Ce long-métrage, sous couvert d’un humour primaire, tente alors de répondre à la question fondamentale "un homme peut-il avoir accès au bonheur, à l’amour ou à tout autre bien immatériel en échange de quelques dollars ?" à laquelle s’ajoute la problématique identitaire "l’argent change-t-il l’Homme ou le regard que les autres portent sur lui ?"
Pour répondre à ces questions, l'opus s’appuie sur des personnages principaux caricaturaux. Ronald Miller, adolescent geek qui rêve de popularité, est ainsi interprété par Patrick Dempsey qui livre ici l'un de ses premiers rôles après sa prestation remarquée dans le téléfilm Le Droit de Vivre de l'émission The Disney Sunday Movie en 1986. Né en 1966, le comédien est surtout connu grâce au rôle de « docteur Mamour » dans la série télévisée Grey's Anatomy - À Cœur Ouvert pour ABC. Il commence pourtant sa carrière avec Brighton Beach Memoirs après qu'il se soit formée dans une troupe de théâtre. Après son rôle dans le film Hollywood Pictures, Run, en 1991, il poursuit sa collaboration avec DDisney en prêtant sa voie à Kinaï dans Frère des Ours 2 et en jouant dans le film Touchstone Pictures, Fashion Victime, ou bien encore dans le film Disney, Il Était une Fois où il incarne Robert, prince charmant débutant. L’acteur multi-casquettes participe également aux 24 Heures du Mans en 2009 afin de récolter des fonds pour des associations caritatives.
Amanda Peterson, quant à elle, endosse le rôle de Cindy Mancini, belle blonde capitaine des cheerleaders du lycée. Née en 1971, elle se fait appeler Mandy Peterson au début de sa carrière puis se voit révélée grâce au film Explorers, avant d'alterner opus de second plan et rôles pour la télévision avant de mourir d’une overdose en 2015. En interprétant Cindy, elle insiste sur le côté superficiel du personnage avant de dévoiler au fur et à mesure du récit qu’elle a bien d’autres atouts que sa plastique de rêve.
La rencontre de ces deux ados bien différents les oblige bien vite à échanger leurs points de vue et à sortir des archétypes : ainsi, Ronald passe de l’anonymat total à la gloire, alors que Cindy, reine du lycée, commence à comprendre les rouages de la popularité et se demande si le jeu en vaut la chandelle.
L’évolution de cette relation, ainsi que celle du personnage de Ronald, est chapotée par son petit frère interprété par Seth Green. Né en 1974, il devient célèbre grâce à son rôle de loup-garou dans Buffy Contre les Vampires et dans Angel. Il collabore aussi avec Disney sur plusieurs projets dont Les 2 Font la "Père" (Old Dogs), Milo sur Mars, Phinéas et Ferb, Hulk et les Agents du S.M.A.S.H., Les Gardiens de la Galaxie et Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2. Il agit sur l’histoire de L'Amour ne s'Achète Pas ! comme un ange gardien dont le jeune âge contraste avec une personnalité quelque peu vulgaire et très éveillée.
Côté casting, les rôles secondaires sont portés par des acteurs peu connus : Sharon Farrell, Eric Bruskotter, Gerardo Mejía, Dennis Dugan, Cloyce Morrow, Devin DeVasquez, Ami Dolenz. Parmi eux, le spectateur reconnaîtra tout de même Courtney Gains, qui interprète Kenny, aperçu dans Retour vers le Futur, Memphis Belle et Fashion Victime mais aussi Tina Caspary qui incarne ici Barbara. Elle apparaît en effet dans plusieurs longs-métrages tels que My Mom's a Werewolf et Teen Witch. Elle met également à profit ses talents de danseuse dans l'émission Totally Minnie ; L'Amour ne s'Achète Pas ! lui valant d’être nommée Meilleure jeune Actrice au Young Artist Award.
La bande originale du film est, pour sa part, confiée à Robert Folk. Ce compositeur né au début des années 50 est surtout connu pour avoir écrit la musique de la saga Police Academy, du (Le) Prince de Bel Air ainsi que celles de L'Histoire sans Fin II : Un Nouveau Chapitre, Dar l'Invincible 2, Le Cobaye 2, Ace Ventura en Afrique et Risque Maximum. Il a également participé à des téléfilms Disney comme 2 Pères et 1/2. Dans L'Amour ne s'Achète Pas !, la musique est somme toute assez peu présente. Elle se contente en effet de souligner l’esprit festif d’une boum ou un moment romantique. En revanche, elle s’impose au spectateur en début et en fin de récit avec la chanson Can’t Buy Me Love des Beatles qui prend alors des airs de manifeste. Ce titre, qui est aussi le titre original du film, marque en effet à la fois le début et la fin de l’histoire formant une boucle narrative.
Les décors sont simples, mais efficaces. Le plus gros de l’action se passe en effet à la Tucson High Magnet School, en Arizona. En dehors de cela, les protagonistes sont soit chez eux, soit à la pizzeria Tuxedo. Le spectateur aura cependant plaisir à (re)découvrir les décors des années 80 dont le film est imprégné : cela passe évidemment par des tenues très colorées et des permanentes à profusion. Le concept de placement de produit n’étant pas encore identifié à l’époque, les marques saisissent l’opportunité de se mettre en avant : Coca-Cola est un incontournable, ainsi que le ketchup Heintz. L'opus est également l’occasion pour les plus jeunes de découvrir des situations qui leur sembleraient invraisemblables aujourd’hui, comme que les cours d’éducation ménagères. Certaines autres semblent pourtant ne pas avoir vraiment changé : le catch à la télé, la mère célibataire essayant de refaire sa vie, le harcèlement scolaire, les rites d’Halloween, l'inégalité des chances déjà fonction de la classe sociale…
Même si L'Amour ne s'Achète Pas ! affiche un côté « facile » - il est même traité de « nanar » par certains - cela le rend finalement accessible à chacun. Le public qui le visionne pour la première fois ne peut en effet s’empêcher de sourire devant cet humour léger et ses personnages attachants propres aux productions des eighties. Ceux qui l’ont vu à l'époque de sa sortie retrouveront eux avec plaisir une réalisation qui n’a pas vraiment vieilli et leurs premières impressions d’ado. Le scénario est quant à lui indémodable, preuve étant qu’un remake - L’Amour n’a pas de Prix - a même été tourné en 2003.