Les Dates-Clés de Disneyland Paris
L'article
Depuis 1992, ce qui était appelé Euro Disney Resort par les uns et « Tchernobyl culturel » par les autres, a connu bien des changements et évènements marquants. Des champs de betteraves aux villages sortis tout droit de contes de fées par la force de l’imagination sans limites des Imagineers Disney et l’excellence de l’artisanat européen, ces terres situées à une trentaine de kilomètres de Paris ont été bouleversées à jamais.
Des années plus tard, Disneyland Paris s’affirme dans le paysage du tourisme européen en s’affichant comme la première destination du secteur, après avoir vécu mille et un rebondissements. À des fins encyclopédiques et historiques à l'égard de la première incartade originale d’un Parc Disney à l’étranger, ici ont été compilés les moments les plus marquants du Resort parisien, ceux qui ont été fondateurs d’un succès touristique fracassant, à la renommée internationale !
Signature de la Convention pour la Création et l’Exploitation d’Euro Disneyland
Galvanisée par l’ouverture, en 1983, de son premier Resort à l’étranger, au Pays du Soleil Levant, la division Parcs de The Walt Disney Company se met en quête d’un autre pays pour implanter un nouveau complexe de divertissement. Le choix se tourne alors sur le Vieux Continent quand plus de deux-cents sites potentiels sont sélectionnés. Après délibération et élimination de la plupart des choix possibles, deux villes restent en lice pour accueillir le prochain Resort Disney : sera-ce le climat méditerranéen de la côte est espagnole avec Barcelone et Alicante, ou l’emplacement privilégié et central en Europe de la capitale de la Mode, Paris, qui pèsera dans la balance ?
Le positionnement dominant de la France dans le domaine du tourisme à l’international et la détermination de ses acteurs politiques, comme Jacques Chirac à l’époque Premier ministre français sous la présidence de François Mitterrand, auront raison du choix de Marne-La-Vallée, à quelques kilomètres de Paris, pour recevoir le premier Resort Disney européen. Pour sceller cet accord unique entre les pouvoirs publics français et l’entreprise américaine, est signé à l’Hôtel Matignon le 24 mars 1987 par, notamment, Jacques Chirac et Michael Eisner, Président-Directeur Général de The Walt Disney Company, un document fondateur de ce projet inédit, la Convention pour la Création et l’Exploitation d’Euro Disneyland, d'une validité de trente ans.
Comprenant de nombreuses pages et annexes remplis de plans, ce texte décrit en détails les différents aménagements futurs du secteur IV de Marne-La-Vallée, d’une superficie globale de 3233 hectares (dont 1943 hectares destiné à Euro Disney Resort). Il explicite aussi le devoir de The Walt Disney Company de promouvoir la langue française et sa culture ainsi que celle européenne et l’obligation de construire sur le complexe une attraction mettant en lumière la culture du Vieux Continent, donnant naissance au (Le) Visionarium - Un Voyage à Travers le Temps ! L’accord signé, Chirac dira dans un anglais certain « I’m sure this will be a great success because it’s Disney Company… and because it’s France! » (comprendre « Je suis persuadé que cela sera une vraie réussite parce que c’est Disney… et parce que c’est la France ! »). Trente années plus tard et bien des péripéties après, le premier ministre et futur président de la Ve République n’avait pas tort !
Cérémonie d’Inauguration des Travaux d’Euro Disney Resort
Une fois le côté administratif validé par les deux parties, le gouvernement français et The Walt Disney Company, il est temps de s’emparer des pelles et des pioches pour faire d’Euro Disney Resort, une réalité ! Comme le veut la tradition dans le domaine de la construction, les travaux sont lancés après une cérémonie d’inauguration du chantier le 3 août 1988. Après cette étape symbolique dans le démarrage concret du projet, les ouvriers se sont affairés à faire naître, à l’aide de plus de trois millions de mètres cubes de terre, les buttes entourant le futur Parc Disneyland, permettant de créer un barrage visuel entre le Royaume Magique et l’extérieur.
Les mois suivants, les terrassements successifs laissent deviner les futurs emplacements des lieux iconiques comme Le Château de la Belle au Bois Dormant ou encore Big Thunder Mountain et ses Rivers of the Far West creusant leur lit. Peu à peu, les bâtiments sortent de terre et prennent de la hauteur, plus de cinquante kilomètres de routes se dessinent et des plans d’eau comme Lake Disney de Festival Disney (appelé plus tard Disney Village) se remplissent. Quatre années plus tard, avec au compteur sept-cents-dix-mille mètres carrés de bâtiments construits et environ cent-vingt millions de mètres cubes de terre déblayés, ce qui n’était que champs de betteraves est devenu le plus grand Resort Disney jamais construit à son ouverture.
L’Ouverture de l’Espace Euro Disney
Mais, au fait, c’est quoi un Parc Disney ? Pour le public européen, de réputation plus pointilleux et exigeant, The Walt Disney Company se devait d’exposer leur projet inédit en Europe aux futurs visiteurs de façon claire et alléchante : reprenant le concept du Walt Disney World Preview Center de 1980 présentant le projet gargantuesque du Resort floridien, s’ouvre le 5 décembre 1990, date du 89e anniversaire de la naissance de Walt Disney, l’Espace Euro Disney sur les terres de Seine-et-Marne.
Véritable vitrine du futur Parc Disneyland et de ses aménagements annexes, l’Espace Euro Disney, conçu par Robert Stern, architecte responsable de deux Hôtels de la destination mais aussi plus tard de la conception de la ville Celebration en Floride, ce lieu d’exposition construit à Serris était accessible pour la somme de quinze francs par adulte et dix francs par enfant. Entre maquette géante du (Le) Château de la Belle au Bois Dormant et décors en tout genre, d’un C-3PO rutilant à un véhicule de la future attraction Dumbo the Flying Elephant en passant par les tenues des Cast Members spécifiques à chaque Land, l’Espace Euro Disney avait pour seul but de faire connaître ce qui deviendra la prochaine première destination touristique européenne !
Clou du spectacle, le film Euro Disney : Quand l’Imaginaire Devient Réalité au sein du Cinéma Euro Disney, montre les premières images des travaux invitant ceux qui n’y croyaient pas, de voir le projet de leurs propres yeux ! Enfin, avant de quitter les lieux, un tour au (Le) Snack offrait de quoi partir le ventre plein tandis que la Boutique Fantasia permettait de ramener - déjà ! - un souvenir de sa visite et même des tickets pour le premier jour d’ouverture de la destination. Une fois le rêve devenu réalité avec l’inauguration du Parc Disneyland en 1992, l’Espace Euro Disney n’avait dès lors, plus d’utilité, et ferma ses portes la même année. Tombé dans l’oubli et voué à l’abandon, le bâtiment est détruit en 2009, emportant avec lui toute une époque où Euro Disney Resort n’était qu’une idée, sur un papier.
Rendez-Vous au Château, au Cœur du Chantier Euro Disney Resort
Six mois avant son ouverture officielle au public, l’un des plus gros chantiers d’Europe s’apprête à accueillir, entre grues s’élevant au ciel et échafaudages à perte de vue, plus de deux mille invités ainsi qu’un millier de journalistes de la presse internationale pour présenter une pièce majeure du projet, enfin terminée : Le Château de la Belle au Bois Dormant. Caché derrière un gigantesque drapeau bleu dressé en plein milieu de Main Street, l’édifice est présenté lors de l’évènement Rendez-Vous au Château, présidé par Michael Eisner, Président-Directeur Général de The Walt Disney Company, Roy Edward Disney, neveu de Walt Disney, Robert Fitzpatrick, Président d’Euro Disney, Philippe Bourguignon, alors responsable du développement immobilier The Walt Disney Company en Europe mais aussi Sabine Marcon, première Ambassadrice d’Euro Disney sans oublier Mickey Mouse, bien sûr, et tous ses amis !
Se dressant fièrement au-dessus d’un Parc embourbé en pleins travaux, Le Château de la Belle au Bois Dormant est l’ambassadeur de la futur première destination touristique européenne que foulent pour la première fois des journalistes mais aussi les Cast Members et leurs familles invitées. Le Parc Disneyland reste difficile à imaginer fini dans quelques mois à peine : la boue tapit le sol à certains endroits, les façades des boutiques de Main Street, U.S.A. n'ont même pas encore reçu une première couche de peinture, la végétation est éparse et aucun Hôtel n’est terminé ! Cet événement symbolique dans l’histoire d’Euro Disney Resort marque par la même occasion le début d’une grande campagne de presse sur tout le continent. Nommé 1992 : EuroDisney, C’est Magique !, ce véritable spectacle publicitaire itinérant en tournée pendant deux mois part alors de Deauville pour traverser plusieurs pays européens, de l’Allemagne à la Grande-Bretagne en passant par l’Espagne, la Suède ou encore la Belgique.
L’Inauguration d’Euro Disneyland
Après sept ans de négociations entre pouvoirs publics et l’entreprise américaine aux grandes oreilles, de critiques cinglantes d’une presse voyant le projet comme une menace pour la culture du Vieux Continent, de grognes d’agriculteurs et de locaux inquiets pour l’avenir de leurs terres et de travaux acharnés menés par plus de dix-mille ouvriers européens malmenés par la météo capricieuse de Seine-et-Marne, le quatrième Resort Disney ouvre finalement ses majestueuses portes le 12 avril 1992.
Comme l’avait fait Walt Disney le 17 juillet 1955 à Disneyland et Roy Oliver Disney le 1er octobre 1971 au Magic Kingdom, trois figures déterminantes du projet se partagent un discours inaugural empreint de nostalgie pour le Maître, d’émotion et d’espoir. Robert Fitzpatrick, Directeur d’Euro Disney Resort, ouvre le bal en clamant haut et fort qu’Euro Disneyland est « le plus beau Parc jamais créé » (ou en version originale « the most wonderful Park ever created ») et prend ce moment pour remercier les ouvriers du chantier et les quatorze-mille Cast Members. Roy Edward Disney, neveu de Walt Disney continue l’exercice cérémonial en rappelant que même son oncle n’aurait jamais imaginé un tel projet, tout en rappelant les racines françaises de sa famille, autrefois appelée « D’Isigny ».
À ses côtés se trouvent l’Ambassadrice d’Euro Disney Resort Sabrine Macon, Mickey Mouse et Michael Eisner, Président-Directeur Général de The Walt Disney Company prononçant les mots empruntés à ses prédécesseurs : « To all who come to this happy place: welcome. Once upon a time, a master storyteller, Walt Disney, inspired by Europe’s best love tales, used his own special gifts to share them with the world. He envisioned a Magic Kingdom where these stories would come to life and called it Disneyland. He envisioned a Magic Kingdom. Now his dream returns to the land that inspired him. Euro Disneyland is dedicated to the young and the young at heart with the hope that it will be a source of joy and inspiration for all the world. » (en français « À tous ceux qui viennent dans cet endroit magique : bienvenue. Il était une fois un conteur de génie, Walt Disney, qui, inspiré par les histoires et contes européens, se servit de son propre talent, pour les partager au monde entier. Il imagina un Royaume Magique où ces histoires prendraient vie et l’appela Disneyland. Il imagina un Royaume Magique. Aujourd’hui, son rêve est de retour sur les terres qui l’ont inspiré. Euro Disneyland est dédié aux jeunes de cœur et d’esprit avec l’espoir qu’il sera une source de joie et d’inspiration pour le monde entier. »). Il finit dans la langue de Molière avec ces fameux mots : « Et maintenant, je déclare, Euro Disneyland, officiellement ouvert ! ». Le plus grand Resort Disney jamais ouvert avec ses six Hôtels, ses vingt-neuf attractions, boutiques et restaurants, ouvre enfin à 10 h 15 et non comme les 9 h 01 annoncés.
Mais voilà, si le soleil n’est pas au rendez-vous, il n’est pas le seul à manquer à l’appel : en effet, Bison Futé avait prévu qu’un demi-million de personnes viendrait à cette occasion et impacterait lourdement le trafic. Résultat, un nombre estimé de vingt-cinq mille visiteurs répond présent ! Qu’à cela ne tienne, à grands coups de fanfare, de Personnages Disney dans les rues de Main Street, U.S.A. et de centaines de ballons en forme de têtes de Mickey, ces invités privilégiés foulent le Parc Disneyland (ou Euro Disneyland à l’époque) avec émotions. Le Parc propose les grands classiques d’attractions des autres Parcs Disney mais revisités par les Imagineers Disney en s’inspirant de la culture européenne et des dernières technologies. Le public est comblé, la journée reste un succès. Aussi, son avenir est tout tracé : une deuxième porte avant l’an 2000 est prévue sur le thème du cinéma mais également WESTCOT, sorte d’EPCOT de l’Ouest. Mais tout ne se passera pas comme prévu...
1er Anniversaire d’Euro Disney Resort
Contre vents et marées, au sens propre comme au figuré, entre météo changeante de la région parisienne et les détracteurs du projet, Euro Disney Resort fête en grandes pompes son premier anniversaire le 12 avril 1993. Les visiteurs se ruent aux grilles du tout jeune Parc à thèmes et se voient remettre des insignes portant une image du Château d’Aurore sous lequel chacun peut y inscrire son prénom. Aussi, des invités particuliers fêtent aussi leur premier anniversaire : surnommés les filleuls de Mickey, des enfants nés le jour de l’inauguration d’Euro Disney et à la même heure, sont présents pour ces festivités !
Célébration oblige, l’emblème d’Euro Disneyland, Le Château de la Belle au Bois Dormant est complètement transformé en gâteau géant. Flanqué d’une énorme bougie portant le numéro 1, celui qui est renommé pour l’occasion le Château Gâteau se pare de crème dégoulinante, fraises et autres fruits rouges. Des stars sont aussi présentes pour l’occasion comme Nagui, Jean-Pierre Foucault, Christian Clavier et bien d’autres défilant dans des voitures du début du XXe siècle le long de la rue victorienne de Main Street, U.S.A.. Présent lors de l’ouverture de la destination un an plus tôt, Roy Edward Disney est encore de la partie aux côtés du tout nouveau Président-Directeur Général d’Euro Disney, Philippe Bourguignon, succédant à Robert Fitzpatrick dans ce rôle.
Pour cet évènement unique, une nouvelle tête inattendue pointe aussi le bout de son nez parmi le tapis de Personnages Disney : houba houba c’est lui, le Marsupilami ! Le personnage du dessinateur belge André Franquin est alors comme un appel du pied d’un public français friand des aventures de l’animal venu de Palombie, qui ne se déplace pas en masses à Euro Disney Resort, représentant environ un tiers de la fréquentation annuelle. Malgré tout, le bilan n’est pas si morose car l’objectif des onze millions de visiteurs annuels sera finalement atteint à la fin du mois d’avril 1993. Euro Disneyland est, une année plus tard, un pari réussi mais accuse d’une dette qui, elle, n’est pas près d’être épongée...
L’Alcool s'Invite sur les Tables du Parc Disneyland
Walt Disney a sans aucun doute révolutionné le monde du divertissement de multiples façons, son idée des parcs à thème n’y faisant pas exception. Alors qu’il ne voulait pas que ceux-ci soient à l’image des fêtes foraines et autres parcs d’attractions attirant une population prête à presque toutes les débauches, il ouvrit son premier Parc en 1955 avec la règle de ne servir aucun alcool aux tables des restaurants. En 1956, il dira même à un journaliste du Saturday Evening Post qu’il n’y a dans son Parc « ni alcool, ni bière, ni rien. Parce que cela apporte un élément perturbateur. Cela attire des gens que nous ne voulons pas et j’ai l’impression qu’ils n’en n’ont pas besoin. ». Rien de plus clair ! Ainsi, lorsque le concept des Parcs à thèmes Disney s’exporte à l’étranger, en France, cette vision inflexible suit : aucune table du Parc Disneyland ne propose de l’alcool à l’ouverture, Festival Disney et les six Hôtels étant les seuls exceptions d’Euro Disney Resort proposant un accès aux boissons alcoolisées. Au pays des vignobles à perte de vue où les habitants n’imaginent pas un repas sans un verre de vin, la décision paraît alors alors insensée et les visiteurs se sentent incompris par une société américaine qui ne semble pas au fait des coutumes locales.
La donne change l’année suivante lorsque Philippe Bourguignon est nommé à la tête de la présidence du Resort en 1993. Le tout nouveau Président-Directeur Général de la destination prend alors à cœur d’engager une meilleure adaptation culturelle d’Euro Disney en ayant l’idée de demander à Jacques Chirac, Président de la République française à l'époque de plaider la cause de l’alcool dans les Parcs à Michael Eisner, Président-Directeur Général de The Walt Disney Company lors d’un repas entre les deux hommes. Le 12 juin 1993, soit un peu plus d'un an après l’ouverture, les visiteurs peuvent enfin profiter de vins, de bières et de champagne dans quatre restaurants du Parc Disneyland. Officiellement, il s'agit là de répondre à une demande de visiteurs non-Français s’attendant à boire de l’alcool lors de leur visite dans le pays renommé pour son terroir viticole. Mais la décision n'est pas sans vouloir draguer une partie des touristes français dont la part reste, une année passée, en dessous des prévisions. Cette adaptation à une clientèle aux habitudes diamétralement opposées à celles des visiteurs des Parcs américains, dont The Walt Disney Company était plus coutumier, témoigne de l’importance de la prise en compte progressive des cultures dans lesquels la société s'implante. En comparaison, Walt Disney World Resort a commencé à vendre de l'alcool au Magic Kingdom qu’en 2012 et Disneyland Resort en Californie en 2019 à l'ouverture de Star Wars: Galaxy's Edge !
Inauguration d’Indiana Jones et le Temple du Péril avec George Lucas
Déjà près d’un an après l’ouverture, de nouveaux projets pointent le bout de leur nez afin d’augmenter la capacité d’accueil de la destination. Après la création de La Galerie de la Belle au Bois Dormant au premier étage de la royale demeure, du parcours Legends of the Wild West au Fort Comstock et des (Les) Pirouettes du Vieux Moulin à Fantasyland, les Imagineers travaillent sur un projet inédit de montagnes russes dans le fond assez vide d’Adventureland. Cette attraction se doit d’une part de satisfaire une demande du public pour ce genre de sensations, Big Thunder Mountain étant souvent pris d’assaut, et d’autre part d’apporter plus de vie dans une partie du Parc qui en manque cruellement. Et qui mieux que l'archéologue au fedora de George Lucas, Indiana Jones, peut autant personnifier le sens de l’exploration et de la découverte de l'inconnu, thème central d'Adventureland ? Très vite, les ruines d’un temple indien se mettent à sortir de terre entre les bambous de la zone, similaire à la structure déjà visible dans la Fun Map de 1992 et après une construction en moins d’une année, Indiana Jones et le Temple du Péril ouvre le 29 juillet 1993.
Or, ce n’est que quelques mois plus tard que l’attraction reçoit une inauguration mémorable. Ainsi, le 9 novembre 1993, sous une pluie déterminée à éteindre les flambeaux du temple, se sont réunis George Lucas, créateur et scénariste d’Indiana Jones, Philippe Bourguignon, Président-Directeur Général de la destination à l'époque ainsi que Dingo « Jones », afin d'inaugurer comme il se doit la première montagnes russes Disney au monde proposant un looping. Installé sur les marches en ruines du temple sorti tout droit d’une aventure de l’archéologue maladroit, George Lucas rappelle qu’il s’agit de la deuxième attraction du Parc Disneyland qu’il inaugure, après Star Tours à Discoveryland. Il tend ensuite à Dingo « Jones » la carte menant à The Lost City où se trouve le Temple du Péril : après avoir fait face à une explosion, une envolée de pigeons et des serpents peu accueillants, l’explorateur en herbe déclenche un dispositif et découvre le fameux site archéologique !
Le Rallye Paris-Dakar-Euro Disney
Au début de l’année 1994 se sont rencontrés deux mondes qui, en premier lieu, semblent avoir peu en commun, la magie et le fantastique de Disney face à l'univers métallique et bruyant du rallye automobile. Pour sa seizième édition, la fameuse course automobile du Paris - Dakar s’est en effet accordée une arrivée tout à fait singulière : au lieu de revenir à Paris même, les concurrents sont arrivés au pied d’Euro Disney ! Le rallye de renommée internationale créé en 1978 n’a eu de cesse au cours des années de varier son tracé, remportant de plus en plus de succès. En 1994, le parcours de plus de 13 000 kilomètres prend littéralement un nouveau tournant en proposant pour la première fois dans l’histoire de l’épreuve, une boucle. Le départ se fait alors à Paris, direction Dakar au Sénégal où les concurrents doivent faire demi-tour pour un retour non pas cette fois à la ville-lumière mais bien « chez Mickey », faisant de cette course la première épreuve sportive se déroulant à Euro Disney.
Partis 259 le 28 décembre 1993, ils ne seront que 114 participants, soit moins de la moitié, à franchir la ligne d’arrivée lors de la seizième et dernière étape, allant de Château Lastours à Euro Disney, le 16 janvier 1994. Le gagnant automobile, Pierre Lartigue signe sa deuxième victoire de ce rallye-raid hors du commun et monte sur le podium en compagnie de Mickey, Roger Rabbit et Blanche Neige ! Cette rencontre, non seulement confirme l'intégration de la destination dans le paysage socioculturel français, mais aussi ouvre la voie à d'autres partenariats sportifs pour recevoir à l'avenir de nouvelles compétitions officielles au royaume de Mickey.
Ouverture de Storybook Land
À la suite de l’ouverture des secouantes montagnes russes d’Indiana Jones et le Temple du Péril, le Resort européen continue sur sa lancée et décide d’une première grande extension de Fantasyland, par delà les rails du Disneyland Railroad au nord-ouest du Parc Disneyland. Toujours dans un objectif d’augmenter la capacité d’accueil et de proposer de nouvelles expériences, la nouvelle zone, nommée Storybook Land, un temps envisagée dès 1992, voit le jour le 26 mars 1994. Alors que les autres parties de Fantasyland sont inspirées de différents pays européens, cette nouvelle contrée plonge les visiteurs dans un royaume complètement inédit, presque irréel, dont la frontière avec le reste du Land est symbolisée par le passage sous le chemin de fer. Elle partage malgré tout avec les autres zones de Fantasyland son hommage criant aux grands Classiques Disney, du début de la compagnie comme Dumbo (1941) aux plus récents tels La Belle et la Bête (1991) ou Aladdin (1992).
Logée entre les haies de thuyas taillés d’Alice’s Curious Labyrinth à gauche et Les Pirouettes du Vieux Moulin à droite, Storybook Land propose alors deux attractions majeures et interconnectées dès son ouverture. Le Pays des Contes de Fées et son gigantesque ouvrage ouvert sur un paysage saisissant de La Vallée Enchantée, agissant comme le wiene ou élément charismatique de la zone, offre une croisière en bateau à la découverte de reproductions miniatures de scènes de contes et de classiques d’animation des Walt Disney Animation Studios. Reprenant le concept de Storybook Land Canal Boats ouvert en 1956 à Disneyland Park en Californie, l’excursion sur les eaux tranquilles du canal n’est que gentiment perturbé par un curieux train, Casey Jr., dont le parcours contournant le majestueux château de La Belle et la Bête fait partie de la deuxième attraction, Casey Jr. - le Petit Train du Cirque. Tout droit sorti du Classique de 1941, Dumbo, l’excentrique locomotive emmène petits et grands dans ses wagons colorés en vadrouille à travers forêts et montagnes sur les airs du (Le) Train du Bonheur, surplombant les eaux bleutées du (Le) Pays des Contes de Fées. Addition accueillie les bras ouverts, Storybook Land est d’un charme certain qui s’intègre parfaitement parmi l’univers enchanteur de Fantasyland !
LInauguration de la Gare TGV Marne-La-Vallée / Chessy
Situé à plus de 40 kilomètres de la capitale française, en plein cœur de la campagne de la Marne, Euro Disney Resort semble, à première vue, pas simple d’accès. Si la voiture reste un moyen de transport de choix pour les visiteurs de la destination en prenant directement l'autoroute A4, d’autres options s’offrent à eux et ce, dès l’ouverture du Resort. Alors que des bus font la liaison des aéroports d'Orly et Charles de Gaulle jusqu'à Euro Disney, le RER A, dont le prolongement jusqu'à la gare de Marne-la-Vallée - Chessy fut inauguré le 1er avril 1992, permet, lui, de rejoindre le Royaume Magique en une petite heure de la capitale.
Mais, un moyen de transport primordial manquait à l’appel : le chemin de fer ! Alors que le Disneyland Railroad transporte ses voyageurs et dessert toutes les gares du Parc Disneyland depuis le 12 avril 1992, il faut attendre encore deux ans avant que le premier TGV de la Société National des Chemins de Fer arrive dans la toute nouvelle station Marne-la-Vallée - Chessy le 19 mai 1994. Pour fêter en grandes pompes l’arrivée du Train à Grande Vitesse dans cette gare aux allures de château féerique stylisée avec ses deux tours rosées, une parade tout à fait singulière a foulé les pavés de Main Street, U.S.A. le 26 mai 1994. Pour l’occasion, le TGV-Dragon, un train de carton et de papier de 300 mètres porté par pas moins de deux-cent personnes est en effet parti de Festival Disney (renommé plus tard Disney Village) direction Fantasyland traversant une foule en liesse. Depuis, la gare s’est développée pour devenir l’une des plus fréquentées de France, desservant plus de 54 villes sur le territoire national mais aussi en Europe. Mais que ce soit par les rails, par la route ou par les airs, tout le monde trouve son chemin pour se rendre au Royaume Magique de Disney !
La Visite de François Mitterrand et Georges Bush à Euro Disney
« Je respecte les expressions d’origine étrangère [...] disons que ce n’est pas exactement ma tasse de thé, quoi ! » avouait François Mitterrand, Président de la République française de l’époque, en répondant à une question portant sur l’impact culturel d’Euro Disney sur le pays, lors d’un entretien sur Antenne 2 (l'ancien nom de France 2) en 1992. Ce n’est seulement que deux ans plus tard qu’il visite la destination lors d’une rencontre semblant impromptue avec l’ex-président des États-Unis, George H.W. Bush. Le 41e président américain s’est ainsi octroyé une petite visite en famille en compagnie de sa femme Barbara, ses enfants et petits-enfants, du seul Resort Disney européen en s’y rendant dans l’après-midi du 20 juin 1994, puis rejoint par François Mitterrand arrivé plus tard en hélicoptère.
Les deux chefs d’état ont alors déambulé dans le Parc Disneyland sous le regard ébahi des visiteurs s’exclamant qu’il « s’agit vraiment d’un monde féérique », des propos de la foule entendus par le Président-Directeur Général d’Euro Disney, Philippe Bourguignon, sans doute heureux de voir pour la toute première fois le président français sur les terres de Mickey. Ils ont ensuite dîné à l’Auberge de Cendrillon avec au menu homards, bars et truffes tandis que le reste de la famille Bush a profité du dîner-spectacle Buffalo Bill’s Wild West Show. Enfin, pour finir la journée en beauté, les visiteurs présidentiels ont regardé la Parade du jour. Journée historique et unique, témoin de la puissance de la magie Disney capable de faire venir les plus hauts représentants de la sphère politique, ce genre d'évènements exceptionnels reste rare, le suivant n’arrivant qu’une vingtaine d’années plus tard lorsque François Hollande foule les pavés de Disneyland Paris en 2017 pour fêter les trente ans de la signature de la Convention pour la Création et l’Exploitation d’Euro Disneyland.
Départ de la Dernière Étape du Tour de France
Quelques mois après avoir reçu la première grande compétition sportive sous la forme du Paris-Dakar-Euro-Disney, Euro Disneyland assoit son statut de lieu de divertissement aussi symbole de son pays d’accueil en hébergeant le départ de la dernière étape de la 81e édition du Tour de France le 24 juillet 1994. Course cycliste la plus célèbre au monde, la « Grande Boucle » créée en 1903 se compose invariablement d’une vingtaine d’étapes entre montagnes et routes reliant villes et villages de campagne, mettant un point d’honneur à finir l’épreuve dans la capitale, à Paris, notamment sur les Champs-Élysées depuis 1975. Le Tour de 1994, se déroulant du 2 au 24 juillet, ne déroge pas à ses habitudes avec ses vingt-deux étapes mais marque l’histoire par deux faits marquants ; outre le fait que, pour la toute première fois, les coureurs traversent la Manche en empruntant le fameux Tunnel inauguré deux mois auparavant, ils vont aussi pédaler sur les terres de Mickey lors de la vingt-et-unième étape allant d’Euro Disney aux Champs-Élysées.
Ainsi, le 24 juillet 1994, Mickey et Minnie accueillent les coureurs au pied du (Le) Château de la Belle au Bois Dormant et en profitent pour prendre une photo avec le maillot jaune et futur gagnant de l’édition de ce Tour, l’espagnol Miguel Indurain. Sur les pavés de Main Street, U.S.A., Philippe Bourguignon, Président-Directeur Général d’Euro Disney accompagné de Heather Jones, Ambassadrice de la destination de l’année et Dingo en tenue sportive prennent la pause avec la horde de cyclistes, entourée d’un public de fidèles (et surement de visiteurs d'un jour), en place et prête à parcourir les derniers kilomètres qui les séparent de la ligne d'arrivée. Le coup d’envoi, donné au niveau de Town Square, sonne le départ et en quelques secondes, une marée de vélos s’engouffre sous la Main Street Station, direction Paris. Le Tour de France prend alors goût au Resort parisien et revient quelques années plus tard, en 1997, pour un contre-la-montre le 26 juillet puis le jour suivant pour la dernière étape de la 84e édition. La caravane du Tour y fait même un passage en 2005 ! Entre coup marketing bien placé et tentative d’inclure le Resort Disney dans la pure tradition française, il va sans dire que Disneyland Paris a en la matière, plus d’un « Tour » dans son sac !
L’Inauguration de Space Mountain : De la Terre à la Lune
Dans le ciel étoilé de Marne-La-Vallée, les Imagineers Disney se mettent à rêver : et si les visiteurs pouvaient être propulsés grâce à un énorme canon de métal, direction la Lune ? Envisagée depuis plusieurs années, l’idée d’intégrer Space Mountain à Discoveryland a fait son petit bonhomme de chemins et après être passée par différentes itérations et concepts, revient sur la table, vu comme une attraction salvatrice de la dette grandissante du Resort. Dans le monde vernien créé à Discoveryland, un Land unique au monde dédié aux visionnaires du siècle dernier, hors de question de simplement recopier la version floridienne ou californienne du Space Mountain et ses arêtes blanches, emblèmes épurés de Tomorrowland depuis des générations. Les Imagineers puisent alors leur imagination sur des concepts originaux du développement d’un Discovery Mountain, énorme volcan qui aurait englobé le Nautilus, un restaurant et une attraction à sensations au cœur de Discoveryland, projet abandonné pour cause de difficultés économiques.
Recyclé et combiné à l’univers du livre De la Terre à la Lune de Jules Verne, une nouvelle version de Space Mountain se dessine. Les travaux sont lancés et le 31 mai 1995 est inauguré en grandes pompes et avec un tapis de stars, Space Mountain : De la Terre à la Lune. Sur le parvis de la montagne vernienne, à côté d’un énorme obus, une assemblée se forme pour cette journée spéciale : comme l’annonce Marie-Hélène Gomis, Ambassadrice d’Euro Disney 1995 « 130 ans après sa fondation [...] , le Gun Club de Baltimore est de nouveau réuni pour entreprendre le voyage de la Terre à la Lune ! ». Le discours inaugural se poursuit avec Roy Edward Disney, neveu de Walt Disney et Philippe Bourguignon, Président-Général de la destination mais pour autant, c’est un invité de marque qui marque les esprits par sa présence et son entrée inattendue de l’immense projectile cylindro-conique : Jules Verne lui-même ! Il salue d’autres convives de prestige présents pour l’occasion tels que Sitting Bull, célèbre chef indien et Buffalo Bill mais aussi le président du Gun Club, le professeur Barbicane et Michel Ardant, autre aventurier du roman De la Terre à la Lune.
S’extasiant devant son rêve devenu réalité, cent astronautes venus de toute l’Europe deviennent les premiers à s'envoler vers la Lune par le biais de la nouvelle attraction. S’ensuit une foule de célébrités telles que Buzz Aldrin, deuxième homme à avoir marché sur la Lune, Jean-Pierre Pernaut, Antoine de Caunes, Chantal Goya, Dick Rivers ou encore David Copperfield et Claudia Schiffer embarquant dans les wagons steampunk pour un voyage dans l'espace. La nuit tombée, la célébration se poursuit par un spectacle époustouflant marqué par la prestation de la cantatrice sud-coréenne Sumi Jo à quelques mètres de hauteur poussant les notes de La Flûte Enchantée de Mozart tandis qu’une danseuse d'opéra virevolte autour de la lune au loin. Un final pyrotechnique et musical achève en beauté l’une des plus belles cérémonies d'inauguration d'une attraction Disney. Pour sauver un Resort Disney, il faut savoir viser les étoiles en alliant deux classiques et d’en faire une aventure unique au monde !
Communication entre Euro Disney et la Station MIR
Après avoir conquis la lune en mai 1995 avec l’ajout de Space Mountain : De la Terre à la Lune, Euro Disney continue de rendre hommage à l’univers et ses mystères en proposant un Festival de l’Espace dès août 1995 et durant jusqu’à juin 1996. Entre exposition de véhicules lunaires et reproduction d’artéfacts de la conquête spatiale, le véritable temps fort de l’évènement a lieu le 7 octobre 1995 lorsque cinq-cents adolescents européens entrent en contact avec les astronautes allemand et russes à bord de la station Mir ! La station spatiale russe, ancêtre de la Station Spatiale Internationale, avait été mise en service en 1986 par les soviétiques à des fins d’expérimentation scientifique et de développement de technologies aidant à la colonisation permanente de l’espace. De nombreux astronautes de toutes nationalités s’y succèdent notamment grâce au programme Euromir dans les années 1990, permettant une collaboration entre les agences spatiales russes et européennes. En septembre 1995, la 23e mission Euromir embarque à son bord l’astronaute allemand Thomas Reiter et deux cosmonautes russes, Yuri Kidzenko et Sergei Avdeyev. L’équipage atteint la station Mir et communique avec Disneyland Paris sur Terre le 7 octobre lors d’une transmission inédite depuis Videopolis à Discoveryland.
Pour l’occasion, un demi-millier d’enfants venus des quatorze pays membres de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) sont conviés à l’évènement, accueillis à Disney’s Hotel Cheyenne et défilent de Fantasyland à Main Street, U.S.A. avec en chef de file un Mickey cosmonaute des plus rutilants, Marie-Hélène Gomis, Ambassadrice de Disneyland Paris et Jean-François Clervoy, spationaute à l’ESA. Le jour J, toutes les délégations d’enfants se rassemblent à Videopolis aux côtés de Tim Delaney, Imagineer concepteur de Space Mountain : De la Terre à la Lune et deux cosmonautes russes, Alexandr Serebrov et Yelena Kondakova, tous deux ayant effectués deux missions vers la station Mir. Après une série de témoignages des principaux intéressés, la liaison avec la station Mir est enfin rendue possible. Deux astronautes, l’un allemand, l’autre russe, se prêtent à une session de questions-réponses par des enfants avides d’en savoir plus sur la vie dans l’espace. Le temps d’un jour, il était donc possible à Disneyland Paris d’aller sur la Lune et dans les étoiles par le biais d’une attraction et d’une transmission satellite, tout en prouvant le rôle éducatif de la destination !
À suivre...