Alan Menken Enchante la Salle Gaveau
L'article
Pour les fans Disney, l’arrivée au théâtre Mogador d’une comédie musicale comme La Belle et la Bête, c’est déjà franchement une bonne nouvelle ! Mais quand, en plus, Alan Menken se déplace à Paris pour l’évènement presse du spectacle, là, c’est un rêve qui devient réalité.
Au printemps 2013, Stage Entertainment (acteur clé de l’industrie des comédies musicales en France, déjà à l’origine de la production française du (Le) Roi Lion dans la capitale) annonce qu’il met en scène à l’automne, au théâtre Mogador, une version française de la Comédie Musicale de Broadway La Belle et la Bête. Cette annonce constitue alors une vraie surprise, puisqu'elle succède de seulement quelques semaines celle de l’abandon, par la même société de production, du projet Mary Poppins à Paris faute, selon le discours officiel, d’avoir trouvé le casting idéal. En effet, Stage Entertainment avait, quelques mois plus tôt, prévu de proposer le Musical Mary Poppins, si et seulement si, sa direction artistique parvenait à dénicher les artistes parfaits pour jouer les rôles de Mary et Bert. Cela semble ne pas avoir été le cas puisque le projet a été purement et simplement annulé et remplacé par celui de La Belle et la Bête. Selon le discours officieux, en revanche, ce sont les résultats de sondages d'opinion menés pour jauger l'attente du public qui auraient révélé une non-attente par les Français d'une adaptation sur scène de Mary Poppins, le risque d'un échec commercial se faisant donc trop grand en ces temps de crise économique. L'accueil est autrement plus chaleureux pour La Belle et la Bête dont le lancement n'est pas, lui, conditionné par le casting, preuve de l'assurance de Stage Entertainment dans la valeur du projet. Les dates d’audition sont alors très vite annoncées tandis que celle de la première représentation est fixée au 24 octobre 2013.
Quelques semaines plus tard, le 2 juillet 2013, se tient une soirée de présentation à la presse dans la magnifique Salle Gaveau à Paris, temple de la Musique Classique. A cette occasion, Stage Entertainment réunit une partie de la troupe et accueille sur scène, Alan Menken, le compositeur des musiques du spectacle, pour jouer quelques titres au piano. Une joie immense pour les fans invités dans le public !
Animée par le Directeur Marketing de Stage Entertainment, France Arnaud Cazet, avec une introduction de son Directeur Général France Laurent Bentata et du Président Directeur Général de The Walt Disney Company - France & Bénélux, Jean-François Camilleri ; la soirée fut en tout point magique et magnifiquement organisée. Chronique Disney a eu la chance d’y assister et revient donc sur les moments forts, les échanges avec Alan Menken et les informations obtenues sur le spectacle en lui-même.
La Belle et la Bête possède une résonance très française, de par ses origines d'abord mais aussi grâce à l’adaptation au cinéma de Jean Cocteau. L'œuvre, de portée universelle, rayonne toutefois bien au delà de l'Hexagone. Dans ce cadre, l'adaptation en comédie musicale par Disney Theatrical Productions reste, à ce jour, l’un des plus grands succès de Broadway : treize années à l’affiche entre 1994 et 2007, plus de 5 000 représentations et de nombreuses récompenses. La version française constituera, elle, la sixième production de Stage Entertainment France (après Cabaret, Le Roi Lion, Zorro, Mamma Mia et Sister Act), et la deuxième collaboration avec Disney. Le Théâtre Mogador va ainsi abriter un nouveau mythe, avec ses 32 artistes, 16 musiciens et 32 techniciens. Le spectacle est donc tiré du grand classique des studios Disney, vingt ans après sa sortie en salle ; le film marquant alors le symbole du renouveau du label mais également son attachement à la France au même titre que Les Aristochats, Le Bossu de Notre-Dame ou plus récemment Ratatouille.
La musique du film a été composée par Alan Menken (qui a également signé pour Disney et parmi les plus notables celles de La Petite Sirène, Aladdin, Pocahontas, une Légende Indienne, Le Bossu de Notre-Dame, ou Raiponce).
Né le 22 juillet 1949 à New York, capitale mondiale du théâtre musical, Alan Menken est élevé dans une famille amoureuse de la musique. Rien d'étonnant, dès lors, à voir ses parents l’emmener très souvent à des spectacles musicaux. La première comédie musicale de Broadway à laquelle il assiste étant enfant est ainsi My Fair Lady. Mais à cet âge-là, il rêve plutôt de devenir une rockstar, et la composition de musique théâtrale est visiblement la dernière chose à laquelle il pense. Il confesse même que son modèle à lui, c’est plutôt Bob Dylan ! Il étudie ensuite la musique à la New York University’s Steinhardt School et débute sa carrière en tant que compositeur de jingles et accompagnateur au piano.
C’est en 1979 qu’il entame sa collaboration avec le librettiste et parolier Howard Ashman. Ce dernier possède, en effet, les droits sur l’adaptation de God Bless You, Mr. Rosewater, et cherche un compositeur pour l’accompagner dans ce projet. A l’époque, Alan Menken écrit aussi bien la musique que les paroles tandis qu'Howard Ashman n’écrit lui que des livrets, sans jamais encore avoir signé de paroles. Mais dès leur rencontre, la connexion se fait. En 1982, le duo remporte ainsi un grand succès avec sa comédie musicale La Petite Boutique des Horreurs qui lui ouvre les portes d'une collaboration avec Disney grâce à la petite notoriété acquise alors dans le milieu de la musique. Disney fait de la sorte appel à eux pour composer les musiques de La Petite Sirène. Peu de temps après, les deux hommes travaillent sur La Belle et la Bête.
Lors de la présentation, Alan Menken insiste sur le fort lien qui a tout de suite existé entre le dessin animé La Belle et la Bête et le monde du théâtre musical de Broadway. Une comédie musicale raconte, il est vrai, une histoire à travers ses chansons, et ce sont elles qui font avancer l’histoire. Pour La Belle et la Bête, Howard Ashman et lui ont délibérément voulu adopter un style très “Broadway”. En témoigne le morceau d’ouverture, Belle. Le spectateur y fait la connaissance de deux personnages, Belle et Gaston, et y apprend tout ce qu’il doit savoir sur eux : qui ils sont et ce qu’ils attendent de la vie ! Mais c’est un morceau très particulier, très long et très “Broadway” que le duo a même hésité à proposer à Disney tel quel, de peur de le voir être recalé. Mais il a tout de suite été adopté !
L’autre lien entre Broadway et La Belle et la Bête peut se trouver dans les grands noms qui ont participé au projet : des stars de Broadway ont, en effet, doublé le dessin animé comme Paige O’Hara dans le rôle de Belle, Richard White dans le rôle de Gaston ou Angela Lansbury dans le rôle de Mrs. Samovar.
Le film remporte immédiatement un immense succès et rapporte à Alan Menken deux Oscars et deux Golden Globes. Il a également la particularité d’être le tout premier dessin animé à être nommé pour l’Oscar du Meilleur Film.
Après La Belle et la Bête, Alan Menken travaille sur de nombreux projets pour Disney : Aladdin, Pocahontas, une Légende Indienne, Hercule et plus récemment Raiponce. Quant à Broadway, trois long métrages animés auxquels il a participé ont été adaptés ou sont en cours d’adaptation : La Petite Sirène, La Belle et La Bête et Aladdin (qui se jouera dès cet automne de l’autre côté de l’Atlantique). Actuellement à l’affiche au Nederlander Theatre, la comédie musicale Newsies, tirée du film du même nom des années 90, remporte elle aussi un énorme succès. Pour l’ensemble de son travail, Alan Menken a ainsi obtenu onze Grammy Awards, huit Oscars, sept Golden Globes et un Tony Award.
L’arrivée de La Belle et la Bête à Broadway s’est faite trois petites années après son passage sur les écrans. Et il y a eu tout un travail d’adaptation à faire ! Les contraintes théâtrales sont, il est vrai, plus “palpables” et concrètes que les contraintes en animation. Par exemple, un artiste doit avoir le temps de traverser la scène, de passer dans les coulisses, de changer de costume, et cela doit être pris en compte dans la musique et les chansons. Dans un numéro comme C’est la Fête, en animation il est possible de laisser libre court à l’imagination, et de se lâcher. Sur scène, c’est une autre paire de manches !
Alan Menken livre d'ailleurs une petite anecdote sur ce morceau : il n’avait écrit que quelques accords et notes “très simples” afin qu'Howard Ashman puisse commencer à travailler sur les paroles, et prévoyait de retravailler ensuite le morceau pour en faire quelque chose de plus élaboré. Mais ces accords simples ont beaucoup inspiré le parolier, et l’ensemble a marché immédiatement sans qu'Alan Menken n’ait à reprendre quoi que ce soit !
Les six chansons du dessin animé sont présentes dans la version scénique, ainsi que sept nouvelles écrites spécialement pour l’occasion ! En effet, en passant d’un long métrage d’1h25 à un spectacle de plus de 2h30, il est possible d'appuyer tous les moments de l’histoire qui n’ont pu être développés dans le film. Par exemple, dans le spectacle, Maurice a deux chansons, et la Bête dispose de la sienne également (en anglais If I Can’t Love Her). Certaines de ces chansons ont d'ailleurs été composées à l’époque du film, mais ne fonctionnaient pas dans son contexte. Elles ont pu en revanche être aisément réutilisées pour le spectacle.
Un chanson emblématique avait ainsi été écartée du film : Humain à Nouveau. Dans le long-métrage, elle posait, en effet, des problèmes de chronologie et les compositeurs, à leur grand regret, n’ont jamais réussi à l’intégrer dans l’intrigue (elle fut remplacée par Je ne Savais pas). Mais à son grand bonheur, Alan Menken a pu la réintégrer dans sa version scénique.
Bonne nouvelle pour ceux que cela inquiétait (et Chronique Disney en faisait partie !), les paroles de l’adaptation française respecteront celles du doublage français du film. En effet, lors de l’adaptation du (Le) Roi Lion à Mogador, un choix étonnant avait été fait de retraduire les chansons sans tenir compte des paroles déjà écrites pour le dessin animé et déjà bien connues du public. La frustration a été immense et le public ne s'est toujours pas remis du refrain "j'veux super vite être roi" imposé à ce pauvre Simba... Les sept nouvelles chansons du Musical de La Belle et la Bête, quant à elles, seront adaptées et traduites par Nicolas Nebot (Mamma Mia) et le livret par Ludovic-Alexandre Vidal (L’Homme qui Rit, Le Prince et le Pauvre...)
Alan Menken parle ensuite des objets enchantés. Ils sont pour lui l’âme du spectacle ! Sans eux, ce ne serait qu' “une jeune fille et une bête qui dineraient ensemble, soir après soir”. D’après lui, ils sont ainsi un formidable artifice pour conduire l’histoire aussi bien dans le média “animation” que dans le média “théâtre musical”. Les objets enchantés sont les habitants du château qui ont été touchés par le même sort que la Bête. Au fur et à mesure que la rose perd ses pétales, ils se transforment d’avantage en objet et perdent leurs caractéristiques humaines. Les costumes évoluent dans ce sens en devenant de plus en plus rigides et figés. Le costume de Lumière, en particulier - que les invités de la soirée ont eu la chance d’admirer - a même la particularité de produire des flammes grâce à un procédé qui fut breveté à la création du spectacle à Broadway, en 1994 et constitue aujourd'hui une invention largement utilisée dans d’autres spectacles.
L’évènement presse s’est conclu par une belle surprise avec la présentation des deux rôles titres sur le spectacle : Manon Taris dans le rôle de Belle, et Yoni Amar dans le rôle de la Bête. Les deux sont déjà des professionnels de la comédie musicale, puisqu’ils ont déjà été choisis par Stage Entertainment France pour des rôles dans Sister Act. En plus d’être présenté sur scène, le duo a interprété, accompagné par Alan Menken au piano, la chanson phare du spectacle : Histoire Eternelle. Un vrai moment de magie partagé avec le public.
Chronique Disney est ressorti de l'évènement presse avec des étoiles plein les yeux et une seule hâte : découvrir le spectacle sur scène dans quelques mois. Rendez-vous cet automne !