Le Festin
Titre original : Feast Production : Walt Disney Animation Studios Date de sortie USA : Le 10 juin 2014 (Festival du Film d'Animation d'Annecy) Le 7 novembre 2014 Série : Genre : Animation 2D / Animation 3D 3-D |
Réalisation : Patrick Osborne Durée : 7 minutes |
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis : |
Le synopsis
La vie amoureuse d'un jeune homme défile au travers du regard de son chien, qui n'attend, lui, qu'une seule chose : que son maître lui fasse gouter un peu de son assiette, histoire d’échapper à ses habituelles croquettes... |
La critique
Décidément, avec Paperman en 2012 qui a gagné l'Oscar du Meilleur Court-Métrage et À Cheval ! en 2013 nommé pour l'Oscar du Meilleur Court-Métrage, les Walt Disney Animation Studios sont dans une période de grande forme dans leur programme de courts-métrages. Avec Le Festin, ils confirment en effet l'essai grâce à un cartoon aussi charmant, attachant que superbe. Et bonne nouvelle, il entérine la mise en place d'un programme spécifique de courts-métrages au sein du label d'animation historique de Mickey. Il faut dire que depuis l'arrivée de John Lasseter et la production de Comment Brancher son Home Cinéma en 2007, les cartoons sont devenus presque systématiques tous les ans au sein des Walt Disney Animation Studios, pour le plus grand plaisir des spectateurs, mais moins des exploitants, notamment français, qui se font toujours un malin plaisir de zapper l'avant-programme afin d'optimiser le rythme de séances de leurs cinémas. John Lasseter a donc décidé de formaliser le tout en mettant en place un véritable programme de cartoons où chaque collaborateur peut proposer jusqu'à trois idées de courts-métrages. Le Festin est donc le tout premier né à la suite de ce nouveau processus créatif.
Le Festin est réalisé par Patrick Osborne. Il débute sa carrière dans l'animation d'effets spéciaux notamment sur le film Disney, Le Monde de Narnia - Chapitre 1 : Le Lion, la Sorcière Blanche et l'Armoire Magique. Il rentre alors chez les Walt Disney Animation Studios en 2008 où il travaille en qualité d'animateur sur Volt, Star Malgré Lui, Lutins d'Élite : Mission Noël, Raiponce, Lutins d'Élite : Opération Secret du Père Noël et Les Mondes de Ralph. Il devient ensuite superviseur de l'animation sur Paperman ; Le Festin marquant pour lui une prise de galon puisqu'il s'agit là, de sa toute première réalisation.
L'idée du cartoon est venue à Patrick Osborne alors qu'il regardait l'un de ses albums de photos fait par l'intermédiaire d'une des applications de son smartphone. Dans l'un d'eux, il avait, en effet, choisi pour thème de prendre, pendant deux ans, des clichés de ses repas. Les voir défiler aussi rapidement lui a immédiatement donné l'envie d'un film qui raconterait la vie d'un personnage via les plats qu'il ingurgite. Mais le projet n'est pas encore clair : l'angle narratif reste encore à trouver. L'étincelle se produit bientôt quand il pense à un chien qui quémande de la nourriture à son maître qui finit par céder et lui fait prendre de mauvaises habitudes. Mais voilà, le maître rencontre l'amour… Et ce qui va bouleverser la vie de l'humain change aussi celle de son chien, à commencer par ses habitudes alimentaires. Le Festin surprend ainsi son monde par le sentiment de vécu qui s'en dégage. Chaque propriétaire de chien ou de chat connait, en effet, le moment où son animal le regarde manger en espérant en obtenir des parts, comme autant de récompenses. Dès lors, l'autre grande idée du cartoon est d'inverser le processus de narration : la vie du maître est, il est vrai, racontée via le point de vue du chien, rendant l'ensemble absolument charmant. Alors, certes, le tout est exagéré - en particulier la façon de nourrir un animal de façon si mauvaise pour lui - mais le court-métrage n'en reste pas moins une ode à l'alimentation équilibrée démontrant s'il en était besoin que les menus sont liés à la qualité de l'hygiène de vie. Entre le célibataire avachi devant la télé avec une pizza, et le couple qui se fait correctement à manger, ce sont bien des façons fort différentes de se nourrir qui défilent devant les yeux du spectateur, le tout en se focalisant sur un petit chien si trognon.
Techniquement, Le Festin essaye de se démarquer, lui aussi, du style habituel des films d'animation CGI. Comme Paperman, il tente, en effet, de sortir des sentiers battus. Toutefois, il ne s'agit pas ici de recouvrir de la 3D par de la 2D. Les formes sont, il est vrai, directement aplaties tandis que les rendus sont simples ; la 3D servant à apporter la profondeur. Le logiciel ayant servi à Paperman et utilisant un système de lignes vectorielles a ainsi été réemployé mais de façon plus légère dans la mesure où Le Festin est bâti plutôt sur des formes. Par contre, et toujours par rapport à Paperman, l'utilisation des couleurs et de la lumière a été fortement renforcée ; les détails y sont ainsi bien plus importants. De plus, le cartoon donne l'impression d'être une suite de concept-arts filmés oubliant la ligne extérieure et privilégiant la forme et la couleur.
Visuellement superbe et très immersif, Le Festin est aussi un cartoon charmant dans son propos. Un autre petit bijou sorti tout droit des Walt Disney Animation Studios en plein âge d'or.