Robert Fitzpatrick
Date de naissance :
Le 18 mai 1940
Lieu de Naissance :
Toronto, dans l’Ontario, au Canada
Date de Décès :
Le 30 septembre 2024
Lieu de Décès :
New York, dans l’État de New York, aux États-Unis
Nationalité :
Américaine
Profession :
Dirigeant

La biographie

rédigée par
Modifié le 12 octobre 2024

Devenu aujourd’hui incontournable, Disneyland Paris doit notamment son succès et son identité à ses pères fondateurs. Parmi eux, figure Robert Fitzpatrick, grand amoureux des arts et premier président de la destination.


Robert Fitzpatrick, Mickey, Michael Eisner et Roy E. Disney

Robert Fitzpatrick voit le jour le 18 mai 1940 à Toronto, au sud-est du Canada. Né au sein d’une famille aux origines irlandaises, il a douze ans lorsque ses parents s’installent dans le sud des États-Unis. Développant une passion pour l’art, mais aussi pour la France, sa langue et sa culture, il poursuit ses études avant d’obtenir un poste de professeur assistant de français à l’Université du Maine. Il est ensuite engagé comme professeur de littérature française médiévale à l’Université John-Hopkins où il sert également en tant que doyen des étudiants. Lui-même marié à une française, Sylvie, avec qui il donne naissance à trois enfants, Joël, Michael et Claire, il devient en outre en 1971 le plus jeune conseiller municipal de la ville de Baltimore en récupérant le siège de Clement J. Prucha. Un temps conseiller de l’ancien sénateur du Minnesota Eugene McCarthy ainsi que du sénateur du Maine et futur secrétaire d’État Edmund Muskie, Robert Fitzpatrick figure dès 1974 parmi les personnalités les plus prometteuses des États-Unis citées par Time Magazine.


CalArts, Valencia

En 1975, Robert Fitzpatrick succède à Robert W. Corrigan à la présidence du California Institute of the Arts (CalArts), la grande école d’art fondée à Los Angeles en 1961 par Walt Disney et son frère Roy avec le soutien de Nelbert Chouinard, la directrice de l’Institut Chouinard, et Lulu May Von Hagen, la responsable du Conservatoire de la ville. Inauguré en 1971 sur les hauteurs de Valencia, l’établissement connaît alors quelques tourments. La banqueroute est proche. Pour remettre l’institution sur pied, Fitzpatrick réunit autour de lui certains des plus grands responsables hollywoodiens. Parmi eux, il se rapproche ainsi de Barry Diller et de Michael Eisner, les tout nouveaux président et directeur général du studio Paramount Pictures qui le rejoignent au conseil d’administration. Il instaure également un rapprochement entre les cadres de l’école et les étudiants. Lui-même jouit immédiatement d’une belle popularité née de sa proximité avec chacune des personnes travaillant autour de lui et à qui il demande de l’appeler par son prénom, une tradition que Walt Disney avait jadis instaurée dans ses propres studios. Enfin, Robert Fitzpatrick fait en sorte de connecter l’école avec l’extérieur en nouant des partenariats avec les galeries d’art de la région afin d’offrir aux élèves l’opportunité d’exposer leurs œuvres. Invités à donner des cours, les galeristes Nick Wilder, James Corcoran, Irving Blum et Riko Mizuno deviennent ainsi des soutiens précieux.


Robert Fitzpatrick, Fin des années 1970

Permettant à l’Institut CalArts de reprendre des couleurs, de la gaîté et surtout du prestige, Robert Fitzpatrick devient l’un des piliers du monde de l’art qu’il met à l’honneur en 1984 avec la création de l’Olympic Arts Festival de Los Angeles, une gigantesque manifestation culturelle organisée en parallèle des Jeux olympiques. Pour mener à bien ce projet, il décroche son téléphone pour consulter les plus fins connaisseurs du monde des arts et obtenir auprès d’eux les noms des plus grands artistes du moment. Du 1er juin au 12 août, pendant dix semaines, plus de quatre-cents performances sont ainsi imaginées par cent-quarante-six compagnies et écoles de théâtre, d’art, de musique et de danse venues du monde entier. Des dizaines d’expositions et de concerts sont également mises sur pied dans certains des hauts-lieux de la ville, à l’image du mythique Hollywood Bowl où le public assiste à une recréation du (Le) Messie, l’oratorio de Georg Haendel, tel qu’il fut joué en 1784 au sein de l’Abbaye de Westminster de Londres. La réussite de l’événement est finalement telle qu’elle donne naissance au Los Angeles Festival dont Fitzpatrick est le fondateur et le premier directeur.


Robert Fitzpatrick et Olivier Stirn, 1988

Fort d’une solide réputation dans le monde de l’art et du divertissement, Robert Fitzpatrick voit sa carrière prendre un nouveau tournant en 1987. Nommé directeur général de Walt Disney Productions le 22 septembre 1984, son ami Michael Eisner fait en effet appel à lui pour prendre les rênes d’Euro Disney, le quatrième resort de la compagnie dont la construction débute dans la campagne de l’est parisien. Mécène et protecteur des arts maniant parfaitement la langue de Molière, Fitzpatrick semble être la personne la plus indiquée pour le poste. Il accepte donc de relever le défi. C’est non sans émotion qu’il cède par conséquent son poste de président de CalArts à Steven Lavine après treize ans de bons et loyaux services. « C’est difficile de quitter un endroit où, durant treize années, j’ai été positivement surpris », déclare-t-il dans son discours d’adieu, « Je suis passé par les toilettes ce matin et quelqu’un était assis-là, à jouer de la flûte. Je peux vous garantir qu’il y a une sacrée acoustique là-dedans ! Ensuite, j’ai marché un peu et j’ai vu deux ou trois étudiants qui travaillaient une danse dans le couloir. La capacité de se surprendre et de se faire plaisir est la raison d’être de cet endroit. Vous êtes une communauté incroyable ! ».


Philippe Bourguignon, John Forsgren, Robert Fitzpatrick, James Cora et
Fred Benskenstein sur le chantier de Big Thunder Mountain à Disneyland Paris, 1990

Désormais à la tête d’Euro Disney, Robert Fitzpatrick envisage ce projet comme une formidable opportunité de réunir nombre d’esprits créatifs afin de mettre en lumière la culture européenne. Cent-quatre-vingt entreprises sont ainsi mobilisées et vingt-deux milliards de francs dépensés pour édifier Euro Disney Resort (actuel Disneyland Paris), et son Parc, Euro Disneyland (actuel Parc Disneyland) qui, s’il est inspiré du Disneyland originel créé en 1955 par Walt Disney, possède une âme et une identité toutes particulières grâce à l'entremise de Fitzpatrick et de ses collaborateurs, Marty Sklar, James Cora, ou bien encore Tony Baxter. « Ma plus grande crainte, désormais », déclare Fitzpatrick aux journalistes, « c’est que nous rencontrions un trop grand succès ».


Steve Lwelling, Robert Fitzpatrick et James Cora

Très sollicité par la presse française qui observe avec circonspection et parfois du dédain la construction du Parc, Robert Fitzpatrick décide en février 1991 de rebaptiser la société Euro Disneyland SCA en Euro Disney SCA. Pour rassurer les investisseurs et accroître l’impatience du public, il assiste, le 12 octobre 1991, à l’événement Rendez-Vous au Château durant lequel le Château de la Belle au Bois Dormant est dévoilé en présence de Michael Eisner, Roy E. Disney, Philippe Bourguignon (alors responsable du développement immobilier de The Walt Disney Company en Europe) et de Sabine Marcon, la première ambassadrice du Resort. Deux-mille invités et mille journalistes sont également conviés.


Robert Fitzpatrick interrogé par le journaliste de FR3 Patrick Boitet, avril 1991

Robert Fitzpatrick se charge par ailleurs d’apporter la contradiction aux arguments des médisants et autres sceptiques qui prédisent l’invasion de la France et l’écrasement de sa culture par les terrifiants et incultes États-Unis, à l’image d’Ariane Mnouchkine qui parle déjà de « Tchernobyl culturel », de l’historien Max Gallo qui évoque « le symbole de l’échec culturel européen », ou de l’essayiste Jacques Julliard qui appelle à « mettre le feu à Disneyland ». Dans l’article Euro Disney : Une Menace d’Invasion Culturelle ? publié dans les colonnes du (Le) Figaro le 9 avril 1992, il répond alors avec sarcasme : « Je suis pervers : j’adore la France ! Selon vous, si on aime ceci, on ne doit pas aimer cela. C’est ridicule ! Mes enfants vont à l’Opéra Bastille ou aux spectacles d’Ariane Mnouchkine. Mais ils se rendent aussi dans les concerts de rock et adorent les parcs Disney pour s’amuser. Je ne vois pas la contradiction ». Fitzpatrick conspue en outre le « rétrécissement moral de la France ». Il moque enfin ceux qui critiquent Mickey tout en ne se privant pas « de lui demander des places en douce » !


Article du (Le) Figaro du 9 avril 1992

Le 12 avril 1992, soit un peu moins de quatre ans après le premier coup de pioche donné le 2 août 1988, Robert Fitzpatrick est présent à 9h01 aux côtés de Michael Eisner et de l’ambassadrice Sabine Marcon pour inaugurer le Parc. La veille au soir, tous les trois étaient déjà réunis lors de la soirée exceptionnelle retransmise en direct à la télévision dans l’émission Euro Disney - L'Ouverture. « Euro Disneyland est le plus beau Parc jamais créé », affirme Fitzpatrick avant de remercier les ouvriers du chantier et les quatorze-mille Cast Members. Si les caméras de télévision et le public sont au rendez-vous, ce qui est alors le plus grand Resort Disney jamais construit connaît malgré tout des débuts difficiles. Si la destination demeure prestigieuse, l’affluence n’est pas à la hauteur des espérances. Les hôtels peinent à faire le plein. Les pertes financières sont énormes. Les comptes virent rapidement dans le rouge. Pouvant se vanter de ne pas avoir dépassé le budget qui lui était alloué pour la construction, Robert Fitzpatrick tente dès lors de convaincre Michael Eisner de revenir sur certains carcans, notamment la vente d’alcool, totalement interdite. Cette demande reste néanmoins vaine. Il obtient malgré tout la baisse des tarifs dans les hôtels. À sa demande, le projet de Parc Disney-MGM Studios Europe est pour l’heure suspendu afin de concentrer les investissements supplémentaires à la construction prochaine de nouvelles attractions, Legends of the Wild West, Les Pirouettes du Vieux Moulin et Indiana Jones et le Temple du Péril.


Robert Fitzpatrick, Michael Eisner et Roy E. Disney

En 1993, Robert Fitzpatrick passe la main à Philippe Bourguignon à la tête d’Euro Disney Resort. Après avoir un temps dirigé sa propre société de conseil à Paris, il rentre aux États-Unis en 1995 et rejoint le 1er juillet les équipes de l’Université Columbia où il devient le doyen de la School of the Arts. « Robert Fitzpatrick est exactement le dirigeant que nous recherchions », déclare George Rupp, le président de l’école, « C’est un bâtisseur et il ne recule pas face aux défis créatifs. C’est une opportunité incroyable pour l’Université de placer les arts au cœur du campus et de les relier plus directement à notre communauté dans son ensemble ». « Il n’y a probablement aucune autre opportunité qui m’aurait fait quitter Paris – un endroit où la culture est si centrale dans la vie de la nation », déclare pour sa part Fitzpatrick, « S’il existe un endroit où les arts peuvent et doivent être protégés, c’est bien une université aussi distinguée que Columbia, dans une ville comme New York, seul endroit au monde où la culture du passé coexiste avec la création du monde moderne ».

Trois ans plus tard, en 1998, Robert Fitzpatrick est sollicité pour la place de président et directeur du Musée d’Art Contemporain de Chicago. Ce poste lui avait déjà été proposé dès le début des années 1990. À présent, la situation est au plus mal. Le départ de l’ancien directeur Kevin Consey et le limogeage de nombreux autres cadres ont fragilisé la tête de l’institution. Le conseil d’administration est lui-même réputé pour son intransigeance et ses débats musclés. « J’aime bien me livrer à des choses dont je ne connais pour l’instant rien du tout », ironise Fitzpatrick face à la presse. Devant passer un entretien comme les trente autres candidats au poste, et malgré le fait qu’il n’ait jamais exercé ce type de fonction, il est finalement élu à l’unanimité. Parmi ses premières décisions, il décide de rapprocher le Musée des galeristes locaux et d’exposer les œuvres d’artistes originaires du monde entier tels que Marian Goodman, Thomas Struth, William Kentridge et Tino Sehgal. Lui-même part régulièrement à la recherche de nouveaux virtuoses en écumant les galeries à New York, Londres, Paris… Grâce à sa gestion, le musée est distingué par un Arts Presenters/Metlife Foundation Award récompensant sa politique d’ouverture culturelle et artistique au plus grand nombre.


Musée d’Art Contemporain de Chicago

Ayant dès le départ annoncé que son mandat ne durerait que dix ans, Robert Fitzpatrick quitte le Musée d’Art Contemporain de Chicago en février 2008. Il est alors celui qui est resté le plus longtemps à la tête de l’institution. Âgé de soixante-huit ans, la retraite n’est cependant pas à l’ordre du jour. Il devient en effet le directeur général de la galerie Haunch of Venison fraîchement inaugurée à New York, au sein du Rockefeller Center. Ce nouveau travail n’est une fois encore pas de tout repos. Si la maison-mère, Christie’s, basée à Londres, est une salle de ventes aux enchères renommée, elle ne profite pas d’une bonne réputation dans les milieux artistiques. Pour marquer les esprits, Fitzpatrick organise donc une première exposition consacrée à l’expressionnisme abstrait sous l’égide du commissaire David Anfam.


Robert Fitzpatrick et Ravi Rajan, nommé président de CalArts le 12 octobre 2017

Robert Fitzpatrick fait le choix de se retirer des affaires en mars 2009. Reconnu comme une personnalité de premier ordre dans le domaine de l’art aux États-Unis, il participe en avril 2023 à la grande soirée organisée pour le cinquantième anniversaire de la fondation de CalArts. À cette occasion, il est couronné d'un prix honorifique (Alumni Award) remis par les étudiants d'hier et d'aujourd'hui. Dans le Parc Disneyland, si cher à son cœur, une fenêtre de la boutique Emporium rend hommage à sa grande classe et à son élégance avec la mention : « Fitzpatrick's - Fine Tailoring ».

Robert Fitzpatrick s'est éteint le 30 septembre 2024 à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Sa disparition est annoncée par son épouse, Sylvie, qui écrit : « Je tiens à vous faire savoir que mon cher mari, Bob, est décédé ce matin. Il a vécu une vie bien remplie et haute en couleur, digne de plusieurs volumes, et nous a quittés en paix sans aucune douleur. Il vous aimait tous. Repose en paix, cher Bob ».

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