Infamous Iron Man
Tome 1 : Rédemption

Éditeur :
Panini Comics
Date de publication France :
Le 07 novembre 2018
Collection :
Marvel NOW!
Auteur(s) :
Brian M. Bendis (Scénariste)
Alex Maleev (Dessinateur)
Nombre de pages :
123

Le sommaire

• Introduction
• Infamous Iron Man 1 (Infamous Iron Man #1) (2016)
• Infamous Iron Man 2 (Infamous Iron Man #2) (2016)
• Infamous Iron Man 3 (Infamous Iron Man #3) (2016)
• Infamous Iron Man 4 (Infamous Iron Man #4) (2017)
• Infamous Iron Man 5 (Infamous Iron Man #5) (2017)
• Infamous Iron Man 6 (Infamous Iron Man #6) (2017)
• Galerie de couvertures
• Dans la même collection

La critique

rédigée par
Publiée le 21 septembre 2024

Suite aux événements du crossover Civil War II publié entre juin 2016 et janvier 2017, l’Univers Marvel est totalement chamboulé. Lorsqu’un nouvel inhumain, Ulysse Cain, apparaît au grand jour, les super-héros se divisent en effet sur la manière d’utiliser ses pouvoirs. Carol Danvers/Captain Marvel pense qu’il faut absolument profiter de sa capacité à prévoir l’avenir pour arrêter les criminels avant que ces derniers n’agissent. Tony Stark/Iron Man reste en revanche persuadé que punir un crime qui n’a pas eu lieu est contraire à toute forme de morale et de justice. La communauté super-héroïque se divise alors. Captain America, War Machine, Spider-Man, Vision, le Soldat de l’Hiver, Miss Hulk, Œil-de-Faucon ou Ant-Man rejoignent Captain Marvel. Faucon, Black Panther, Star-Lord, Black Widow, Luke Cage, Daredevil ou bien encore Deadpool décident quant à eux de se ranger derrière Iron Man...

Les morts de War Machine et de Miss Hulk, tués après avoir utilisé le pouvoir d’Ulysse pour combattre Thanos, ne tardent pas à exacerber les tensions. Une autre vision de l’Inhumain est à l’origine de la mort d’Hulk, tué par Œil-de-Faucon. Un autre présage montre Miles Morales assassinant Steve Rogers devant le Capitole. Une énième prédiction annonce la destruction du monde par la faute d’Iron Man. L’affrontement entre les deux camps ne cesse de croître. Iron Man est finalement laissé pour mort par Captain Marvel qui reçoit bientôt les pleins pouvoirs de la part du Président des États-Unis afin de contrôler dans le futur les autres super-héros…

La disparition soudaine d’Iron Man ne manque pas de laisser un grand vide que certains, alliés ou ennemis, tentent immédiatement de combler. Parmi eux, figure notamment la jeune Riri Williams. Apparue pour la première fois en mai 2016 dans Invincible Iron Man Vol. 2 #7, l’étudiante en ingénierie de quinze ans parvient à créer une armure semblable à celle de Tony Stark à partir de matériel volé sur le campus du MIT. Lorsque ce dernier est neutralisé par Captain Marvel, Riri fait le choix de préserver son héritage. Indirectement aidée par Stark qui a transféré sa conscience dans une Intelligence Artificielle, elle devient alors Ironheart. Après ses victoires contre Armadillo et Techno Golem, elle est approchée par le S.H.I.E.L.D. qui lui confie la mission d’intervenir en Latvérie pour renverser la première ministre terroriste Lucia von Bardas. Victorieuse, Riri s’auto-proclame souveraine du pays. Parvenant à négocier la paix avec le S.H.I.E.L.D., elle abdique finalement et aide à l’organisation des premières élections libres.

Un autre personnage prend également sur lui de succéder à Tony Stark dans le costume d’Iron Man, Victor Von Fatalis. Scientifique mégalomane imaginé par Stan Lee et Jack Kirby en juillet 1962 dans Fantastic Four #5, il est l’ennemi principal des Quatre Fantastiques. Confronté dès l’enfance aux autorités de Latvérie qui traquent ses parents, le guérisseur gitan Werner Von Fatalis et la sorcière Cynthia Von Fatalis, Victor parvient à quitter son pays à l’adolescence grâce à l’aide d’un mécène qui lui offre de poursuivre ses études aux États-Unis. Dans sa promotion, il croise d’autres prodiges de la science tels que Red Richard et Ben Grimm qui, s’ils admirent son talent, désapprouvent son caractère hautain et méprisant. Esprit brillant, Von Fatalis consacre une large partie de ses efforts à construire un appareil lui permettant de communiquer avec feue sa mère dont l’âme a été capturée par Méphisto. Un dérèglement provoque toutefois l’explosion de la machine.

Défiguré, Victor est chassé de l’université. Imaginant à tort que Richards est à l’origine de son infortune, il s’exile au Tibet où il apprend la sorcellerie. S’équipant d’une armure, il devient le Docteur Fatalis et prend les rênes de la Latvérie. Monarque aussi craint que respecté par ses sujets, sa vie ne tourne dès lors plus qu’autour de trois buts : conquérir le monde, sauver sa mère de l’Enfer et se venger de Red Richards désormais à la tête des Quatre Fantastiques. Mis en déroute lors des événements de Secret Wars (2015-2016), Fatalis est réhabilité par Richards qui répare son visage et change son caractère. Devenu un autre homme, il se range dès lors du côté de ceux qui combattent le crime mais éprouve les plus grandes difficultés à convaincre les héros de sa bonne foi, et ce malgré le fait qu’il a sauvé Tony Stark à plusieurs reprises. Lorsque ce dernier est défait par Captain Marvel à la fin de Civil War II, Victor Von Fatalis décide de devenir le nouvel Iron Man.

Cette idée d’assurer la succession d’Iron Man, tantôt avec Riri Williams, tantôt avec Fatalis, germe dans l’esprit de Brian Michael Bendis, le scénariste de Civil War II et cocréateur d’Ironheart. Originaire de Cleveland où il voit le jour le 18 août 1967, l’artiste débute sa carrière en tant qu’indépendant avant d’être repéré par les studios de Todd McFarlane. Rapidement engagé par Marvel avec qui il signe un contrat d’exclusivité, il devient l’un des piliers de la maison d’édition en associant son nom à des dizaines de séries parmi lesquelles Alias dans laquelle il crée le personnage de Jessica Jones (2001-2004), Ultimate Spider-Man qui compte pas moins de deux-cents épisodes (2000-2011), Daredevil (2003), Secret War, Avengers Disassembled (2004-2005), House of M (2005), Secret Invasion (2009) ou encore Invincible Iron Man (2022). Couronné par de nombreux Eisner Awards, les Oscars de la bande dessinée, Bendis quitte finalement Marvel à la fin de l'année 2017 pour rejoindre les rangs de DC Comics où il travaille sur les séries Actions Comics (2018) et Clark Kent : Superman (2021).

Pour la mini-série Infamous Iron Man, Brian Michael Bendis fait équipe avec le dessinateur Alex Maleev. Né en 1971 à Sofia, en Bulgarie, il débute dans son pays natal avec les albums Godan et Carthel of Dead publiés en 1991 et 1992. Quittant l’Europe pour les États-Unis en 1995, il travaille un temps sur la série The Crow (1996) avant d’être embauché par DC Comics. Remportant un beau succès avec Batman : No Man’s Land (1999), il fait bientôt équipe avec Bendis sur Sam & Twitch (1999-2003), Daredevil (2003), Halo : Uprising (2007-2009), Mighty Avengers (2007-2010), Spider-Woman (2009-2010), Scarlet (2010-2016), Moon Knight (2011) et International Iron Man (2018). Primé aux Eisner Awards, Maleev illustre par ailleurs Secret Avengers (2010-2012), Superman vs. Predator (2000) ou bien encore Batman : The Dark Knight #2 (2014).

Scénarisé par Bendis et dessiné par Maleev, Infamous Iron Man – Tome 1 : Rédemption débute par un mystérieux conciliabule entre un groupe de méchants. Réunis autour de la table, Fatalis, Namor, Emma Frost, Hood et Loki attendent l’arrivée de Norman Osborn qui se fait attendre. Rapidement, la discussion dégénère. Fatalis se débarrasse de Hood qui, avec insistance, cherche à en apprendre plus sur la disparition de sa mère et sa lutte contre Méphisto afin de récupérer l'âme de cette dernière. Montrant le caractère tyrannique de l’ancien souverain de Latvérie qui, par le passé, faisait régner la terreur, la scène tranche littéralement avec l’instant suivant. De retour dans le présent, le lecteur retrouve en effet Fatalis au moment où celui-ci vient en aide à Maria Hill, la directrice du S.H.I.E.L.D. séquestrée par Diablo. Le docteur investit ensuite clandestinement le laboratoire de Tony Stark. Confronté à l’Intelligence Artificielle du défunt milliardaire, il lui annonce alors prendre le flambeau pour devenir le nouvel Iron Man.

Doté d’une armure argentée dissimulée sous son célèbre capuchon vert, Victor Von Fatalis semble désormais rangé du côté des héros. Il tente en tout cas de le prouver chaque jour en combattant ses anciens partenaires de crimes, au premier rang desquels le Penseur Fou, éliminé à La Paz, en Bolivie. Si cette rédemption inquiète sérieusement les méchants qui tentent de faire front, elle ne tarde pas à questionner les proches de Tony Stark, en particulier son ancienne petite amie, Amara Pereira. Elle interroge également les membres du S.H.I.E.L.D., à commencer par Maria Hill, sauvée des griffes de Diablo, et surtout Ben Grimm, alias la Chose, ancien membre des Quatre Fantastiques qui, après avoir un temps rejoint les Gardiens de la Galaxie, travaille désormais pour l’Agence de renseignement.

L’intérêt d’Infamous : Iron Man – Tome 1 : Rédemption réside essentiellement dans ce dilemme auquel sont confrontés les personnages. Après avoir commis les pires crimes, Victor Von Fatalis a-t-il réellement changé ? Ou bien cherche-t-il une fois encore à tromper son monde afin d’assouvir ses sombres desseins ? Cette idée de la rédemption et de la représentation d’un méchant cherchant à devenir gentil n’est pas nouvelle en soi. Chez DC Comics, Batman : White Knight de Sean Murphy (2017-2018) a notamment utilisé le concept avec un Joker guéri de sa folie et cherchant à se racheter. Ici, Brian Michael Bendis reprend le même postulat avec l’un des plus grands super-méchants de l’écurie Marvel. Il met ainsi en scène Fatalis qui, à plusieurs reprises, tente d’expliquer son évolution. Arrivé au sommet de sa puissance après être parvenu à conquérir le monde, il n’en a finalement tiré aucune fierté. Après réflexion, il en a alors conclu que sa satisfaction personnelle ne pourrait survenir qu’à condition d’aller à contre-courant de ses plans en cessant de faire le mal pour privilégier le bien.

Si les motivations de Fatalis semblent louables, Brian Michael Bendis s’amuse toutefois à brouiller les pistes. En débutant son histoire avec ce qui s’apparente à un flash-back, il rappelle tout d’abord la dangerosité de son héros qui, contrarié, élimine sans ménagement Hood. Mais dès les pages suivantes, Bendis le met cette fois en scène en train de sauver Maria Hill qui, par le passé, compta pourtant parmi ses ennemis. Le lecteur ne peut par conséquent qu’être déconcerté en se retrouvant face aux mêmes questions que celles que se posent les différents protagonistes. Si Fatalis répète à l’envi son ambition de devenir quelqu’un de bien, ses actes jouent d’ailleurs parfois contre lui. Il refuse en particulier de se plier aux exigences du S.H.I.E.L.D. et s’amuse à filer entre les doigts de ses agents. Sa manière d’éliminer ses anciens partenaires de crime témoigne par ailleurs d’une extrême violence, à mille lieues du calme olympien que le personnage cherche à afficher. Ce sont d’ailleurs ses actes qui interpellent et interrogent la Chose. Après avoir lutté durant des années contre le docteur Fatalis, celui-ci est incapable de croire que son ancien némésis a pu changer aussi radicalement. Il mène alors l’enquête avec plus ou moins de doigté.

Grâce au personnage de la Chose, le récit de Bendis alterne intelligemment entre des instants de suspense rappelant les meilleurs films noirs, des moments de comédie pure – comme la visite de la Chose à l’ambassade de Latvérie – et des scènes de combats épiques. S’agissant de Fatalis, la magie noire s’empare également de l’histoire. Avec habileté, Bendis réussit en outre à tenir son lecteur en haleine en introduisant au fur et à mesure de l’intrigue des personnages plus ou moins connus et surtout parfois totalement inattendus. La fin des parties 2 et 5, très énigmatiques, sont en particulier des cliffhangers bien pensés qui ne peuvent que motiver chacun à poursuivre sa lecture jusqu'au bout.

Intelligent, le script est brillamment illustré par Alex Maleev. Les représentations de la Latvérie sont notamment très réussies. Le dessin des personnages est lui aussi parfaitement maîtrisé. Cette idée de montrer l’armure argentée de Fatalis cachée sous sa traditionnelle cape verte fait en particulier partie des très bonnes idées. L’usage des couleurs, fruits du travail de Matt Hollingsworth, rehausse encore le travail de Maleev en permettant de se plonger facilement au sein des différentes ambiances de l’histoire, entre passages sombres et moments de magie pure. Le lecteur appréciera enfin les deux très belles pages crayonnées utilisées pour illustrer les états d’âme de Fatalis qui explique son choix d’abandonner le crime pour se consacrer à une vie de protecteur.

Fort d’une intrigue palpitante et de personnages très réussis, tant au niveau de l’écriture que du dessin, Infamous Iron Man – Tome 1 : Rédemption s’apparente au final à une très bonne lecture. Les plus avertis ne bouderont pas leur plaisir de suivre l’évolution de l’un des plus grands méchants de Marvel. Même s’ils auront sans doute besoin de certaines clés de lectures pour comprendre l’ensemble des enjeux, les néophytes apprécieront eux-mêmes de découvrir une histoire qui, peut-être un jour, pourrait donner lieu à une exceptionnelle transposition sur grand écran.

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