House of M
Éditeur : Panini Comics Date de publication France : Le 27 novembre 2019 Collection : Marvel Deluxe |
Auteur(s) : Brian Micheal Bendis (Scénariste) Olivier Coipel (Dessinateur) Nombre de pages : 232 |
Le sommaire
• House of M #1 (2005) • House of M #2 (2005) • House of M #3 (2005) • House of M #4 (2005) • House of M #5 (2005) • House of M #6 (2005) • House of M #7 (2005) • House of M #8 (2005) • The Pulse : House of M Special (2005) |
La critique
House of M est un comics publié par Panini Comics en novembre 2019 dans la collection Marvel Deluxe. L'album contient les numéros 1 à 8 de l'event House of M formant l'intégralité de la saga House of M écrite par Brian Michael Bendis, dessinée par Olivier Coipel, parue en 2005.
Les événements se passant pendant l’event House of M sont la suite directe du début de run de Bendis sur les Avengers et notamment de la saga Vengeurs : La Séparation. Pour créer son histoire et remettre les Avengers sur le devant de la scène, Bendis commence, en effet, par détruire l’équipe en la mettant devant une menace considérable : l’un de ses membre les plus puissants ! Wanda Maximoff, la Sorcière Rouge, fille de Magnéto et soeur de Pietro Maximoff alias Vif Argent, maîtrise, il est vrai, un pouvoir à la fois tiré de son ascendance mutante et de la magie : la possibilité de jouer sur les probabilités et de réécrire l’histoire. Durant cette saga, Wanda connaît ainsi une dépression sévère, allant jusqu’à tuer plusieurs Vengeurs ! Seule l’intervention du Docteur Strange permettra de mettre fin à cette tragique histoire, en plaçant la Sorcière dans un coma profond. Magnéto réclame alors sa fille, promettant de prendre soin d’elle sur l'île de Génosha et d'essayer de réparer son esprit malade avec l’aide de Charles Xavier. Ces événements font que Tony Stark décide de mettre fin à l’équipe des Vengeurs. Mais le monde ne peut décidément pas survivre sans ses plus grand protecteurs : une nouvelle équipe se forme donc de nouveau dans la série New Avengers pour contrer une tentative d’évasion massive du Raft, la prison pour supers criminels. Elle est composée de Captain America, Wolverine, Spider-Man, Sentry, Iron Man, Spider-Woman et Luke Cage.
L'histoire commence ainsi sur Génosha et l'incapacité de Charles Xavier d'aider Wanda. L'étendue de ses pouvoirs ainsi que les événements récents poussent le télépathe à organiser une réunion à New York entre les anciens co-équipiers de la Sorcière. X-Men et Vengeurs sont alors perdus et tiraillés devant la décision à prendre. Pour certains, elle est simple : le danger est trop important et les essais étant infructueux jusqu'à maintenant, la menace doit être éliminée. D'autres refusent de tuer de sang froid leur ancienne alliée et amie. Après un débat houleux, les héros décident de se rendre sur l'île qui abrite Magnéto et ses enfants pour prendre une décision finale sur le sort qui sera réservé à la principale intéressée. Malheureusement lorsqu’ils arrivent, il n'y a plus de traces ni de Maximoff ni de Magnéto. Les héros fouillent parmi les décombres de Génosha quand un flash lumineux les englobe.
Ils se réveillent au matin dans une réalité alternative où les mutants ne sont plus une minorité. Au contraire, ils ont pris l'ascendant sur l'Homo Sapiens et dominent le monde, avec à sa tête la Maison Magnéto. Mais il n'est pas le seul à voir ses vœux réalisés, les héros en général ont leurs existences métamorphosées pour le mieux. Spider-Man par exemple, est aimé de tout le monde, marié à Gwen Stacy et son oncle Ben n'est pas mort ! Aucun d'eux ne garde souvenir de leurs anciennes vies sauf Wolverine. Que va faire Logan face à ce changement ? L'accepter malgré l'aspect bénéfique pour les mutants ? Mais est-il seulement possible de revenir à l'ancienne réalité ?
Le récit d'House of M est une oeuvre de Brian Michael Bendis, scénariste né à Cleveland en 1967. Il commence dans le marché indépendant, scénarisant et dessinant lui-même ses premiers travaux. Il est vite repéré par les studios de Todd McFarlane puis, après une courte période, signe un contrat d'auteur exclusif chez Marvel. Il commencera par la co-création du label MAX, ligne éditoriale destinée à un public plus mature. Le comics Alias (contant l'histoire de Jessica Jones et servant de base à la série Jessica Jones de Netflix) fait partie de ce label. Il est l'auteur de la série Ultimate Spider-Man qui est la première de l'univers Ultimate, terre parallèle qui raconte l'avènement des super-héros mais dans une époque contemporaine aux années 2000. Il écrit la totalité de la série soit quasiment deux-cents épisodes ! Ses plus grandes qualités sont qu'il est un auteur très prolifique dont il n'est pas rare de pouvoir lire cinq de ses titres de lui par mois. Il aime, en outre, travailler sur le long terme et pouvoir développer les personnages dont il a le destin en mains. Il est LE scénariste de Marvel des années 2000 ayant en charge une partie de l'univers Ultimate, les Vengeurs et signant cinq des plus grands crossovers de cette période.
Olivier Coipel est, quant à lui, un artiste français en charge de la partie graphique de l'album. Il est sorti premier de sa promotion de la prestigieuse école de l’image Gobelins. Il débute ensuite sa carrière comme animateur dans le studio d’animation Amblimation puis travaille notamment pour Dreamworks sur Le Prince d’Égypte. Son parcours l’amène vivre d'abord à Londres puis à Los Angeles. Sa carrière dans le comics débute ainsi chez DC où il dessine la Légion des super-héros mais elle s'accélère réellement avec son arrivée chez Marvel, et son premier arc sur Avengers avec Geoff Johns à l’écriture. Quesada dit de lui qu’il fait partie des Marvel’s young gun, les nouveaux dessinateurs qui représentent l’avenir de la société. Cette liste contient, en plus d'Oliver Coipel, Jim Chemg, David Finch, Trevor Hairsine, Adi Granov, Steve McNiven. Il y a donc pas plus flatteur comme comparaison. Sa grande révélation au public se fait grâce à ses dessins sur House of M, le premier gros cross-over de Bendis après son arrivée sur les Vengeurs. Ensuite, lors de son passage sur Thor avec Stracz, il retravaille le design du personnage lui donnant un aspect plus massif et une tenue plus guerrière. Il est d’ailleurs crédité au générique du film Thor qui s’inspire directement de ses dessins. S'il retrouve le dieu du Tonnerre lors du cross-over Siège, il est également possible de le voir à l’oeuvre sur Spider-Man sur l’arc Spider-verse qui apporte de nombreuses réponses sur le run de Stracz. Enfin, il a également illustré le numéro 0 de Civil War II.
House of M est donc le deuxième cross-over de Bendis sur un titre Marvel et le troisième en comptant la saga Vengeurs : La séparation comme tel. Il en profite pour répondre justement à la plus grande interrogation qui restait à la fin de ce récit : qu'est-il advenu de la Sorcière Rouge ? Bendis est un grand conteur qui aime se focaliser sur la psychologie des personnages et les relations qu'ils entretiennent entre eux. Beaucoup de questions éthiques sont ainsi soulevées durant ce cross-over. La question de gérer les vilains qui possèdent des super pouvoirs a, en effet, toujours été épineuse. Elle est d'ailleurs à l'origine du rassemblement des New Avengers de Bendis, ceux-ci tentant d'empêcher une évasion massive de la prison du Raft, qui se situe au large de Manhattan sur une île ! Mais la problématique prend une autre dimension quand elle concerne l'un des plus vieux Avengers qui, avec des pouvoirs illimités, disjoncte. Il n'y a ici pas de super-vilain qui tire les ficelles ou qui manipule : ce que les héros doivent combattre, c'est juste une amie que les accidents de la vie ont poussé lentement vers une sévère dépression. La situation semble presque annonciatrice de problèmes à venir, sachant que l'un des nouveaux membres des Vengeurs est Sentry. Héros le plus puissant de l'univers Marvel, mais aussi atteint de schizophrènie.
Un autre problème se pose une fois arrivé dans la réalité alternative. Parker retrouve son amour de jeunesse avec qui il construit une famille. Wolverine a recouvré la mémoire et son histoire. Les mutants peuvent enfin vivre au grand jour sans être persécutés ou jugés pour leurs différences. Au delà de savoir si faire machine arrière est encore possible, est-ce vraiment bénéfique ? De prime abord, cette version de l'univers Marvel semble meilleure pour bon nombre de ses protagonistes. À part pour les humains “basiques", qui eux se retrouvent au bas de l'échelle sociale, sauf rares exceptions.
Coipel sublime le récit avec des dessins d'une grande qualité. Il n'est toutefois pas encore au sommet de son art, certains personnages étant construits sur la même base et donc difficilement différenciables par moment. Mais le lecteur sera comblé devant sa capacité à créer une dynamique à travers le découpage des cases et notamment une livraison d'un nombre impressionnant de double page.
Quelques bémols sont malheureusement à déplorer. Le récit est accessible à tous les lecteurs mais seuls les connaisseurs sauront vraiment apprécier les changements qu'apportent l'univers alternatif à des héros secondaires.
Le deuxième point faible vient de l’éditeur Panini. House of M est un cross-over majeur pour la maison des Idées du début des années 2000, et en tant que tel, de nombreux récits annexes (aussi appelé tie-in) pour approfondir l’univers nouvellement créé, ont été publiés. Se contenter de la lecture des seuls épisodes qui constituent la série principale est grandement préjudiciable, les tie-ins apportant une dimension nouvelle à de nombreux héros. Or, aucun des tie-ins n’a été republiés depuis sa sortie en kiosque ; c’est-à-dire avril 2006 !
House of M est un excellent récit de Bendis. Il démontre le talent qu’à le scénariste pour créer et développer un univers nouveau. Preuve en est le nombre de récits qui ont, depuis, été publiés retournant dans cette réalité alternative. Mais pas seulement ! La licence des X-Men et les mutants en règle général en est changée à jamais avec des répercussions pour les années qui suivront. L’occasion aussi d’assister au lancement de la carrière d’un Français qui livre ici des planches magnifique.
En résumé, House of M est un cross-over ultime ! Il livre une histoire mêlant, avec une justesse rare, connexions et relations entre les personnages, scènes de bataille dantesque, sans oublier une portée et un impact total sur l'univers Marvel, et des dessins magnifiés par un artiste qui n'est qu'au début de sa carrière. Ne manque alors plus qu'une réédition avec quelques uns des tie-ins les plus importants pour atteindre la perfection, même si ce volume de Panini vaut largement le coup d'oeil.