Les Fant4stiques

Titre original :
Fant4stic
Production :
Marvel
20th Century Fox
Date de sortie USA :
Le 07 août 2015
Genre :
Fantastique
Réalisation :
Josh Trank
Musique :
Marco Beltrami
Philip Glass
Durée :
106 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Quatre jeunes génies se retrouvent projetés dans un univers alternatif et dangereux qui modifie leurs formes physiques de façon radicale. Leurs propres vies s’en trouvent alors transformées : apprenant à maîtriser leurs nouvelles capacités, ils choisissent de s’unir pour sauver la Terre d’un ancien allié devenu leur ennemi...

La critique

rédigée par
Publiée le 05 août 2015

Précédé d'un buzz catastrophique, entretenu par la Fox qui a cherché à cacher le film aux blogueurs à travers le monde, Les Fant4stiques est un énième reboot de la franchise des Quatre Fantastiques. Produit pour de mauvaises raisons, il n'est pourtant pas la catastrophe redoutée. S'il n'apporte rien à la mythologie, l'opus étant grosso modo une redite du film de 2005, Les Quatre Fantastiques, n'est ni mieux, ni moins bon que son prédécesseur. Certains de ses éléments en sont meilleurs, d'autres par contre franchement moins bons. Le film est également bien moins coloré et moins impressionnant du point de vue de ses effets spéciaux que celui de la décennie précédente, préférant une ambiance plus intimiste et plus sombre.

Les Quatre Fantastiques est une équipe de super-héros créée par Stan Lee et Jack Kirby en 1961 dans Fantastic Four #1.
En 1960, Marvel Comics cherche son identité après des années d'errance dans le monde de la publication. Les succès d'antan connus par Captain America ou Namor The Sub-Mariner n'existent pratiquement plus et les comics d'épouvante, de Western ou d'amour marchent en fonction du succès des films du genre.
Stan Lee, rédacteur en chef de Marvel Comics, ne trouve plus de plaisir à écrire des scénarios et estime qu'il est temps pour lui de quitter l'entreprise. Sa femme lui conseille d'écrire une dernière histoire, de la façon dont il l'entend, avec les personnages qu'il souhaite et sans se soucier des modes actuelles. Il imagine ainsi une famille de super-héros, les Quatre Fantastiques.
Le scientifique Red Richards (Reed Richards en version originale), Jane Storm (Susan Storm en version originale), son frère Johnny Storm et Ben Grimm sont victimes d'une exposition à des rayons cosmiques suite à une expédition dans l'espace. Dés leur retour ils sont dotés de pouvoir incroyables et prennent l'identité de Mr. Fantastique, la Femme Invisible (La Fille Invisible au départ), la Torche Humaine et la Chose. Ensemble, ils luttent contre des menaces terrestres ou venues de l'espace.
Le succès pour Stan Lee est immédiat. Il reste chez Marvel Comics et lance dans les années 60 la grande vague des super-héros, avec Spider-Man, les X-Men, Iron Man, Hulk, ou encore les Vengeurs.

Les Quatre Fantastiques est vite adapté sur le petit écran. Dès 1966, Hanna-Barbera lance, en effet, Les Quatre Fantastiques, une série 2D de 20 épisodes qui reste assurément la plus connue de toutes. La fine équipe revient pourtant en 1978 dans The New Fantastic Four produite par DePatie-Freleng Enterprises avant que La Chose n'ait droit à sa propre série avec Fred and Barney Meet the Thing en 1979 à nouveau par Hanna-Barbera.
Il faut ensuite attendre 1994 pour que les quatre super héros refassent une apparition dans la nouvelle série Fantastic Four produite cette fois-ci par Marvel. Certains membres assurent aussi quelques caméos dans Spider-Man, l'Homme Araignée (1994) et L'Incroyable Hulk (1996).
En 2006, Les Quatre Fantastiques, une nouvelle série 2D leur est de nouveau consacrée. Ils apparaissent également dans Super Hero Squad (2009), Avengers : L'Équipe des Super-Héros (2010), Ultimate Spider-Man (2012), Avengers Rassemblement (2013), et Hulk et les Agents du S.M.A.S.H..
Coté cinéma, une première tentative est faite en 1994 sous le titre de The Fantastic Four mais le long-métrage est un tel navet qu'il n'est jamais montré au public sur décision de son producteur. Une nouvelle et adaptation live digne de ce nom voit ensuite le jour en 2005, avec Les Quatre Fantastiques, et sa suite, Les Quatre Fantastiques et le Surfer d'Argent en 2007 : le premier passe pour un film juste passable, le second est conspué. La franchise n'a de la sorte jamais vraiment pris.

20th Century Fox a décidément des résultats mouvementés dans l'adaptation des comics issus du catalogue Marvel. Si les X-Men sont plébiscités par le public et les critiques, en particulier les épisodes réalisés par Bryan Singer et par Matthew Vaughn, les adaptations de Daredevil et Elektra ont été, elles, honnies tandis que les deux films des Quatre Fantastiques sont accueillis fraichement. Mais voilà, pour conserver les droits d'exploitation cinématographique des personnages Marvel chèrement acquis, la Fox doit produire régulièrement des films dessus. Or, les franchises de Daredevil et des Quatre Fantastiques arrivaient à échéance et il était impossible pour elles deux de concevoir une suite. La situation des Quatre Fantastiques est d’ailleurs un véritable cas d’école : Chris Evans, l'ancienne Torche Humaine est, en effet, devenu entre-temps Captain America et il est impensable pour Marvel Studios de voir un de ses acteurs fétiches présents dans deux rôles différents au sein de deux franchises. 20th Century Fox n'avait donc pas le choix : elle devait rebooter la ou les franchises. En 2012, la major tranche : elle laisse repartir Daredevil dans le giron de Marvel Studios qui s’empresse, pour redonner une virginité au super héros, de lancer sur lui une série produite exclusivement pour Netflix. Joli coup de maître : le succès critique est sans précédent. La Fox, elle, préfère conserver ce qu'elle considère comme la franchise au plus fort potentiel des deux. Elle commande donc un reboot des premiers héros de l'Age d'Argent de Marvel.

C’est Josh Trank qui est choisi pour le réaliser. Sa jeune carrière commence à 22 ans à la télévision en 2007 avec la série Kill Point : Dans la Ligne de Mire en tant que réalisateur et scénariste. En 2011, à tout juste 27 ans, il réalise son premier long-métrage cinéma, Chronicle, qui signe un score honorable au box-office. Le film raconte l’histoire de trois adolescents qui se retrouvent avec des super-pouvoirs après avoir touché une substance extra-terrestre. Son choix pour mettre en image, Les Fant4stiques, voulu rajeuni, apparait alors pertinent. Sauf que… Les rumeurs sur sa façon de travailler sont détestables, le studio ayant même décidé de filmer des scènes supplémentaires pour améliorer l’opus trouvé peu à son goût. Ses mauvais retours font que Lucasfilm Ltd. décide de se séparer du réalisateur alors que celui-ci était envisagé pour le second spin-off de Star Wars produit par Simon Kinberg, le même producteur des (Les) Fant4stiques.

Les Fant4stiques accumule les aprioris négatifs. Alors que le réalisateur prodige devait ramener sur la franchise des fans et des geeks assez jeunes, c'est l'inverse absolu qui se produit. Pire, les fans Marvel boudent encore plus le film que ses prédécesseurs (à côté, The Amazing Spider-Man parait bien accueilli, c'est dire !). Ils reprochent à la 20th Century Fox de produire un reboot à tout prix, sans comprendre les personnages ; un sentiment déjà largement entendu pour les premiers films jugés moyens voire mauvais. En réalité, les fans espéraient voir les droits des Quatre Fantastiques revenir, comme pour Daredevil, chez Marvel Studios, le seul capable de les respecter. Et Marvel entend bien surfer sur cette impopularité pour plomber le film. Si sa relation avec Sony qui détient les droits de Spider-Man est au beau fixe (les deux studios se sont enfin entendus pour que le personnage apparaisse dans le MCU), la Maison aux Idées n'arrête pas de mettre des bâtons dans les roues de la Fox. Elle attaque par appartement et exploite la moindre faille. Si pour X-Men, elle observe une coexistence pacifique, pour Les Quatre Fantastiques, elle a carrément décidé de stopper l'édition de comics sur les personnages et de les mettre en pause sur papier tant que les droits ne lui seront pas revenus, histoire d'annéantir leur aura. Enfin, pour couronner le tout, certains choix artistiques font grincer des dents les fans à commencer par le fait la Torche Humaine soit afro-américain alors que la Femme Invisible est caucasienne. Les deux personnages sont censés être frères et sœurs de sang ! Conséquence de tout ceci, même avant de sortir et avant même que quiconque n’ait vu le film, Les Fant4stiques se traine une réputation de navet insondable...

Et pourtant, ce n'est pas la catastrophe annoncée ! En fait, Les Fant4stiques n'est ni plus ni moins qu'un reboot de base. Rien d'exceptionnel mais rien de rédhibitoire pour autant. Par certains côtés, il est même mieux que le film de 2005, Les Quatre Fantastiques ; et notamment, le début qui insiste sur le passé de Reed Richards et Ben Grimm. Ces deux personnages gagnent réellement en profondeur et deviennent plus attachants que dans le premier opus où ils avaient tendance à taper sur les nerfs, en particulier Reed Richards. Le personnage de Victor Von Doom gagne également en profondeur dans sa version humaine, tout du moins. Les Fant4stiques adopte par ailleurs un côté un tantinet plus sombre et moins coloré, histoire de se rendre plus intimiste, surtout dans sa première partie. En fait, bon point (ou mauvais point selon le point de vue), l'opus fait clairement moins film de super héros puisque la moitié est consacrée à exposer le passé et les personnages ; les super pouvoirs n'arrivant qu'à la seconde moitié pour un final rapidement expédié. Les lacunes incontestables sont, elles, à rechercher du côté des personnages de Sue Storm et Johnny Storm. La première fait presque de la figuration, transparente comme son personnage. D'une froideur à toute épreuve, elle n'arrive jamais à se rendre attachante. Et que dire de Johnny Storm ? L'acteur Michael B. Jordan n'arrive pas à la cheville de Chris Evans qui reste donc La Torche Humaine la plus convaincante jusque-là.

Sur la question de fidélité aux comics, Les Fant4stiques se rapproche plus de la version Ultimate dans l'âge des personnages et dans le fait de trouver leur pouvoir dans une dimension parallèle plutôt que l'espace. Le film justifie ensuite la différence de couleur de Susan et Johnny (venue d'une application curieuse de la politique de quotas aux conséquences juste ridicules) par leur statut de frères et sœurs adoptifs... Il sera moins pardonné, par contre, la façon dont Susan obtient ses pouvoirs. Si le résultat final est le même, cette différence de traitement est totalement inutile et rend le personnage moins convaincant que les autres, même si, une fois ses pouvoirs acquis, elle reprend la place qui est légitimement la sienne.

Malgré sa litanie de bémols, Les Fant4stiques est un film qui se laisse suivre sans déplaisir. Le spectateur n'y trouve pas l'ennui profond promis par le mauvais buzz né autour de lui et maladroitement alimenté par la Fox. Il passe ainsi plutôt du bon temps dans ce qui reste un divertissement convaincant. En réalité, la principale faiblesse de l'opus est son statut de reboot d'une franchise Marvel relancée trop tôt, pour de mauvaises raisons. Il aurait été un film lambda, toutes ses fautes lui auraient été plus facilement pardonnées. Car, au demeurant, il n'est certes qu'un modeste blockbuster mais globalement efficace dans sa gestion des personnages, s'il est bien sûr admis son climax un peu trop rapide et l'aspect super-héros réduit à la portion congrue.

En tant qu'équipe d'êtres aux pouvoirs démesurés, Les Fant4stiques fait, il est vrai, bien pâle figure face aux X-Men et autres Avengers. Ainsi, côté casting, il y a à boire et à manger. En fait, la situation est à l'inverse de l'opus de 2005 : là où les personnages étaient réussis dans le premier film, ils sont ratés ici ; et vice versa.
Dans ce cadre, Miles Teller est un Reed Richards attachant. Plus jeune que dans l'adaptation de 2005, son capital-sympathie est d'autant plus élevé qu'il parait moins hautain. Son passé et sa personnalité sont, en outre, vraiment bien creusés tandis que, côté pouvoir, il dispose du moins impressionnant dans une démarche narrative conforme au comics et donc parfaitement légitime.
Jamie Bell est, pour sa part, un Ben Grimm touchant. Etonnamment par rapport à la version 2015 ou même au comics, le personnage n'est pas à l'origine un gros costaud mais un gringalet, à l'opposé de sa forme quand il est La Chose, qui, elle, ne se distingue pas par rapport à celles déjà vues. Comme Miles Teller pour Reed Richards, Jamie Bell réussit à rendre son personnage attachant et donne à leur amitié une belle crédibilité.
Kate Mara est, elle, Susan Storm. Invisible. Cela pourrait être raccord avec le personnage sauf que l'actrice ne maitrise décidément pas l'art du jeu. Son charisme proche de zéro fait regretter Jessica Alba (et son sourire de magazine) ce qui n'est pas un mince exploit ! Kate Mara donne constamment l'impression de ne pas savoir pourquoi elle est dans le film et le spectateur de se demander pourquoi elle ne reste pas toujours invisible une bonne fois pour toute !
Michael B. Jordan est Johnny Storm. L'acteur s'en sort certes avec les honneurs mais tenir la comparaison avec Chris Evans n'est pas à sa portée. La classe incroyable de la Torche Humaine version 2005 est sans commune mesure avec celle de 2015. Michael B. Jordan joue un peu trop le rebelle de service, en conflit avec son père, si bien qu'il n'arrive pas vraiment à susciter de l'empathie : le spectateur finit pas se désintéresser de son sort.
Bizarreries de taille, mis à part La Chose, aucun des Fantastiques ne se voit nommer par son nom de super-héros : le nom de l'équipe étant trouvé en toute fin d'aventure et de façon un peu ridicule qui plus est...
Du côté de la galerie des méchants, le Docteur Fatalis a droit, une fois de plus, à une nouvelle version désespérément fade. C'est à croire que ce super-vilain n'a pas de chance lors de ses incartades au cinéma ; son apparence étant d'ailleurs ici très éloignée de celle du film de 2005 et du comics. Entièrement en numérique, le personnage a, il est vrai, des pouvoirs incommensurables mais manque terriblement de prestance. Son pendant humain, Victor Von Doom, est d'ailleurs lui bien plus convaincant : Toby Kebbell arrive, en effet, à lui donner l'épaisseur suffisante pour convaincre un spectateur qui finit par le préférer dans son enveloppe humaine.

Manquant clairement d'ambition dans sa genèse et ses personnages, Les Fant4stiques ne pourra pas, par ailleurs, se rattraper par sa bande originale qui sert une musique passe-plat tandis que sa photographie, terne à l'excès, et ses effets spéciaux, réussis mais au final assez peu nombreux, finissent par plomber son bilan déjà mitigé. Le film disposait pourtant d'un budget de 122 millions de dollars, certes petit mais qu'il convient de comparer avec celui d'Ant-Man qui émargeait lui à 130 millions et dont le résultat à l'écran est nettement supérieur. Signe du malaise ambiant, la Fox, qui avait prévu de sortir le film en 3-D, a annulé au dernier moment la conversion…

Les Fant4stiques est un cas d'école. Le film n'est ni bon ni mauvais et ne mérite surtout pas la volée de bois vert qu'il a reçue avant sa sortie. Au final, c'est un blockbuster correct avec un rapport qualités / défauts honorable. Il ne brillera toutefois pas au-delà de sa sortie et rendra le rebond à Hollywood de son réalisateur, Josh Trank, fort délicat.

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