Star Wars : The Acolyte

Titre original :
Star Wars : The Acolyte
Production :
Lucasfilm Ltd.
Date de mise en ligne USA :
4 juin 2024 - 16 juillet 2024 (Disney+)
Genre :
Science-fiction
Création :
Leslye Headland
Musique :
Michael Abels
Durée :
307 minutes
Disponibilité(s) en France :

Liste et résumés des épisodes

1. Lost / Found
Perdu / Trouvé
Genre : Épisode
Série : Star Wars : The Acolyte
Saison 1 Épisode 1
Date de diffusion USA : Le 4 juin 2024
Réalisé par : Leslye Headland
Durée : 41 minutes
Les Jedi poursuivent un suspect après un crime odieux sur un Maître Jedi...
2. Revenge / Justice
Vengeance / Justice
Genre : Épisode
Série : Star Wars : The Acolyte
Saison 1 Épisode 2
Date de diffusion USA : Le 4 juin 2024
Réalisé par : Leslye Headland
Durée : 36 minutes
L'assassin frappe à nouveau, mais cette fois-ci, les Jedi sont sur place pour tenter de le capturer...
3. Destiny
Destin
Genre : Épisode
Série : Star Wars : The Acolyte
Saison 1 Épisode 3
Date de diffusion USA : Le 11 juin 2024
Réalisé par : Kogonada
Durée : 42 minutes
Des années auparavant, sur une planète mystérieuse, le voyage tragique de deux sœurs commence...
4. Day
Jour
Genre : Épisode
Série : Star Wars : The Acolyte
Saison 1 Épisode 4
Date de diffusion USA : Le 18 juin 2024
Réalisé par : Alex Garcia Lopez
Durée : 32 minutes
Voulant sauver la prochaine cible de l'assassin, les Jedi plongent dans les forêts de la planète Khofar...
5. Night
Nuit
Genre : Épisode
Série : Star Wars : The Acolyte
Saison 1 Épisode 5
Date de diffusion USA : Le 25 juin 2024
Réalisé par : Alex Garcia Lopez
Durée : 32 minutes
Dans la jungle dense de Khofar, les Jedi affrontent les ténèbres du Côté Obscur...
6. Teach / Corrupt
Enseigner / Corrompre
Genre : Épisode
Série : Star Wars : The Acolyte
Saison 1 Épisode 6
Date de diffusion USA : Le 2 juillet 2024
Réalisé par : Hanelle M. Culpepper
Durée : 36 minutes
Sur une île lointaine d'une planète mystérieuse, des questions troublantes sur l'identité et le destin surgissent...
7. Choice
Choix
Genre : Épisode
Série : Star Wars : The Acolyte
Saison 1 Épisode 7
Date de diffusion USA : Le 9 juillet 2024
Réalisé par : Kogonada
Durée : 41 minutes
Des années auparavant, sur une planète mystérieuse, les remords des Jedi prennent racine...
8. The Acolyte
L'Acolyte
Genre : Épisode
Série : Star Wars : The Acolyte
Saison 1 Épisode 8
Date de diffusion USA : Le 16 juillet 2024
Réalisé par : Hanelle M. Culpepper
Durée : 47 minutes
De retour là où tout a commencé, les Jedi vont assumer leurs actes et faire face à leurs destins...

La critique

rédigée par
Publiée le 15 septembre 2024

Avertissement : une fois n'est pas coutume sur Chronique Disney, cette critique va se permettre de divulgâcher des pans entiers de l'intrigue et des révélations amenées au cours de la série, ceci afin de pouvoir analyser en profondeur toutes ses thématiques. Il est donc vivement conseillé d'avoir vu la série avant de lire les lignes qui suivent...

Star Wars : The Acolyte est une série qui aura énormément divisé le public, pour de nombreuses raisons, certaines détestables. Lucasfilm Ltd. tente pourtant ici de s'éloigner du canevas et de la temporalité habituelle des productions audiovisuelles Star Wars. Se déroulant cent ans avant la saga Skywalker, à la fin de la période dorée de La Haute République, elle offre également un ton et une ambiance différents où les personnages attachants ne sont pas forcément ceux attendus au premier abord. Même si la série n'est pas exempte de défauts, notamment dans son montage et dans son manque d'exposition, elle amène pourtant de nombreuses pistes scénaristiques qui questionnent et enrichissent le lore. Elle ne mérite pas, quoiqu'il en soit, le déferlement de haine qu'elle a reçu, sans mesure ni nuance.

Star Wars : The Acolyte est créée par Leslye Headland. Née en 1980 dans le Maryland, elle débute comme assistante chez Miramax après des études d'art dramatique à l'Université de New York. Ses premiers pas en tant que scénariste se font en 2010 sur la série Terriers pour FX. En 2012, elle réalise son premier long-métrage, Bachelorette, qu'elle présente au Festival du Film de Sundance tout comme le sera son deuxième film, Sleeping with Other People, en 2015. Après avoir mis en scène quelques épisodes de différentes séries, elle est choisie comme co-créatrice de la série Poupée Russe pour Netflix, ce qui lui permet d'être nommée pour deux Emmy Awards. Lors de la première de Star Wars : L'Ascension de Skywalker, elle avoue lors d'une interview sa passion pour Star Wars et son souhait de travailler pour Lucasfilm Ltd.. L'année suivante, ses nominations, saluant la qualité de son travail, lui permettent finalement d'être choisie par les équipes de Kathleen Kennedy pour mettre en chantier la série Star Wars : The Acolyte.

Leslye Headland est ainsi une grand fan de Star Wars depuis qu'elle a découvert la trilogie originale lors de sa ressortie au cinéma en édition spéciale en 1997. Elle est également une inconditionnelle de l'Univers Étendu, désormais dit Légendes, qu'elle a commencé à lire avec le roman L'Héritier de l'Empire de Timothy Zahn puis qu'elle a prolongé ensuite avec d'autres livres mais aussi des comics et des jeux vidéo. Elle va d’ailleurs s'évertuer à prendre des éléments venus de l'œuvre littéraire et les incorporer dans sa série pour qu'ils soient découverts par un plus grand public. Un exemple parmi d'autres est l'utilisation du cortosis, un matériau qui a la capacité de produire un court-circuit temporaire des sabres laser des Jedi. Mentionné pour la première fois dans le roman Moi, Jedi - 1 : Mirax a Disparu en 1998, il est ensuite utilisé dans plusieurs romans et comics. Le cortosis revient dans l'Univers Étendu dit Officiel en 2014 dans le roman adulte Une Nouvelle Aube puis est cité plusieurs fois, notamment dans des issues du comics Docteur Aphra.

- Impossible ! Les Sith ont disparu depuis près de mille ans.
- Non ! Je ne crois pas que les Sith aient pu revenir sans que nous le sachions.
- De voir le Côté Obscur difficile il l'est.

Les Maîtres Jedi Ki-Adi Mundi, Mace Windu et Yoda
AN 32 avant la Bataille de Yavin

Pour écrire sa série, Leslye Headland se base sur un dialogue de Star Wars : La Menace Fantôme. Qui-Gon Jinn fait un rapport au Conseil Jedi de sa rencontre avec Dark Maul. Persuadé qu'il s'agit d'un Seigneur Sith, il est contredit par le Maître Ki-Adi-Mundi qui affirme que les Sith ont disparu depuis plus de mille ans. Le Maître Mace Windu va dans le sens de son collègue, affirmant qu'il aurait été impossible que les Sith reviennent sans que les Jedi ne le sachent. Le Maître Yoda nuance tout de même ces certitudes en philosophant sur le côté sournois du Côté Obscur. La showrunneuse veut ainsi explorer comment les Sith ont réussi à se cacher du Côté Lumineux et infiltrer le Sénat, le plus haut lieu politique de la République, sans que les Jedi ne s'en rendent compte. Cette thématique a ainsi deux avantages : pouvoir changer de perspective en se plaçant du côté des méchants et des antagonistes mais également permettre de s'éloigner de la chronologie de la Saga Skywalker. Lucasfilm Ltd. lui propose alors de placer son récit cent ans avant la prélogie mais également cent ans après les évènements du roman adulte La Haute République : La Lumière des Jedi qui a servi de lancement au projet de cross-média littéraire, La Haute République.

La Haute République a été annoncé dans un premier temps sous le nom de code Project Luminous lors de la Star Wars Celebration de 2019. Mais bien peu de choses sont alors dévoilées mis à part le nom de cinq auteurs (Charles Soule, Claudia Gray, Justina Ireland, Cavan Scott et Daniel José Older) et quatre éditeurs américains (Disney-Lucasfilm Press, Del Rey, Marvel et IDW). Finalement, l'annonce officielle se fait le 24 février 2020. La Haute République est ainsi présenté comme un projet de cross-média littéraire, le plus ambitieux jamais réalisé dans l'univers Star Wars. Le scope est impressionnant de par la diversité des genres littéraires qui permettra de découvrir différentes facettes de cette nouvelle ère Star Wars, et ce, peu importe l'âge des lecteurs. Il y aura ainsi des romans adultes, des romans jeunes adultes, des romans jeunesse, des comics aussi bien adultes que jeunesse mais aussi des mangas, des audiodramas ou des beaux livres. Le projet La Haute République est ainsi construit sur plusieurs années et s'articule sur trois périodes nommées La Lumière des Jedi, puis La Quête des Jedi et enfin Les Épreuves des Jedi. Les cinq premiers auteurs de la Phase I sont ensuite rejoints durant les Phases II et III par Zoraida Cordova, Tessa Gratton, George Mann, Lydia Kang et Alyssa Wong. Signe de l'ambition du projet éditorial mené, le lancement s'est fait en grande pompe, et ce, des deux côtés de l'Atlantique, avec un matériel marketing jamais autant développé pour une œuvre littéraire Star Wars, du moins depuis le rachat de la franchise par The Walt Disney Company. En France, la publication est supervisée de main de maître par les éditeurs Pocket et Panini Comics avec la participation de La Bibliothèque Verte, nobi nobi !, Huginn & Muninn et Hachette Heroes.

La Haute République commence, au début de la Phase I, 200 ans avant Star Wars : La Menace Fantôme. La Galaxie est en paix, placée sous le règne de la glorieuse République ainsi que sous la protection des nobles et sages Chevaliers Jedi. Symbole du bien sous toutes ses formes, le Flambeau Stellaire est d'ailleurs sur le point d'être inauguré par la République aux confins de la Bordure Extérieure. Cette nouvelle station spatiale projettera dans toute la galaxie une lueur d'espoir. Mais tandis que la République tout entière connaît une glorieuse renaissance, de nouveaux adversaires effrayants, les Nihil, déploient leurs forces. Les gardiens de la paix et de la justice doivent dès lors faire face à un péril qui menace l'Ordre, la Galaxie et la Force elle-même... Lors de la Phase II, les auteurs décident de remonter le temps cent-cinquante ans en arrière et expliquer les origines du mal qui s'abat sur la République et qui défie les Jedi. Elle raconte notamment comment la secte de La Voie de la Main Ouverte a failli faire basculer la Galaxie dans la guerre, en particulier lors de la fameuse Bataille de Jedha. La Phase III reprend elle là où la première s'est terminée et raconte l'affrontement des Jedi avec les terribles bandits Nihil sous la coupe du terrible Marchion Ro, aidé des quasi invincibles créatures appelées les Sans-Nom.

Star Wars : The Acolyte a ainsi pour but de faire le pont entre deux périodes. La série se passe en effet durant la toute fin de la Haute République et doit montrer les prémices de la chute de la République amenant à la Guerre des Clones et à l'avènement de l'Empire. Ceci dit, les liens avec le crossover littéraire sont extrêmement ténus. Peu de choses les raccrochent, que ce soit les vaisseaux, la technologie ou les rappels historiques. Seules les tenues des Jedi rappellent celles que portaient les héros des romans. Elles sont juste un peu moins dorées et moins travaillées que cent ans auparavant, comme si l'ordre avait déjà perdu de son prestige. En réalité, ce manque de connexion est un choix assumé à la fois par la showruneuse et par Lucasfilm Ltd. afin de ne pas donner l'impression au grand public qu'il lui manque des éléments pour tout comprendre. La série plonge ainsi directement dans son histoire en offrant très peu d'exposition sur la période, ce qui est tout de même vraiment dommageable. La planète Coruscant a ainsi droit à quelques images assez lambda et passe-partout. Et globalement, l'impression qui ressort est que la République à ce moment de son histoire semble être bien moins flamboyante que durant Star Wars : La Menace Fantôme ou en pleine Haute République. Or, cela ne devrait pas être le cas puisqu'elle censée vivre un lent déclin. La série aborde tout de même un peu la politique dans le dernier épisode en montrant comment certains sénateurs, notamment le Sénateur Rayencourt, se méfient de plus en plus de l'Ordre Jedi. Elle présente aussi le Chancelier Suprême de l'époque, le Tarsunt Drellik. Ce dernier doit prendre une décision difficile pour tenter de juguler les utilisateurs de la Force.

Star Wars : The Acolyte va tout de même piocher dans des éléments de la saga littéraire en citant par exemple le Vœu de Barash. Il s'agit d'un serment de pénitence que fait un Jedi lorsqu'il décide de s'éloigner de l'Ordre, en ne prenant notamment pas de Padawan, pour se consacrer uniquement à la méditation et à la compréhension de la Force. Créé par le scénariste Charle Soule dans le deuxième issue du comics Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith, cet élément est largement utilisé dans La Haute République, apparaissant dans le roman jeune adulte La Haute République : En Pleines Ténèbres tandis que le comics La Haute République : La Lame explique l'origine de l'expression. Dans la série, il est ainsi précisé que le Maître Torbin a fait Vœu de Barash à cause de ses remords dus aux évènements qui se sont déroulés sur la planète Brendok, alors qu'il était encore Padawan.

Mais le vrai lien entre Star Wars : The Acolyte et La Haute République est sans conteste le personnage de Vernestra Rwoh. Sa première apparition se fait dans le roman jeunesse La Haute République : Une Épreuve de Courage où le lecteur découvre une jeune Mirialan, être reconnaissable à sa peau verte, rapidement devenue l'une des plus jeunes Chevaliers Jedi consacrées depuis très longtemps. Dans ce livre, il est expliqué que la jeune Jedi a modifié son sabre laser pour inclure un mode fouet lumineux après avoir reçu les instructions dans un rêve. Vernestra Rwoh a ainsi de grandes connexions avec la Force, notamment lorsqu'elle est en hyperespace où elle a souvent des visions. Ces deux éléments, son sabre laser et ses problèmes dans l'hyperspace, seront d'ailleurs cités ou montrés dans la série. Ayant été formée elle-même par le Maître Jedi Stellan Gios, son premier Padawan est Imri Cantaros qu'elle prend pour apprenti très peu de temps après qu'elle ne devienne Chevalier Jedi. Compatissante et dévouée à l'Ordre Jedi, les années vont la rendre plus sérieuse et plus sereine. Dans Star Wars : The Acolyte, elle est désormais Maître Jedi et une dignitaire de l'Ordre même si elle ne fait pas partie du Haut Conseil. Elle fait en outre tout pour protéger les Jedi des remous politiques du Sénat, y compris tordre la vérité si besoin, surtout lorsqu'elle se rend compte à la fin du dernier épisode qu'elle est plus liée aux évènements qu'elle ne le pensait à l'origine. Le personnage est ici campé par Rebecca Henderson qui offre un personnage un peu rigide et sec, à la différence des livres où elle est bien plus chaleureuse. De même, sa morale s'avère bien plus trouble que dans sa jeunesse où elle était pleine d'idéalisme.

Sans exposition, Star Wars : The Acolyte plonge donc directement dans son histoire. Des Maîtres Jedi sont assassinés. L'enquête penche d'abord sur une ancienne Padawan qui a quitté l'ordre, Osha Aniseya, avant de se rendre compte que la véritable coupable est en réalité sa sœur jumelle, Mae Aniseya, que tout le monde pensait morte. Mais au-delà d'une sombre vengeance, les éléments montrent que les motivations de la meurtrière sont plus complexes qu'elles en ont l'air avec un mystérieux et puissant inconnu qui tire les ficelles. Sachant aussi que les victimes sont loin d'être blanches comme neige. Des erreurs du passé ressurgissent et les mauvais choix lors d'un terrible évènement explosent à la figure des survivants de l'époque. Le récit est ainsi globalement prenant et propose des pistes intéressantes en troublant les lignes. Les Jedi sont bien plus gris et ambivalents qu'ils ne l'admettent eux-même tandis que les adeptes du Côté Obscur sont moins machiavéliques et cruels que ne pouvaient l'être certains Sith déjà rencontrés. Leslye Headland pose en tout cas un débat passionnant sur l'explication de la chute des Jedi, le renforcement dans l'ombre des Sith et la graine que ces derniers ont posée pour pouvoir gangréner petit à petit l'Ordre Jedi et le système politique de la République. Pour poser son diagnostic, la showrunneuse n'hésite pas à bousculer, sans pour autant les contredire, certains préceptes du lore Star Wars, ce qui lui a d'ailleurs été reproché. Elle rejette notamment le manichéisme initial de Star Wars et questionne également son approche évangélique, en choisissant d'aller en sens inverse de la prélogie. C'est une approche osée mais qui va malheureusement être rejetée par une part importante des fans de la franchise.

Si le récit de Star Wars : The Acolyte est intéressant, il est malheureusement plombé par un montage plutôt curieux. Les épisodes sont globalement trop courts : leur durée se situe en effet entre trente et quarante minutes, sauf le dernier qui dépasse les quarante-cinq. Or, les deux premiers auraient particulièrement mérité d'être rallongés afin de laisser plus de place à une exposition digne de ce nom. Les personnages n'ont pas fatalement le temps de s'épanouir et les coupures sont souvent abruptes, passant d'une scène à l'autre, sans se poser, rendant le rythme effréné. Le troisième épisode, qui est un flashback, se démarque des autres. D'abord, il fait partie des plus longs mais, en plus, il prend son temps pour expliquer les évènements du passé selon le point de vue des jumelles. Il arrive enfin à apporter un peu d'émotion dans une série qui n'était au début qu'une enquête sur des meurtres transposée à l'univers Star Wars. Ce troisième épisode est aussi le miroir d'un autre épisode de la série, le septième. Ainsi, l'idée d'offrir un autre épisode de flashback racontant la même histoire mais selon un point de vue différent, celui des Jedi, est vraiment excellente ! Le procédé peut paraître redondant mais il s'avère passionnant car il permet de poser les motivations des protagonistes et de comprendre les conséquences qui en découleront. Les épisodes quatre et cinq sont eux, en revanche, trop courts et auraient mérité de former un seul et unique long épisode. Surtout que le quatrième prépare le cinquième et se finit sur un cliffhanger insoutenable, presque criminel pour le public. Le cinquième, particulièrement réussi et surprenant dans tous les sens du terme, possède un rythme frénétique mais laisse les spectateurs exténués. Le sixième permet, pour sa part, au public et au récit de reprendre son souffle en laissant aussi aux personnages le temps de se questionner. Reste enfin le dernier épisode qui conclut l'histoire de façon satisfaisante en laissant des portes ouvertes pour une éventuelle suite.

Les sœurs jumelles Osha et Mae Aniseya sont donc les héroïnes de cette série. L'actrice Amandla Stenberg, déjà vue dans des films comme Darkest Minds : Rébellion ou The Hate U Give - La Haine qu'on Donne, interprète les deux jeunes filles sensibles à la Force. Elles sont originaires de la planète Brendok, élevées par leurs mères, dans un couvent de sorcières manipulant la Force. Si Osha est plutôt tournée vers le bien, rêvant de découvrir le monde et de devenir une Jedi, Mae est bien plus violente et ambitieuse. Suite à un incident sur leur planète natale, toute la communauté de sorcière est décimée dans un incendie tandis que Mae est considérée comme morte. Il est alors intéressant de suivre le parcours des deux jeunes filles qui vont prendre des chemins différents aux directions opposées ; leur destin se croisant de nouveau entre le début et la fin de la série. Le basculement de Mae vers le bien au cours de la série est peut-être un peu abrupt quand elle se rend compte que la violence n'est pas ce qu'elle cherche. Il se trouve, en effet, qu'elle n'est finalement pas la tueuse sans foi ni loi que le spectateur croyait voir au début. Elle souhaite seulement que la justice soit faite sur les meurtriers de sa famille tout comme elle veut retrouver l'amour de sa sœur qu'elle a perdue de vue depuis des années. Le retournement d'Osha est en revanche mieux amené lorsqu'elle se rend compte qu'elle a cru toute sa vie à des mensonges. Séduite par les discours du Côté Obscur, elle bascule totalement dans une superbe scène, incroyablement réussie. Cette dernière permet de montrer dans une série une idée qui avait été déjà introduite dans les romans (Ahsoka), les comics (Star Wars : L'Ascension de Kylo Ren) et les jeux vidéo (Jedi : Survivor) : le fait que le Côté Obscur puisse corrompre un cristal Kyber en le faisant saigner, lui donnant ainsi sa couleur rouge si caractéristique. Au final, la relation entre les deux sœurs fonctionne bien et amène une portée émotionnelle bienvenue à la série.

Mae Aniseya est au début du récit une Acolyte, expliquant ainsi le nom de la série. Un Acolyte Sith est un agent de l'Ordre Sith se trouvant en dehors de la Règle des Deux qui relie un Maître Sith à son apprenti. Il s'agit, en réalité, d'un adepte qui débute sur la voie du Côté Obscur. L'une des premières Acolytes connues dans la saga Star Wars est sans aucun doute Asajj Ventress, l'agente assassin du Comte Dooku, apparue dans la série Star Wars : Clone Wars puis souvent revue dans l'autre série Star Wars : The Clone Wars. Dans Star Wars : The Acolyte, le Maître de Mae lui demande de tuer les quatre Jedi qui lui ont fait du tort, sachant qu'au moins l'un d'eux doit être assassiner sans arme ; cette épreuve marquant le point final de son apprentissage. Les Jedi finissent par rencontrer le Maître de Mae. Ce dernier proclame ne pas avoir de nom en se faisant appeler l'Étranger. Il module sa voix et cache son visage sous un masque en cortosis, matériau également utilisé pour ses brassards. La grosse révélation de l'épisode Nuit permet de découvrir son identité, même si certains spectateurs ont pu la deviner assez facilement plus tôt. En effet, au début du récit, Mae est souvent en contact avec un brigand au surnom de Qimir qui disait travailler pour son Maître, alors qu'il est lui-même, en réalité, ledit Maître. La couverture de Qimir permettait au Maître d'aider, de conseiller et de surveiller son Acolyte sans que celui-ci ne s'en rende compte. Le personnage, joué par un Manny Jacinto (Sale Temps à l'Hôtel El Royale) particulièrement charismatique, est incroyablement et étrangement fascinant, presque attachant. Il a une aura particulière, à la fois dangereuse, violente et magnétique. Il se démarque parfaitement des autres Sith rencontrés jusqu'ici en prises de vues réelles : Dark Sidious était un être cruel et calculateur ; Dark Vador, froid, puissant et fort ; Dark Maul, athlétique et doué au sabre ; Kylo Ren, instable, imprévisible et lunatique. Ce qu'il cherche lui n'est ni le pouvoir, ni la puissance, mais la liberté, au sens le plus strict du terme. Il veut pouvoir utiliser la Force comme il l'entend sans les entraves de l'Ordre Jedi, plein de préceptes qu'il trouve hypocrites. Surtout qu'il semble avoir un contentieux avec son ancien Maître, lui ex-Padawan, même si cette histoire est gardée dans l'ombre pour une potentielle future saison qui malheureusement ne viendra jamais. L'Étranger est sans conteste la révélation de Star Wars : The Acolyte et sa plus grande réussite. Même si d'un point de vue d'échelle de valeur, il est tout de même étrange que le spectateur de la série soit bien plus attiré par cet être violent que par l'un des représentants du Côté Lumineux.

L'aspect de Star Wars : The Acolyte qui a le plus étonné / interrogé / crispé les fans de Star Wars est sûrement la filiation d'Osha et de Mae. Plusieurs points sont ainsi intéressants à noter. Pour commencer, la communauté de sorcières dans laquelle vivaient les deux enfants avant d'être séparées, était en réalité une secte d'utilisatrices de la Force, uniquement adultes, dirigée par la Mère Aniseya. Les spectateurs occasionnels des séries Star Wars pourraient les confondre avec les Sœurs de la Nuit de Dathomir, présentées pour la première fois dans Star Wars : The Clone Wars, mais en réalité, ce sont deux groupes bien différents. Pour le lecteur assidu de La Haute République, par contre, elles lui rappellent vaguement la secte de La Voie de la Main Ouverte tout comme les différentes congrégations religieuses liées à la Force rencontrées sur Jedha lors de la Convocation. Dans la série, le spectateur apprend donc qu'Osha et Mae ont été créées par Mère Aniseya grâce à une Vergence de la Force tandis que Mère Koril, son aimée et sa compagne, les porta en gestation jusqu'à leur naissance. Les deux femmes les ont ensuite élevées toutes les deux. Pour rappel, une Vergence est une concentration d'énergie de la Force dans un lieu ou un être précis. Cette notion a déjà été utilisée de nombreuses fois dans la saga Star Wars : des cavernes de Dagobah dans Star Wars : L'Empire Contre-Attaque à la création d'Anakin Skywalker dans Star Wars : La Mena Fantôme en passant par la planète Exegol dans Star Wars : L'Ascension de Skywalker.

Lors du dernier épisode de Star Wars : The Acolyte, il est révélé qu'Osha et Mae ne sont en réalité pas des jumelles, ni des sœurs, mais une seule et même personne dans deux corps. Mère Aniseya a ainsi réussi à créer la vie grâce à la Force ; un pouvoir immense qui a l'inconvénient de déplaire à beaucoup, à commencer par les Jedi. C'est donc pour cette raison que les sorcières sont restées cachées tout ce temps et ont péri en voulant protéger leur secret. Et forcément, cet aspect du scénario a fait couler beaucoup d'encre car il remet en perspective la naissance d'Anakin Skywalker, considéré par Qui-Gon Jinn comme l'Élu censé ramener l'équilibre dans la Force. L'existence d'Osha et de Mae contredit pour certains le côté christique du futur Dark Vador. Après, il faut dire que George Lucas a beaucoup fait évoluer le personnage du Seigneur Sith à l'armure noire. De plus grand méchant de tous les temps lors de son apparition, il évolue peu à peu dans la trilogie vers un père qui peut connaître la rédemption grâce à son fils, figure métaphorique du héros. Mais avec la prélogie, le méchant de la trilogie devient à son tour le héros. Comment rendre alors un personnage, destiné à devenir un être sanguinaire, un tant soit peu attachant ? En lui apportant une destinée messianique ! Mais le créateur de Star Wars, est toujours resté flou dans l'origine exacte de la création d'Anakin Skywalker comme il l'a lui même indiqué dans une interview :

Now, there’s a hint in the movie that there was a Sith lord who had the power to create life. But it’s left unsaid: Is Anakin a product of a super-Sith who influenced the Midi-Chlorians to create him, or is he simply created by the midichlorians to bring forth a prophecy, or was he created by the Force through the midichlorians? It’s left up to the audience to decide.

Maintenant, il y a une allusion dans le film qui laisse entendre qu'un seigneur Sith avait le pouvoir de créer la vie. Mais cela reste non dit : Anakin est-il le produit d’un super-Sith qui a influencé les Midi-Chloriens pour le créer, ou est-il simplement créé par les midichloriens pour produire une prophétie, ou a-t-il été créé par la Force à travers les midichloriens ? C’est au public de décider.

George Lucas
Rolling Stone, 2 juin 2005

Certains spectateurs se sont alors persuadés qu'Anakin Skywalker était réellement l'Élu et que l'existence d'Osha et de Mae remettrait donc totalement en cause le lore Star Wars. Sauf que comme pour toute franchise qui évolue dans le temps, qui plus est imaginée par plusieurs auteurs, le lore est fatalement mouvant au gré de l'imagination des artistes. C'est ce qui en fait sa force et sa richesse d'ailleurs. Dave Filoni, par exemple, dans les trois épisodes des Dieux de Mortis de la troisième saison de Star Wars : The Clone Wars, a continué à approfondir cette notion d'Élu. Pourtant, il n'en demeure pas moins qu'il ne faut pas prendre cette idée pour plus que ce qu'elle n'est réellement : une prophétie obscure à la portée mal définie. Croire de façon immuable à la Prophétie pose notamment un problème avec la Postlogie car finalement, l'Épisode IX révèle que Dark Sidious est toujours vivant. Celle qui met un terme définitif à Palpatine n'est autre que Rey, la fille du clone raté du Seigneur Sith. Dans ces conditions, est-il encore possible de dire que Dark Vador a ramené l'équilibre dans la Force ? Cela semble difficile à affirmer... Ou alors juste pour un temps très court de trente ans. De toute façon, définir ce que signifie l'équilibre dans la Force est un exercice périlleux. Peut-il être question d'équilibre lorsque l'un des deux côtés, que ce soit le Côté Obscur ou le Côté Lumineux, disparait totalement ? Non... Et les Dieux de Mortis semblent d'ailleurs le confirmer lorsque la Fille se sacrifie pour sauver le Père de l'attaque du Fils. C'est pour cela que, pour les spectateurs, il ne vaut mieux pas donner plus d'importance que nécessaire à la Prophétie ou à l'Élu. En la considérant comme une simple légende, cela permet de s'ouvrir à d'autres idées et de ne pas rester arc-bouté sur une notion bancale dès l'origine. Surtout qu'il existe un autre aspect gênant du côté messianique d'Anakin Skywalker : le fait que son destin plutôt que ses propres choix influencerait ses actions. Croire à la Prophétie comme pierre angulaire du personnage ferait que ce qu'il accomplit à la fin de Star Wars : Le Retour du Jedi serait uniquement dû au fait qu'il est censé être l'Élu. Il est tout de même plus beau de se dire que Dark Vador a gagné sa rédemption en redevenant Anakin à la fin de sa vie grâce à ses propres choix et à ses propres actes, en voulant sauver son fils, et non via une quelconque destinée prédisposée, annoncée par une prophétie.

- Est-ce que tu connais l’histoire tragique de Dark Plagueis le Sage ?
- Non.
- Ça ne m’étonne pas. Ce n’est pas le genre d’histoires que racontent les Jedi. C’est une légende Sith. Dark Plagueis était un Seigneur Noir des Sith tellement puissant et tellement sage qu’il pouvait utiliser la Force pour influer sur les Midi-Chloriens et pouvait créer la vie. En outre, sa connaissance du Côté Obscur était telle qu’il arrivait aussi à empêcher ceux dont l’existence lui importait de mourir. Il était devenu tellement puissant que la seule chose qui lui faisait encore peur était de perdre son pouvoir, ce qui arriva un jour. Il fit l’erreur d’enseigner à son jeune apprenti son savoir, et tous ses secrets. Et cet apprenti le tua pendant qu’il dormait. Quelle ironie ! Il avait vaincu la mort pour les autres, mais la sienne, il n’a pas su l’éviter.

Le Chancelier Suprême Palpatine & le Chevalier Jedi Anakin Skywalker
AN 19 avant la Bataille de Yavin

Pour Star Wars : The Acolyte, Leslye Headland préfère donc reprendre la première hypothèse de George Lucas, celle où Anakin Skywalker pourrait être une création d'un Seigneur Sith. Malheureusement pour elle, utiliser cette idée peut s’avérer compliqué à faire accepter à certains fans Star Wars attachés à la Prophétie de l'Élu comme a d'ailleurs pu le remarquer le scénariste Charles Soule. Ce dernier, dans le cinquième issue du comics Dark Vador (2020), montre, en effet, en rêve à Dark Vador que sa création serait due à la manipulation de la Force par Dark Sidious dans le ventre de Shmi Skywalker. L'auteur a du alors s'expliquer sur les réseaux sociaux qu'il fallait plutôt y voir une manipulation du Côté Obscur qui travestissait la vérité. Pour la série, Leslye Headland se base donc sur le dialogue entre Palpatine et Anakin Skywalker dans Star Wars : La Revanche des Sith. Le Chancelier parle alors de Dark Plagueis, un Seigneur Sith qui aurait été capable de créer la vie. Ce personnage a ensuite été utilisé dans l'Univers Légendes, notamment dans le roman de James Luceno, Dark Plagueis, publié en 2012. Le livre raconte la vie du Muun, devenu Seigneur Sith, depuis le meurtre de son maître à son propre assassinat de nombreuses années plus tard par son apprenti. Star Wars : The Acolyte offre donc dans le huitième épisode un magnifique caméo de Dark Plagueis marquant la première apparition du personnage dans une œuvre audiovisuelle. Il peut être vu au premier tiers de l'épisode, sans prononcer un mot, suivre dans l'ombre de la grotte le départ d'Osha et de l'Étranger. Son apparition permet alors d'émettre quelques hypothèses. Même si rien n'est mentionné, il pourrait être le Maître de Qimir, perpétuant ainsi la fameuse Règle des Deux. De plus, il pourrait être lié d'une manière ou d'autre à la création d'Osha et de Mae, que ce soit en ayant appris ses connaissances de Mère Aniseya ou inversement en les ayant données à la sorcière. Il reste quoi qu'il en soit de nombreuses zones d'ombres et rien pour l'instant qui permette d'affirmer que le lore Star Wars a été bafoué comme certains l'affirment.

Ceci dit, pour que tout reste logique, Leslye Headland a bien fait attention à ce que la discussion entre Yoda, Mace Windu et Ki-Adi Mundi - qui fait d'ailleurs un caméo dans la série - reste d'actualité. C'est-à-dire que tous les Jedi ayant rencontré l'Étranger se disant être un Sith ne soient pas en mesure de raconter ce qu'ils ont vu. Ce qui va d'ailleurs amener plusieurs éléments inhabituels dans Star Wars : The Acolyte. Tout d'abord, la série va proposer une violence et une hécatombe assez étonnantes dans la saga depuis l'Ordre 66 dans Star Wars : La Revanche des Sith. Un grand nombre de personnages vont ainsi périr dans une ambiance qui rappelle un peu Game of Thrones, notamment dans sa capacité à tuer des personnages principaux, surtout sans que le public ne s'y attende. En réalité, la seule Jedi liée à l'affaire d'Osha et de Mae encore en vie à la fin de la série est Vernestra Rwoh ; tous les autres auront été assassinés, ce qui est un véritable choc de voir autant de personnages principaux succomber dans Star Wars. Autre chose étrange, les Jedi présents dans la série n'ont pas fatalement le beau rôle. En voulant montrer que l'Ordre avait déjà planté les graines amenant à sa chute, la showrunneuse a peut-être poussé le bouchon un peu loin. La plupart des Jedi rencontrés ici ne sont pas très sympathiques et font montre de défauts assez flagrants pouvant aller jusqu'au mensonge ou les amener à tuer en masse. Il aurait été bon, encore une fois en tant qu'exposition, de montrer ce que les Jedi apportaient à la Galaxie par exemple en montrant le fonctionnement d'un temple dans la Bordure Extérieure ou les bienfaits qu'ils amenaient à la population. Ceci dit, il est tout de même possible de remarquer deux types de comportements distincts montrant l'évolution des Jedi dans la série : ceux ancrés dans La Haute République et ceux tournés vers l'avenir de ce que sera le pré-Empire. Les vieux Jedi ont tendance à être bien plus malléables avec les préceptes de l'Ordre Jedi, s'autorisant à plus écouter leur instinct vis-à-vis de ce que leur dit la Force. Les Padawan ou les tout jeunes Chevaliers Jedi sont eux plus enclins à suivre à la lettre les principes de l'Ordre sans être capables de sortir des clous. Quelque part, ces derniers vont transmettre à l'Ordre l'aveuglement par rapport au danger des Sith.

Des Jedi présents dans Star Wars : The Acolyte, les plus importants sont ceux qui viennent en mission sur Brendok afin d’étudier la Vergence de la planète. Parmi eux se trouve Sol, l’autre personnage principal du récit. Le Jedi montre une instabilité émotionnelle et une fragilité étouffée assez inédite pour un Chevalier de cet ordre. Passionné par le phénomène des Vergences de la Force, il va se donner pour mission de protéger, contre leur gré, Osha et Mae. Ne sauvant finalement que la première, il la prend comme Padawan mais échoue à la faire devenir une Chevalier Jedi. Il garde alors tout au long de sa vie une profonde culpabilité vis-à-vis de ses actes inconséquents sur Brendok. Interprété par Lee Jung-jae, qui s'est fait connaître grâce à la série Netflix Squid Game, le personnage a vraiment du mal à se rendre attachant. Bien que tout ce qu’il fasse soit pour le bien des deux jeunes filles, en particulier Osha, il est le parfait représentant d’un ordre qui croit ne pas pouvoir faillir et qui a du mal à assumer ses actes et à imaginer qu’il puisse faire fausse route.

Sol est accompagné sur Brendok par trois autres Jedi : la Maître Jedi Indara, le Padawan de cette dernière Torbin ainsi que le Chevalier Jedi Wookie Kelnacca. Certains spectateurs ont été surpris de voir un Wookie être un Jedi alors même que cela a déjà été montré en animation dans Star Wars : The Clone Wars mais aussi dans les œuvres de La Haute République, notamment avec les personnages de Burryaga ou Arkoff. Mais il est possible d’en trouver aussi dans l’Univers Légendes, le plus connu étant surement Lowbacca, le neveu de Chewbacca, apparu dans les séries de romans jeunesse Les Jeunes Chevaliers Jedi. Ceci étant dit, Kelnacca est ici plutôt un personnage secondaire et n'est pas très développé.
La Maître Jedi Indara est, quant à elle, la responsable de la mission sur Brendok. Beaucoup plus posée que Sol, elle cherche au maximum à ne pas gêner la vie sur la planète, et ne voit pas fatalement d’un très bon œil le fait de tenter de ramener les deux fillettes dans l’Ordre. Mais elle a bien du mal à contenir la passion de Sol et l’impatience de son Padawan. Après le drame de Brendok, elle est obligée de tordre la vérité afin de protéger au mieux les intérêts des survivants, reniant alors certains principes de l’Ordre. La Jedi est jouée par Carrie-Anne Moss, connue pour son rôle de Trinity dans la saga Matrix. L’actrice possède toujours autant de prestance.
Torbin, à l'époque des évènements de Brendok, est un Padawan impatient qui se désolait d'être perdu au milieu de nulle part et ne rêvait que de retourner sur la planète capitale Coruscant. Malheureusement, sa fougue à vouloir régler facilement un problème bien trop complexe pour lui, va entraîner une série de conséquences qui le hanteront toute sa vie. Au fur et à mesure de son existence de Jedi, il gagne en puissance, devenant à son tour Maître Jedi mais sa culpabilité le ronge au point de se retirer des affaires Jedi en faisant le Vœu de Barash. Le personnage est interprété ici par Dean-Charles Chapman, fameux Tommen Baratheon dans la série Game of Thrones.

Durant son enquête sur les meurtres de ses anciens compagnons de Brendok, Sol est secondé par plusieurs jeunes Jedi. La première est Jecki Lon, sa nouvelle Padawan. Cette hybride Theelin et Humaine est une apprentie Jedi particulièrement compétente, beaucoup plus mature et calme que certains jeunes déjà devenus Chevaliers Jedi. Sa sérénité et son intelligence cachent en outre une aptitude incroyable au combat au sabre laser. Elle est foncièrement attachée au respect des préceptes de l'Ordre Jedi, questionnant toujours son Maître lorsqu'elle pense qu'il dévie des principes inculqués. Jecki Lon est jouée par Dafne Keen, qui s'est notamment fait remarquer pour son rôle de Laura Kinney / X-23 dans les films Logan et Deadpool & Wolverine.
Yord Fandar est quant à lui un Chevalier Jedi qui a bien connu Osha Aniseya alors qu'ils étaient tous deux Padawan. Si la jeune fille a quitté l'Ordre, lui a monté les échelons, ayant désormais à son tour une Padawan placée sous sa responsabilité. Le Chevalier est particulièrement fougueux, fonçant souvent dans le tas sans trop réfléchir, mais il est aussi étrangement très attaché à la discipline tout en respectant les règles à la lettre. Il a ainsi du mal à sortir des clous, ce qui obscurcit parfois son jugement, ne le rendant pas moins fort sympathique. Le personnage est ici tenu par Charlie Barnett qui connait bien la showrunneuse de Star Wars : The Acolyte en ayant justement participé à sa précédente série Poupée Russe en tant qu'acteur dans le rôle d'Alan Zaveri.

D'un point de vue visuel, Star Wars : The Acolyte s'en sort plutôt bien. Comme Star Wars : Andor, la série s'appuie majoritairement sur des décors physiques ou sur des environnements extérieurs. Ceux-ci sont donc globalement convaincants même si aucun n’époustoufle le spectateur par sa grandeur ou son originalité. Les costumes des Jedi s'inspirent eux, grâce à leurs coloris beiges et dorés, des tuniques des utilisateurs de la Force dans la saga littéraire de La Haute République même si la qualité des tissus et leurs motifs auraient mérité plus de soin. Les effets spéciaux sont pour leur part bons et souvent beaux avec une mention spéciale pour la scène de poursuite spatiale dans les anneaux glacés d'une planète dans le dernier épisode. La musique de Michael Abels est, quant à elle, efficace mais un peu passe-partout. Elle ne vaut pas celle de Kevin Kiner dans Star Wars : Ahsoka qui avait réussi à proposer des thèmes aussi originaux et magnifiques qu'entêtants. En revanche, il y a un point où Star Wars : The Acolyte impressionne, c'est sur la chorégraphie des combats. Ils sont tout simplement superbes et virevoltants. C'est bien simple, la saga Star Wars n'avait pas proposé des duels au sabre laser aussi prenants en prises de vues réelles depuis Star Wars : La Menace Fantôme. Pourtant, au final, le budget estimé à 180 millions de dollars pour son intégralité semble un peu élevé par rapport au résultat vu à l'écran. Pour comparaison, la première saison de Star Wars : Andor avait coûté 250 millions de dollars. C'est certes plus cher mais pour quatre épisodes de plus et sur des durées globalement plus allongées.

Il est impossible de finir cette chronique de Star Wars : The Acolyte sans aborder la réception de la série. Depuis le rachat de Lucasfilm Ltd. par The Walt Disney Company, les fans de Star Wars reprochent une baisse de qualité et une négation de l'esprit de George Lucas - même si, pour être tout à fait honnête, les fans de Star Wars avaient reproché la même chose au créateur lors de la sortie de la prélogie, puis de la série Star Wars : The Clone Wars... Les films et les séries Disney ont été reçus plus ou moins mal par le public et même parfois de façon véhémente par une minorité bruyante, en particulier sur les réseaux sociaux. À tel point qu'il est désormais de bon ton, pour briller en société ou pour passer pour un cinéphile amateur, d'affirmer que tout ce qu'a sorti Disney autour de Star Wars est mauvais. Pour eux, seuls peuvent être sauvés Rogue One : A Star Wars Story, les deux premières saisons de Star Wars : The Mandalorian et Star Wars : Andor. Le reste est reçu de façon plus ou moins violente. Mais deux œuvres ressortent particulièrement du lot : le film Star Wars : Les Derniers Jedi et... la série Star Wars : The Acolyte.

Dans les deux cas, la presse a été globalement conquise ou, du moins, bien plus nuancée que ne le sera le public. Mais si le film avait surtout attiré la foudre des fans à cause de la prise de risque du réalisateur Rian Johnson qui voulait s'éloigner du canevas attendu de la saga, Star Wars : The Acolyte a, elle, souffert de plusieurs facteurs. Déjà, comme beaucoup d'œuvres Disney, elle a été attaquée pour son progressisme, à la fois devant et derrière la caméra, par une frange minoritaire réactionnaire. La série a ainsi été l'objet d'attaques racistes et / ou homophobes, illustrées de manière éclatante par un déferlement de critiques négatives sur les sites de notation dans une proportion suspecte (le nombre de critiques par rapport à son audience réel étant inversement proportionnel à ceux de Star Wars : The Mandalorian). Mais ce n'est pas la seule raison. Star Wars est désormais une franchise rejetée par le public et tout est bon pour la dénigrer. Souvent, la passion prend le pas sur la raison, amplifiée par le phénomène des réseaux sociaux ou par la course aux likes de certains influenceurs, cherchant à plaire aux algorithmes du web (le négatif faisant mieux vendre que le positif). Ainsi, pour justifier que la série était selon elle médiocre, une grande partie du public est partie dans l'outrance ou l'exagération. C'est bien simple : tout était mauvais ! Que ce soit le lore Star Wars, le scénario, les visuels, les acteurs, les dialogues, le récit... Rien ne trouvait grâce à leurs yeux. Pas la moindre nuance. Les débats étaient tellement durs que la communauté des sites de fans français de la franchise a dû relayer un appel commun au calme... En vain. Tout simplement surréaliste ! Est-ce que la série méritait un tel déluge de haine ? Clairement non ! Elle est globalement de meilleure qualité que Star Wars : Le Livre de Boba Fett ou Star Wars : Obi-Wan Kenobi, pourtant mieux accueillies par le public. En tous les cas, Star Wars : The Acolyte aura définitivement prouvé une chose : les fans de Star Wars forment sûrement une des communautés les plus toxiques de la Pop Culture. Il faut bien du courage et de l'abnégation aux créateurs pour vouloir travailler sur Star Wars. Surtout que les fans ont des envies contradictoires impossibles à assouvir. Ils veulent de la nouveauté mais ont, en réalité, rejeté en masse les deux œuvres qui s'éloignaient le plus des sentiers battus. Quant aux passionnés de Star Wars qui arrivent toujours à prendre du plaisir devant leur saga préférée, il vaut mieux vivre sa passion dans son coin, car essayer de la partager n'apporte que peine et souffrance, moquerie et jugement... Comme si le monde était tombé dans une Galaxie où le Côté Obscur avait gagné !

Avec une telle avalanche de critiques négatives, et ce, dès son entame, comment se construire une audience au fil des épisodes ? Difficile. Si Star Wars : The Acolyte arrive tout de même à trouver une petite partie de fans satisfaits, elle est globalement rejetée par le grand public et l'audience s'effondre dès la troisième semaine. La série reste en dehors du top 10 des programmes originaux aux États-Unis et ne remonte que difficilement à la dixième place pour son final. Pire, il s'agit de la plus mauvaise audience pour une fin de saison Star Wars. Un public absent, un budget trop important, une réception catastrophique... Lucasfilm Ltd. n'a pas le choix que de prendre une décision difficile : il n'y aura pas de deuxième saison comme le confirme le site Deadline le 19 août 2024. Si le destin des Jedi étant allés sur Brendok ainsi que celui de Mae obtiennent une fin satisfaisante, il reste tout de même des éléments qui auraient pu être développés dans une suite : la relation entre l'Étranger et Osha ; le passé de l'Étranger et pourquoi il est tombé dans le Côté Obscur ; les manigances de Dark Plagueis ; et surtout ce que Vernestra Rwoh a bien pu dire à Yoda dans le cliffhanger de fin de série où le fameux Maître Jedi apparaît. Toutes ces interrogations seront sûrement résolues, d'une façon ou d'une autre, dans l'Univers Étendu, que ce soit en roman ou en comics... Comme cela a été le cas pour le devenir de Qi'ra laissé en suspens après l'échec de Solo : A Star Wars Story. Il est juste dommage de voir encore une fois une œuvre qui tente d'innover, même maladroitement, être rejetée par les fans, snobée par le public puis sacrifiée par le studio.

Star Wars : The Acolyte a beaucoup de choses à offrir, à commencer par une approche intéressante du Côté Obscur et une exploration d'un pan nouveau de la chronologie Star Wars. Si la série méritait un peu plus d'exposition et un montage moins saccadé, elle possède tout de même des personnages qui sortent de l'ordinaire, une ambiance plus meurtrière et des combats magnifiquement chorégraphiés.

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