Une Journée à Disney
Titre original : One Day at Disney Production : Disney Branded Television Date de mise en ligne USA : Le 3 décembre 2019 (Disney+) Genre : Documentaire |
Réalisation : Fritz Mitchell Durée : 61 minutes |
Le synopsis
Depuis sa création en 1923, The Walt Disney Company a énormément évolué en diversifiant constamment ses productions et activités. Si l'entreprise a pu se développer de la sorte, c'est évidemment aussi et avant tout parce que des milliers de femmes et d'hommes y insufflent leur savoir-faire et leur énergie au quotidien. Une Journée à Disney est ainsi un documentaire permettant de mettre en lumière les portraits de onze de ces artisans du rêve qui font de la firme de Walt Disney ce qu’elle est aujourd’hui, à travers des métiers très hétéroclites. |
La critique
Une Journée à Disney est un documentaire mettant en lumière les métiers d'hommes et de femmes travaillant chaque jour au sein de The Walt Disney Company. Cette production Disney+ permet ainsi de rassembler dix des cinquante-et-un portraits similaires proposés dans la série documentaire Une Journée à Disney, également proposée sur la plateforme, prenant comme fil conducteur un onzième portrait : celui de Bob Iger, président-directeur général de la firme aux deux oreilles jusqu’en février 2020. Ce documentaire, très instructif, permet ainsi réellement de mettre en avant la diversité de l’entreprise. Tout d’abord du point de vue de la compagnie elle-même, en présentant ses domaines d’activité très variés, y compris géographiquement, mais également à l’échelle de chaque individu, de son parcours personnel à son métier. En revanche, il est regrettable que le documentaire soit autant subjectif, à la limite de l'exercice promotionnel. Il ne montre, en effet, que les côtés positifs de l’entreprise et de ses métiers, sans chercher à nuancer son propos. Il n’en reste pas moins un programme enrichissant, faisant la part belle à l’humain avant tout.
Dès ses premières minutes, Une Journée à Disney accroche son téléspectateur : il le plonge en effet au cœur d’une réunion au sein des Pixar Animation Studios, à laquelle participe Bob Iger, président-directeur général de l’entreprise au moment où le documentaire est proposé sur la plateforme Disney+. S’ensuivent des images d’archive montrant Walt Disney lui-même, dont l'histoire est très brièvement narrée par Sterling K. Brown dans la version originale du programme, par ailleurs disponible en multi-langues. Il s’agit de la voix de l’acteur ayant réalisé le doublage original du Lieutenant Mattias dans La Reine des Neiges II. C’est ensuite à Bob Iger en personne que la parole est donnée. Il raconte alors sa première rencontre avec Disney, lors du visionnage au cinéma avec ses grands-parents du grand classique d’animation Cendrillon. L’idée derrière cette transition, liant les images d’archive et la prise de parole de Bob Iger, est claire : c’est à ce dernier qu’appartient l’honneur et l’immense responsabilité de faire perdurer, et même d’étendre, l’héritage de Walt Disney. Cette notion d’héritage et de responsabilité transparaît d'ailleurs régulièrement à travers les différents portraits du documentaire. Les dix séquences centrées chacune sur une personne invitée à présenter son métier et son parcours vont ensuite s’enchaîner avec comme fil rouge les interventions de Bob Iger. Les transitions d’un portrait à l’autre sont à ce titre toujours cohérentes et bien menées. Le format du documentaire, d’une durée d’une heure, se révèle en outre fort pertinent. Il permet, en effet, de montrer suffisamment d’intervenants pour permettre la mise en exergue de leur diversité, sans tomber dans un schéma trop long, répétitif et lassant. L’ensemble est ainsi cohérent, fluide et dynamique.
Ce qui contribue le plus largement à rendre ce documentaire particulièrement intéressant est donc la diversité des corps de métiers mis à l’honneur. Si l’intervention d’un animateur était prévisible, celle d’une vétérinaire ou encore d’une présentatrice de journal télévisé est plus surprenante. Le lien entre tous ces profils, de Marc Gonzales, ingénieur du Disneyland Railroad du Resort californien, à celui de Jerome Ranft, sculpteur chez Pixar Animation Studios, en passant par celui de Grace Lee, responsable de l’illustration de livres en lien avec les productions des Walt Disney Animation Studios, reste toutefois le même : The Walt Disney Company. Il faut dire que cette dernière a décidément des activités fort diverses : films d’animation, films et séries en prises de vues réelles, spectacles vivants, Parcs à thèmes, complexes hôteliers, programmes télévisés, Parc animalier et tant d’autres encore, qu’il est difficile et même vertigineux de se représenter le nombre de professions et de personnes nécessaires à son parfait fonctionnement. Ce sentiment s’accentue encore lorsque son rayonnement mondial est pris en compte. Le portrait de Zama Magudulela, interprète de Rafiki dans la version madrilène du musical Le Roi Lion, permet en effet de mettre cet aspect en avant. Une Journée à Disney fait ainsi réellement prendre conscience du champ immense des activités variées de The Walt Disney Company et de leur rendre hommage.
L'autre force d'Une Journée à Disney est aussi de montrer la diversité des champs d’activités de la firme par la diversité des individus qui la composent, sur un plan très humain, personnel et émouvant. Chacun de ces intervenants présente ainsi au téléspectateur son parcours, son lien avec l’entreprise : comment l’a-t-il découverte ? A-t-il toujours voulu en faire partie ? Est-il heureux et satisfait dans son travail ? Le téléspectateur découvre alors des talents et des savoir-faire diversifiés, liés à chaque métier rencontré. Le parcours d’Ashley Girdich, manager chez Walt Disney Imagineering Research & Development à Glendale en Californie, est nécessairement différent de celui de Robin Roberts, présentatrice de l’émission Good Morning America, l'équivalent de Télématin enregistré à New York et diffusé sur ABC. Un autre point positif se fait également jour : la volonté de représenter des profils variés dans tous les domaines. La parité est d'ailleurs et évidemment respectée : dix portraits, cinq hommes, cinq femmes. La diversité ethnique est également représentée, ainsi que la communauté homosexuelle, portée par Robin Roberts. Le programme s’intéresse alors aux ressentis plus personnels de chacun, créant aussitôt une émotion et un attachement envers les intervenants. Le téléspectateur apprend ainsi que Jerome Ranft, sculpteur chez Pixar Animation Studios, a découvert les studios Pixar par l’intermédiaire de son frère, Joe Ranft, qui a notamment participé aux storyboards de plusieurs films d’animation du studio. Les deux frangins ont de la sorte partagé un lieu de travail et une passion commune pour leur métier jusqu’au décès de Joe, en 2005. Quant au parcours de Robin Roberts, il est tout aussi poignant. Cette passionnée de sport entre chez The Walt Disney Company en tant que présentatrice d’une émission sportive sur ESPN avant de prendre la présentation de Good Morning America, qui l’amènera jusqu’à interviewer Barack Obama pour l’annonce de son opinion favorable au mariage pour tous, quelques jours après avoir appris qu’elle souffrait d’un syndrome myélodysplasique. La passion d’Eric Goldberg, animateur aux Walt Disney Animation Studios de Burbank, à qui sont dues notamment les animations du Génie d’Aladdin et de Mickey dans le cartoon À Cheval !, est totalement palpable. Il en va de même pour Eric Baker, directeur artistique de Walt Disney Imagineering ayant travaillé sur les accessoires des Star Wars: Galaxy’s Edge des Resorts californien et floridien. Au fil des séquences, l’émotion est, en outre, magnifiquement soulignée par la musique, composée par Brian Keane. Enfin, la conclusion de chacun des portraits montre à quel point, en dépit de leurs diversités, professionnelles comme personnelles, ces dix personnes sont liées par un facteur commun : leur amour pour leur travail au sein de The Walt Disney Company.
Si Une Journée à Disney est à la fois instructif, bien mené, émouvant, fluide, cohérent et dynamique, il présente néanmoins un point négatif majeur : il est, en effet, très peu objectif et ne présente que les aspects positifs de la collaboration au sein de l'entreprise. Chaque intervenant semble passionné et totalement épanoui dans son travail, sans que la moindre zone d’ombre ne fasse partie de ses journées de travail. Ainsi, lors de la première séquence montrant Bob Iger en pleine réunion aux Pixar Animation Studios, le programme donne à voir une salle de réunion dans laquelle tout le monde est parfaitement détendu et souriant. Or le téléspectateur n’est pas dupe : toutes les réunions n’ont pas ce déroulement si serein et apaisé. Quelques difficultés sont toutefois évoquées par deux intervenants. Le premier d’entre eux est Jerome Ranft, qui partage par exemple le fait que son métier de sculpteur est amené à disparaître des studios d’animation avec le développement des technologies numériques. Le second est Ryan Meinerding, chef du développement visuel et directeur artistique chez Marvel Studios. Il évoque le fait qu’il travaille constamment, les jours de semaine évidemment, mais également les week-ends. La pression et la charge de travail qui lui incombent sont immenses. Un autre point négatif à souligner, qui est du même ordre que le premier, se trouve dans l’aspect promotionnel du documentaire. Il reprend par exemple des plans issus des vidéos promotionnelles des Lands Star Wars: Galaxy’s Edge des Parcs américains. Il en est de même concernant la mise en avant de J4-K3, le droïde de maintenance déambulant librement dans le Tomorrowland du Disneyland Park californien, encore une fois illustrée par quelques extraits de vidéos promotionnelles. Cet aspect trop subjectif peut donc venir entâcher la valeur du propos. Un documentaire par trop orienté, comme c’est le cas pour Une Journée à Disney, perd toujours en crédibilité.
Passé son aspect par trop promotionnel et orienté corporate, Une Journée à Disney est un documentaire au contenu réellement intéressant, permettant d’ouvrir le regard du téléspectateur sur la diversité des domaines et des personnels de The Walt Disney Company.