Panique sur l'Île de L'Oubli
Descendants - L'Île de L'Oubli - Tome 4

Titre original :
Escape from the Isle of Lost
Éditeur :
Hachette Romans
Date de publication France :
Le 16 juin 2019
Genre :
Descendants – L'Île de L'Oubli
Auteur(s) :
Melissa de la Cruz
Autre(s) Date(s) de Publication :
Disney•Hyperion (US) : Le 4 juin 2019
Nombre de pages :
304

Le synopsis

Mal, Evie, Jay et Carlos retournent sur l'île de l'Oubli, bien décidés à mettre leur nouveau plan en œuvre : faire venir davantage de descendants des méchants sur Auradon. Tandis qu'ils essayent de vanter les bienfaits de leur nouvelle vie à leurs anciens camarades, Uma est plus déterminée que jamais à se venger de Mal. Elle tombe alors sur le repaire du dieu Hadès...

La critique

rédigée par
Publiée le 06 janvier 2023

Quatrième et dernier tome de la série littéraire L'Île de L'Oubli, Descendants - Panique sur l'Île de L'Oubli appartient à la populaire franchise Descendants, qui met en scène les enfants des méchants Disney qui ont été exilés sur l'île de l'Oubli par les héros et héroïnes les ayant vaincus dans les contes et films d'animation Disney. Dans ce roman, dont l'action se déroule après le téléfilm Descendants 2 (2017), les quatre protagonistes se sont complètement intégrés à la vie auradonienne et souhaitent faire profiter les autres descendants de la chance que le roi Ben leur a donnée.

Melissa de la Cruz est l’auteure de plus de cinquante romans ayant figuré sur les listes de best sellers de USA Today, du Wall Street Journal et du Los Angeles Times. Le premier tome de la série Descendants - L’Île de L'Oubli est, pour sa part, resté plus de cinquante semaines dans celle du New York Times et quinze semaines à la première place du classement avec plus d’un million de copies publiées. L’auteure de la franchise a également signé la série Blue Bloods (Hyperion Books for Children (US) depuis 2006), Les Sorcières de North Hampton (Hyperion (US), 2011-2013 ; Orbit (France), 2013-2014), Alex & Eliza (G.P. Putnam’s Sons Books for Young Readers (US), 2017-2019), The Queen’s Assassin (G.P. Putnam’s Sons Books for Young Readers (US), 2020-21), High School Musical : The Musical - The Series : The Road Trip (Disney•Hyperion (US), 2021) et le roman graphique Gotham High (DC Comics (US), 2020 ; Urban Comics (France), 2021), assistée des pinceaux de Thomas Pitilli.

Le roman commence malheureusement sur une base bancale, même s'il est possible de passer outre et de se prêter au jeu. L'auteure introduit à l'histoire le dieu Hadès, lequel aurait lui aussi été exilé sur l'île de l'Oubli. Pour les férus de mythologie, la chose semble difficile à avaler, car même si Zeus avait voulu le punir, il ne l'aurait pas fait de telle sorte que son frère ne puisse plus exercer ses fonctions, car Hadès est le dieu des Enfers et s'il n'est plus là pour surveiller le bon cheminement des âmes défuntes, les problèmes ne tarderont pas à affluer. Le dieu est nécessaire, au sens propre du terme, au bon déroulement du monde. Qui plus est, dans la mythologie il est admis que lorsque les trois frères Zeus, Poséidon et Hadès se sont partagé les mondes, Hadès a hérité de celui dont personne ne voulait. Sa vie est d'une certaine façon une constante punition. Aussi, contrairement aux autres dieux, il n'est pas considéré de la même manière par ses pairs. L'histoire de sa rencontre avec sa future femme Coré est également bien différente de celle des autres divinités qui séduisent à tout-va dieux, humains et créatures magiques. Il décide en effet de l'enlever, puisque personne ne veut épouser Hadès du fait de sa fonction et de l'endroit où il réside. Il faut d'ailleurs se souvenir que contrairement à Héphaïstos, lors de ses déboires avec Aphrodite, Hadès ne passe pas pour laid. Sa solitude est donc structurelle.

Au niveau du style, l'ouvrage est mieux écrit que les précédents, notamment le second volet qui manquait cruellement de subjonctif, mais il est encore pétri de maladresses. À titre d'exemple, les personnages animaliers sont souvent humanisés, ce qui n'est pas cohérent, car tous ne subissent pas cet étrange processus. Même s'il s'agit d'une histoire transposée à l'époque contemporaine, le père du roi Ben et mari de Belle, à qui il n'est pas donné de nom, est désigné comme étant la Bête alors qu'il a une apparence humaine, dans la mouvance des téléfilms qui ne lui offrent pas de prénom non plus. Il aurait pourtant été intéressant de lui en donner un, car d'autres romans Disney ont prouvé que c'était possible, à l'image de The Queen's Council - Rose Rebelle d'Emma Theriault (Disney•Hyperion (US), 2020 ; Hachette Heroes (France), 2021) où l'auteure le nomme Léo. Aussi, et conformément à la manière dont Petit Jean est décrit, il semblerait que celui-ci soit humain et donc quelque peu différent du personnage du film Robin des Bois (1973), pourtant Pongo des (Les) 101 Dalmatiens (1961) et Marie de Cendrillon (1950), semblent bien être des animaux. Même s'il est clair dès le premier tome qu'elle a été interdite à Auradon, la magie a existé autrefois, et il n'aurait donc pas été gênant de voir un Petit Jean qui corresponde au personnage original. L'auteure commet également quelques maladresses d'écriture : il est quelques fois impossible par exemple de savoir qui parle dans les dialogues. Et du côté de la traduction, le langage pèche toujours à l'occasion, du fait d'une abondance de mots familiers qui rend les dialogues parfois peu naturels, en plus de quelques phrases étranges telles que : « peut-être aussi que le sommet était plus fin » et « si tu m'écris on dirait oui ».

Concernant la magie, le quatrième tome indique que les personnages principaux sont en train de terminer l'équivalent du lycée et qu'ils doivent choisir une académie et un futur métier. L'une des options qui s'offre à eux est celle de l'Institut de Magie. Pourtant, en sachant que sa pratique est interdite, cela n'a tout bonnement aucun sens. Qui plus est, la professeure venue les convaincre de rejoindre l'institut fait de la magie devant eux pour les impressionner et, plus tard, des mentions sur d'apprentis sorciers sont données. Il est dommage de voir de telles incohérences entre les romans, en plus de celles qui existent entre les téléfilms et les livres. Dans la même veine, Jane cache à sa mère l'existence d'un rallye, alors qu'elle est l'honnêteté incarnée, et c'est même elle qui le présente, ce qui ne colle là encore pas du tout avec le personnage.

L'impression de travail bâclé ne s'arrête pas là, car vient ensuite la chasse aux trésors, à laquelle le lecteur ne prend quasiment pas part et qui débute aussi soudainement qu'elle se termine, avec en plus un choix d'artefacts incohérent. Chaque objet recherché doit être typique de son propriétaire ; ainsi, le pétale de rose provenant du jardin d'Aurore fait quelque peu tache alors que Belle et la Bête font partie de l'histoire. Aurore porte en effet le nom de Rose durant son enfance, mais la rose est surtout le symbole par excellence du film d'animation La Belle et la Bête (1991), comme du conte d'ailleurs. Le détail le plus incroyable est peut-être le restaurant dédié à Ariel spécialisé dans le... poisson ! Il est possible de ne pas réaliser que c'est absolument incongru, même si Ariel est à moitié poisson, mais les spectateurs qui ont vu La Petite Sirène (1989) se souviennent bien que Triton appelle les humains des « mangeurs de poisson » ! Clairement, le royaume d'Éric aurait dû se passer de ce met après l'avènement de leur nouvelle reine pour éviter de s'essayer à une forme de quasi-cannibalisme envers elle et son peuple. Exactement dans le même style, les héros doivent aller chercher une pomme dans le verger de Blanche Neige, alors que s'il y a bien un fruit dont la princesse ne voudra plus jamais entendre parler, c'est celui-ci ! En somme, l'auteure a élaboré ces détails de façon très malheureuse en faisant de mauvaises associations d'idées. Le livre n'est pas non plus aidé par une forme de redondance narrative, puisqu'une fois encore, Ben part en mission et laisse les quatre héros s'en aller de leur côté.

Cerise sur le gâteau, la traduction commet un crime de lèse-majesté avec les noms donnés aux acolytes d'Hadès : Frousse et Panique, en lieu et place de ceux utilisés dans le film d'animation Hercule (1997) - Peine et Panique. Cela fait d'ailleurs écho à une autre erreur qui s'est glissée dans le second livre où, au lieu d'Anastasie, il était écrit Anastasia. Il faut dire que malheureusement, l'auteure comme la traductrice semblent accumuler quelques lacunes le domaine de l'animation Disney pour s'essayer à ce travail. Pour finir, un dernier détail pourrait faire hausser plus d'un sourcil : Hadès se demande si les dieux peuvent le voir sur l'île de l'Oubli, alors que lui plus que quiconque devrait savoir que les dieux sont omnipotents. Cela vient s'ajouter à la longue liste de problèmes de cohérence vis-à-vis de sa seule présence sur l'île, car en dehors du Tartare, le dieu des Enfers est censé pouvoir se sortir de n'importe quel endroit, particulièrement d'une prison telle qu'une île enchantée par des fées et des humains. Malgré l'incongruité de sa présence, l'humour d'Hadès donne le sourire aux lecteurs, et il est agréable de retrouver ce personnage divin au haut potentiel comique.

Finalement, l'idée de proposer des romans inédits entre la sortie des différents téléfilms est excellente, même s'il est regrettable que les deux médias ne soient pas suffisamment liés entre eux. Au sortir de sa lecture de Descendants - Panique sur l'Île de L'Oubli, le lectorat a l'impression que ce n'est pas la même auteure qui a écrit le reste de la série tant ce dernier opus est pétri d'incohérences en tout genre, même s'il est évidemment agréable de découvrir la suite des aventures des héros et de continuer un bout de chemin avec eux. Il n'est donc à réserver (et encore) qu'aux fans de la franchise, mais quel dommage car le potentiel était là !

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