Cri-Crí
El Grillito Cantor
Titre original : Cri-Crí, El Grillito Cantor Production : Walt Disney Animation Studios Carlos Amador Date de sortie Mexique : Le 12 décembre 1963 Distribution : Carlos Amador Genre : Animation 2D / Film "Live" |
Réalisation : Tito Davison Musique : Gustavo César Carrión Francisco Gabilondo Soler Durée : 150 minutes |
Le synopsis
La vie du compositeur et interprète mexicain de chansons enfantines, Francisco Gabilondo Soler, plus connu sous le nom du personnage qu'il a lui-même créé : Cri-Cri, le Grillon Chanteur. |
La critique
Cri-Crí, El Grillito Cantor est un film qui prend une place particulière dans la carrière de Walt Disney. Depuis le début des années 30 avec Hollywood Party et Entrée de Service, ce dernier n'en a, en effet, plus accepté de fournir des séquences animées pour des longs-métrages "live" appartenant à d'autres studios. Il réservait, il est vrai, farouchement son talent pour le bénéfice de sa seule compagnie.
Cri-Crí, El Grillito Cantor est, en fait, le résultat non prévu d'une rencontre organisée, à la fin de l'année 1962, par Walt Disney lui-même dans son propre bureau . Il y présente, en effet, à Bill Justice (l'animateur principal des personnages de Tic et Tac) et Xavier Atencio (le futur compositeur des chansons des attractions de Disneyland, Pirates of the Caribbean et Haunted Mansion) Carlos Amador, un producteur mexicain accompagné de sa femme, star de cinéma, Marga. Ce dernier annonce préparer un film "live" sur la vie d'un chanteur compatriote, Cri-Crí, El Grillito Cantor.
Francisco Gabilondo Soler, dit Cri-Cri, le Grillon Chanteur, nait le 6 octobre 1907, dans la ville d'Orizaba, près de Veracruz. Durant son enfance, il dévore les contes de Grimm ou de Hans Christian Andersen. Les auteurs comme Jules Verne lui permettent aussi de s'évader en rêve dans des voyages vers des mondes inconnus. Au cours de sa jeunesse, il pratique la boxe, la natation et la tauromachie, sans vraiment y prendre gout. Seules l'astronomie et la musique parviennent, en fait, à le passionner. Il apprendra d'ailleurs le piano de manière autodidacte ! En 1928, il rentre à l'Observatoire National mais se voit contraint de finalement renoncer par manque de ressources financières même s'il conserve intact son intérêt pour l'espace intersidéral. A l'âge de 25 ans, il se recycle alors dans une carrière de musicien professionnel, en interprétant des sujets d'humour de sa propre inspiration. Ses lectures d'antan le conduisent naturellement à se spécialiser dans les chansons enfantines. Le 15 octobre 1934, il a la bonne idée de se présenter à la radio dans la peau du personnage qu'il crée pour l'occasion Cri-Cri, le Grillon Chanteur. Il marque ensuite une pause dans sa carrière radiophonique et dès 1941, se fait engager comme marin sur un bateau marchand pour voyager à travers toute l'Amérique du Sud. En 1944, il rentre au pays et reprend son rôle de chanteur-compositeur. Il enchantera les ondes durant 28 ans avec des chansons inoubliables jusqu'à sa retraite en 1962. En 1984, il reçoit un hommage radiophonique pour l'ensemble de sa carrière. Francisco Gabilondo Soler meurt le 14 décembre 1990, à l'âge de 83 ans, d'une crise cardiaque.
Cochinitos Dormilones (Les Cochons Dormant), l'une des chansons du film, Cri-Crí, El Grillito Cantor, écrite par Francisco Gabilondo Soler, donne l'idée à son producteur, Carlos Amador, d'utiliser les Trois Petits Cochons de Disney dans une séquence animée de quatre minutes. Le papa de Mickey se laisse vite convaincre sur la seule motivation que la moitié des recettes du long-métrage revient, par contrat, à des associations de prises en charge des enfants pauvres du Mexique organisant notamment la fourniture d'un repas gratuit par jour. Walt Disney est d'ailleurs tellement emballé par cet acte de solidarité qu'il embarque dans son bénévolat Bill Justice et Xavier Atencio. Ni une, ni deux, l'affaire se conclut dans son bureau : Carlos Amador écrira l'adaptation tandis que ses deux artistes s'occuperont de la réalisation !
La séquence "Disney" s'ouvre sur deux enfants, qui, confortablement installés
dans leur lit, admirent un tableau des trois petits cochons eux-mêmes couchés.
Le tableau prend alors vie : leur maman vient déposer un baiser sur chacun d'eux
afin de rendre leur nuit plus douce. Ils s'endorment tous les trois aussitôt et
se mettent à rêver d'aventures bien différentes.
Nouf-Nouf imagine ainsi être roi et accéder à toute la nourriture qu'il
souhaite. Nif-Nif rêve, lui, qu'il possède un bateau pour voguer sur les flots
même s'il avère délicat de s'y embarquer correctement. Naf-Naf, pour sa part,
cauchemarde et voit le Grand Méchant Loup poser un ultimatum à leur mère pour
qu'elle règle ses dettes, le lendemain. Le fiston décide alors de prendre les
choses en main et, avec l'aide de ses deux frères, part à La Fiesta de Las
Flores pour participer à un concours de danse. Remportant le premier prix, ils
rentrent tout guillerets chez eux, en sifflotant sur le chemin l'air de Qui a
peur du Grand Méchant Loup. Mais l'infâme loup entend les déposséder de leur
pécule et les attaque sauvagement. Leur intelligence les sauve fort heureusement
de ses griffes : ils peuvent dès lors rentrer retrouver la douceur de leur
mère...
La séquence bouclée, validée par Walt Disney lui-même puis expédiée à Carlos Amador est tellement appréciée par les autorités mexicaines que les studios de Mickey reçoivent en retour une invitation officielle pour les remercier de leur participation au projet. En effet, la première dame du Mexique, très touchée par leur geste de fraternité, entend féliciter leurs auteurs. Les artistes Disney (sans le Maître qui, se voulant discret dans ses actions humanitaires, ne fera pas le déplacement !) sont donc accueillis comme des chefs d'état, dès leur arrivée sur le tarmac de l'aéroport de Mexico. Ils reçoivent même, à l'occasion de leur séjour, une distinction pour leur travail. Cri-Crí, El Grillito Cantor se voit également décerné un prix lors du festival international de novembre 1963.
Cri-Crí, El Grillito Cantor est aujourd'hui totalement tombé dans l'oubli. Rien d'étonnant à cela puisque ce film n'a été disponible que sur le marché mexicain. Difficile dés lors d'en juger la qualité globale d'autant qu'il n'a fait l'objet que d'une seule édition en vidéo au début des années 90 : en VHS, uniquement au Mexique, et épuisée depuis bien longtemps. Par contre, la séquence Disney des Cochinitos Dormilones circule, elle, aisément sur la toile et témoigne à plein de l'énorme capital-sympathie des Trois Petits Cochons disneyens. Elle s'avère d'ailleurs plutôt de qualité malgré des décors un peu minimalistes et une facile (mais pardonnable) reprise de scènes des (Les) Trois Caballeros. Les Trois Petits Cochons et le Grand Méchant Loup y renouent donc avec leur public et en profitent pour rencontrer de nouveaux personnages telle la mère ou encore le personnel du château rêvé par Nouf-Nouf.
Cri-Crí, El Grillito Cantor est une œuvre à part dans la filmographie de Walt Disney. Elle témoigne de sa grande générosité et offre l'opportunité de retrouver des personnages à jamais ancrés dans l'inconscient collectif des spectateurs du monde entier.