Glynis Johns
Date de naissance : Le 05 octobre 1923 Lieu de Naissance : Pretoria, Afrique du Sud Date de Décès : Le 04 janvier 2024 Lieu de Décès : Los Angeles, en Californie, aux États-Unis |
Nationalité : Sud-Africaine Britannique Profession : Actrice |
La biographie
À la fin des années 1940, Walt Disney décide de varier ses activités en se lançant dans la production de films en prises de vues réelles. Outre son envie de travailler avec des acteurs et des actrices en chair et en os, le cinéaste est en particulier motivé par la nécessité absolue de sauver ses studios en utilisant les bénéfices de ses films que le Royaume-Uni, exsangue après six ans de guerre, refuse de laisser repartir vers l’Amérique. Faute d’avoir sur place une équipe d’animateurs chevronnés, Walt et son frère Roy fondent alors un nouveau bureau à Londres dont la mission est de superviser la réalisation de longs-métrages live dans lesquels sont invitées à jouer certaines des plus grandes vedettes du Vieux Continent, à l’instar de la pétillante Glynis Johns.
Glynis Johns naît le 5 octobre 1923 à Pretoria, en Afrique du Sud, durant l’une des tournées de ses parents. Sa mère, Alice Maude Steele, est en effet une pianiste renommée qui se produit régulièrement sur les plus grandes scènes du monde. D’origine galloise, son père, Mervyn Johns, est quant à lui un comédien réputé ayant lui aussi parcouru des dizaines de pays en plus de quelques apparitions au cinéma. La petite Glynis Johns grandit donc dans une belle famille d’artistes. Une carrière sur les planches est déjà toute tracée pour elle. Décrochant son diplôme de professeur de danse alors qu’elle n’a que dix ans et des dizaines de prix récompensant son talent lors de concours variés, l’enfant débute ainsi dès l’âge de treize ans, en 1935, année au cours de laquelle elle apparaît en tant que ballerine à l’affiche de Buckie’s Bears, l’adaptation du roman d’Erica Fay et Harry Buffkins produite sur la scène du Garrick Theatre de Westminster. Très vite repérée, elle obtient son premier grand rôle l’année suivante dans St Helena, la pièce de R.C. Sheriff montée à l’Old Vic de Londres. Toujours admirable, l’adolescente enchaîne ensuite avec The Children’s Hour de Lillian Hellman, puis avec des pièces comme The Melody That Got Lost, Judgement Day et A Kiss for Cinderella.
De la scène aux écrans, il n’y a qu’un pas et Glynis Johns apparaît dans son premier film, South Riding, dès 1938. Dirigée alors par Victor Saville, elle partage l’écran avec Edna Best, Ralph Richardson, Edmund Gwenn et Ann Todd. D’autres petits rôles suivent dans Murder in the Family d’Albert Parker (1938), Prison Without Bars (1938) et Cette Nuit-Là de Brian Desmond Hurst (1939), Under Your Hat de Maurice Elvey (1940), The Briggs Family d’Herbert Mason (1940), ainsi que Le Voleur de Bagdad (1940), pour lequel elle n’est cependant pas créditée, et Le Premier Ministre (1941), où sa scène est finalement coupée au montage. Glynis Johns n’abandonne pas pour autant le théâtre et joue dans Quiet Wedding d’Esther McCracken en 1938.
À l’affiche durant deux ans de la pièce Quiet Weekend, la suite de Quiet Wedding créée en 1941, puis d’une nouvelle version de Peter Pan montée sur la scène du Cambridge Theatre dans laquelle elle interprète le rôle principal, Glynis Johns se fait brillamment remarquer au cinéma dans 49e Parallèle de Michael Powell (1941). Choisie pour remplacer à la dernière minute la comédienne Elisabeth Bergner, son interprétation d’Anna lui vaut alors de remporter le National Board of Review Award de la Meilleure Actrice. Toujours sur les écrans, elle joue avec Robert Donat dans La Guerre dans l’Ombre d’Harold S. Bucquet (1943) et Le Verdict de l’Amour d’Alexander Korda (1945) pour lesquels elle obtient de très bonnes critiques dans la presse. Elle donne avant cela la réplique à son père dans L’Auberge Fantôme de Basil Dearden (1944).
Mariée entre 1942 et 1948 au comédien Anthony Forwood, Glynis Johns accouche de son premier et unique enfant, Gareth, né en 1945. Jeune maman, elle reprend pourtant rapidement le chemin des plateaux. Marcel Varnel la fait alors tourner aux côtés de Tom Walls dans This Man is Mine (1946). Elle croise aussi la route de David Tomlinson dans Miranda de Ken Annakin (1948), l’un de ses plus beaux rôles, et Helter Skelter de Ralph Thomas (1949). En plus des pièces I’ll See You Again et Fools Rush Inn, la décennie 1940 est complétée avec des apparitions au cinéma dans Frieda (1947), Un Mari Idéal d’après l’œuvre d’Oscar Wilde (1947), Third Time Lucky Man (1949) et Dear Mr. Prohack (1949).
Interprète de Lisa Robinson dans Secret d’État de Sidney Gilliat avec Douglas Fairbanks, Jr. (1950), Glynis Johns fait pour la première fois face au comédien Richard Todd dans le drame Flesh and Blood d’Anthony Kimmins (1951). Le courant passe alors très bien entre eux ; les deux acteurs devenant de très bons amis. Toujours en 1951, Johns part pour Hollywood où elle tourne Le Voyage Fantastique d’Henry Koster. De retour au Royaume-Uni, elle joue avec David Niven dans Appointment With Venus de Ralph Thomas (1951) avant de rejoindre le casting d’Encore, un film d’anthologie de W. Somerset Maugham (1951), et de La Boîte à Musique de John Boulting (1951).
À l’affiche de Gertie jouée au Plymouth Theatre de Broadway durant cinq soir du 30 janvier au 2 février 1952, celle que les propriétaires de salles anglais comptent parmi les plus grandes stars du moment joue l’une des compagnes d’Alec Guinness dans Trois Dames et un As de Ronald Neame (1952). Mariée en secondes noces avec l’officer David Foster, futur président de la firme Colgate qu’elle épouse en 1952, Glynis Johns reforme ensuite son duo avec Richard Todd pour les studios Disney qui lui offrent le rôle de la capricieuse Mary Tudor dans La Rose et l’Épée (1953). C’est alors l’occasion pour la comédienne de rencontrer pour la première fois Walt Disney qui vient à plusieurs reprises à Londres pour assister au tournage. Le cinéaste est charmé par la comédienne et la comédienne est séduite par le cinéaste. C’est le début d’une belle amitié. À l’affiche de Personnal Affair d’Anthony Pelissier (1953), Glynis Johns est rapidement recontactée par Disney qui lui demande d’incarner Helen Mary MacPherson MacGregor dans Échec au Roi (1954).
Après les deux longs-métrages de Disney dont les résultats au box-office sont quelque peu décevants, Glynis Johns triomphe dans Filles sans Joie de J. Lee Thompson qui remporte un beau succès (1954). Elle retrouve en outre Ken Annakin qui la dirige aux côtés de Jack Hawkins dans Moana, Fille des Tropiques (1954) puis dans Qui Perd Gagne (1956). Elle partage l’affiche avec Robert Newton dans Le Vagabond des Îles de Muriel Box (1954). Elle apparaît dans la suite de Miranda, Folle des Hommes de Ralph Thomas (1954). En 1955, Johns joue dans Joséphine et les Hommes de Roy Boulting et Le Bouffon du Roi de Melvin Frank et Norman Panama. Elle fait également un caméo dans Le Tour du Monde en 80 Jours de Michael Anderson, sur les écrans en 1956, année durant laquelle elle remonte sur les planches à Broadway dans Major Barbara dont elle tient le rôle-titre. En 1957, la comédienne interprète Mamie dans La Bourrasque d’Allen Reisner.
De retour au Royaume-Uni, Glynis Johns complète sa filmographie avec Je Pleure Mon Amour (1958) puis L’Épopée dans l’Ombre (1959) et The Spider’s Wab (1960). En Amérique, Fred Zinnemann la choisit pour jouer Gertrude Firth dans Horizons sans Frontières, un film d’aventures avec Deborah Kerr, Robert Mitchum, Peter Ustinov et Michael Anderson pour lequel elle reçoit une nomination à l’Oscar de la Meilleure Actrice dans un Second Rôle (1960). Elle apparaît à la télévision sous les traits de Kitty O’Moyne aux côtés de Rex Reason, Donald May et Dorothy Provine dans The Roaring 20’s diffusée sur ABC. Mariée en troisièmes noces avec l’homme d’affaires Cecil Henderson en 1960, elle tient ensuite le haut de l’affiche dans Le Cabinet du Dr Caligari de Roger Kay (1962). Elle fait partie de la distribution des (Les) Liaisons Coupables de George Cukor qui lui vaut une nomination pour le Golden Globe de la Meilleure Actrice dans un film dramatique (1962).
Au début de l’année 1963, Glynis Johns est invitée par Walt Disney à venir lui rendre visite dans ses studios. Le papa de Mickey travaille depuis des années sur un projet très personnel, l’adaptation sur grand écran de Mary Poppins, le roman pour la jeunesse de P. L. Travers. Nourrissant une passion pour le livre qu’il a découvert vingt ans plus tôt grâce à ses filles, Diane et Sharon, Disney souhaite offrir à Johns le rôle de Winifred Banks. Il s’entretient alors à ce sujet avec elle lors de sa visite aux studios. L’incompréhension se glisse toutefois dans la conversation. Glynis Johns pense que Walt lui propose le rôle principal. Sa déception est totale quand elle comprend finalement que la nounou magicienne ne sera pas jouée par elle mais par Julie Andrews. Disney tente dès lors de rattraper le coup. Alors même que rien n’a été prévu dans ce sens, il explique à Glynis Johns qu’un beau numéro musical a été écrit spécialement pour son personnage par Richard et Robert Sherman. Il décroche même son téléphone pour informer les deux frères que la comédienne et lui viendront leur rendre une petite visite dans leur bureau après leur déjeuner à la cafétéria des studios. Pour les Sherman, la panique est totale. Ils n’ont donc pas plus d’une heure pour écrire et composer ledit numéro musical de Madame Banks. Recyclant la musique d’une chanson abandonnée initialement prévue pour le personnage Mary, ils jettent les bases de Mes Sœurs Suffragettes et parviennent grâce à elle à convaincre Glynis Johns d’accepter le rôle, pour le plus grand bonheur de Walt !
Après George Marshall qui la dirige dans Papa’s Delicate Condition (1963), Glynis Johns retrouve ainsi le réalisateur Robert Stevenson qui débute le tournage de Mary Poppins en mai 1963. Sur le plateau, la comédienne rejoint son bon ami David Tomlinson choisi pour endosser le costume de Monsieur Banks. Elle se lie également d’amitié avec Julie Andrews et Dick Van Dyke ainsi qu’avec Matthew Garber et Karen Dotrice qui incarnent Michael et Jeanne Banks.
Julie Andrews, Matthew Garber, Karen Dotrice, David Tomlinson, Glynis Johns, Arthur Treacher,
Hermione Baddeley et Elsa Lanchester durant le tournage de Mary Poppins (1963)
Vedette de Too True to Be Good, la pièce de George Bernard Shaw remontée à Broadway durant l’année 1963, Glynis Johns alterne entre la scène, le grand et le petit écran. Apparue dans The Lloyd Bridges Show, elle décroche sa propre série, Glynis, diffusée sur CBS dès l’automne 1963. Donnant la réplique à Keith Andes, elle y joue le rôle de Glynis Granville, une auteur de nouvelles qui participe à la résolution de différentes enquêtes aux côtés de son mari, Keith. Faute de succès, le feuilleton est cependant déprogrammé au bout de seulement treize épisodes...
Alors que Mary Poppins triomphe en salle, Glynis Johns épouse son quatrième mari, Elliott Arnold, en 1964. L’année suivante, elle est cette fois mariée fictivement à l’écran avec l’acteur James Stewart dans Chère Brigitte d’Henry Koster (1965). Elle incarne la méchante Lady Penelope Peasoup dans la série télévisée Batman en 1967. À l’affiche de la pièce The King’s Mare au Garrick Theatre, elle ne revient au cinéma que deux ans plus tard dans Don’t Just Stand There (1968) puis Look Up Your Daughters! (1969). Préférant espacer les tournages, Glynis Johns se recentre sur le théâtre et joue dans A Talent to Amuse (1969), Come as You Are (1969-1970), Marquise (1971-1972) et A Little Night Music, la pièce de Stephen Sondheim et Hugh Wheeler pour laquelle elle est récompensée par un Tony Award (1973).
De plus en plus rare sur les écrans, Glynis Johns n’apparaît plus que dans quelques productions qui ne brillent pas au box-office, Le Caveau de la Terreur (1973), Three Dangerous Ladies (1977), Nukie (1987), Zelly and Me (1988)... À la télévision, elle tourne aussi dans la première saison de la sitcom Cheers diffusée sur NBC (1982), dans La Croisière s’Amuse (1984), Arabesque avec Angela Lansbury (1985) et dans quinze épisodes de Coming of Age pour CBS (1988). Ses performances au théâtre sont plus prestigieuses dans Ring Round the Moon (1975), 13 Rue de l’Amour (1976), Cause Célèbre (1978), Hay Fever (1980-1981) et The Circle (1989-1990). Elle double Mrs. Grimwood dans Scooby-Doo et l’École des Sorcières (1988). La filmographie de l’actrice s’achève avec trois ultimes films, Tel est Pris qui Croyait Prendre, une production Touchstone Pictures de Ted Demme avec Kevin Spacey, L’Amour à Tout Prix, une réalisation Hollywood Pictures de Jon Turtletaub (1995), et Superstar de Bruce McCulloch (1999). Elle incarne en outre Myrtle Bledsoe lors de la première d’A Coffin in Egypt d’Horton Foote au Bay Street Theatre.
Après soixante-cinq ans de carrière, Glynis Johns, soixante-seize ans, décide de raccrocher les gants. Forte d’une formidable carrière au cinéma et au théâtre, elle souhaite alors vivre les dernières années de sa vie au calme loin des plateaux. Elle s’installe pour ce faire au Belmont Village Hollywood Heights, un quartier réservé aux personnes âgées. Là, elle vit des moments formidables. Le 16 octobre 1998, elle revient notamment aux studios Disney qui lui décernent un Disney Legends Award. Elle vit aussi des drames. En 2007, elle apprend ainsi avec chagrin le décès de son fils, Gareth.
Actrice de grand talent dont Walt Disney adorait le caractère truculent, Glynis Johns disparaît le 4 janvier 2024. Elle avait cent ans. Parmi les dernières représentantes de l'Âge d'or d'Hollywood, elle laisse dans le cœur du public le souvenir d'une belle joie de vivre, en particulier grâce à son rôle de Winifred Banks, mère aimante et sœur suffragette convaincue dans le mythique Mary Poppins.
La filmographie
001 |
Un Mari Idéal
Actrice : Mabel Chiltern • Drame
1948
Cinéma
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1948
Cinéma
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002 |
Le Voyage Fantastique
Actrice : Marjorie Corder • Thriller
1951
Cinéma
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1951
Cinéma
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005 |
Le Cabinet du Dr Caligari
Actrice : Jane • Horreur
1962
Cinéma
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1962
Cinéma
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007 |
Chère Brigitte
Actrice : Vina • Comédie
1965
Cinéma
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1965
Cinéma
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