Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith
Tome - 4 : La Forteresse de Vador
Éditeur : Panini Comics Date de publication France : Le 06 novembre 2019 Genre : Comics |
Auteur(s) : Charles Soule (Scénariste) Giuseppe Camuncoli (Dessinateur) Nombre de pages : 168 |
Le sommaire
• La Forteresse de Vador (I) : Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith #19 (08/08/2018) • La Forteresse de Vador (II) : Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith #20 (22/08/2018) • La Forteresse de Vador (III) : Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith #21 (12/09/2018) • La Forteresse de Vador (IV) : Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith #22 (17/10/2018) • La Forteresse de Vador (V) : Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith #23 (14/11/2018) • La Forteresse de Vador (VI) : Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith #24 (28/11/2018) • La Forteresse de Vador (VII) : Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith #25 (19/12/2018) |
La critique
Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith - 4 : La Forteresse de Vador propose une conclusion audacieuse et mystique à la série en plaçant au cœur d’une quête spirituelle un Vador frustré par l’arrêt de la traque des derniers Jedi.
Le scénariste Charles Soule est à nouveau à la manœuvre pour conclure sa série. Diplômé en droit à l’université Columbia de New York en 2000, Soule exerce en tant qu’avocat puis décide d’exprimer sa fibre artistique en publiant en 2009 le roman graphique Strongman. Dès 2013, il écrit des séries de comics pour les maisons concurrentes DC Comics et Marvel. Il s’installe rapidement au sein de la Maison des Idées et travaille notamment sur Inhuman, She-Hulk ou Daredevil, qu’il marque par un long run entre 2015 et 2019, achevé avec Daredevil Legacy - Tome 3 : La Mort de Daredevil. Il devient rapidement une référence des comics Star Wars chez Marvel en signant les mini-séries Lando : Le Casse du Siècle, Obi-Wan & Anakin : Réceptifs et Hermétiques et Star Wars : L’Ascension de Kylo Ren ainsi que les séries Poe Dameron, Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith et la relance de Star Wars narrant les événements situés entre les Épisodes V et VI. Sa passion pour la saga intergalactique dépasse le cadre des comics et le voit écrire le roman La Haute République : La Lumière des Jedi inaugurant lors de sa parution le 5 janvier 2021 aux États-Unis ce nouveau cycle tant attendu se déroulant 200 ans avant Star Wars : La Menace Fantôme.
Le dessin porte, quant à lui, toujours la patte de l’Italien Giuseppe Camuncoli. Né en 1975, il débute dans les comics indépendants en 1997 avec Bonerest. Collaborant avec DC Comics sur des séries telles que Swanp Thing ou Hellblazer, il marque ensuite de son empreinte, pour Marvel Comics, les séries du Tisseur The Amazing Spider-Man et The Superior Spider-Man. Il accompagne également Charles Soule sur les 25 issues de Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith, sa seule incursion à ce jour dans la galaxie lointaine, très lointaine, avec quelques couvertures pour Star Wars et variantes pour d’autres séries.
Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith - 4 : La Forteresse de Vador propose un arc unique composé de sept numéros afin de conclure cette série se déroulant après Star Wars : La Revanche des Sith. Charles Soule décrit lui-même cet arc final comme “très trippant, très sombre, intense et étrange”. Après avoir laissé son personnage principal en retrait dans le précédent tome pour sublimer son récit, l’auteur remet cette fois le Seigneur Sith au centre de l’intrigue, sans pour autant sacrifier les personnages secondaires et le contexte dans lequel ils s’inscrivent.
L’histoire peut être divisée en deux parties. La première, composée des numéros 19 et 20, voit ainsi Vador et les Inquisiteurs chasser Eeth Koth, un ancien membre du Conseil Jedi, dans la salle où sa femme vient tout juste de mettre au monde leur fille. Le Seigneur Sith, à court de proie, traque ensuite deux Inquisiteurs qu’il juge coupables de trahison contre l’Empire. Dans la seconde partie de l’arc, du numéro 21 au numéro 25, il se rend sur Mustafar, planète que lui offre l’Empereur afin d’y construire sa forteresse, vue à l’écran dans Rogue One : A Star Wars Story, et d’engager une quête spirituelle visant à développer son lien avec le Côté Obscur de la Force.
Le lecteur trouve ici Dark Vador dans une forme de désarroi. En écho au numéro 18, Terrain Dangereux, inclus dans le tome précédent, l’avenir du Sith est questionné alors que sa raison de vivre - traquer et tuer les Jedi ayant survécu à la Grande Purge - marque un coup d’arrêt. Vador doit donc désormais tourner la page, comme le lui fait comprendre le Grand Inquisiteur. Il démontre ainsi sa volonté de saisir toute opportunité pour tuer dès que l’occasion se présente, y compris au sein de ses propres rangs.
Vador revient alors sur Mustafar, où le corps d’Anakin Skywalker a disparu dans les flammes suite à sa défaite face à Obi-Wan Kenobi. Il s’y rend avec le vaisseau royal Nubian de type J ayant autrefois appartenu à la Reine Amidala et dans lequel il a volé enfant durant Star Wars : La Menace Fantôme. L’Empereur Palpatine le lui a en effet offert ce cadeau sans doute empoisonné, attisant autant sa haine que le deuil de son épouse Padmé. Cette dernière reste en effet au cœur de ses pensées et de ses motivations, véritable talon d’Achille dont lui-même a conscience, sans se prémunir néanmoins totalement de la naïveté qui continue d’en découler. De manière générale, l’opus permet d’explorer plus que jamais la psychologie de Dark Vador, ceci s’illustrant visuellement en permettant au lecteur de disposer de la vue qu’a le personnage au travers de son casque.
Caractéristiques de la saga Star Wars, les parallèles entre le présent et le passé sont en effet légion dans les pages de Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith - 4 : La Forteresse de Vador. Vador s’imagine donc un avenir en réécrivant son passé dans son esprit, ceci s’illustrant notamment dans une planche calquée sur la célèbre affiche de Star Wars : La Menace Fantôme voyant l’ombre d’Anakin enfant épouser la forme du Sith. Sa toute-puissance est également démontrée dans une séquence dans laquelle la lave l’ensevelit comme ce fut le cas dans le dénouement de Star Wars : La Revanche des Sith. Le parallèle s’arrête toutefois ici et Vador montre qu’il s’est bel et bien substitué à Anakin Skywalker.
Le final de l’arc - et de la série - offre par ailleurs une rétrospective complète de la jeune vie de l’ancien Padawan, montrant notamment les Jedi qui l’ont entouré et revisitant les événements des longs-métrages de la prélogie comme de la série Star Wars : The Clone Wars. Le combat qui se déroule dans l’esprit de Vador via la Force au sein de ce sanctuaire de Mustafar évoque une version épique et spectaculaire du combat nettement plus intimiste que livrera Luke contre Dark Vador dans la Grotte du Mal de Dagobah dans Star Wars : L’Empire Contre-Attaque. Il s’agit également d’une inversion de la vision d’Anakin dans le très ésotérique arc de Mortis de la Saison 3 de Star Wars : The Clone Wars, dans laquelle le jeune Jedi entraperçoit son sinistre futur. Ce moment constitue sans aucun doute un point marquant de la série mais également de l’histoire de Vador dans l’ensemble de l’Univers Étendu.
Plus qu’une revanche, le Seigneur Sith est en effet venu trouver sur Mustafar un véritable sanctuaire du Côté Obscur de la Force. Sa mystérieuse obsession, que ne parvient pas à comprendre Alva Brenne, l’architecte impériale chargée de dessiner sa forteresse, va trouver une incarnation dans Lord Momin. Ce qui n’est au départ qu’un mystérieux masque, artefact puissant du Côté Obscur donné par l’Empereur à Vador, devient rapidement un personnage à part entière en prenant possession de plusieurs corps au cours de l’arc.
Créé par Charles Soule pour La Forteresse de Vador et bénéficiant d’un masque au design remarquable, le personnage est sans aucun doute la plus grande réussite de ce tome. Sculpteur pour le moins atypique, Momin est un véritable artiste obsédé par la réalisation d’un chef d’œuvre, cette caractéristique présentant un grand intérêt tant elle est rare dans la saga Star Wars et illustrant la volonté de l’auteur de représenter dans l’univers des métiers ou des talents ordinaires non représentés dans les films.
Momin dévoile son passé au milieu du récit, dans le numéro 22 de la série. Sa jeunesse perturbée qui le voit réaliser des sculptures avec des cadavres, sa délivrance par sa maîtresse Shaa et son accomplissement au sein du Côté Obscur sont détaillés, de même que le positionnement particulier qu’il décide d’adopter par rapport aux traditions des Sith. Contribuant grandement à l’aspect ésotérique de Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith - 4 : La Forteresse de Vador, Momin noue en effet une relation particulière et exclusive avec la Force et son Côté Obscur, qui finit par interroger et inspirer Vador dans sa quête spirituelle, bien que ce dernier reste, jusqu’au basculement qui précède sa mort dans Star Wars : Le Retour du Jedi, au sein du schéma Sith noué autour d’une relation entre un maître et son apprenti.
Si Momin sert évidemment une fonction pour conclure le schéma narratif de Dark Vador au sein de sa série, il dispose donc d’une mythologie et d’un arc propres, à la richesse véritablement appréciable. Le lecteur se plaît alors à imaginer revoir le personnage dans une nouvelle œuvre de l'Univers Étendu, alors qu'il a simplement été évoqué dans Lando : Le Casse du Siècle par son créateur Charles Soule. Le flou qui persiste autour de la période au cours de laquelle a vécu le personnage et les opportunités en termes de création offertes par l’exploration de l’époque de la Haute République donnent ainsi l’espoir de retrouver Momin, personnage singulier illustrant toute la richesse de Star Wars.
Le dessin de Giuseppe Camuncoli constitue, quant à lui, une nouvelle fois un point fort de Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith - 4 : La Forteresse de Vador, sublimant un récit aussi épique que mystique. Les scènes sur Mustafar sont à couper le souffle, les nuances rouges enflammées des batailles avec les Mustafariens en constituant à coup sûr le climax. L’illustrateur italien est également à l’aise sur les paysages urbains de Coruscant dans le numéro 20 de la série. Ce dernier offre en effet des planches magnifiques de la planète-ville laissant entrevoir avec pudeur les horreurs commises par Vador.
Les personnages de Camuncoli sont par ailleurs toujours aussi réussis. Le dessinateur fait également preuve d’audace en montrant la chair d’Anakin Skywalker à vif et ses membres disparus dans un final bouleversant.
Cette conclusion de Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith ne signe pas pour autant la disparition du Seigneur Sith des plannings des publications de Marvel. En 2019, la mini-série d’anthologie Vador : Sombres Visions voit l’auteur Dennis Hallum proposer cinq récits autour du personnage, chacun mis en valeur par un dessinateur différent.
La Maison des Idées initie ensuite, en 2020, un nouveau cycle de comics. Après s’être concentré sur la période située entre Star Wars : Un Nouvel Espoir et Star Wars : L’Empire Contre-Attaque, qui était celle de la série Dark Vador, l’éditeur se focalise sur l’année qui sépare l’Épisode V de l'Épisode VI et relance ses séries Star Wars, Doctor Aphra et Darth Vader avec de nouveaux récits qui s’y situent chronologiquement. Lancée le 5 février 2020 aux États-Unis, Darth Vader (2020), écrite par Greg Pak et dessinée par Raffaele Ienco, suit le Sith après que son fils a préféré se jeter dans le vide de la Cité des Nuages de Bespin plutôt que d’accepter sa proposition. Voyant sa publication interrompue entre mars et juillet 2020 en raison de la crise sanitaire liée à la COVID-19, la série est publiée en France par Panini Comics depuis le 6 janvier 2021.
Dark Vador : Le Seigneur Noir des Sith - 4 : La Forteresse de Vador constitue une formidable conclusion à la deuxième série consacrée par Marvel à l’iconique méchant au sein de l’Univers Étendu Officiel de Star Wars. Charles Soule propose un récit mystique mettant Vador à rude épreuve dans une véritable introspection guidée par le Côté Obscur, tandis que Giuseppe Camuncoli laisse libre cours à sa virtuosité pour sublimer l’ensemble. S’il est abreuvé de publications mettant en scène le Seigneur Sith, le lecteur souhaiterait qu’elles atteignent toutes cette excellence !