Indiana Jones
Et le Temple Maudit

Production :
Lucasfilm Ltd.
Date de sortie USA :
Le 23 mai 1984
Distribution :
Paramount Pictures
Genre :
Aventure
Réalisation :
Steven Spielberg
Musique :
John Williams
Durée :
118 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

En 1935, Indiana Jones, la chanteuse Willie Scott et le jeune garçon Demi-Lune fuient Shanghai en avion alors qu’un baron du crime local a tenté d’empoisonner l’archéologue. Après avoir sauté de l'appareil sans pilote dans un canot gonflable, ils rencontrent les habitants d’un village indien où règne la désolation. Leur pierre sacrée a en effet été dérobée et leurs enfants ont disparu, enlevés par des forces maléfiques entourant le palais de Pankot. Le trio improbable accepte alors de les aider...

La critique

rédigée par
Publiée le 25 juin 2023

« Depuis Les Aventuriers de l’Arche Perdue, l’aventure a un nom : Indiana Jones » : reprenant approximativement la formule originale, l’affiche française d’Indiana Jones et le Temple Maudit annonce la couleur : l’aventurier au fédora et au fouet revient en pleine forme avec une promesse de frissons ! Dans cette suite consistant en réalité en une préquelle, Indy vit des aventures bien plus sombres qui traumatiseront des générations de jeunes spectateurs. La collaboration entre George Lucas et Steven Spielberg fait une nouvelle fois des merveilles dans ce long-métrage au ton presque horrifique.

En 1981, Les Aventuriers de l’Arche Perdue connaît un immense succès, devenant le film le plus lucratif de l’année en générant une recette de 212,2 millions de dollars sur le territoire américain et de 141,7 millions à l’international. Il s’agit alors d’une nouvelle consécration pour les cinéastes à l’origine de cette œuvre, après les succès considérables de Star Wars : Un Nouvel Espoir (1977) et de Star Wars : L’Empire Contre-Attaque (1980) pour George Lucas et des (Les) Dents de la Mer (1975) et de Rencontres du Troisième Type (1977) pour Steven Spielberg, ce dernier effaçant la déception au box-office de 1941 (1979). 
La question d’une suite aux aventures de l’archéologue ne se pose ainsi pas très longtemps. Elle est déjà anticipée par George Lucas en mai 1977 lorsqu’il présente son idée à Steven Spielberg comme une trilogie lors de leurs vacances à Hawaï. Dès l’entame de la production du premier opus, il fait ainsi signer des contrats de trois ans à sa star Harrison Ford et aux producteurs Frank Marshall, Kathleen Kennedy et Robert Watts. Si son contrat lui laisse l’option de réaliser les deux suites, Spielberg donne un engagement moral : 

Quand George et moi étions à Hawaï, il m’a dit que si je réalisais le premier, il faudrait que je réalise les trois parce qu’il avait trois histoires en tête. Cela voulait dire que le premier garantissait le deuxième, et ainsi de suite. Alors je lui ai serré la main et ai promis de faire trois films. Deux mois après la sortie des Aventuriers, nous savions que nous devrions nous asseoir dans une pièce pour déterminer ce que serait Les Aventuriers II. Mais il s’est avéré que George n’avait pas trois histoires en tête. Nous avons eu à inventer les histoires suivantes.

Steven Spielberg

Une fois libérés de leurs obligations respectives pour Star Wars : Le Retour du Jedi (1983) et E.T. l'Extra-terrestre (1982), devenu le plus grand succès de tous les temps, les deux compères se mettent à l’ouvrage et décident de s’orienter vers une histoire beaucoup plus sombre. Pensant initialement placer au centre de son scénario un château écossais hanté, Lucas abandonne l’idée qui ne séduit pas son réalisateur, la trouvant trop proche de Poltergeist (1982) qu’il vient d’écrire et de produire. Il imagine alors une histoire de temple occulte en Inde au sein duquel sont pratiqués la magie noire et le sacrifice humain. Scénariste du premier opus, Lawrence Kasdan, également auteur des Épisodes V et VI de Star Wars, ne souhaite pas écrire le script, jugeant l’histoire trop sombre. Il couche néanmoins sur le papier quelques idées pouvant servir pour une suite, et notamment le fait que celle-ci constitue une préquelle aux (Les) Aventuriers de l’Arche Perdue.
Lucas recrute alors Willard Huyck et Gloria Katz, avec qui il a déjà travaillé sur American Graffiti (1973), pour lequel ils ont écrit le scénario, et Star Wars : Un Nouvel Espoir (1977) pour lequel ils ont apporté des améliorations au script. Les scénaristes rejoignent Lucas et Spielberg durant quatre jours au printemps 1982 afin d’échanger sur les éléments qui constitueront le scénario du long-métrage. Gungan Din, film de 1939, devient une source d’inspiration. Ce classique voit des personnages joués par Cary Grant et Douglas Fairbanks Jr. affronter des Thugs, une confrérie d’assassins adeptes de Kali, déesse de la destruction, du temps et de la transformation dans l’hindouisme.

Suite à cette session d’écriture, George Lucas rassemble ce bouillonnement d’idées dans un traitement de vingt pages intitulé Indiana Jones and the Temple of Death (littéralement « Indiana Jones et le Temple de la Mort ») qui reprend d’ailleurs des éléments pensés lors de l’écriture des (Les) Aventuriers de l’Arche Perdue comme une scène de combats à Shanghai, un saut depuis un avion dans un canot gonflable, un torrent d’eau menaçant ou encore une course-poursuite dans un wagonnet de mine. Chez Lucasfilm Ltd., rien ne se perd, tout se transforme ! Il est également établi qu’un Indy un peu plus « James Bondien », mondain, peut être montré, ce qui était là aussi imaginé aux origines du personnage. Les MacGuffins du film, éléments servant d’objectifs et permettant l’avancement du récit, sont constitués par les enfants du village, kidnappés au sein du temple, et par les pierres de Sankara. Dans la légende, Sankara est un prêtre ayant rencontré Shiva en procédant à l’ascension du Mont Kalisa. Le dieu lui remet alors cinq pierres auxquelles il confère des pouvoirs visant à combattre le mal. Ces idées étant clairement établies, Katz et Huyck se penchent sur l’écriture d’un scénario plus complet, délivré le 13 septembre 1982.
La préproduction peut alors commencer, Frank Marshall et Robert Watts cherchant des lieux de tournage en Inde, où le scénario place son histoire. Le gouvernement indien exige cependant des modifications dans le script, dont l’abandon du terme « Maharaja » pour désigner l’enfant antagoniste. Il est ainsi décidé de tourner au Sri Lanka, où la plupart des paysages souhaités sont présents, et de réaliser les plans du temple à l’aide de matte paintings. Le scénario sera ensuite précisé et prendra le nom définitif d’Indiana Jones et le Temple Maudit avant le début du tournage en avril 1983, celui-ci se déroulant donc au Sri Lanka, à Macao avec la seconde équipe pour la séquence de la poursuite se déroulant à Shanghai, puis aux Elstree Studios en Angleterre de mai à fin août et plus tard en États-Unis pour des scènes additionnelles, notamment à la Hamilton Air Force Base du comté de Marin, en Californie, grimée en aéroport de Shanghai, au sein du parking d’Industrial Light & Magic pour quelques scènes sur la falaise reconstituée ou dans l’American River de la Sierra Nevada pour des morceaux de la chute en canot gonflable. Le Ranch Skywalker lui-même, havre de paix et de création de George Lucas situé au nord de San Francisco, accueille le tournage de plans complémentaires des collines autour du village indien, des alligators étant quant à eux filmés en Floride.

Comme pour l’opus précédent, le tournage connaît quelques déboires et difficultés. De nombreux membres de la production connaissent d’abord des problèmes d’estomac au Sri Lanka en raison de la chaleur, de l’humidité et de la nourriture. Pour les trois principaux comédiens, le tournage à dos d’éléphant s’avère douloureux, et principalement pour Harrison Ford qui voit ravivée la peine issue d’une hernie discale passée. Sa douleur ne s’apaisant pas, il doit quitter le tournage pour voir un médecin à Los Angeles et s’absente finalement entre le 21 juin et le 8 août 1983 pour convalescence. Le tournage s’organise donc en son absence pour filmer un maximum de scènes sans lui, et Steven Spielberg parvient dans un premier temps à faire illusion avec des doublures pour cadrer Indy sans son interprète dans de nombreux plans. S’ensuit néanmoins une pause forcée de trois semaines en attendant le retour de l’acteur vedette, qui termine le film avec des masseurs à proximité pour le soigner entre deux scènes.
Par ailleurs, la peur insurmontable des serpents de Kate Capshaw oblige la production à annuler une scène avec un boa, un accent plus prononcé étant alors mis sur la séquence dans la clairière où différents animaux effraient Willie et sur sa rencontre avec des insectes dans les entrailles du temple de Pankot. Enfin, la robe portée par la comédienne est mâchouillée par un éléphant au Sri Lanka, obligeant à la réparer en urgence pour la suite du tournage.

Si Indiana Jones et le Temple Maudit est une préquelle du premier film, permettant ainsi aux scénaristes de s’affranchir de son héritage, il s’agit avant tout d’un long-métrage adoptant un ton et une imagerie plus effrayants tournant parfois vers l’horreur. Chargée des recherches au sein de Lucasfilm Ltd., Debbie Fine note d’ailleurs dès la première version du script que les scènes de torture sont violentes. Cette noirceur reflète sans doute alors l’état d’esprit du moment de George Lucas, déprimé par son divorce avec son épouse Marcia. Le producteur s’en rend d’ailleurs compte a posteriori, mais ne le regrette aucunement, affirmant son souhait de faire un long-métrage différent du premier opus.
Le cœur du film est en effet très sombre dès lors que les personnages pénètrent au sein du temple dissimulé derrière le palais de Pankot. Si l’utilisation de jump scares et la photographie très rouge évoquent ce champ lexical tout le long de la visite du temple, Steven Spielberg ne s’en contente pas et propose une violence graphique très crue. Ainsi, lorsque Mola Ram arrache le cœur d’un pauvre homme sacrifié pour Kali, l’organe est nettement visible et bat littéralement dans la main du vilain, au risque de provoquer le dégoût de nombreux spectateurs. Cette violence ne se limite pas à une victime inconnue pour laquelle le public peut ressentir moins d’empathie, mais est également subie par le héros et par le jeune Demi-Lune, brutalisés et fouettés, les marques de coups de fouet sur le dos du personnage-titre étant filmées. Pire, des enfants par dizaines sont montrés en train d’être fouettés par des bourreaux impitoyables. L’issue trouvée par Demi-Lune à l’envoûtement du héros est elle aussi violente, ce dernier devant brûler le héros pour le réveiller, avant de répéter plus tard l’opération avec un autre enfant, le jeune Maharaja.

Cette violence visuelle et symbolique est marquante et dénote avec le reste de la saga. Aussi, si la mort de Donovan dans Indiana Jones et la Dernière Croisade est effrayante et évoque celle de Belloq et des Nazis dans Les Aventuriers de l’Arche Perdue, ou encore si la scène des fourmis rouges d’Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal frôle l’horreur, rien n’est comparable, probablement car Spielberg et Lucas n’entendaient pas initialement aller aussi loin.
Cette singularité démarque cependant le long-métrage et trouve toute sa cohérence compte tenu de sa thématique. En montrant immédiatement un sacrifice d’une violence inouïe, Spielberg alerte les spectateurs sur la menace que font peser ces antagonistes qui restent jusqu’alors assez nébuleux. Très vite, le public comprend en effet que les héros ont affaire à des personnes fanatisées particulièrement dangereuses et sans limite. Cette violence n’est ainsi jamais gratuite et toujours au service de l’histoire, et provoque ensuite la jubilation lorsque les enfants sont libérés et les héros échappés, au risque de voir certains jeunes (et moins jeunes) spectateurs se cacher les yeux y compris après de nombreux visionnages.

Par ailleurs, Indiana Jones et le Temple Maudit est souvent décrié pour les stéréotypes qu’il véhicule sur la culture indienne et qui ont valu au film de ne pas sortir dans les salles de cinéma du sous-continent. Il est en effet bon de reconnaître que certaines scènes du film sont embarrassantes et ne pourraient, à juste titre, pas figurer au sein d’une œuvre du XXIe siècle, le temps écoulé depuis les années 80 ayant permis aux sociétés occidentales ainsi qu’à Hollywood d’attacher l’importance particulière qu’elles méritent aux représentations ethniques et culturelles. 
Outre la violence extrême dont se rendent coupables les Thugs autour d’un culte aussi obscur qu’exotique, la scène du repas au sein du palais de Pankot tourne au ridicule la cuisine indienne en filmant les convives autour de plats de serpents ou de cerveaux de singes glacés ; aucun de ces plats ne figurant évidemment dans le riche panel de la gastronomie indienne ! Cette scène envisagée par Lucas et Spielberg comme une blague apparaît en effet aujourd’hui comme une plaisanterie de mauvais goût, bien que les intentions n’aient pas été négatives. Durant la séquence, Indiana Jones présente d’ailleurs lui-même ses excuses après avoir offensé ses hôtes, comme si les auteurs répondaient inconsciemment à la problématique. De même, plus tôt dans l’opus, Indy intime à Willie de manger le plat qui vient de lui être servi par les habitants du village alors qu'elle exprime son dégoût, l’aventurier désapprouvant pleinement ce manque de respect.

Les contempteurs les plus virulents voient cependant dans le film un propos néo-colonial, le héros blanc affrontant une culture dépeinte comme sauvage, et s’appuyant sur les forces de l’Empire colonial britannique pour se sauver définitivement. Ces impressions peuvent néanmoins être nuancées. Le culte obscur présenté dans le long-métrage est tiré des Thugs, une confrérie d’adeptes de la déesse Kali ayant réellement sévi en Inde du XIIIe au XIXe siècle, commettant des exactions au nom de la déesse. Combattue par le sultan de Delhi, la secte connaît un renouveau en se positionnant comme force occulte opposée à l’Empire colonial britannique, le film mettant en scène cette méfiance avec l’hostilité explicite du Premier ministre de Pankot à l’égard du Capitaine Philip Blumburtt. 
Indiana Jones et le Temple Maudit mélange ainsi, à l’image des autres films de la saga, des éléments historiques et religieux avec une importante pincée de fantastique, l’ensemble étant passé à la moulinette de la pop culture pour en faire un objet inspiré des serials des années 30 et 40 si chers à George Lucas. Les représentations des légendes de l’Arche d’alliance ou du Graal n’en sont pas moins fantasmées et pas plus crédibles dans Les Aventuriers de l’Arche Perdue et Indiana Jones et la Dernière Croisade. Si le long-métrage fait de toute évidence preuve d’une imagerie caricaturale et désuète qui aurait pu et due être évitée dans certaines scènes, il serait injuste de prêter de mauvaises intentions à ses auteurs.

Malgré ces différences notables, Indiana Jones et le Temple Maudit constitue bel et bien la suite légitime des (Les) Aventuriers de l’Arche Perdue en reprenant la recette qui a tant servi le premier opus, à savoir, au-delà des aspects fantastiques, un cocktail bien dosé d’humour et d’action. Le film est en effet avant tout très drôle, grâce principalement à son trio de personnages principaux et à leurs dialogues très bien écrits et interprétés. La scène où Indy et Demi-Lune jouent avec beaucoup de mauvaise foi au coin du feu tandis que Willie hurle en tombant nez à nez avec tous les animaux sauvages de la jungle est simplement hilarante. Il en va de même par la suite lorsque Willie tâche de séduire le Dr. Jones, lui précisant au passage qu’elle ne porte rien au lit hormis ses bijoux, avant une scène de dispute où leur attirance mutuelle rivalise avec leur ego mal placé, malgré l’expertise de l’archéologue au sujet des « activités nocturnes habituelles ». 
Génial metteur en scène, Steven Spielberg parvient comme dans le premier film à prolonger cet humour par l’image, avec un certain nombre de trouvailles visuelles astucieuses. La scène introductive située au sein du Club Obi-Wan - nommé en référence au célèbre Jedi Obi-Wan Kenobi - à Shanghai en est le parfait exemple. L’utilisation des tables tournantes typiques des restaurants chinois sert ainsi tant le suspense que l’humour, non sans ironie. Il en va de même ensuite lorsque le réalisateur filme le parcours chaotique de l’antidote au poison ingurgité par Indy, ceci rappelant la façon dont est filmé le médaillon dans le bar népalais de Marion Ravenwood dans Les Aventuriers de l’Arche Perdue. L’utilisation d’une pièce dont les murs se referment sur ses occupants, cette fois avec des pointes tranchantes, est également menée de main de maître par Spielberg. En revenant à cette tradition lucasienne après le compacteur à déchets de l’Étoile de la Mort de Star Wars : Un Nouvel Espoir, le réalisateur manie avec brio l’action et l’humour entre la menace directe pesant sur les héros et les gaffes de Willie, le tout dans une scène menée tambour battant.

En termes d’action pure, Indiana Jones et le Temple Maudit n’a également rien à envier au premier film. Ses scènes de bagarre sont toujours spectaculaires et crédibles, le héros n’étant pas un surhomme et encaissant des coups le menant souvent non loin du KO. La scénographie de ces séquences propose par ailleurs souvent des décors grandioses et audacieux. Outre le temple maudit où règnent menace et violence, l’affrontement situé sur le pont suspendu est parfaitement réalisé malgré sa complexité. Il est en outre crédible à l’écran malgré les péripéties qui s’y déroulent et le caractère hautement improbable de ces événements : une marque de fabrique de la saga ! Bien que la scène soit composée de plans tournés dans de multiples lieux, l’illusion fonctionne pleinement.
Mais la séquence du film marquant sans doute le plus l’imaginaire collectif est la course-poursuite en wagonnets de mine se déroulant au sein du temple, alors qu’Indy, Demi-Lune et Willie tentent de s’échapper et sont poursuivis par les Thugs les plus coriaces. Rondement menée et jouissive, cette poursuite est longue mais jamais redondante, pleine de rebondissements parfaitement lisibles, le spectateur sachant en permanence exactement où en sont les héros par rapport à leurs adversaires et à quel point la menace est proche d’eux ou non. Tournée à l’aide d’une véritable montagne russe construite au sein du studio, cette scène illustre la maestria dont fait preuve Spielberg pour combiner le rire et l’action avec une efficacité dont il connaît seul le secret.

Outre un scénario original et une mise en scène excellente, Indiana Jones et le Temple Maudit repose sur des acteurs principaux au meilleur de leur forme !

Harrison Ford incarne évidemment à nouveau le célèbre aventurier au fédora et au fouet. Né le 13 juillet 1942 à Chicago, dans l’Illinois, il suit des cours de comédie afin de surmonter sa timidité naturelle alors qu’il étudie la philosophie dans une université du Wisconsin. Plus tard à Los Angeles, il est figurant dans de nombreuses productions de Columbia Pictures avant de dégoter des petits rôles dans plusieurs films et séries télévisées à la fin des années 60 et au début des années 70. Voyant sa carrière d’acteur se diriger vers une impasse et afin de faire vivre son foyer, il devient charpentier en autodidacte tout en passant des auditions, dont celle pour le rôle de Bob Falfa dans American Graffiti (1973), du jeune réalisateur George Lucas, qu’il remporte. Ce dernier fait ensuite appel à lui pour donner la réplique aux acteurs passant le casting de Star Wars : Un Nouvel Espoir, avant de lui attribuer le rôle de Han Solo devant la qualité de ses prestations. Absolument génial, il décroche également le rôle d’Indiana Jones pour Les Aventuriers de l’Arche Perdue, une évidence depuis le départ pour Spielberg, puis au final pour Lucas alors que celui-ci souhaite initialement éviter d’avoir un acteur fétiche dans tous ses films. 
Comme dans le premier long-métrage, Ford incarne si bien son personnage qu’il est purement et simplement Indiana Jones pour chaque spectateur. Son charisme naturel transpire du personnage dans chaque scène, qu'il soit en pleine confiance et arrogant ou menacé et effrayé. Le changement brusque est d’ailleurs immédiatement visible lorsque le héros est possédé, l’acteur interprétant alors un tout autre personnage, celui d’un zombie prêt à assassiner ses amis. Hormis cet épisode cauchemardesque, les spectateurs découvrent un Dr. Jones mondain qui retrouve néanmoins rapidement cet instinct de survie qui caractérise l’archéologue et le conduit à se sortir in extremis de tous les pétrins. Toute l’ambiguïté du personnage est également présente. Motivé avant tout par « la fortune et la gloire », Indy est en réalité un archétype de héros révolté par la situation atroce vécue par les enfants au sein du temple, et pourrait bien même avoir été convaincu de s’y rendre en voyant un enfant s’effondrer à cause de la faim. 

Aux côtés d’Indy et après Marion Ravenwood figure une nouvelle fois un personnage féminin, logique pour un héros inspiré de James Bond, cette fois dénommé Willie Scott et interprété par Kate Capshaw. Née le 3 novembre 1953 à Fort Worth au Texas, elle quitte un emploi d’enseignante auprès de personnes en difficulté et se lance dans le mannequinat, avant d’être révélée en tant que comédienne dans A Little Sex (1982) après avoir décroché le rôle alors qu’elle auditionnait pour un personnage secondaire. Son nom est suggéré à Mike Fenton, directeur de casting d’Indiana Jones et le Temple Maudit
Une rencontre avec Steven Spielberg est ainsi proposée à l’actrice, au départ peu emballée car elle souhaite poursuivre sa carrière dans le cinéma d’auteur. Le réalisateur voit toutefois rapidement en elle le personnage féminin principal de cette suite, ce dont sont également vite convaincus Harrison Ford et George Lucas. La rencontre chamboulera cependant davantage la vie de Spielberg, qui l’épousera en 1989, lui faisant dire : « Je regarde en arrière et me dis « Bien, la meilleure chose que j’aie pu tirer de ce film est que j’y ai rencontré Kate Capshaw ». [...] C’est selon moi la raison pour laquelle j’étais destiné à faire Indiana Jones et le Temple Maudit. »

Pour ne rien gâcher, la comédienne incarne à merveille Willie, véritable diva aussi capricieuse qu’attachante. Nommée dans la plus pure tradition lucasienne après un animal de compagnie, le chien de Spielberg, la jeune femme offre une belle alternative au personnage de Marion Ravenwood, même si elle possède sans doute moins de profondeur que l’héroïne du premier opus. Plutôt qu’une habituée des recherches archéologiques, Willie en est ainsi tout à fait étrangère. Chanteuse de revue, elle est habituée aux paillettes et au luxe, qu’elle recherche à tout prix. Vénale, elle s’est même acoquinée avec Lao Che, parrain du crime de Shanghai, auprès de qui elle peut vivre dans l’opulence. En apprenant la présence du Maharaja au sein du palais de Pankot, elle pense immédiatement le séduire pour approcher sa fortune, avant de déchanter en découvrant qu’il s’agit d’un enfant. 
Évidemment, le scénario du film lui offre une belle progression et elle sait vaincre ses (nombreuses !) frayeurs pour aider le héros et contribuer à sauver les enfants, gratifiant au passage les spectateurs de cris dont elle seule a le secret. Heureusement, sa voix est également mélodieuse et elle excelle dans l'introduction du film avec Anything Goes. Rapidement séduite par l’archéologue, elle offre des scènes savoureuses dans lesquelles elle démontre toute l’ambiguïté qui peut parfois se nicher entre attraction et répulsion. La relation entre les deux offre parmi les dialogues les plus hilarants du long-métrage. Cette alchimie à l’écran trouve sans doute son origine dans les échanges tenus sur le plateau. Il est en effet amusant de savoir qu’alors que Kate Capshaw a du mal à rentrer dans le rôle, Harrison Ford lui dit dès le troisième jour de tournage, après plusieurs prises ratées, « Écoute poupée, tu en fais beaucoup trop. Tu n’as rien à faire, c’est un film de série B, dis juste tes répliques ! », donnant à l’actrice le coup de fouet - quoi d’autre pour Indy ? - nécessaire, selon son propre aveu, à sa prestation réussie.

Outre Willie, Indiana Jones partage également et pour la première fois son aventure avec un jeune acolyte, un enfant nommé Demi-Lune, Short-Round en anglais (littéralement « petit tour »), interprété par Ke Huy Quan dont c’est le premier rôle sur grand écran. Né le 20 août 1971 à Saigon au Vietnam, le petit garçon d’origine chinoise est contraint de quitter le pays avec sa famille lorsque le régime communiste des Vietnamiens du nord envahit le sud. Après un séjour dans un camp de réfugiés à Hong Kong avec son père et une partie de sa fratrie, sa mère étant quant à elle en Malaisie avec les autres enfants, il est réuni avec toute sa famille aux États-Unis, où ils sont admis en tant que réfugiés en 1979. 
Quelques années plus tard, il accompagne son petit frère à une audition organisée dans son école élémentaire par Lucasfilm Ltd., et ne peut s’empêcher de lui dire quoi faire, tapant ainsi dans l'œil de la production et notamment de Kathleen Kennedy, productrice déléguée du film et future présidente de Lucasfilm Ltd.. Spielberg est vite convaincu par « ce petit garçon qui semble être un homme de 50 ans coincé dans le corps d’un garçon de 12 ans », la maîtrise alors très approximative de l’anglais de Ke Huy Quan ne le rebutant pas. Le jeune comédien est en effet marquant dans le long-métrage qui lance sa carrière, lui permettant de figurer au casting des (Les) Goonies en 1985. Outre quelques rôles dans des productions asiatiques, il s’éloigne ensuite de la comédie et travaille surtout dans les coulisses des films, participant notamment à la création des chorégraphies de X-Men (2000). Inspiré par le succès de Crazy Rich Asians (2018), il revient dans la lumière par la très grande porte en 2022 dans Everything Everywhere All at Once, pour lequel il obtient l’Oscar du Meilleur Acteur dans un Second Rôle. Après des retrouvailles émouvantes avec Harrison Ford lors de la D23 Expo de septembre 2022, le comédien joue pour la firme aux grandes oreilles en 2023 dans la série Américain de Chine et dans la Saison 2 de Loki.

Demi-Lune est assurément l’un des personnages les plus marquants d’Indiana Jones et le Temple Maudit et l’une des principales réussites du film. Nommé après le chien de Gloria Katz et Willard Huyck, qui tire lui-même son nom d’un personnage du film J'ai Vécu l'Enfer de Corée de 1951, le personnage permet aux jeunes spectateurs de s’identifier et de l’envier de participer à des aventures aussi trépidantes, et aux moins jeunes de ressentir une affection particulière pour cet enfant amusant et courageux. Ke Huy Quan lui donne un caractère particulièrement attachant et charismatique, donnant le change avec ses deux comparses adultes. Sa relation avec Indiana Jones est tantôt très drôle, tantôt émouvante. Le jeune garçon a en effet croisé le chemin du Dr. Jones en essayant de lui faire les poches, étant orphelin après que ses parents ont été tués par les bombardements japonais sur Shanghai de 1932. 
Les deux ont alors développé une relation quasi filiale, avec une belle dose d’espièglerie à l’image de leur partie de jeu émaillée de triche. L’attachement du petit garçon pour l’archéologue est en tout cas immense et il fait preuve d’un immense courage pour sauver son ami possédé par Kali, dans une scène aussi violente que touchante. Qu’il s’agisse d’une forte amitié sincère ou d’un amour filial, le plan voyant les deux personnages s’échanger leurs chapeaux perdus est très fort et traduit un lien nettement plus profond que ce qu’exprimeront Indy et son fils Mutt dans Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal (2008).

Ce trio affronte des antagonistes effrayants, les Thugs. S’ils sont sans doute moins réussis que les Nazis de la saga ou moins complexes que les lâches qui se vendent aux partisans du IIIe Reich, les membres volontaires ou non de cette secte occulte se démarquent. Le principal vilain, Mola Ram, est interprété par Amrish Puri, célèbre acteur indien. Comme le veut la pratique à Bollywood, Puri travaille simultanément sur deux films au moment du tournage, contraignant à aménager le planning en conséquence. Cela n’entrave en rien sa prestation qui est réussie, le personnage s’avérant menaçant et effrayant à souhait. Fanatique absolu, Mola Ram est prêt à tout, y compris à ensorceler le Maharaja de Pankot, pour récupérer les pierres de Sankara et faire régner Kali. À noter que le design du personnage est également réussi, son vêtement et sa coiffe le rendant encore un peu plus terrifiant.
Roshan Seth incarne quant à lui le Premier ministre Chattar Lal. Ayant alors récemment repris la comédie avec le rôle de Nehru dans Gandhi (1982) après une longue pause, le comédien britannico-indien est excellent dans son échange avec Harrison Ford lors de la scène du dîner, où son personnage affirme son opposition farouche à l’impérialisme. Il connaît ensuite une fin délicate au sein du temple maudit, après s’être révélé être un pion de Mola Ram. Enfin, le jeune Maharaja est interprété par Raj Singh, lui-même doublé en version originale par la comédienne Katie Leigh. D’abord agaçant à souhait, le jeune souverain finit par provoquer l’empathie et même la sympathie lorsque Demi-Lune le délivre du mal et engage une amitié fugace avec lui. Il en reste mémorable malgré son petit rôle.

Outre son casting réussi, Indiana Jones et le Temple Maudit bénéficie du plus grand soin côté image et son. Industrial Light & Magic, le studio créé par George Lucas pour Star Wars : Un Nouvel Espoir et dont l’histoire est narrée dans Light & Magic (2022), se surpasse ici alors qu’il est à un moment charnière de son existence, venant d’achever en parallèle des films de Lucasfilm Ltd. des travaux pour des productions extérieures comme E.T. l'Extra-terrestre (1982) et Star Trek II : La Colère de Khan (1982). Le jeune studio peine d’ailleurs à répondre à la demande, et s’interroge sur sa capacité à achever le film à temps pour sa sortie prévue en mai 1984. Les différents services ayant beau assurer une cadence infernale, l’équipe constate en effet la présence d’un goulot d’étranglement au sein du département optique, où sont constitués les plans composés de plusieurs éléments filmés de manière scindée. 
Dennis Muren trouve alors une idée, celle d’éviter de passer par la tireuse optique et de filmer un maximum d’éléments ensemble, dans un plan unique ! Pour le génie des effets visuels, l’autre avantage de cette technique est de rendre les plans plus crédibles. Ainsi, dans celui voyant l’esclave sacrifié descendre dans une cage dirigée tout droit vers la lave, doivent être filmés en simultanée la lave, la fumée, la vapeur, ainsi que l’esclave vivant au sein de la cage.

Le résultat est fantastique et les effets spéciaux du long-métrage sont probablement les meilleurs parmi les trois premiers films de la saga, réalisés à l’ère pré-numérique. L’ensemble des scènes au sein du temple sont particulièrement convaincantes et renforcent l’aspect horrifique. Le point d’orgue est probablement la course-poursuite en wagonnets de mine, qui pose pourtant problème tant elle est ambitieuse et tant il est complexe de combiner des plans avec ceux tournés avec les acteurs. 
Afin de rendre la séquence moins coûteuse, Dennis Muren a l’idée de filmer avec une plus petite caméra afin de n’avoir à créer qu’une reproduction miniature du circuit. La technique permet une parfaite illusion rarement vue à l’époque et fonctionnant encore à merveille quatre décennies après sa réalisation. L’académie des Oscars ne s’y trompe pas en attribuant à Dennis Muren, Michael J. McAlister, Lorne Peterson et George Gibbs l’Oscar des Meilleurs Effets Visuels.

Indiana Jones et le Temple Maudit ne se contente pas d’en mettre plein les yeux et flatte également les oreilles de ses spectateurs. Le génial Ben Burtt, déjà créateur des bruitages et nombreux sons de Star Wars, revient sur l’autre saga de Lucasfilm Ltd. après Les Aventuriers de l’Arche Perdue. Il reprend d’ailleurs les bruitages faits de ressorts utilisés pour le temple péruvien de l'introduction du premier opus pour les mécanismes de la chambre piégée avec des pointes.
Burtt rivalise par ailleurs une nouvelle fois d’imagination pour rendre parfaite la perception sonore des éléments montrés à l’écran, avec parfois des trouvailles contre-intuitives. Le son des insectes combine par exemple celui d’une vieille casserole de fromage avec le bruit obtenu en écalant un œuf dur. Pour la course-poursuite en chariot de mine, il obtient le droit de se rendre la nuit à Disneyland, à Anaheim, une fois le Parc vidé de ses visiteurs et la musique éteinte, pour enregistrer les montagnes russes. Il utilise également les bruits de cliquetis d’un petit train électrique.

La bande originale est quant à elle une nouvelle fois confiée au maestro John Williams. Né le 8 février 1932 à New York, il est le compositeur fétiche de Steven Spielberg, auteur de la musique de la quasi-totalité de sa filmographie. Également créateur des nombreux thèmes mythiques de la Saga Skywalker de Star Wars, Williams avait déjà excellé sur (Les) Aventuriers de l’Arche Perdue et revient mettre en musique les aventures d’Indy qu’il termine d’enregistrer avec l’orchestre philharmonique de Los Angeles le 6 avril 1984. 
Pour le compositeur pourtant aguerri, le long-métrage est un beau défi : « Il y a tellement de coupes rapides dans toutes les scènes, d’action rapide, de dialogues qui se chevauchent, d’effets sonores et de musique, que nous avons l’impression d’être dans une sorte de montagne russe. Je dois donc trouver la bonne vitesse de musique. Le challenge et l’amusement pour moi sont de s’assurer que la musique bouge toujours dans le bon tempo par rapport à ce que nous voyons, entendons et ressentons. »

John Williams parvient évidemment à trouver cette harmonie et outre la reprise du thème associé au héros issu du premier opus, The Raiders March, compose une multitude de musiques originales épousant parfaitement l’ambiance du long-métrage et ses nouveaux personnages. Short Round’s Theme accompagne ainsi la fougue, l’espièglerie et l’innocence de Demi-Lune, dans un thème entêtant. S’il n’est pas aussi mémorable que celui de Marion Ravenwood, le thème de Willie est également une belle composition romantique. 
Mais la prouesse de Williams dans Indiana Jones et le Temple Maudit est de proposer une musique si intense qu’elle donne la chair de poule, à l’image du titre The Temple of Doom dont les chœurs glacent le sang. Par ailleurs, durant l’ensemble du long-métrage, le musicien adapte ses orchestrations pour donner à ses morceaux des sonorités correspondant aux lieux traversés. Si des inspirations chinoises accompagnent l’introduction située à Shanghai, l’arrivée en Inde signe ainsi dans la bande originale l'apparition de sitars inscrivant pleinement l’imaginaire du spectateur dans le sous-continent. L’aventure et la bravoure restent au cœur de la musique et trouvent probablement leur point culminant avec Slave Children’s Cruisade. Le travail de John Williams lui vaut ainsi une nomination à l’Oscar de la Meilleure Bande-Originale même s’il ne décroche pas la statuette, remportée ironiquement cette année-là par Maurice Jarre pour La Route des Indes (1984).

Cette déception ne rend pas moins mémorable la prestation de Williams, qui se distingue en outre du reste de son œuvre par une autre spécificité de ce deuxième opus de la saga : son introduction musicale. Connaissant la fascination de Steven Spielberg pour les comédies musicales, genre qu’il finira par explorer pleinement avec West Side Story (2021), George Lucas souhaite dès les premières ébauches de réflexion ouvrir le long-métrage avec un numéro inspiré des chorégraphies réalisées par Busby Berkeley dans des comédies musicales de Metro-Goldwyn-Mayer comme Place au Rythme (1937) ou Début à Broadway (1941). Danny Daniels, ancien danseur du Broadway des années 1940 devenu chorégraphe pour la scène, le cinéma et la télévision, concocte ainsi une séquence basée sur Anything Goes, chanson de 1934 écrite par Cole Porter pour la comédie musicale éponyme et réorchestrée par John Williams dans une synthèse parfaite de sonorités évoquant à la fois Broadway et la Chine ! 
Les paroles du morceau sont ici traduites en mandarin, obligeant Kate Capshaw à les apprendre par cœur. Chanteuse talentueuse, la comédienne sait également danser et s’entraîne dur pour exécuter les pas inventés par Daniels. Cependant, tous doivent s’adapter le jour du tournage, la robe rouge particulièrement moulante portée par l’actrice ne lui permettant pas de danser. Si ses mouvements restent donc plus limités que prévu initialement, le rendu à l’écran est parfait, les danseuses entourant Willie remplissant parfaitement leur rôle pour rendre drôle et entraînante cette introduction. Une séquence mémorable et unique dans la saga !

Avant même sa sortie, Indiana Jones et le Temple Maudit marque les esprits et un pan de l’histoire du cinéma. Alors qu’ils ont été sollicités pour visionner le film afin de lui attribuer une classification d’âge pour les spectateurs, les membres de la Motion Picture Association of America (MPAA) sont surpris par sa violence et par la représentation crue d’organes retirés ou d’enfants réduits en esclavage. Si le long-métrage est finalement classé en PG, soit Parental Guidance Suggested (accompagnement parental suggéré), n’étant de toute évidence pas suffisamment choquant pour être classé R, soit Restricted, et donc interdit aux jeunes de moins de 17 ans non accompagnés d’un adulte, ce classement semble insuffisant au regard du choc que peuvent ressentir les plus jeunes enfants au visionnage de cette suite.
Steven Spielberg lui-même suggère alors à Jack Valenti, président de la MPAA, de créer une classification PG-13 ou PG-14 signifiant que le contenu du film peut être inapproprié pour des enfants âgés de moins de 13 ou 14 ans. Si cela ne s’applique pas à la suite des aventures du Dr. Jones, la classification PG-13 est définitivement créée pour L’Aube Rouge, film de John Milius sorti le 10 août 1984.

Entre-temps, Indiana Jones et le Temple Maudit sort le 23 mai 1984 aux États-Unis et déclenche vite un raz-de-marée, engrangeant une recette de 9 millions de dollars pour son seul premier jour et de 45,7 millions pour sa première semaine. Au final, cette suite tant attendue rapporte 333 millions de dollars à l’international, dont 180 millions sur son marché domestique, contre un budget de 28 millions de dollars.
George Lucas décide alors le 6 juillet 1983 d’attribuer une part des profits exceptionnels réalisés par Lucasfilm Ltd. à Kate Capshaw, Ke Huy Quan et John Williams, en sus de leur rémunération qui devait sans doute être largement inférieure à celle des stars du film devant et derrière la caméra que sont Ford et Spielberg. 

Ce carton absolu auprès du public ne se traduit pas nécessairement auprès de la critique, largement plus sévère que pour le premier opus. Dans sa critique intitulée No Fun On The Killing GroundPas d’amusement sur le terrain de la mort »), The Washington Post explique ne pas retrouver la formule des (Les) Aventuriers de l’Arche Perdue. Pour Entertainment Tonight, « Steven Spielberg est un cinéaste extraordinairement talentueux, et il a donné la dose parfaite aux addicts à l’action. Mais Indiana Jones et le Temple Maudit est une overdose ». Le personnage de Willie est souvent décrié, comme dans la critique du London Evening Standard : « Là où Les Aventuriers de l’Arche Perdue avait en Karen Allen une héroïne se comportant comme une femme d’esprit, cette aventure nous renvoie une image où les femmes sont idiotes, vénales et calculatrices, et se posant généralement comme des obstacles sur le chemin d’un homme. »
Le consensus est néanmoins plus positif, tout en considérant cette suite comme inférieure au film original, à l’image de la critique de l’Atlanta Journal-Constitution : « C’est un shot d’adrénaline perpétuel avec sans arrêt de l’action mise en scène de manière sensationnelle. Mais le film manque de la majesté de son illustre prédécesseur. » De manière générale, la perception collective sur Indiana Jones et le Temple Maudit évolue positivement avec le temps à mesure que des générations d’enfants grandissent avec lui et en font plus ou moins tôt leur premier frisson, avant de le considérer comme un classique qu’ils partagent génération après génération.

Même s’il faut reconnaître que de ce point de vue-là, la comparaison est également à l’avantage des (Les) Aventuriers de l’Arche Perdue, Indiana Jones et le Temple Maudit est présent lors des cérémonies de récompenses et n’y fait pas que de la figuration. Le long-métrage emporte en effet de nombreuses nominations aux Saturn Awards, les Oscars de la science-fiction et du fantastique, ainsi qu’aux British Academy Film Awards où il décroche la récompense pour les effets visuels, tout comme aux Oscars où les équipes d’Industrial Light & Magic repartent avec la statuette, contrairement à l’autre nommé pour la musique, John Williams. Ce succès confirmé conduit à la production de suites avec Indiana Jones et la Dernière Croisade en 1989, puis nettement plus tard Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal en 2008 et, enfin, après le rachat de Lucasfilm Ltd. par Disney, d’Indiana Jones et le Cadran de la Destinée en 2023. Entre-temps, Les Aventures du Jeune Indiana Jones animent les écrans télévisés sur ABC durant deux saisons (1992-1993).
Outre de nombreux produits dérivés, l’héritage du long-métrage se ressent aussi particulièrement, probablement davantage que pour les autres films de la saga, dans les attractions évoquant l’aventurier au sein des Parcs Disney. Indiana Jones Adventure: Temple of the Forbidden Eye, ouverte dans le Disneyland original en 1995, et Indiana Jones Adventure: Temple of the Crystal Skull ouverte en 2001 à Tokyo DisneySea, évoquent en effet comme lui un temple plongé dans l’obscurité au sein duquel le héros connaît de nombreuses péripéties. La référence est encore plus évidente avec Indiana Jones et le Temple du Péril, ouverte en 1993 dans le Parc Disneyland de Disneyland Paris, le visiteur pouvant vivre une course-poursuite dans le wagon de mine d’un temple consacré à une autre divinité indienne, Shiva !

Indiana Jones et le Temple Maudit tient une place spéciale au sein de la saga. Plutôt que de répéter la formule des (Les) Aventuriers de l’Arche Perdue, George Lucas et Steven Spielberg se renouvellent en proposant un long-métrage particulièrement sombre où une secte pratiquant un culte obscur malmène le trio composé par un Indiana Jones toujours aussi charismatique et deux nouveaux acolytes de choix que sont Willie et Demi-Lune. Véritable montagne russe émotionnelle, particulièrement drôle entre ses scènes violentes et haletante dans ses séquences d’action, cette suite bénéficie de formidables effets spéciaux et de la musique magique de John Williams. Un classique à voir et à revoir le cœur bien accroché, pour éviter toute malédiction ! « Kali Ma, Shakti De ! »

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