Morgane
Titre original : Morgan Production : 20th Century Fox Date de sortie USA : 2 septembre 2016 Genre : Horreur |
Réalisation : Luke Scott Musique : Max Richter Durée : 92 minutes |
Disponibilité(s) en France : | Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis : |
Le synopsis
Consultante en gestion des risques, Lee Weathers est envoyée dans un lieu isolé et tenu secret pour enquêter sur un événement terrifiant qui vient de s'y produire. Elle est ainsi chargée d'étudier le cas de Morgane à l'origine de l'accident : il s'agit d'une jeune fille issue d'une expérience génétique qui porte en elle la promesse du progrès scientifique... à moins qu'elle ne se révèle être, bien au contraire, une terrible menace incontrôlable. |
La critique
Premier long-métrage du réalisateur Luke Scott, Morgane est un thriller teinté de science-fiction et d'horreur dont l'intrigue réserve à la fois frisson et suspense. Déclinaison moderne du mythe de "Frankenstein", il traite habilement de l'intelligence artificielle et de l'homme-machine, deux thèmes récurrents au cinéma tant ils procurent au spectateur crainte et fascination. Produit conjointement par 20th Century Fox et Scott Free Productions, Morgane propose ainsi une histoire au concept alléchant, celui de l'être hybride dont le contrôle échappe à son créateur et qui finit par se retourner contre lui. Pour ses débuts derrière la caméra, Luke Scott livre ici un film sympathique et angoissant, empli de promesses malheureusement bien souvent non tenues.
Morgane est avant tout une idée du scénariste Seth W. Owen, qui en a écrit le script au début des années 2010 avant de la retrouver, quelques années plus tard, sur la Black List of Best Unproduced Screenplays, un célèbre répertoire listant les scénarios les plus appréciés par des producteurs sans pour autant avoir été développés par un studio de cinéma. 2014 voit pourtant 20th Century Fox s’intéresser finalement au script et souhaiter le porter à l'écran en le finançant tandis que Scott Free Productions, société de Ridley Scott, prend, elle, en charge la production. Tout d'abord pressenti pour réaliser Morgane, Ridley Scott finit par décliner la proposition, déjà pris sur les tournages des films Alien : Convenant et Tout l'Argent du Monde. C’est ainsi finalement son propre fils, Luke Scott, qui prend la casquette de réalisateur.
Né le 1er mai 1968 à Londres, Luke Scott fait ses premières armes au cinéma en exerçant au département artistique du film 1492 : Christophe Colomb, sorti en 1992 et réalisé par son père. Sept ans plus tard, il débute derrière la caméra en dirigeant un épisode de la série télévisée Les Prédateurs, adaptée du film éponyme réalisé par son oncle Tony Scott, lui-même producteur et réalisateur. Au cours des années 2000, il travaille sur plusieurs publicités et campagnes promotionnelles, puis réalise enfin son premier court, Loom, présenté en 2012 au Festival du Court-Métrage de Los Angeles. La décennie 2010 est plus productive pour Luke Scott, puisqu'il participe à la réalisation de deux autres films signés Scott Senior, Exodus : Gods and Kings (2014) et Seul sur Mars (2015) où il dirige la seconde équipe. Son premier long-métrage, Morgane, sort l'année suivante. En 2017, toujours en collaboration avec son patriarche, il réalise deux nouveaux courts-métrages, 2036 : Nexus Dawn et 2048 : Nowhere to Run, prologues au film Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve.
Côté casting, Lee Weathers, consultante en gestion des risques d'entreprise, est interprétée par Kate Mara. Née à Bedford le 27 octobre 1983, l'actrice grandit au sein d'une famille passionnée de sport, son père étant vice-président des Giants de New York. Amatrice de théâtre, elle fait sa première apparition au cinéma à l'âge de 14 ans dans L'Ombre d'un Soupçon. Après des études à l'Université de Columbia, elle est remarquée à la télévision dans les séries télévisées Everwood, Nip/Tuck et 24 Heures Chrono au tout début des années 2000. En 2005, elle retourne au cinéma en assumant un petit rôle dans Le Secret de Brokeback Mountain. Suivent alors plusieurs films où l'actrice alterne entre personnages principaux et secondaires : Shooter, Tireur d'Élite (2007), Transsiberian (2009), 127 Heures (2010), Le Sang des Templiers (2011), Transcendance (2014), Les Fant4stiques et Seul sur Mars (2015). Star montante, Kate Mara n'abandonne pour autant pas le petit écran jouant ainsi une maîtresse vengeresse dans la première saison d'American Horror Story (2011) et la journaliste Zoe Barnes dans House of Cards (2013-2014).
Le rôle-titre de l'être génétiquement modifié Morgane est, pour sa part, tenu par l'actrice Anya Taylor-Joy. Née à Miami en 1996, elle débute dans le mannequinat avec l'espoir de devenir, plus tard, danseuse. Mais c'est à la télévision que la jeune femme finit par trouver sa voie : elle fait ainsi ses premières armes en 2014 dans Les enquêtes de Morse, puis la série d'aventures Atlantis. En 2015, elle débute sur le grand écran dans le film d'épouvante The Witch, qui lui permet de remporter plusieurs nominations, dont une au prestigieux Festival du Film Indépendant de Sundance. Dès lors, Anya Taylor-Joy se fait un nom dans l'horreur et le suspense. Elle partage l'affiche avec Kate Mara dans Morgane en 2016 et joue ensuite dans le film Barry, inspiré des années étudiantes de Barack Obama. Actrice montante, elle décroche le rôle de Magik dans Les Nouveaux Mutants, nouveau film issu des comics X-Men, dont la sortie est fixée à 2019. En 2017, elle tourne pour le maître du suspense M. Night Shyamalan dans le thriller psychologique Split, dont la suite, Glass, est prévue pour 2019 également, puis enchaîne dans le film d'horreur Le Secret des Marrowbone.
Du côté du personnel scientifique, Toby Jones est le Dr Simon Ziegler, directeur du laboratoire où est élevée Morgane. Le comédien voit le jour en 1967 à Londres et baigne dès son plus jeune âge dans le théâtre. Connu pour ses petits rôles dans les années 1980 et 1990 (les films Naked, Neverland, Orlando), il devient une figure familière du cinéma britannique. C'est en interprétant le célèbre Truman Capote dans Scandaleusement Célèbre (2006) que sa carrière connaît un véritable élan. Il apparaît ainsi dans de grands films tels The Mist en 2007, Frost/Nixon en 2008, Captain America : Fist Avenger et Captain America : Le Soldat de l'Hiver en 2011 et 2014, Hunger Games en 2012 et Jurassic World : Fallen Kingdom en 2018.
Le Dr Lui Cheng, biologiste à l'origine de la création de Morgane, est, quant à elle, jouée par Michelle Yeoh. Née en 1962 et ancienne reine de beauté, elle se fait connaître à Hollywood pour ses participations aux films Wing Chun en 1994, Demain ne Meurt Jamais en 1997 et Tigre et Dragon en 2000. Les années 2000 la propulsent au rang d'icônes du cinéma d'action et de science-fiction avec ses personnages dans Le Talisman (2002), Silver Hawk (2004), Sunshine (2007), La Momie : La Tombe de l'Empereur Dragon (2008) et Mechanic Resurrection (2015). Surnommée "la Jackie Chan féminine", elle est l’une des rares actrices à exécuter elle-même ses cascades.
Concernant les personnages secondaires, l'acteur Boyd Holbrook est Skip Vronsky, nutritionniste de l'installation. Né en 1981 à Prestonburg, Kentucky, il apparaît pour la première fois au cinéma dans Harvey Milk (2008) puis continue son ascension sur grand écran (Gone Girl, Night Run) tout en jouant pour la télévision (Narcos, Hatfields and McCoys). En 2017, il accède à la notoriété grâce à son rôle de Donald Pierce dans Logan. L'année suivante, il est au casting de The Predator, reboot de la célèbre franchise de science-fiction.
Jennifer Jason Leigh incarne, elle, le Dr Kathy Grieff, victime d'une agression ayant entraîné le placement de Morgane en quarantaine. Connue pour interpréter des personnages torturés, l'actrice fait ses débuts dans Eye of a Stranger, puis obtient la reconnaissance du public au cours des années 1990 pour les films Dernière Sortie pour Brooklyn, Miami Blues ou encore Short Cuts. Les années suivantes, elle est à l'affiche des (Les) Sentiers de la Perdition (2002), The Jacket (2005), Les Huits Salopards (2015) et les séries Twin Peaks et Atypical.
Enfin, les fans de Game of Thrones reconnaîtront sans doute Rose Leslie (Ygritte dans la série tirée des romans de George R. R. Martin), jouant ici Amy Menser, une jeune scientifique que Morgane considère comme son amie et qui est la seule à traiter la jeune fille comme un véritable être humain.
Pour son premier film, Luke Scott a le mérite d'offrir une intrigue prenante, provoquant frisson et horreur, tout en amenant le spectateur à réfléchir sur la place et les dangers de l'intelligence artificielle. Le point de départ est d'ailleurs fort classique : l'opus étant une adaptation moderne de l'histoire de "Frankenstein". La créature du célèbre docteur est ici une enfant aux facultés hautement supérieures à la moyenne, qui cherche à comprendre le monde qui l'entoure mais qui peine à trouver un sens à son existence. Morgane est en fait le résultat d'une expérience scientifique, un être mi-humain, mi-robot, ayant la capacité d'apprendre et de grandir rapidement. En réalité, la jeune fille n'est âgée que de cinq ans, bien qu’elle ait l'apparence physique d'une adolescente d'une quinzaine d'années. Mais voilà, malgré son jeune âge, Morgane présente déjà un penchant violent, qui la pousse à s'en prendre à ses créateurs, son intelligence et son absence d'empathie la transformant peu à peu en monstre.
L'aspect science-fiction du film se résume donc à un être vivant génétiquement modifié, au comportement proche de n'importe quel être humain. Le côté horrifique n'est ainsi exploité que dans la seconde partie du récit, moment crucial où les différents protagonistes tombent les uns après les autres, de manière plus ou moins expéditive. Contrairement à ce que laisse entendre le synopsis, Morgane n'est pas tout à fait un film d'épouvante à l'ambiance pesante et anxiogène. Il se rapproche plus de l'opus captivant et inquiétant, où la pression monte crescendo jusqu'au twist final, un cahier des charges que le scénario respecte sans trop de difficultés, mais qui pêche par manque de profondeur et d'innovation. Il ne faut donc pas s'attendre à beaucoup de surprises, Morgane suivant un chemin balisé qui empêche le spectateur de s'investir pleinement dans son visionnage. Il s'agit, pour autant ici, du seul vrai défaut de l'opus, tant l'ensemble est divertissant et appréciable.
Le long-métrage revisite en effet avec brio le concept de la créature synthétique, fruit d’une époque où les progrès scientifiques et la recherche sont financés par de grandes entreprises qui ne cherchent qu'à faire du profit. Le film entre tout de suite dans le vif du sujet et ne perd pas de temps à poser les bases de son histoire. Dès la première scène, le spectateur assiste via une caméra de surveillance à l'agression de Kathy par Morgane. Malgré la violence de son geste, la victime - qui en ressort tout de même borgne - et les personnes à l'origine de sa création n'ont aucune rancune à son égard. Le film se permet ainsi de livrer une galerie de personnages particulièrement complexes.
Morgane est, il est vrai, bien plus qu’une expérience scientifique : c’est une adolescente qui ne grandit pas comme les autres. Elle est au courant de sa différence et commence à s'interroger sur son existence. Comprenant de moins en moins les raisons de son enfermement, elle n'accepte plus que les personnes se présentant comme sa "famille" la maintiennent en captivité. C'est pour cela qu'elle finit par s'en prendre à l'un d'entre eux dans un accès de colère. C'est cette opposition entre innocence et rage qui rend l'héroïne fascinante et par moment effrayante.
L'ayant vu grandir à une vitesse exponentielle, les autres personnages se sont fortement attachés à la jeune fille. Bien qu'ils n'en soient pas les auteurs, ils se sentent responsables de son geste. Si certains ont du mal à tirer leur épingle du jeu, comme Amy Menser et Skip Vronsky, ils parviennent globalement à exister au sein du récit. Chacun agit comme un père, une mère, un frère ou une meilleure amie et s'accordent à dire que Morgane est bien un être humain, ce qui n'est pas le cas de Lee Weathers qui, tout au long du film, dépersonnalise à l'excès la jeune fille.
Experte consultante en évaluation des risques, Lee Weathers est une femme au caractère froid et antipathique, laissant constamment planer le doute sur ses intentions. Précise et méticuleuse, elle s'attache exclusivement aux faits et ne montre jamais ses émotions, de telle sorte qu'il est difficile pour le spectateur de s'attacher à elle. Focalisée sur sa mission, elle finit par gagner progressivement l'adhésion du public au fil de l'intrigue. Aussi à l'aise dans les séquences d'action que dans des scènes plus dramatiques, Kate Mara campe habilement cet être sans empathie et tellement pragmatique. Cette dualité entre les sentiments qu'éprouvent Morgane et la froideur de Lee saute tout de suite aux yeux. Le film pose des questions plutôt intéressantes sur l'humanité, l'expérimentation et la conscience : qu'est-ce qui différencie l'être humain d'une créature hybride ? Peut-elle vivre en toute liberté parmi les humains et bénéficier des mêmes droits ? Que faire lorsque le contrôle de l'expérience est perdu ? Est-il légitime de faire souffrir des êtres vivants au profit de la recherche scientifique ?
S'il n'apporte au final aucune réponse, le film pose donc les bonnes questions tout en livrant une belle dose de suspense et d'effroi. Morgane réussit en effet à captiver le spectateur dès sa scène d'ouverture. La séquence de l'accident entre la jeune fille et sa victime donne tout de suite le ton : l'opus se veut sombre, malaisant, et réussit à plonger le public dans un climat étouffant voire claustrophobe. L'ensemble est certes un peu lent, souvent maladroit, mais s'avère toutefois divertissant. Les décors sont ainsi froids, métalliques, parfois vides, instaurant une ambiance malsaine. Pour amplifier cette impression, le réalisateur plante l'action au milieu d'une forêt vierge, à l'écart de la civilisation, où le laboratoire est la seule preuve d'une activité humaine. En se limitant au centre de recherche, puis aux bois environnants, le film prend vite des airs de huis clos, procurant un sentiment de malaise, palpable du début à la fin. La mise en scène de Luke Scott a beau être basique à première vue, elle n'en reste pas moins efficace et présente de vraies bonnes idées, notamment les effets caméra jouant avec les reflets des protagonistes.
D'emblée, le spectateur sait que quelque chose cloche, même s’il ignore à quel moment le film va basculer dans l'horreur pure. Il subit un sentiment de confusion, nourri par la première partie, consacrée à la présentation des personnages et du cadre. Il est alors difficile de savoir exactement à qui se fier, d'identifier les gentils et les antagonistes. Pourtant, Morgane fascine déjà par sa capacité à égarer son public, prêt à le prendre de court dans sa seconde partie. Le deuxième acte a, lui, des airs de film d'horreur lorsque la jeune fille décide de s'enfuir et se transforme en monstre. D'abord innocente, Morgane apprend à connaître les hommes et fait preuve d'émotions. Ne comprenant pas vraiment ce qui lui arrive, elle n'hésite pas à répondre avec violence lorsqu'elle se sent menacée. La scène du test psychologique en est le parfait exemple, tant dans son déroulement que dans son interprétation : face aux questions du thérapeute, joué par Paul Giamatti, Morgane prend conscience de sa condition. Elle perd pied et ne sait plus qui croire.
La tension monte alors crescendo jusqu'à la perte de contrôle de la créature. Le massacre peut commencer. N'ayant plus une once d'humanité, elle se révèle terrifiante et imprévisible. Sans être novatrice ni vraiment originale, l'intrigue s'accélère et monte en puissance pour le plus grand plaisir du spectateur. Un jeu du chat et de la souris s'installe entre l'hybride et ses créateurs, ces derniers devenant malgré eux les proies de leur propre invention. L'ombre de la jeune fille plane partout et chacune de ses apparitions provoque la terreur. Dès lors, le film enchaîne les séquences d'action gores, dans les couloirs du centre de recherche ou en pleine nature, des scènes en grande partie réussies dont la violence est parfaitement palpable comme les confrontations physiques entre Morgane et Lee où les deux protagonistes s'affrontent avec une rage rarement vue au cinéma.
Empruntant les thèmes propres au mythe de Frankenstein, Morgane reprend ici l’idée selon laquelle l'homme, à vouloir se prendre pour Dieu, s'attire toujours des ennuis. Hélas, même si la critique sur les dangers de l'expérimentation et la manipulation génétique est louable, le film n'apporte rien de neuf au genre. Plein de bonnes intentions, il se contente d'effleurer un sujet complexe qui offre pourtant de nombreuses pistes à explorer. Certains personnages, bien que sympathiques, manquent en outre de présence et ne sont pas assez bien définis. Anya Taylor-Joy et Kate Mara prennent évidemment trop de place et laissent peu d'occasion à leurs camarades de trouver leurs marques, en particulier Rose Leslie et Boyd Holbrook. Enfin, l'accélération soudaine du rythme dans la seconde partie risque de perdre le spectateur. Lent dans sa mise en place, le thriller psychologique vire brusquement au film de vengeance sanglante, comme si le scénario voulait à tout prix passer aux choses sérieuses et conclure son histoire au plus vite. Aussi, Morgane aurait-il gagné à durer plus longtemps, ne serait-ce que pour développer son sujet, éclaircir certaines zones d'ombre - la raison de l'existence de Morgane n'étant jamais véritablement évoquée - et gérer son rythme ?
La bande son est, quant à elle, composée par Max Richter. Né le 22 mars 1966 à Hamelin en Allemagne, passionné de musique, il suit des études de composition et de piano à l'université d'Edimbourg, puis à la Royal Academy of Music à Londres. Il devient ensuite le protégé du compositeur Luciano Berio et s'oriente dans les musiques contemporaines et électroniques. Après ses études, il fonde en 1989 l'ensemble Piano Circus dont il sera membre pendant dix ans, le temps de cinq albums. En 1996, il travaille avec Future Sound of Album sur deux disques en tant que mixeur, pianiste et coauteur, puis avec Roni Size sur In The Mode paru en 2000. Il réalise plusieurs albums solos à partir de 2002 (Memoryhouse, The Blue Notebooks, Songs From Before), avant d'être choisi pour composer la musique du film Valse avec Bachir (2006). Depuis, il enchaîne les bandes originales pour le cinéma - Elle s'appelait Sarah (2010), Shutter Island (2010), The Lunchbox (2013), Miss Sloane (2016) et Premier Contact (2016) - et la télévision (les séries The Leftovers, Black Mirror, Taboo).
À la fois atmosphérique et électronique, la composition donne un ton particulier au film. Max Richter livre une belle partition avec des morceaux angoissants et oppressants, accentuant à merveille le climat suffocant du laboratoire. Le musicien joue avec les sonorités, les batteries et les synthétiseurs pour un résultat assez expérimental. Minimaliste et étouffante, en grande partie lors des scènes de dialogues, la musique sied à merveille au propos déroulé. D'abord calmes, les notes se font rapides et plus violentes pour signifier une menace alors que le film plonge dans l'horreur. Le spectateur pourra regretter néanmoins l'absence d'un thème principal fort, qui puisse marquer les esprits. La bande son s'oublie en effet facilement et n'a pas beaucoup d'impact. De même, les quelques titres originaux (Little Cow and Calf de Skip James, All The Morning Bords de Jolie Holland, Very Cruel du groupe Poliça), sont très peu entendues et quasi inexistants.
Morgane sort au cinéma aux États-Unis le 2 septembre 2016 et rencontre un succès modeste. Tourné pour 8 millions de dollars, le film est projeté dans plus de 2000 salles américaines si bien que les producteurs espèrent un score autour de 6 millions pour son premier week-end d'exploitation. Malheureusement, après un démarrage à 615 000 dollars pour son premier jour, il pointe à 2,5 millions à la fin du week-end, bien loin des attentes. Son second week-end scelle son échec, ne gagnant que 495 000 dollars. Avec les résultats à l'international, Morgane rapporte finalement 8,8 millions de dollars, soit à peine plus que son budget hors promotion. Pire, le film essuie des avis mitigés. Les critiques apprécient l'idée de départ, l'interprétation et saluent le travail de Luke Scott pour une première réalisation, mais jugent l'intrigue mal exécutée, les personnages inconsistants et le scénario par trop prévisible. Certains l'accuseront même, injustement, d'être une copie conforme d'Ex Machina, film de science-fiction britannique de 2015 réalisé par Alex Garland, reprenant partiellement la même intrigue et lauréat du prix des Meilleurs Effets Visuels aux Oscars 2016.
Petite série B horrifique prenante et intense, Morgane est un honnête film qui devrait combler les amateurs du genre. Efficace, ambitieux sans être original, il accomplit parfaitement sa mission : divertir le spectateur. Il convient donc de ne pas lui en demander plus.