Titre original :
Venom
Production :
Marvel
Columbia Pictures
Date de sortie USA :
Le 05 octobre 2018
Genre :
Fantastique
IMAX
3-D
Réalisation :
Ruben Fleischer
Musique :
Ludwig Göransson
Durée :
118 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Eddie Brock, journaliste de terrain, découvre qu'une société manipule des vies extraterrestres, les symbiotes. Après s'être introduit dans son laboratoire, il fusionne involontairement avec l'un d'entre d'eux, appelé Venom.

La critique

rédigée par
Publiée le 10 octobre 2018

Mais que vient donc faire Tom Hardy dans cette galère ? À 41 ans, l’acteur talentueux qui enchaîne projets intéressants sur projets intéressants est embarqué dans un film insipide, insignifiant et qui accumule tous les poncifs classiques du genre sans aucune honte. Venom est film Marvel enlisé dans les années 2000 et incapable de prendre en compte l’évolution du genre et la lassitude du public.

Venom est donc un personnage qui est apparu dans Secret Wars #8 en 1984. Il s’agit d’une entité extraterrestre, un symbiote, qui cherche à fusionner avec son hôte, qui n’est autre alors que Spider-Man ! Le tisseur en ressort avec un tout nouveau costume noir, devenu depuis célèbre, et des capacités décuplées. Mais voilà, le costume a beaucoup trop de personnalité au point que Peter Parker se retrouve à combattre le crime la nuit durant son sommeil comme un somnambule. Après quelques coups de cloches (l'habit n’aime ni les ultrasons ni les flammes) le costume change d’hôte et s’attache à Eddie Brock qui devient son porteur de prédilection. Tout comme le symbiote, Eddie Brock voue une haine certaine à Peter Parker, qu’il considère responsable de ses malheurs. Hôte et symbiote trouvent ainsi un terrain d’entente nourri par leur aversion commune envers Spider-Man. Venom est ici véritablement né !
Il est ainsi devenu le méchant le plus populaire de Spider-Man. Contrairement aux autres aperçus dans les salles obscures jusqu’ici, il est également un pur produit des années 80 - 90. Todd Mc Farlane fut le premier dessinateur à le mettre en image en tant que vilain musculeux, sombre et ultra violent. Au fil des années, le symbiote s’attachera à de nombreux autres personnages pour en faire d’autres vilains ou anti héros comme le Scorpion, Deadpool ou encore Flash Thompson ; il sera même à l’origine de quelques dérivés à l'image du fou furieux Carnage ou d'Anti Venom. Eddie Brock restera tout de même le premier porteur vraiment marquant de Venom en lui donnant ses lettres de noblesse et son apparence unique. Autre fait important, bien qu’il soit représenté comme un ennemi récurrent de Spider-Man, Eddie Brock cherche à épargner les innocents. Le seul qu’il veut avoir en fait, c’est Parker ! Venom devient ainsi une sorte d’anti-héros, dangereux, mais qui n’hésite pas à faire le bien selon les occasions.

Plébiscité par les lecteurs, Venom affiche une carrière atypique au cinéma. Au-delà de ses nombreuses apparitions dans différentes séries animées (Spider-Man, l'Homme-Araignée en 1994, Les Nouvelles Aventures de Spider-Man en 1999 ou encore Spider-Man en 2017), il faut attendre Spider-Man 3 en 2007 pour que le personnage se montre enfin sur grand écran. Il est alors interprété par Topher Grace pour un résultat assez décevant. Une raison à cela  : Sam Raimi, génial réalisateur de la trilogie Spider-Man ne voulait en fait pas de Venom ! Le méchant lui a été, en effet, imposé par les producteurs si bien que le réalisateur s’en désintéresse pour se focaliser sur Peter Parker et seulement lui. Mais Venom est bien là et arrive à marquer autant les spectateurs lambda que les fans qui espèrent que le personnage aura vite droit à une nouvelle chance au cinéma. 
Sony, producteur de la franchise Spider-Man, voit alors logiquement dans Venom un joli potentiel et décide d’offrir au personnage un film solo. Film solo qui mettra plus de 10 ans à se faire ! Ainsi en 2009, le projet se concrétise avec le réalisateur de The Hunger Games derrière la caméra, Gary Ross, avant de ne plus faire parler de lui. Et voilà déjà 2012 : alors que Spider-Man subit un reboot controversé avec la franchise The Amazing Spider-Man, Sony s’approche de Josh Trank pour offrir à Venom son propre opus. Mais le réalisateur part vers un autre univers (Les Fant4stiques) et le symbiote reste encore dans les tiroirs. Pendant ce temps, la nouvelle version des aventures de Spider-Man rencontre un franc succès et le triomphe de Marvel’s Avengers laisse planer l’idée qu’un univers partagé dans une même franchise est possible. Sony veut alors créer un spin-off à The Amazing Spider-Man qui aura pour héros Venom, avant de l’introduire naturellement dans The Amazing Spider-Man 3 ou The Amazing Spider-Man 4. Un autre spin-off est d'ailleurs également annoncé, The Sinister Six, mettant à l’honneur six méchants emblématiques de Spider-Man. Venom se paye lui le luxe d’avoir déjà un réalisateur associé au projet, Alex Kurtzman. Tout semble donc bien parti pour créer un univers Spider-Man connecté, sans lien avec le Marvel Cinematic Universe que construit Marvel Studios autour des Avengers. 
Mais l’histoire en décide autrement…

The Amazing Spider-Man : Le Destin d'un Héros sort en 2014 et divise la critique. Le résultat financier est également bien inférieur aux attentes de Sony. La franchise est en suspens. En 2015, la sentence tombe : The Amazing Spider-Man 3 et 4 sont annulés et Spider-Man rejoint le Marvel Cinematic Universe dans Captain America : Civil War. Nouvel acteur, nouveau reboot. Désormais, Marvel Studios et Sony se partagent les droits d’exploitation cinématographique de Spider-Man. Mais si Spidey est destiné à ne figurer que dans des films du MCU, ce n’est pas le cas des autres personnages issus de son univers. Sony ne lâche ainsi pas le morceau et s’obstine à vouloir produire un univers partagé. Spider-Man devenu indisponible, Amy Pascal, Avi Arad et Matt Tolmach (les producteurs historiques de la franchise Spider-Man) se lancent donc dans un univers Spider-Man partagé mais... sans Spider-Man ! De quoi compliquer une nouvelle fois cette histoire de droits d’exploitation cinématographique partagés entre plusieurs studios. Sony prépare ainsi dans son coin, sans le tisseur, une multitude de projets : Black Cat, Silver Sable, Morbius, Nightwatch, Silk, Kraven le Chasseur et Jackpot. Venom, en gestation depuis dans années, est le premier d’entre eux. Le film est rapidement mis sur les rails pour une sortie en octobre 2018.

Pour assurer ce spin-off de Spider-Man sans Spider-Man (aussi appelé le Spider-Less-verse), Sony fait appel à Ruben Fleischer, qui s’est fait remarquer grâce au film Bienvenue à Zombieland en 2009, avant de tourner 30 Minutes Maximum en 2011 et Gangster Squad en 2013. Une carrière présente également à la télévision puisqu’il réalise plusieurs épisodes de séries télé et de talk-shows américains. Lorsqu’il entend parler du projet Venom, il se montre vite intéressé, avouant être un fan du personnage depuis toujours. Le coté graphique visuellement intéressant de Venom l’attire et l’idée de proposer un film un peu différent des autres productions Marvel ou DC Comics le pousse à prendre la casquette de réalisateur avec l’envie de rester fidèle aux sources tout en développant le thème de la dualité intérieure. Une sorte de Dr Jekyll et Mister Hyde version Marvel en somme. Un bien beau programme... pour un résultat complètement différent !

Le bilan s’apparente, il est vrai, à une douche froide. À aucun moment Venom ne se démarque des multitudes de films de super-héros l’ayant précédé. Il suit son intrigue bateau sans éclats ni surprises. Exposition interminable du héros et de sa situation, découverte des pouvoirs et du symbiote, combat final face à un ennemi générique interprété par l’interchangeable Riz Ahmed aux méchantes ambitions d'un méchant très méchant qui veut convaincre le monde qu'il n'est pas méchant. Qu’il est frustrant de commencer cet énième opus en connaissant pertinemment tout ce qui va arriver, à la scène près. L’écriture est paresseuse. Les séquences s’enchaînent et se ressemblent. Pire encore, les incohérences s’accumulent tout le long et plus aucune vérité établit au début n’est prise en compte puisqu’il faut vite bâcler le dernier acte, une bouillie numérique illisible. Après tant de projets consacrés à Venom qui n'ont pas vu le jour, et tant d'années consacrées à créer ce film, il donne la terrible sensation d'être coincé dans les années 2000, où les aventures de super-héros étaient souvent des origin story ringardes, lourdes et dénuées d'intérêt. Venom arrive 15 ans après la bataille. Les goûts des spectateurs ne sont plus les mêmes. Vendre un anti-héros un peu borderline n'est plus suffisant pour convaincre. Bon sang ! Le public connaît le monde des super-héros, il connaît également les ficelles de ces films et n'est plus dupe. 

Au milieu de cette galère, deux comédiens se perdent : Tom Hardy et Michelle Williams.
Le premier incarne donc Eddie Brock, journaliste grande gueule qui ne peut s’empêcher de faire remonter à la surface les secrets des gens pourris. Lors de l’annonce de la participation de l’acteur au film, il y avait de quoi se réjouir. Tom Hardy, c'était la promesse d'une boule de muscle charismatique à la voix grave pour incarner un anti-héros violent de l’univers de Spider-Man... Le résultat est tout autre, tant la performance d’Hardy se rapproche d’une comédie un peu bizarre. Certes il semble bien s’amuser dans ce rôle, mais son charisme en prend un coup. Quel gâchis de voir l’acteur de Mad Max : Fury Road et The Dark Knight Rises se perdre dans une relation étrange avec le symbiote, entre scènes gênantes et leçons de séduction lourdingues. Le potentiel était pourtant énorme !
La seconde, Michelle Williams incarne, pour sa part, la love interest du héros. Autre archétype classique des films du genre, elle ne sert à rien sinon à donner à Eddie une romance forcée tout au long du film. Là aussi, voir une actrice de renom n’avoir rien à jouer est pathétique au possible. 
Les seconds rôles sont, eux, tout bonnement inexistants si bien qu'en plus d’une heure trente, Venom propose seulement un trio de personnages complètement oubliables : le héros, la fille, le méchant. Tout simplement navrant.

Finalement le seul à marquer un peu plus les esprits est le symbiote lui-même. S’il y a bien un point réussi, c’est en effet l’apparence de Venom. Sa carrure, sa voix (faite par Tom Hardy lui-même), sa façon de se déplacer. Son design, qui s’inspire naturellement de Spider-Man, n’a pas à être expliqué pour convaincre. Venom est comme ça, c’est tout. Par contre, il y a une pauvreté affligeante dans les dialogues et les paroles qu’il prononce. Venom n’a aucun moment de grâce, aucun instant où il inspire la peur. Il agit tout au long de la même façon, plus ou moins comique et plus ou moins ridicule. Un film mal pensé, qui ne prend pas en compte les particularités de ses personnages. Tout le potentiel de Venom est sacrifié sur l’autel du risible. Bien loin de l’anti-héros qu’il est réellement. Énième ratage, la musique, de Ludwig Göransson, est raccord avec le reste : anecdotique au possible. Et que dire des effets spéciaux qui rappellent également les heures les plus sombres des années 2000 ? Il n'y a en réalité rien à sauver dans Venom. Son seul mérite est de ne pas passer trop lentement et d'occuper les yeux pendant sa durée relativement courte pour un blockbuster actuel.

Venom est un film qui souffre évidemment de la frilosité des producteurs. Après les succès de Deadpool et de Logan, plusieurs studios voulaient leur part du gâteau des adaptations de comics violentes. Lorsque Venom est annoncé, producteurs et acteurs laissent sous-entendre que Venom sera à priori bien classé R, soit interdit aux moins de 17 ans non accompagnés aux États-Unis. Une classification en accord avec la nature violente et gore du personnage qui, il faut le rappeler, n’hésite pas à manger ses victimes ! Offrir à Venom une interdiction plus élevée, c’est offrir à Ruben Fleischer la possibilité d’explorer le côté graphique qui l’a tant attiré avant de se lancer dans le projet, en plus d’assurer une réalisation plus libre grâce à un ton décomplexé. Là encore, il est utile de préciser que la classification d’un long-métrage ne va jamais déterminer sa qualité finale. Et de nombreux films n’ont pas eu besoin d’être classé R pour être des chefs-d’œuvre. Venom était pourtant le candidat idéal à une telle classification. Mais voilà, quelques semaines avant sa sortie, Venom se voit pitoyablement classé PG-13, comme la plupart des films Marvel. Sony a eu donc peur d’oser la violence assumée et le langage cru. L’explication est toute simple : le studio espère, en cas de succès du film, faire intégrer rétro-activement Venom dans le Marvel Cinematic Universe afin de lui faire croiser la route de Spider-Man. Pour cela, il est nécessaire que sa première aventure soit accessible à tous. Or, cette idée de Sony ne semble pas être partagée par Kevin Feige, grand boss du MCU et de Marvel Studios, qui compte bien garder son propre univers partagé sous son unique contrôle… 
Venom est raté, c’est un fait. Et l’histoire de la classification n’aurait pas résolu ses problèmes d’écriture et de construction. Mais ce PG-13 tant redouté par les fans qui espéraient voir un Venom plus libéré au cinéma a un réel impact sur la réalisation de Ruben Fleischer. Les scènes d’action, d’un autre âge, ne laissent jamais exploser la rage du personnage-titre. Le plus gore est seulement suggéré et Venom, vendu comme un être malfaisant et violent, est aseptisé.

Malgré des critiques assassines, Venom réalise un excellent démarrage aux États-Unis lors de sa sortie en récoltant plus de 80 millions de dollars lors de son premier week-end. À l’international, il signe un score tout aussi bon puisque le box-office s’élève, toujours lors de son premier week-end, à plus de 200 millions de dollars. Avec son budget relativement faible de 100 millions de dollars, Venom est donc d’ores et déjà un succès. Tom Hardy, qui a signé pour trois films, semble avoir une nouvelle franchise dans sa poche, et les multitudes spin-off prévus par Sony sont sur la bonne voie pour se concrétiser.

Venom est une vraie déception ! Le personnage avait pourtant les capacités pour tenir un long-métrage seul. Habilement écrit, il pourrait même exister sans Spider-Man. Mais le film de Ruben Fleischer est tout sauf habile et rejoint la catégorie peu enviée des navets Marvel. Eddie Brock est une victime de plus de Sony qui n'a qu'un opus générique et sans âme à lui offrir. Rageant.

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