Spider-Man 3

Spider-Man 3
L'affiche du film
Titre original :
Spider-Man 3
Production :
Marvel
Columbia Pictures
Date de sortie USA :
Le 4 mai 2007
Genre :
Fantastique
IMAX
Réalisation :
Sam Raimi
Musique :
Christopher Young
Durée :
139 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Peter Parker semble avoir enfin réussi à équilibrer son quotidien entre ses études et ses missions super-héroiques tout en vivant une idylle avec Mary-Jane Watson. Cependant, de nombreux obstacles vont se dresser face à lui aussi bien au sein dans sa vie personnelle qu'autour de celle de son alter égo arachnide. Alors que les super-vilains sont nombreux comme L'Homme Sable, Venom ou le Bouffon Vert, peut-être que le pire ennemi de Peter Parker pourrait bien être lui-même !

La critique

rédigée par
Publiée le 16 janvier 2017

Troisième volet de ce qui forme la trilogie de Spider-Man par Sam Raimi, cet épisode narre l’histoire de Peter Parker, maintenant en couple avec Mary-Jane, face à Venom et l’Homme Sable. Sans compter Harry Osborn qui a découvert l’identité secrète de Peter et reste obsédé par Spider-Man qui lui est apparu comme l’assassin de son père dans le premier volet.

Cet opus des aventures de Spider-Man n’est pas qu’une suite de bastons de l’homme araignée contre de nombreux vilains. Non, cet épisode joue un vrai rôle dans la prévention capillaire de la délinquance : remarquer quelqu'un porter la mèche doit, en effet, inciter quiconque à la méfiance. Le malheureux est sûrement sous l’emprise d’un costume maléfique ou - pire encore - a décidé de troquer les films Marvel contre l’hyper maturité des films tristes DC Comics. Un bien pauvre homme !
Tout a été dit sur ce troisième volet de Spider-Man et se résume en un laconique "médiocre". Pourtant, il doit être sû que ce n’est pas la faute de Sam Raimi mais des studios qui lui ont imposé Venom et l'ont... privé de café au lait le matin ! Il y a beaucoup trop d’ennemis et rien ne va plus ici ! Et voilà encore une fois qu'il est question de revisiter l’assassinat de l’oncle Ben ! Et que dire d'une Gwen Stacy qui n’a plus rien à voir avec son homologue des bandes dessinées mis à part que le crime de lèse-majesté est constitué ! La coupe est pleine. Ce troisième et dernier volet de la trilogie de Raimi est condamné à être le vilain petit canard de la fratrie... À tort !

Sans être le coup d’éclat qu’était le deuxième film, Spider-Man 3 arrive, il est vrai, à donner des conclusions satisfaisantes à tous ses personnages tout en assurant le spectacle. Peut-être que le film est moins limpide que son grand frère, mais il continue à sortir des rails et imposer le style du réalisateur. Il refuse le manichéisme au prix d’une once de niaiserie (l’Homme Sable), il évite les affres du plan plan au prix de la grandiloquence (l’assurance civile de Peter Parker), il fait grandir ses personnages au prix de grossières coïncidences (“oh ! comme c’est pratique” soupire le spectateur à certains moments) et de quelques entorses au matériel original.
Le tout est emballé et pesé avec des scènes d’actions parmi les plus impressionnantes du tisseur, faisant état de la maîtrise de Sony Pictures Imageworks sur le personnage et son animation ! Ainsi, neuf ans plus tard, Spidey renaît une fois de plus dans Captain America : Civil War chez Marvel Studios et jamais l’animation de Spider-Man ne touche pourtant à la justesse des films précédemment parus dans ses quelques scènes d’actions. Et encore, c'est sans parler de l’incroyable naissance de l’Homme Sable à l’écran : une scène onirique et touchante, incroyablement graphique et lente.

Un des éléments-clés de ce troisième film avec Tobey Maguire dans le rôle de Peter Parker, est l’incarnation à l’écran de Gwen Stacy par Bryce Dollas Howard. Gwen Stacy n'est autre dans la BD que le premier grand amour de Peter Parker, à une époque où aucun lecteur n’imaginait que Peter Parker et Mary-Jane Watson se marieraient. Là où Mary Jane est la représentation même de la fête et de la top modèle extravagante, Gwen Stacy est la première de la classe, douce et gentille. Cependant, dans la trilogie de Sam Raimi, Mary Jane a pris le caractère de Gwen Stacy et même un peu de son destin, risquant sa vie à la fin du premier volet de la même manière que Gwen l’avait perdue. Or, dans ce troisième volet, Gwen Stacy incarne justement l’élément perturbateur du couple entre Peter Parker et Mary Jane et donne naissance à un triangle amoureux. Première de la classe, elle pose aussi pour des photos de mode : sans être aussi extravagante que MJ dans la BD, elle semble intervenir de la même manière sur la vie de Peter (et de son alter ego Spider-Man). Si une partie du public initié aux comics a eu du mal à vivre un tel changement de personnalité pour ce personnage (qui ne sera pas non plus renié dans le jeu d’Emma Stone pour The Amazing Spider-Man, quatre années plus tard), ce n’est qu’une trahison de plus de Sam Raimi envers le comics. Au final, en BD, Gwen Stacy est apparue comme une jeune punk dans l’univers Ultimate et redevenue plus populaire que jamais parmi les lecteurs en 2014 avec Spider-Gwen où elle joue une jeune batteuse d’un groupe Rock qui a récupéré les pouvoirs de l’araignée à la place de Peter.

Clairement, le réalisateur continue de s’approprier les personnages de Marvel et ne cherche plus qu’à les utiliser pour faire grandir Peter Parker : nombre d'entre-eux trahissent ainsi leur personnalité du comics afin d’être rattachés d’une manière ou d’une autre à Peter Parker tout comme Doctor Octopus lors du précédent volet. Seul Eddie Brock (Topher Grace, sans panache il est vrai) finalement reste assez fidèle à son homologue papier, médiocre journaliste qui va subir l’humiliation d’un Peter Parker aux réactions exacerbées.

L’Homme Sable est un vilain de la vieille école de Spider-Man dans le comics. Il ne fait plus très peur à personne et ne vend pas beaucoup de papier : un malfrat un peu crétin et n’ayant pas le coeur totalement mauvais. Il traîne ses méfaits depuis le quatrième numéro de la série originale du tisseur, par Stan Lee et Steve Dikto, avec son corps composé entièrement de sable qu’il peut solidifier à volonté. S’il y avait bien une lecture à garder sur le personnage, c’est l’émouvant arc de Zeb Wells et Sam Kieth datant de 2003 disponible en VO dans Peter Parker : Spider-Man vol.2 #56 et #57. Reste que, comme Electro, il est souvent défait par une grande giclée... d’eau ! Il a donc presque logiquement le rôle ingrat du film : si Thomas Haden Church incarne le personnage plutôt bien à l’écran en tant que voyou cambrioleur un peu gauche et que l’image de synthèse rend son pouvoir totalement crédible, l’introduction d’un retcon pour rapprocher la destinée du personnage de celle de Peter Parker est vraiment maladroite. Bien sûr, le but est d’en faire un catalyseur du côté sombre de Peter (ce côté sombre qui se traduit à l’écran par une mèche de cheveux comme les hommes sautent le rasage le vendredi matin au travail) mais la méthode est laborieuse et vient fragiliser un moment emblématique de la mythologie de Spider-Man. Le personnage ne servira ensuite que de punching ball et ne semble plus rien avoir à faire dans le film à partir de sa deuxième apparition.

Venom est, au contraire, peut-être le méchant le plus populaire de Spider-Man ; pas étonnant dès lors que Sony Pictures insiste pour l'intégrer à l'opus ! Contrairement aux autres vilains de Spidey aperçus au ciné jusqu’ici, il est un pur produit des années 80 - 90. Todd Mc Farlane fût le premier dessinateur à le mettre en image en tant que vilain musculeux, sombre et ultra violent. Il est clairement d’une autre génération que celle qui semble passionner Sam Raimi. Après un énorme événement (Secret War) dans les comics qui emmène Spider-Man sur Battleworld, ce dernier y trouve donc le symbiote qui est plutôt pratique puisqu’il permet d’alterner costume héroïque et civil en un clin d’oeil. Cependant, le costume a beaucoup trop de personnalités au point que Peter Parker se retrouve à combattre le crime la nuit durant son sommeil comme un somnambule. Après quelques coups de cloches (l'habit n’aime ni les ultrasons ni les flammes) le costume change donc d’hôte et s’attache à Eddie Brock qui devient son porteur de prédilection. Au fil des années, le symbiote s’attachera à de nombreux autres personnages pour en faire d’autres vilains ou anti héros comme Le Scorpion, Deadpool ou encore Flash Thompson ; il sera même à l’origine de quelques dérivés comme le fou furieux Carnage ou Anti Venom. Ici, il est donc un peu le boss de fin du film, le méga méchant parce qu’il en faut bien un. Jamais le réalisateur ne s’intéresse tant à la fusion entre le symbiote et Eddie Brock qu’il ne s'intéresse autant à décupler la partie sombre de Peter Parker.
Bien sûr, Peter ne commence pas à manger des bébés parce que le symbiote s’attache à lui (par un coup du hasard assez dingue, clairement) mais il serait dommage de ne pas remarquer que plus que rendre Peter Parker méchant, le symbiote ne fait que ressortir tous les défauts latents de ce jeune adulte mal grandi, timide mais pas trop, gauche mais super héroïque, sans succès mais connus par tous et sans copine avant que la femme de sa vie ne lui tombe dans les bras après avoir interrompu son mariage ! Les traits sont grossiers pour esquisser le monde de Peter Peter mais restent absolument cohérents. Tout comme les deux précédents opus, difficile de ne pas être soufflé en voyant à quel point ce personnage est familier et ne ressemble à aucun stéréotype de blockbuster, ni même à son homologue de BD totalement. Il réagit trop fort, il est dépassé par tout ce qui l’entoure et passe son temps à se tromper et être bien trop crétin pour tout ce qui pèse sur ses épaules. Rien ne compte plus pour Sam Raimi que Peter Parker, une fois de plus. Le film et les autres personnages gravitent autour de lui, afin de le faire grandir et le faire passer à l’âge adulte.

Il reste enfin l’impeccable James Franco dans le rôle de Harry Osborn, présent depuis le premier épisode. Ce n’est pas un grand mystère après la conclusion du deuxième film que le jeune garçon un brin instable est au bord de la crise de nerf et qu’apprendre que son meilleur ami est Spider-Man, le supposé assassin de son père, risque d’avoir raison de son mental. Dans le comics, c’est en 1974 (The Amazing Spider-Man vol.1 #136) que Harry décide de prendre le costume du Bouffon Vert afin de venger son paternel. Il finira plus tard par faire une overdose de drogue (quelque chose d’assez inédit à traiter dans un comics si populaire et alors que le Comics Code Authority existe encore) et décédera en 1993 (The Spectactular Spider-Man vol.1 #200) en sauvant la vie de Peter et lui promettant qu’il restera son meilleur ami. Bon, pas d'inquiétude à avoir : il revient à la vie quinze ans plus tard, pour… personne ne sait en fait trop pourquoi mais là n'est pas l'essentiel... avant de repartir, bien en vie, en dehors des pages de la BD. Dans le film, son destin semble s’additionner au reste de l'intrigue de façon un peu superficielle : alors qu’'il était possible d'imaginer les deux précédents films comme le moyen de faire naître une menace intimement ultime face à Spider-Man, le choix est fait de ne pas se détacher de raconter l’amitié entre Harry et Peter. Jamais le personnage n’apparaîtra tant pour une menace pour Peter qu’au moment où il est le plus inoffensif : la simplicité que gagne Harry à un certain moment avec Mary Jane ne fait que mettre en exergue la perdition de Peter et ses tourments.

Et ce dernier tiers du film, cette confrontation entre Harry et Peter et ce deus ex machina : une affaire rondement menée par le réalisateur, bravoure comprise ! De quoi quasiment oublier que Mary Jane se fait enlever une troisième fois en trois films : décidément, il est possible de souligner le sacré manque d’imagination des scénaristes afin de créer l’enjeu pour Spider-Man ! La réalisation de Sam Raimi reste quant à elle soignée et l’esthétique de l'opus doit encore beaucoup à la bande originale de Christopher Young qui rentre dans les chaussures de Danny Elfman avec son célèbre thème musical. Une référence dont même James Horner semble avoir du mal à se séparer dans le premier volet de la saga The Amazing Spider-Man (contrairement à Hans Zimmer qui va dynamiter tout cela dans sa suite avec bonheur).

Mais il faut maintenant se souvenir du dernier plan de Spider-Man 2 ? Le regard triste de Mary Jane observant son héros de copain s’envoler contre le crime, bien éloigné de l’ambiance fin heureuse que servait le film sur ses dix dernières minutes ! Clairement, Spider-Man 3 donne du sens à ce regard. Se forçant à être sensationnel pour justifier son rôle de blockbuster (et y parvenant !), le film n’est qu’une observation prolongée de la psyché de Peter Parker et réserve quelques plans magnifiques à milles lieues de tout sensationnalisme. Et finalement, cette dernière image est parfaite pour conclure la saga : pas de sauts à travers New York mais juste une danse. Et si la fin est plus amère que les deux précédents films, elle garde pour elle des images d’une poésie inédite dans des adaptations de comics depuis les Batman de Tim Burton. D’ailleurs, comme cet exemple, Sam Raimi échange une fidélité au matériel original contre une œuvre imprégnée. Il peut flirter avec une réelle niaiserie à certains moments, mais non.
Spider-Man est trop bien filmé, joué, mis en image, mis en musique pour être autre chose qu’un grand film... à défaut d’être un chef d’œuvre comme son aîné !

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