X-Men
Saison 1

X-Men - Saison 1
L'écran titre
Titre original :
X-Men - Season 1
Production :
Marvel
Saban Entertainment
Graz Entertainment
Date de diffusion USA :
31 octobre 1992 - 27 mars 1993
Genre :
Animation 2D
Création :
Eric Lewald
Musique :
Ron Wasserman
Shuki Levy
Durée :
273 minutes
X-Men - Autre(s) saison(s) :
Saison 01
Saison 02
Saison 03
Saison 04
Saison 05
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Liste et résumés des épisodes

1. Night of the Sentinels - Part 1
La Nuit des Sentinelles - Partie 1
Genre : Épisode télé
Série : X-Men
Saison 1 Épisode 1
Date de diffusion USA : Le 31 octobre 1992
Réalisé par : Larry Houston
Durée : 21 minutes
L'Agence de Contrôle des Mutants déploie les Sentinelles…
2. Night of the Sentinels - Part 2
La Nuit des Sentinelles - Partie 2
Genre : Épisode télé
Série : X-Men
Saison 1 Épisode 2
Date de diffusion USA : Le 7 novembre 1992
Réalisé par : Larry Houston
Durée : 21 minutes
Les X-Men partent sauver Jubilé ; Cyclope remet en question ses qualités de chef…
3. Enter Magneto
Danger Immédiat
Genre : Épisode télé
Série : X-Men
Saison 1 Épisode 3
Date de diffusion USA : Le 27 novembre 1992
Réalisé par : Larry Houston
Durée : 21 minutes
Pendant que le procès du Fauve tourne au fiasco, Magnéto déclare la guerre aux humains…
4. Deadly Reunions
Réunions Mortelles
Genre : Épisode télé
Série : X-Men
Saison 1 Épisode 4
Date de diffusion USA : Le 23 janvier 1993
Réalisé par : Larry Houston
Durée : 21 minutes
Magnéto attaque une usine de produits chimiques pour attirer Charles Xavier…
5. Captive Hearts
Hauts les Cœurs
Genre : Épisode télé
Série : X-Men
Saison 1 Épisode 5
Date de diffusion USA : Le 30 janvier 1993
Réalisé par : Larry Houston
Durée : 21 minutes
Jean et Cyclope sont enlevés par les Morlocks…
6. Cold Vengeance
La Vengeance
Genre : Épisode télé
Série : X-Men
Saison 1 Épisode 6
Date de diffusion USA : Le 6 février 1993
Réalisé par : Larry Houston
Durée : 21 minutes
Serval affronte Dents-de-Sabre pendant que Tornade, Gambit et Jubilé se rendent à Génosha…
7. Slave Island
L'Île des Esclaves
Genre : Épisode télé
Série : X-Men
Saison 1 Épisode 7
Date de diffusion USA : Le 13 février 1993
Réalisé par : Larry Houston
Durée : 21 minutes
Sur l'île de Génosha, les mutants prisonniers organisent une révolte…
8. The Unstoppable Juggernaut
La Menace
Genre : Épisode télé
Série : X-Men
Saison 1 Épisode 8
Date de diffusion USA : Le 6 mars 1993
Réalisé par : Larry Houston
Durée : 21 minutes
Les X-Men croisent la route de Colossus et du Fléau…
9. The Cure
Sauve Qui Peut
Genre : Épisode télé
Série : X-Men
Saison 1 Épisode 9
Date de diffusion USA : Le 20 février 1993
Réalisé par : Larry Houston
Durée : 21 minutes
Un scientifique prétend avoir trouvé un remède capable d'enrayer la mutation…
10. Come the Apocalypse
L'Apocalypse
Genre : Épisode télé
Série : X-Men
Saison 1 Épisode 10
Date de diffusion USA : Le 27 février 1993
Réalisé par : Larry Houston
Durée : 21 minutes
Apocalypse assemble ses cavaliers…
11. Days of Future Past - Part 1
L'Avenir - Partie 1
Genre : Épisode télé
Série : X-Men
Saison 1 Épisode 11
Date de diffusion USA : Le 13 mars 1993
Réalisé par : Larry Houston
Durée : 21 minutes
Venu du futur, Bishop cherche à arrêter l'assassin qui a condamné l'avenir…
12. Days of Future Past - Part 2
L'Avenir - Partie 2
Genre : Épisode télé
Série : X-Men
Saison 1 Épisode 12
Date de diffusion USA : Le 20 mars 1993
Réalisé par : Larry Houston
Durée : 21 minutes
À Washington, les X-Men doivent à tout prix sauver le Sénateur Kelly…
13. The Final Decision
La Décision
Genre : Épisode télé
Série : X-Men
Saison 1 Épisode 13
Date de diffusion USA : Le 27 mars 1993
Réalisé par : Larry Houston
Durée : 21 minutes
Pour sauver l'humanité, les X-Men affrontent les cohortes de Sentinelles…

La critique

rédigée par
Publiée le 12 mai 2024

En 1992, la jeune chaîne Fox a encore du mal à s'affirmer face aux mastodontes ABC, CBS et NBC. Lancé depuis deux ans maintenant, le bloc Fox Kids diffuse quelques séries animées sympathiques et appréciées, mais la Présidente Margaret Loesh a de l'ambition : elle veut faire de Fox Kids la destination incontournable pour toute la famille. Elle le sait, la série animée Batman qui arrive bientôt, portée par le succès des films de Tim Burton, est un carton assuré, mais elle a aussi confiance en deux programmes qu'elle tente de pousser depuis des années, malgré les réticences d'Hollywood : Power Rangers et X-Men. Le 31 octobre 1992, la chaîne propose le premier épisode de X-Men, La Nuit des Sentinelles - Partie 1, avec un succès retentissant. Diffusée jusqu'au 27 mars 1993 le samedi matin, la Saison 1 trouve immédiatement son public et propulse Fox Kids au sommet. Très respectueuse des comics, moderne et dynamique, la série révolutionne aussi les programmes pour enfants avec sa narration feuilletonnante, ses thèmes matures et ses personnages profonds et faillibles. Et ce n'était pas gagné d'avance, car comme les mutants à qui elles ont donné vie, les équipes artistiques ont dû livrer bien des batailles en coulisses durant les quelques mois qu'a duré la production...

À la tête de Marvel Productions Ltd. entre 1984 et 1990, Margaret Loesch a tenté de la vendre encore et encore, cette série X-Men ; mais rien à faire, les exécutifs des grandes chaînes lui ont toujours rétorqué que les comics des mutants étaient beaucoup trop ésotériques pour les enfants, et qu'ils étaient réservés aux « nerds de 18 ans » ! Frustrée d'essuyer année après année les mêmes refus, Loesch prend les choses en main. Alors que Marvel Productions Ltd. travaille sur le programme animé RoboCop à la fin des années 80, Magaret Loesch réquisitionne le budget du dernier épisode pour financer le pilote d'une série sur les mutants. Avec cet unique épisode en main, elle pense que les grandes chaînes comprendront enfin son projet. Ce pilote, titré X-Men : Pryde of the X-Men, sera finalement diffusé en syndication le 16 septembre 1989 sans jamais avoir trouvé preneur. Sabordé par Marvel et produit pendant que le studio souffre des multiples crises financières de sa maison-mère New World Entertainment, l'épisode aura au moins permis aux équipes d'identifier toutes les erreurs à ne pas commettre la prochaine fois. Et Magaret Loesch en est convaincue : la prochaine fois, c'est pour bientôt.

En 1990, Margaret Loesch prend la direction de Fox Kids, le nouveau bloc de programmes pour enfants de la chaîne Fox. Pendant des mois, elle bataille pour convaincre les exécutifs que la série X-Men a du potentiel. Quand sa hiérarchie lui demande si elle est prête à perdre son travail en cas d'échec, Loesh acquiesce.
Le 17 février 1992, X-Men entre officiellement en production. Autour d'une table, la Présidente rassemble ses troupes. Les équipes de Saban Entertainment, chargées de produire les épisodes et de gérer la post-production, ainsi que celles de Graz Entertainment, qui superviseront l'animation, sont présentes. Il en va de même pour les exécutifs de Fox et les représentants de Marvel. Même Stan Lee s'est invité à la fête. Lors de la réunion, les idées fusent, chacun y va de son petit commentaire : qui inclure dans l'équipe ? Quel ton donner à la série ? Ne faudrait-il pas miser sur l'humour ? Comment créer une synergie avec les comics Marvel ? Au milieu de toute cette cacophonie se tient Eric Lewald, le showrunner de la série. Engagé la veille par Sidney Iwanter, un exécutif de la chaîne Fox avec qui il a travaillé sur la quatrième saison de la série animée Beetlejuice, Lewald écoute patiemment et se prépare déjà à charbonner. Fox souhaite en effet diffuser la série dès septembre 1992, soit dans sept petits mois, là où un épisode classique demande huit à neuf mois de production. Eric Lewald a deux semaines pour pondre la bible de la série et dessiner l'arc narratif de la première saison. Un léger problème va lui rendre la tâche quelque peu ardue : Lewald ne connaît rien de l'univers des X-Men.

Fort heureusement, Eric Lewald apprend vite. Il faut dire qu'il est très bien entouré chez Graz Entertainment. À la tête de la compagnie naissante se tiennent Jim et Stephanie Graziano, d'anciens collaborateurs de Marvel Productions Ltd. qui connaissent la passion avec laquelle Margaret Loesch défend son projet depuis des années. Pour s'assurer une place dans la production, les Graziano ont été malins. Un an auparavant, ils ont ainsi engagé Will Meugniot. Pour l'occuper le temps de décrocher une place dans l'aventure X-Men, ils commencent à travailler avec lui sur la série animée Conan l'Aventurier. Ils le savent, Will Meugniot a planché sur les storyboards et l'histoire de X-Men : Pryde of the X-Men, et il a soif de revanche ; il possède en outre une solide connaissance de l'univers Marvel qui se révélera utile. Mais les Graziano voient plus loin : ils espèrent que Will Meugniot pourra convaincre son collègue et ami Larry Houston, lui aussi contributeur sur le premier pilote et fan absolu des mutants, de poser à son tour ses valises chez Graz Entertainment. Le pari des Graziano a payé. Embauchée pour gérer la production de l'animation sur X-Men, Graz Entertainment place Larry Houston à la réalisation des épisodes de la première saison, tandis que Will Meugniot devient producteur et s'occupe de superviser le design des personnages. Ce dernier est en plus du reste un gestionnaire de crise hors pair, un talent qui sera mis à contribution durant les prochains mois...

Dans les studios voisins, la série animée Batman avance bien, d'autant que les équipes ont bénéficié d'un an et demi pour produire le programme, contre sept mois seulement pour X-Men. Il faut donc que tout aille très vite, la production commence à peine que, déjà, le retard s'accumule. Eric Lewald écume les comic shops et s'achète tous les magazines X-Men qu'il trouve sur son passage ; il s'offre même un jeu de rôle, Marvel Super Heroes - The Uncanny X-Men Special! Campaign Set, lequel contient un livret décrivant les principaux mutants de l'univers ! Au fil du temps, Eric Lewald apprend à découvrir et à aimer les personnages. Aidé des nombreux fins connaisseurs de l'univers Marvel présents dans son équipe dont Bob Harras, l'éditeur de tous les comics mutants à l'époque, Eric Lewald imagine un arc scénaristique composé de treize épisodes qui se suivent, malgré les réticences des exécutifs de Fox qui craignent que les enfants n'y comprennent rien.

Durant l'écriture, Eric Lewald va aussi devoir composer avec les règles très strictes qui régissent les programmes pour la jeunesse. Il ne faut par exemple pas montrer de sang, un personnage ne doit jamais être en danger de mort juste avant une coupure pub, les coups à la tête sont prohibés et la mort demeure un sujet tabou. Des consignes somme toute compliquées à respecter quand Wolverine est dans les parages ! Avery Corben, chargée des questions de morale, d'éthique et des implications légales des programmes de Fox, va écouter patiemment les idées novatrices et les arguments d'Eric Lewald au cours des cinq saisons de X-Men ; ensemble, ils vont repousser les limites de ce qu'il était jusqu'ici permis de montrer dans un programme estampillé pour enfants.

Pour outrepasser les interdits, Eric Lewald et Mark Edens, le scénariste en chef des deux premières saisons de X-Men, décident que le diptyque d'ouverture opposera les héros aux Sentinelles, des robots traqueurs de mutants. L'intérêt est double. D'abord, puisque les Sentinelles ne sont pas des créatures vivantes, la question de la violence ne se pose pas, ou en tout cas pas autant que si les X-Men devaient affronter des êtres de chair et de sang. Mais surtout, ces deux premiers épisodes vont permettre de montrer que les mutants sont craints et haïs par toute une frange de la population humaine. C'est avant tout une histoire sur la différence et l'ostracisation de l'Autre que souhaite écrire Eric Lewald, il veut accrocher le téléspectateur et le faire s'identifier à ces personnages qui se sentent en marge. C'est peut-être bien cette subtilité qui a fait toute la différence, jusqu'à propulser la série au rang d'objet culturel incontournable.
Déjà lors de la production du pilote X-Men : Pryde of the X-Men diffusé en 1989, le producteur Will Meugniot voulait mettre en scène les Sentinelles au lieu de Magnéto, pour éviter de tomber dans un banal affrontement entre héros et vilains mutants, mais Marvel ne l'entendait pas de cette oreille. Pas question donc de répéter les mêmes erreurs que par le passé et, si Marvel écoute les arguments d'Eric Lewald, Stan Lee, lui, commence à devenir envahissant...

Le dynamique génie des comics a presque soixante-dix ans lorsqu'est entamée la production de X-Men. Voilà bien quinze ans que Stan Lee n'écrit plus régulièrement pour Marvel Comics ; désormais, il joue surtout le rôle de mascotte de la société et s'invite régulièrement sur les productions télé pour mettre son grain de sel. Même si l'équipe assure à Eric Lewald que Stan Lee est invité par simple courtoisie, ce dernier n'a pas l'air au courant. Stan Lee veut à tout prix être impliqué, et il a pour cela un atout dans sa manche : Margaret Loesch et lui sont très proches. Au tout début de la conception déjà, Haim Saban et Stan Lee semblent s'entendre sur un pitch inspiré de Scooby-Doo : à bord d'un van équipé de Cérébro, le Professeur Xavier et Cyclope sillonneraient les routes du pays à la recherche de mutants à aider. Histoire d'appuyer la filiation jusqu'au bout, un chien rigolo devait être de la partie ! La direction de la série va vite changer avec Eric Lewald aux commandes, mais l'anecdote illustre surtout l'état d'esprit de Stan Lee. Que ce soit dans les comics ou à la télévision, le bonhomme est resté bloqué dans les années 60, celles qui ont fait de lui une star des comics. Il aurait donc souhaité faire de X-Men un programme très traditionnel pour enfants et n'hésite pas à le faire savoir.

À chaque nouveau script, devant chaque storyboard, Stan Lee inonde la production de notes et exige que chacun de ses commentaires soit pris en compte. Il va même faire un ultime caprice et impliquer Margaret Loesch dans l'histoire, elle qui a toujours eu du mal à dire non à son ami. Il arrive ainsi à la convaincre qu'il ferait un narrateur idéal, un rôle qu'il avait déjà tenu dans d'anciennes séries animées ainsi que dans X-Men : Pryde of the X-Men. Pire, Stan Lee se rêve en Walt Disney ! Le fringant grand-père exige d'ouvrir chaque épisode par une scène tournée en prises de vues réelles comme dans The Wonderful World of Disney ; assis à son bureau, Stan Lee s'adressera aux téléspectateurs et dispensera une petite morale. À force de pourparlers, l'équipe d'Eric Lewald réussit à faire céder Margaret Loesch, mais il s'en est fallu de peu. Face au succès de la série sur Fox, Stan Lee se désintéressera peu à peu de X-Men et ne tentera plus de s'impliquer, préférant trouver un autre projet où il pourra dispenser ses bonnes - et ses moins bonnes - idées.

La « crise Stan Lee » est passée, mais bien d'autres tempêtes s'agitent encore à l'horizon. À la fin des années 80, le style graphique dynamique de Jim Lee sur le comics The Uncanny X-Men a redonné un souffle moderne aux héros. En 1991, l'artiste lance avec Chris Claremont le comics X-Men dont le premier numéro s'écoule à plus de huit millions d'exemplaires, un record absolu. Logiquement, Will Meugniot se base sur les dessins de Jim Lee quand vient le temps de designer les personnages de la série. Problème, Jim Lee et quelques-uns des artistes les plus talentueux de Marvel se sont envolés pour fonder la rivale Image Comics. Revancharde, Marvel interdit à Will Meugniot de reprendre les travaux de Lee, et ce même s'ils sont parfaits pour la série. Plutôt que de se perdre en palabres, l'artiste s'exécute et redessine les personnages dans un style années 70 inspiré des productions de Hanna-Barbera. Devant le ridicule de la chose, Marvel capitule.
Quelques temps plus tard, les premiers essais de doublage en provenance du Canada consternent les équipes, et pour cause : à cette période, les séries animées n'ont pas l'ambition de X-Men, personne n'imagine montrer des personnages torturés et trop complexes à la télévision le samedi matin. Dans ses notes d'intention, Eric Lewald a pourtant été clair. Il s'imagine le Professeur Xavier avec une voix proche de celle de Leonard Nimoy. Pour Wolverine, il cherche un timbre à la Clint Eastwood mais plus profond, quant à Magnéto, il écrit simplement « un Charlton Heston méchant ». Les premiers enregistrements sont cartoonesques au possible, si bien que les équipes iront dénicher directement quelques acteurs sur la scène torontoise.

Malgré les crises qui se succèdent, l'équipe créative fait preuve d'une résilience remarquable, et ce même lorsque Marvel décide de s'en mêler à son tour, en insistant pour inclure des produits dérivés dans la série et faire saliver les enfants. Avi Arad, qui gère chez Toy Biz la licence Marvel depuis 1990, demande par exemple s'il est possible de montrer à l'écran des talkies-walkies à l'effigie de Cyclope et de Wolverine. Le département marketing demande quant à lui à ce que les X-Men dorment dans des pyjamas à leur propre effigie. Des draps et des rideaux sont évoqués. Marvel, qui a signé un contrat exclusif avec McDonald's en Australie, menace même de retirer Graz Entertainment du projet si les véhicules hideux prévus dans les Happy Meals ne sont pas ajoutés à la série. Toutes et tous tiennent bon, en expliquant avec fermeté que les produits dérivés se vendront comme des petits pains si la série est de qualité.

Les équipes ne peuvent s'empêcher d'envier un peu la production de la série animée Batman. Si, dans les coulisses, les choses ne se passent pas forcément mieux, il est en revanche un point sur lequel la Chauve-Souris domine : Warner Bros. Animation a les poches profondes. Désireux de rivaliser avec Disney dans le domaine de l'animation, le studio arrose généreusement la production et peut donc s'offrir les services des meilleurs studios d'animation télévisée. Disposant d'une fraction du budget de Batman, Saban et Graz Enterainment engagent quant à eux AKOM Production, un studio d'animation sud-coréen travaillant notamment sur Les Simpson. Les équipes de X-Men attendent fébrilement de voir le fruit de leurs efforts enfin transposé à l'écran et, si personne ne s'attend à « la qualité Disney », toutes et tous demeurent confiants. Lorsque les premières images reviennent enfin de l'autre bout du monde en août 1992, la chute est rude...

Pour tout le monde, c'est la douche froide. Le résultat est calamiteux, impossible de le programmer à la télévision en l'état. Quand Margaret Loesch demande des explications, AKOM reste silencieuse. De son côté, Haim Saban refuse catégoriquement de payer un centime de plus pour faire changer l'animation. La production a déjà pris un mois de retard, la date de diffusion prévue en septembre approche : les équipes sont dans l'impasse. C'est à cet instant précis que Marvel va entrer en scène et sauver X-Men. Face à la pingrerie d'Haim Saban, la Maison des Idées, par l'intermédiaire d'Avi Arad, renonce à son cachet de licence et l'injecte dans la production, de quoi financer une animation de meilleure qualité. Will Meugniot s'envole en Corée du Sud pour superviser en personne l'animation chez AKOM et éviter de nouvelles surprises. Batman a elle aussi tenté de faire appel au studio sud-coréen, le « baiser de la mort » selon le réalisateur Dick Sebast qui frissonnait à chaque fois qu'un épisode atterrissait entre les mains d'AKOM. Face au peu de soin apporté par les animateurs sur la Chauve-Souris, Warner Bros. Animation a toutefois remercié le studio avant de partir chercher de meilleurs services ailleurs, un luxe que ne peut pas se permettre X-Men.

C'est maintenant à Margaret Loesh de jouer. Puisqu'il est impossible de tenir les délais, il va falloir expliquer aux exécutifs de la chaîne et aux annonceurs que X-Men sera repoussée de quelques mois, entraînant d'importances pertes financières au passage. De façon ingénieuse, elle utilise le retard à son avantage et le transforme en un véritable coup marketing : en diffusant les deux premiers épisodes autour d'Halloween sous la forme d'une avant-première, elle espère bien faire monter la sauce et créer un événement télévisé immanquable pour les enfants des États-Unis. Le reste de la saison sera ensuite diffusé à partir du mois de janvier 1993, pendant que les chaînes concurrentes programmeront des rediffusions. Le pari s'avère payant. Les deux parties de La Nuit des Sentinelles sont respectivement diffusées le 31 octobre 1992 et le 7 novembre 1992, avec un succès retentissant : Les X-Men sont partis pour durer.

Il faut dire que le double-épisode d'ouverture est parfaitement bien construit. Dès les premières secondes, les téléspectateurs assistent à une scène dans laquelle Dents-de-Sabre sème le chaos. À la télévision, une journaliste explique que ce nouveau débordement de violence contribue à alimenter la haine anti-mutants qui ne cesse de gagner du terrain dans le pays. Avant que la reporter n'ait le temps de terminer son analyse, les parents adoptifs de Jubilation Lee, inquiets, éteignent le poste. Leur fille aussi est une mutante, mais ils ne parviennent pas à s'entendre sur la meilleure façon de la protéger. Le père, lui, voudrait la forcer à s'enregistrer auprès de l'Agence de Contrôle des Mutants, un organisme gouvernemental qui promet d'aider les Homo Superior. La mère de famille, plus méfiante, juge que les méthodes déployées par l'agence sont violentes et déshumanisantes. Depuis l'étage, Jubilé entend la conversation et se réfugie dans sa chambre en pleurant. Peu après, l'adolescente s'évade au centre commercial et grand bien lui en a pris, car l'agence a déjà déployé une Sentinelle pour la capturer...

Moins de deux minutes, c'est tout ce qu'il a fallu à X-Men pour introduire les téléspectateurs à son univers. À travers les yeux de Jubilé, le public entre dans un monde où tous les mutants sont traqués sans distinction avec l'aval du gouvernement, et, surtout, la série montre déjà que les X-Men ne se contenteront pas de se battre contre les mauvais mutants. Pourchassés par une partie de l'humanité, ils se démèneront même corps et âme pour protéger un monde qui les craint et les déteste. Bien sûr, le propos est plus nuancé que cela et les mutants sauront aussi trouver des alliés chez les humains, comme Moira MacTaggert. Même les parents de Jubilé sont animés des meilleures intentions et n'agissent que dans le but de protéger leur fille. Dans tous les cas, X-Men réussit à alpaguer le téléspectateur dès les premières minutes avec des thèmes comme le sentiment d'être différent, l'appartenance à un foyer, la famille et la recherche de racines, autant de sujets qui parlent à tout le monde sans distinction.

Jeune mutante qui a encore du mal à contrôler ses pouvoirs, Jubilé était la personne idéale pour introduire les téléspectateurs novices dans l'univers des X-Men – et ils étaient nombreux en ce début des années 90 ! En vérité, son rôle n'est guère différent de celui endossé par Kitty Pryde dans le pilote manqué X-Men : Pryde of the X-Men, mais Jubilé possède un côté adolescente rebelle et cool qui faisait cruellement défaut à Shadowcat, trop sage pour le public des années 90. Mieux encore, Jubilé est une addition récente dans les comics Marvel, ce qui permet à la série de faire naturellement la promotion des magazines. Apparue dans The Uncanny X-Men #244 en 1989, sa toute première aventure inspire d'ailleurs beaucoup l'équipe scénaristique de la série. Dans ce numéro, les X-Men sortent faire les magasins entre filles. Entre deux essayages, une bande de losers anti-mutants passe à l'attaque sous les yeux de Jubilé, une adolescente sans-abri qui vit dans le centre commercial. Lorsque les héroïnes en ont fini avec leurs adversaires, elles traversent un portail vers l'Australie, là où l'équipe s'est établie depuis peu de temps. Curieuse et sans attaches, Jubilé les suit en secret. Dans les numéros suivants, la jeune fille va reprendre le rôle qui était autrefois celui de Kitty Pryde : alliée de Wolverine en qui elle trouve un ami fidèle et un professeur, Jubilé devient le personnage auquel le jeune public peut le plus facilement s'identifier.

Il est donc facile de voir à travers ce pilote à quel point les scénaristes se nourrissent des comics Marvel pour composer leur univers. Larry Houston, artiste de storyboard et réalisateur des quatre premières saisons, met même à profit sa grande connaissance des comics pour faire apparaître quantité de mutants (et même des Avengers !) dans de petits caméos. Sans adapter à la lettre les récits écrits par Chris Claremont dans les comics, Eric Lewald et son équipe vont minutieusement piocher dans des centaines d'histoires les éléments qui fonctionnent le mieux à la télévision. Surtout, ils parviennent à capturer l'essence-même des récits mutants. Les relations compliquées entre les membres de l'équipe, les traumatismes vécus par chacun, le volet social et politique des récits et ce côté très soap-opéra qui fait le sel des scripts de Chris Claremont, tout est minutieusement retranscrit pour séduire à la fois les nouveaux venus comme les fans de longue date des comics X-Men.

Diffusée le 7 novembre 1992, la seconde partie de La Nuit des Sentinelles a elle aussi marqué les téléspectateurs en repoussant les limites jusqu'ici imposées à la télévision pour enfants. Dans le pilote, le mutant Morph est introduit ; appelé Changeling dans les premiers comics X-Men et Miméto dans ses apparitions en France, le personnage est renommé Morph dans la série pour éviter tout problème juridique, puisque DC Comics exploite à la même période un personnage portant lui aussi le nom de Changeling. Très populaire auprès des téléspectateurs dès sa première apparition, Morph est curieusement le meilleur ami de Wolverine, le seul à avoir su percer la carapace du mutant griffu. Capable d'utiliser ses pouvoirs pour prendre l'apparence de n'importe qui, Morph joue un rôle comique, et c'est peut-être ce qui rendra sa disparition encore plus douloureuse.

Car oui, dès le deuxième épisode, Eric Lewald réussit, au terme de longues tractations avec la chaîne, à tuer l'un des X-Men. Traitée sans filtre, la disparition d'un personnage aussi attachant que Morph a donné le ton de la série : la mission des X-Men est dangereuse et leurs actions ont des conséquences durables pour les mutants comme pour le reste du monde. Le public ressent dès ces premiers épisodes que les enjeux sont importants et que la série sera différente des autres. Tout en restant adaptée à toutes les tranches d'âge, et même si l'humour est bel et bien présent tout au long de la série, X-Men refuse d'édulcorer son univers. Dans la suite de l'épisode, cet événement majeur permet de peindre les personnages dans toute leur complexité. Logan va ainsi entrer en conflit avec Cyclope et renier son autorité, l'accusant d'avoir abandonné Morph et le Fauve en pleine mission. Scott, lui, remet en cause son statut de leader et doute d'avoir la force de prendre une fois encore des décisions difficiles. Ce qui est certain, c'est que tous les membres ont le cœur brisé, un chagrin que partagent avec eux les téléspectateurs assis au fond de leur canapé.

Durant la conception de la série, ce n'est pourtant pas Morph qui devait périr dans le second épisode, mais Thunderbird. Lorsque l'équipe est remaniée en 1975 dans Giant-Size X-Men par Len Wein et David Cockrum, des mutants de diverses nationalités sont assemblés au sein des nouveaux X-Men. Parmi eux se trouve John Proudstar, alias Thunderbird ou l'Épervier dans ses premières apparitions françaises. Tête brûlée, le jeune Natif Américain trouvera très vite la mort lors d'une mission. Le script de l'épisode est déjà bien entamé lorsque quelqu'un pointe qu'il serait de mauvais goût d'introduire un personnage natif américain pour le tuer immédiatement. En fouillant dans sa liste de personnages, Eric Lewald tombe sur Changeling, un mutant qui s'est sacrifié pour protéger le Professeur Xavier. Parfait, le personnage colle à merveille et il fonctionne encore mieux en duo avec Wolverine ! Dans la série, Thunderbird devra se contenter d'un simple caméo lors du septième épisode, L'Île des Esclaves, mais il est aussi présent dans le générique ! Lors de sa conception, Larry Houston n'avait pas assez de mauvais mutants à inclure dans le dernier plan, lorsque les forces de Magnéto chargent celles du professeur Xavier. Le modèle étant déjà dessiné, Houston l'a inclus dans la Confrérie des Mauvais Mutants, et ainsi avoir un nombre identique d'ennemis d'un côté comme de l'autre.

Puisque X-Men reste avant tout une série pour enfants, les scénaristes avaient très peu de marge de manœuvre pour dépeindre le gouvernement américain de façon négative. Dès le pilote, les scénaristes présentent donc l'Agence de Contrôle des Mutants comme une organisation dissidente reniée par la Présidente des États-Unis, et ce même si elle est vue condamner avec la plus grande fermeté les actions des X-Men deux scènes plus tôt. Au fil des treize épisodes de cette première saison, Eric Lewald et son équipe marchent sur des œufs, mais les sous-textes sociaux et politiques qui émaillent les comics X-Men depuis bientôt trente ans sont repris pour devenir l'une des principales composantes de la série animée.
Dans cette première saison, le Fauve devait être un personnage secondaire et n'apparaître que dans une poignée d'épisodes, mais les auteurs prennent un tel plaisir à écrire ses répliques qu'ils ne cessent d'ajouter des scènes le mettant en vedette ! Emprisonné par Henry Gyrich, le Fauve accepte de se soumettre à la justice des Hommes, et ce même lorsque Magnéto vient lui offrir la liberté. Étalé sur plusieurs épisodes, l'arc scénaristique de la détention et du jugement du Fauve montre bien le pouvoir de la narration feuilletonnante de la série. Construite comme un drame mais aussi inspirée du côté sériel des comics, la série rappelle chaque semaine aux téléspectateurs que l'Homme est capable du pire pour anéantir ce qu'il ne peut pas comprendre. Candidat à la Maison-Blanche, le plus féroce adversaire des X-Men dans cette première saison reste le Sénateur Kelly, un homme qui rêve de voir les mutants parqués dans des camps. Dans les saisons suivantes, ce seront ensuite les Amis de l'Humanité qui, à coup de propagande et d'opérations armées, continueront de creuser le fossé qui sépare Homo Sapiens et Homo Superior.

À travers la première saison, les Sentinelles donneront du fil à retordre aux héros, si bien que bon nombre d'épisodes montrent comment Henry Gyrich et Bolivar Trask continuent de planifier en secret l'élimination des Enfants de l'Atome. L'Île des Esclaves, peut-être l'un des épisodes les plus sombres de toute la série, introduit l'île de Génosha, un lieu particulièrement important de la mythologie X-Men. Prétendu paradis pour les mutants, l'État insulaire cache en réalité un camp de concentration dans lequel les prisonniers travaillent à leur propre anéantissement sous la surveillance des robots. L'Avenir, une adaptation en deux parties de l'extraordinaire arc narratif Futur Antérieur (Days of Future Past) qui a inspiré un film, montre de son côté un futur apocalyptique dans lequel les Sentinelles ont détruit presque tous les mutants. Un simple plan glissant vers les pierres tombales sous lesquelles reposent les X-Men a de quoi glacer le sang ; très évocateur, il témoigne de la détermination avec laquelle les équipes artistiques se sont battues pour proposer des images d'une rare intensité dans un dessin animé du samedi matin.

Outre les histoires dramatiques et les scènes d'action nerveuses, les scénaristes excellent aussi dans l'écriture des principaux personnages de la série. Aussi souvent que possible, les auteurs font éclater l'équipe et se concentrent sur un petit groupe de héros, le temps d'un épisode ou deux. La technique est non seulement efficace car elle permet de réaliser des économies du côté de l'animation, mais elle offre surtout une occasion en or de révéler toute la complexité des personnages. L'épisode Sauve Qui Peut met par exemple en vedette Malicia. Privée à jamais de contacts physiques en raison de sa mutation, l'impétueuse jeune femme est tentée de se faire retirer ses pouvoirs quand elle apprend qu'un scientifique pourrait bien avoir trouvé un remède au gène X. À travers l'épisode, la plus puissante des X-Men laisse entrevoir sa fragilité, elle qui considère son pouvoir comme une malédiction. L'impériale Tornade souffre de son côté de sa claustrophobie dans plusieurs histoires. Quant au triangle amoureux formé par Scott, Jean et Logan, il est exploré en profondeur dans la première saison et permet de peindre Logan comme un personne accablé par le chagrin comme par le poids des années. Les scénaristes l'ont bien compris, la tragédie et le soap-opéra vont de pair lorsque les X-Men sont impliqués.

Bien d'autres personnages vont et viennent au gré des épisodes : Cable et Bishop, deux mutants récents très populaires apparaissent dès la première saison, et ce alors que les origines précises de Cable sont encore nimbées de mystère dans les magazines. Le doux Colossus et le richissime Angel, deux mutants ayant longtemps fait partie des X-Men, sont également au cœur des intrigues de plusieurs épisodes.
Bien sûr, et même si l'arc scénaristique de cette première saison insiste sur les affrontements entre les humains et les X-Men, les mauvais mutants s'invitent régulièrement à la fête. Présenté dès le premier épisode, Dents-de-Sabre entretient une haine viscérale à l'égard de Wolverine et va jusqu'à le traquer au Canada pour détruire la nouvelle vie qu'il s'y est construite (La Vengeance). Apocalypse, l'un des plus puissants vilains qui reviendra régulièrement hanter les héros, assemble de son côté ses cavaliers et défie ouvertement les X-Men mais aussi le monde qu'il souhaite voir purgé des plus faibles (L'Apocalypse). Enfin, Magnéto entre en scène dès le troisième épisode, Danger Immédiat. À l'opposé des convictions du Professeur Xavier qui rêve d'une cohabitation pacifique entre humains et mutants, Magnéto veut voir les Homo Superior dominer. Lui aussi reviendra de plus en plus souvent au fil des saisons, pour croiser le fer avec les X-Men mais aussi pour affronter Charles Xavier sur le terrain de la philosophie. Tout comme dans les comics, les scénaristes parviennent à faire du Maître du Magnétisme un être complexe et en constante évolution. Certes, ses méthodes sont trop drastiques, mais les téléspectateurs comprennent ses motivations, surtout après avoir vu jusqu'où les humains peuvent aller pour détruire les mutants.

Tout ce beau monde est bien aidé par un doublage de grande qualité. Après avoir reçu des premiers enregistrements risibles, quelques membres de l'équipe se sont rendus au Canada pour dénicher les acteurs susceptibles de donner vie aux X-Men. À cette occasion, les producteurs trouvent Cal Dodd, un chanteur de jazz et spécialiste des jingles qu'ils ont entendu dans une publicité pour Chrysler. C'est à lui que les spectateurs du monde entier doivent le grognement de Wolverine qui a donné des cauchemars à Hugh Jackman sur le tournage de X-Men en 2000 !
Cedric Smith et David Hemblen, tous deux amateurs de l'œuvre de Shakespeare, apportent la gravité et la prestance nécessaires aux adversaires Charles Xavier et Magnéto. Lenore Zane donne quant à elle à Malicia un charme tout en rondeurs avec son accent de Belle du Sud ; Chris Potter, lui, incarne le cajun séducteur Gambit qui ponctue ses phrases de quelques mots en français.

Alyson Court, après avoir donné de la voix dans le rôle de Lydia Deetz sur la série Beetlejuice, incarne une autre adolescente rebelle et sarcastique grâce à Jubilé. Cyclope et Jean Grey trouvent quant à eux leur voix avec Norm Spencer et Catherine Disher ; le premier confère à Cyclope un côté autoritaire et digne alors que la seconde insuffle à Jean un caractère maternel et protecteur. Pour Tornade, enfin, cela a été plus difficile. Au début de la production, c'est une actrice blanche qui a endossé le rôle de la déesse des éléments. Face à la mauvaise publicité potentielle, les producteurs se précipitent pour lui trouver une remplaçante, en la personne de Iona Morris. Seul problème, Morris est américaine, ce qui veut dire qu'elle touchera des paiements résiduels à chaque fois qu'un épisode sera rediffusé à la télé. Haim Saban, connu pour être fourmi plutôt que cigale, ordonne que soit trouvée une troisième actrice, canadienne cette fois ! Le rôle est décroché par Alison Sealy-Smith qui se charge d'enregistrer pour la troisième fois les dialogues de la saison.

Si pour beaucoup de francophones qui ont grandi dans les années 90, le doublage français reste sans doute un excellent souvenir, il faut bien reconnaître qu'il est nettement en dessous de l'original. Malgré la présence de cadors du doublage comme Patrick Poivey, François Chaumette, Luc Bernard, Benard Tiphaine, Francine Lainé et Claude Chantal, le tout sonne beaucoup trop cartoonesque, un écueil que tenaient à tout prix à éviter les équipes de la série. L'adaptation française a aussi du mal à restituer correctement les dialogues, surtout lorsque les personnages secondaires sont cités. C'est simple, la plupart des noms passent à la trappe, si bien que les jeunes Français de l'époque n'avaient aucun moyen de connaître la plupart des personnages secondaires sans ouvrir un comics ! Même lorsqu'il s'agit de nommer les X-Men, la version française hésite. De nombreux épisodes passent sans que le nom de Gambit ne soit prononcé, quant à Malicia, elle est parfois appelée Rogue dans les saisons suivantes. Wolverine est en revanche connu sous le nom qu'il possédait en France à l'époque : Serval !

Lorsque les deux premiers épisodes sont diffusés autour d'Halloween en 1992, le succès est au rendez-vous malgré les nombreuses bourdes d'AKOM qui a réanimé en vitesse les épisodes. La même année, Fox lance l'opération The Kids TV Takeover. Les téléspectateurs sont invités à voter pour les séries dont ils veulent voir un épisode le week-end de Thanksgiving, et les votants choisissent en grande majorité X-Men après seulement deux épisodes diffusés ! Ainsi, le 27 novembre 1997, le troisième épisode, Danger Immédiat, est programmé en avant-première. Janvier 1993 arrive enfin, les trois premiers épisodes sont reprogrammés les samedis matin avant que la série ne soit enfin lancée officiellement sur les ondes, après toutes ces avant-premières qui ont bien contribué à faire grimper l'impatience chez les téléspectateurs. Avec Batman diffusée en semaine et X-Men le week-end, Fox Kids touche des sommets. Certains samedis, plus de la moitié des téléviseurs du pays sont allumés sur Fox pour suivre les aventures des mutants, du jamais-vu pour la petite chaîne qui bat à plate couture ses trois principales concurrentes. En France, la série a d'abord été diffusée sur Canal+ avant de rejoindre le service public sur France 2. Elle est ensuite multi-rediffusée pendant les années 2000 sur Fox Kids (devenue ensuite Jetix).

La première saison de X-Men est, à peu de choses près, parfaite. Très proche des comics tout en réussissant le pari compliqué de se plier aux règles sévères de la télévision jeunesse, X-Men ne peut que satisfaire les fans des mutants tout comme les néophytes qui, dans les années 90, étaient nombreux. Dotée d'une animation correcte mais qui fait pâle figure face à l'éblouissante Batman, elle participe néanmoins avec cette dernière au grand boom des personnages de comics avant que les super-héros n'arrivent pour de bon au cinéma dans les années 2000. Qui sait, sans X-Men, les héros en collants auraient-il réussi à dominer le box-office ? La question mérite d'être posée...

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