The Danube

Titre original : The Danube Production : Walt Disney Productions Date de sortie USA : Le 27 avril 1960 Série : Genre : Documentaire CinemaScope |
Réalisation : Ben Sharpsteen Musique : Oliver Wallace Durée : 28 minutes |
Le synopsis
![]() |
La critique
Fenêtre d'un autre temps, The Danube est un joli court-métrage oublié des studios Disney qui marque la fin de la collection des People and Places.
Passionné de flore et de faune, Walt Disney peut être considéré comme le pionnier du documentaire animalier. Dès 1948, il met en effet en chantier la collection des True-Life Adventures dont les courts et longs-métrages seront multi-oscarisés. Cette série, inaugurée avec le mini-documentaire L'Île aux Phoques, constitue d'ailleurs la première véritable incursion de la Compagnie de Mickey dans la production de films « live ». Elle comporte un total de sept courts-métrages avant de s'ouvrir, en 1953, avec Le Désert Vivant, au format des longs-métrages qui devient, à partir de cette date, la norme de production des True-Life Adventures. Pour autant, Walt Disney n'entend pas abandonner le genre des courts-métrages documentaires. Il crée en effet avec la même équipe, dans la foulée, une nouvelle collection entièrement dédiée à ce format qu'il baptise People and Places. Cette série s'axe essentiellement sur les us et coutumes des populations à travers le monde. Elle comprend dix-sept épisodes produits entre 1953 et 1960. Trois, The Alaskan Eskimo en 1953, Men Against the Arctic en 1955 et Ama Girls en 1958, sont oscarisés.
Avec les True-Life Adventures, People and Places est indéniablement l'autre collection de documentaires à succès initiée par Walt Disney. Pour ce faire, il reprend d'ailleurs les mêmes recettes de production. Si le thème n'est désormais plus la faune et la flore mais bien les us et les coutumes de nations à travers le monde, People and Places bénéficie des mêmes producteurs, scénaristes, réalisateurs et narrateurs que la série précédente auxquels est demandée une démarche identique à celle menée pour observer la nature. Pour The Danube, la prise de vue est ainsi confiée à l'artiste Herbert E. Knapp avec qui les studios Disney ont déjà travaillé sur le court-métrage The Amazon Awaken ainsi que sur le précédent opus de la collection, Siam. Le scénario échoit, quant à lui, à Dwight Hauser, la narration à Winston Hibler et la production à Ben Sharpsteen. Sur les dix-sept courts-métrages de la série, nombre d'entre eux sont filmés en CinemaScope - The Danube ayant d'ailleurs droit à cet honneur - afin de retranscrire au mieux la beauté et la grandeur des lieux explorés et traditions rencontrées. Malheureusement, les opus de la collection n'ont plus été vus pour la plupart avec ce format d'images depuis leur sortie cinéma ; leur diffusion à la télévision ayant été faite en grande majorité au format 4/3, voire en 16/9 comme c'est le cas pour The Danube.
Chaque épisode débute par les deux phrases de présentation : « Ce film est un parmi une série présentant un PEUPLE extraordinaire et le LIEU où il vit. Toutes les scènes sont authentiques et les histoires factuelles ». Walt Disney proclame ainsi : « Dans nos films, nous rendons visite à des contrées reculées. Nous y trouvons des peuples avec des coutumes ancestrales. Chaque lieu a un trésor riche de traditions. Chaque pays a des pans d'histoires qui ont rythmé la vie des gens ». Le papa de Mickey est, en fait, déjà conscient en 1950 que le progrès technique est en train de révolutionner profondément la vie des hommes. Il est donc, pour lui, urgent d'immortaliser à travers le monde entier les plus anciennes coutumes humaines. Sans interventionnisme aucun. Dans le plus strict respect de la réalité.
The Danube commence par de jolies gravures dessinées qui permettent de situer géographiquement ce fleuve à nul autre pareil qui traverse une bonne partie de l'Europe centrale. Le documentaire aborde également l'histoire, notamment durant le Moyen Âge où l'immense cours d'eau servait de voie de passage pour les Croisés qui se rendaient en Terre Sainte. Richard Cœur de Lion, Roi d'Angleterre, fut notamment emprisonné dans le château de Dürnstein. Près de cette région autrichienne, les mœurs et coutumes de l'époque médiévale continuent d'ailleurs d'être à l'honneur comme le montre un festival où les descendants des nobles chevaliers se défient encore tous les ans à l'arbalète. En Allemagne, à Landshut, les habitants célèbrent eux le mariage extravagant en 1475 de la princesse de Pologne, Hedwig Jagiellon, avec le duc de Bavière, Georges le Riche. De même, chaque année, la ville de Dinkelsbühl commémore sa reddition aux troupes suédoises durant la guerre de Trente Ans au XVIIe siècle. Mais la région allemande près du Danube fête autant la réalité historique que son folklore. La petite cité de Furth im Wald dans la Forêt de Bohême redonne ainsi, par exemple, vie à l'un des plus anciens spectacles populaires d’Allemagne, le « Drachenstich », qui honore le héros venu à bout du dragon qui menaçait la ville.
Le court-métrage continue ensuite son exploration en montrant les magnifiques paysages de la Forêt-Noire, toujours en Allemagne, où deux cours d’eau, la Brigach et la Breg, se rencontrent pour former le fleuve qui prend alors le nom de Danube. Le documentaire en profite pour montrer d'autres traditions de la région comme les vendeurs ambulants d'horloges à coucou, les plaisirs plus simples comme les pique-niques festifs de la jeunesse mélangeant bonne nourriture et danses folkloriques, les balades romantiques en bateau sur un lac alpin ou encore les parcours plus sportifs en kayak dans des eaux agitées. La visite se poursuit ensuite par un passage à Ulm, dans le sud de l’Allemagne, mondialement connue pour la flèche de son église, la plus haute du monde, mais aussi pour son spectacle célébrant le Danube. Le carnet de voyage fait, après cela, une escale à Ratisbonne en mettant en avant son activité économique basée sur les industries fluviales mais aussi sa pêche traditionnelle. Toujours en longeant le fleuve, le spectateur découvre d'autres coutumes, notamment des danses folkloriques avant de traverser Passau pour rentrer en Autriche. Le périple se termine alors dans la capitale autrichienne, Vienne, ville natale de Johann Strauss Junior, compositeur de la célèbre valse Le Beau Danube Bleu qui sert justement ici de conclusion musicale à cette rapide visite de ce fleuve mythique.
The Danube est comme son nom l'indique une carte postale des rives du Danube mais dans un autre temps, au début des années 1960. Forcément datées, ses images n'en sont pas moins dépaysantes ; les folklores germaniques et autrichiens étant très riches et les paysages particulièrement magnifiques. Ce constat fait, là où le court-métrage marque clairement son époque, c'est peut-être dans le choix des villes visitées. Guerre froide oblige, seules les régions à l'ouest du Rideau de Fer sont en effet proposées, omettant ainsi près de la moitié des territoires traversés par le fleuve. Enfin, The Danube marque aussi la fin d'une aventure cinématographique de huit ans où les studios Disney auront fait voyager le public aux quatre coins du monde.