Ce nouvel opus de la collection des "How to...", Ils Sont Partis, se moque des courses équestres, et surtout des parieurs associés.
En 1937, Dingo perd sa "voix" à la suite du départ de Pinto Colvig du studio de Mickey. Le personnage, privé un temps de ses vocalises originales, les retrouvera toutefois en 1941 à la faveur du retour de son doubleur initial, et ce jusqu'au décès de ce dernier, en 1967. Dans l'intervalle, la technique de la narration, qui permet à Dingo de rester aphone, est plébiscitée. Disney, bien décidé à sauver coûte que coûte son gaffeur attitré, contourne en effet la difficulté rencontrée en le mettant en scène dans des aventures commentées par voix-off. L'artiste John McLeish se voit ainsi chargé du commentaire audio de toutes les péripéties de Dingo. À l'origine, il pense participer à un programme éducatif et utilise donc un ton grave et sérieux. Se rendant compte de sa méprise, il entreprend de modifier son intonation afin de la rendre burlesque. Mais c'est sans compter sur l'intervention des réalisateurs qui le convainquent de revenir à sa prestation première, idéale pour instaurer un contraste hilarant entre le récit et la nature des images qui le supportent. La série des "How to..." est née. Le court-métrage Dingo Fait de l'Équitation, surprenant d'humour décapant, l'inaugure de façon magistrale. RKO Pictures, le distributeur exclusif de Disney à l'époque, trouve le cartoon tellement réussi qu'il décide de l'inclure dans le long-métrage Le Dragon Récalcitrant, pensant qu'il toucherait ainsi un plus large public.
Comme dans le cartoon La Castagne, les animateurs Disney se sont amusés au sein d'Ils Sont Partis à placer de nombreux clins d'œil à eux-mêmes. Il y a, en effet et par exemple, une feuille de brouillon où il peut être remarqué plusieurs noms comme « HANNAH BISCUIT », faisant référence à Jack Hannah, le réalisateur du court-métrage mais aussi « HOWARD'S CHOICE » rappelant Howard Dunn, l'artiste chargé des décors ou encore « VALIDINA YALE », allusion à Yale Gracey en charge des layouts. Un peu plus loin, le cartoon propose également une fiche de course où sont listés les neuf chevaux en lice pour la sixième partante avec, pour chaque coureur son propriétaire, son entraineur et son jockey. Ainsi, à chaque fois, se remarquent des noms d'artistes Disney, pour la plupart ceux-là mêmes qui ont travaillé sur le cartoon.
Ils Sont Partis commence donc en montrant que les courses de chevaux méritent une étude presque scientifique afin de pouvoir parier correctement. Le spectateur retrouve alors Dingo perdu dans un amoncellement de livres équestres. Il étudie tout ce qui peut avoir de l'influence sur les chevaux comme la température, le sens du vent ou la rotation de la Terre. Le narrateur en profite également pour donner les caractéristiques de l'animal, précisant notamment qu'il est un herbivore remontant aux étalons arabes rappelant, par certains côtés, le chien ou la chèvre. Dans ce vaste chantier d'investigation tous azimuts, il est aussi important d'étudier l'anatomie des chevaux afin d'affiner ses paris. À partir de là, une longue séquence voit le narrateur accélérer ses explications au point de devenir incompréhensibles et perdre Dingo, qui tente bon gré mal gré de suivre les instructions. Il devient vite un peu maboule à force de trop cogiter et se prend pour Napoléon tout en se tapant sur la tête avec un maillet. Il va jusqu'à voir des licornes lui courir autour de la tête ; les personnages étant d'ailleurs repris de la séquence La Symphonie Pastorale extraite du film Fantasia. Le narrateur reprend alors normalement le fil de son explication, insistant enfin sur l'importance d'avoir une belle vision du pedigree du cheval.
Il est alors temps de se rendre sur l'hippodrome. Tout de suite, il est évident que seule la crème des plus grands connaisseurs est là ; même si certains parieurs ont l'air moins recommandables. Le plus difficile, une fois sur place, est en fait de rester sur son premier choix, celui-là même qui a demandé de nombreuses heures d'analyses, et de ne pas se faire influencer par des avis différents. D'autres parieurs ont, en effet, des méthodes bien plus extravagantes. Certains choisissent au dernier moment en se basant sur éléments étranges comme le foin que mangent les chevaux ou les confidences que leur font les animaux. D'autres vont même laisser le hasard décider grâce à un simple plouf-plouf. Le cartoon montre ainsi l'exemple d'un parieur qui choisit cette dernière méthode et tombe sur Old Moe, une cheval bien mal en forme, alors que le favori est la vedette Snapshot III.
Finalement, après une attente insoutenable, le coup d'envoi est donné. La course est alors complètement loufoque : les chevaux allant dans tous les sens tandis que Snapshot III fanfaronne à l'image du lièvre dans la fable de La Fontaine. L'animation, quant à elle, est superbe, montrant non seulement les jockeys et les chevaux en action mais également les réactions des commentateurs, des parieurs et du public. Après avoir triché en faisant un croche-patte au peloton, le favori se croit seul et vainqueur assuré mais c'est sans compter sur l'outsider Old Moe qui était trop loin pour tomber dans le piège de Snapshot III. La dernière ligne droite est donc âprement disputée et le vainqueur désigné grâce à la photo finish. Le favori perd à cause de son ego, ne pouvant pas s'empêcher de prendre la pause quand il voit un objectif, faisant ainsi de Old Moe le grand gagnant de la course. Et ce, pour le plus grand bonheur du parieur occasionnel.
Ils Sont Partis n'est pas forcément le plus réussi des cartoons sportifs de Dingo, peut-être même l'un des moins drôles de la série, mais il affiche une animation soignée et inventive.