Cannibal Capers
L'affiche
Titre original :
Cannibal Capers
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 20 mars 1930
Genre :
Animation 2D
Réalisation :
Burt Gillett
Musique :
Bert Lewis
Durée :
6 minutes
Disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Des cannibales se font attaquer par un lion...

La critique

rédigée par

Huitième cartoon des Silly Symphonies, Cannibal Capers est un cartoon qui ne révolutionne pas la série d'un point de vue artistique mais qui innove techniquement dans l'utilisation de la caméra.

Cannibal Capers est le premier cartoon Disney à ne pas être animé et réalisé par son animateur vedette Ub Iwerks. Ce dernier ainsi que le compositeur Carl W. Stalling ont quitté les studios Disney au début de l'année 1930. Le contrat de distribution qui lie Pat Powers à Walt Disney arrive, en effet, à son terme, et comme le distributeur Charles Mintz avant lui, il sous-estime l'importance du grand Walt dans la réussite de l'entreprise de Mickey. Pat Powers pense ainsi qu'Ub Iwerks a autant, si ce n'est plus, de talent que son patron et lui propose, en sous-main, de réaliser sa propre série de dessins animés. L'accord conclu, il s'empresse de contacter les frères Disney en leur proposant de déchirer le contrat qui les liait avec leur fidèle collaborateur. Walt et Roy refusent aussitôt, si bien qu'Ub Iwerks, assis entre deux chaises, décide finalement de démissionner de son propre chef des studios Disney pour rallier l'entreprise de Powers. Un peu après le départ de cet animateur fétiche, Carl W. Stalling quitte lui aussi le navire, apparemment persuadé que la bulle Disney allait éclater sans Iwerks.

Cannibal Capers voit néanmoins la présence de quelques futurs grands noms de l’animation dont Les Clark, Norm Ferguson, Dave Hand, Jack King, Ben Sharpsteen ou Wilfred Jackson. Un petit jeune participe aussi à la production en tant qu’intervalliste : il s'agit d'un certain Floyd Gottfredson, juste avant qu'il ne devienne ce dessinateur de génie sur les comic strips de Mickey Mouse. Techniquement, Cannibal Capers marque aussi une évolution. L'achat d'une nouvelle caméra, de la marque Universal, va il est vrai permettre aux artistes Disney d'innover et de proposer des mouvements inédits, impossibles jusque-là avec la caméra Pathé que les studios utilisaient depuis 1923. Le compositeur Bert Lewis reprend, quant à lui, de nombreux morceaux pour illustrer musicalement le court-métrage. Il utilise notamment Habanera (L'Amour est un Oiseau Rebelle) de l'opéra Carmen (1875) de Georges Bizet, Moments Musicaux (1827) de Franz Schubert ou Variation sur Marche Funèbre d'une Marionnette (1873) de Charles Gounod.

Le cartoon commence étrangement. Le premier plan propose ainsi de longues tiges qui semblent bouger au gré d'un vent fort, un peu à l'image d'arbres aux troncs fins ou de bambous. Puis la caméra recule et le spectateur remarque alors que ce qu'il prenait pour des branches fines sont en réalité des jambes de quatre cannibales tandis que le feuillage de ces soi-disant plantes sont leur pagne en paille. De même, le son du vent est produit par leur chant. Les indigènes se mettent alors à danser et à offrir des mouvements amusants pendant une longue scène. La caméra recule alors à nouveau et offre un angle innovant. Grâce à un plan large, il est en effet possible de voir les quatre cannibales faire leur prestation devant un public de congénères assis en demi-cercle autour d'eux au milieu de leur village.

La caméra change encore de focale et se concentre cette fois sur un individu qui joue du tam-tam puis du xylophone en tapant sur des cranes humains avant de faire de même sur ses dents, ses fesses et sur le bouclier posé sur une hutte attenante. Un petit gag se produit concomitamment quand une de ses baguettes reste en l'air. Un cric sort alors de sa bouche avec un dentier au bout, lui permettant d'attraper son ustensile suspendu puis le faire revenir vers lui. Il prend ensuite deux cranes humains dans ses mains et se met à jouer des castagnettes avant de finalement revenir au tam-tam. Un autre indigène se met alors à danser à son tour. Comme il n'arrête pas de perdre sa jupe de paille, il se voit obligé de baisser son ventre au niveau de ses pieds dans un beau moment de plausible impossible.

La caméra change une nouvelle fois de point de vue et s'attarde, en dehors du village des cannibales, sur une tortue qui se promène dans la jungle en dansant. Le reptile croise alors un guerrier indigène avec un bouclier. Ce dernier décide d'imiter l'animal en se mettant à quatre pattes avec le bouclier sur le dos en guise de carapace. Les deux se mettent alors à danser en miroir. Pendant ce temps, le cuisinier du village est en train d’aiguiser son couteau sur la langue de l'un de ses congénères tandis qu'une marmite pleine d'eau boue sur le feu. Tout à coup, le cuistot voit les deux tortues au loin et se dépêche alors de les rejoindre. Effrayés, la vraie tortue et le guerrier se cachent sous leur carapace. Le cuisinier tire alors au sort pour savoir lequel des deux il va emmener pour le faire cuire. Et pas de chance, cela tombe sur le guerrier qui est ainsi plongé dans l'eau bouillante. Là, encore il sera intéressant de noter les changements d'angles de caméra pour profiter de la scène en gros plan ou en plan large.

Soudainement, un lion arrive au village. Si le guerrier qui allait être cuit préfère replonger dans la marmite, ses congères s'enfuient et vont se cacher dans leurs huttes. Un autre petit gag se produit alors au moyen d'une lance avec un crane à son bout qui fuit aussi l'arrivée du carnivore et va se mettre à l'abri en hauteur... Alors que c'est évidemment un objet censé être inanimé et qu'il ne risque pas grand chose. Le lion arrive ainsi sur la place du village et là encore, un jeu de caméra offre un gros plan sur la gueule du carnivore lorsqu'il se met à rugir. L'animal sent alors la bonne odeur du guerrier qui cuit dans la marmite. Il goutte le bouillon, rajoute un peu de sel et de poivre, avant d'attraper une grosse cuillère, contenant le pauvre malheureux. Le lion tente de l'avaler mais l'indigène reste coincé sur le couvert. Ce dernier ne veut décidément pas se laisser manger !

Il existe deux fins pour ce cartoon. Ou plutôt, la fin de Cannibal Capers a été raccourcie, laissant la partie censurée tomber dans l'oubli durant des décennies. Le lion course en effet le guerrier dans la jungle. Il finit par mordre le pauvre indigène mais son dentier reste coincé sur les fesses du cannibale. Ce dernier décide alors de placer le dentier du lion sur sa propre mâchoire, permettant d'inverser les rôles entre le prédateur et la proie. Le guerrier se met ainsi à courir après le félin et parvient à lui attraper la queue puis à lui enlever toute sa fourrure. Le lion se retrouve en sous-vêtements avec seulement une combinaison et des chaussettes. L'indigène mord une nouvelle fois aux fesses le lion qui crie de douleur. Le cartoon s'arrête à ce moment-là lors de la première diffusion du court-métrage à la télévision dans l'émission du Mickey Mouse Club le 2 janvier 1957.

Mais en réalité, lors de sa diffusion au cinéma, Cannibal Capers offrait une vingtaine de secondes supplémentaires. L'angle de la caméra changeait en effet de nouveau. Le spectateur voyait le lion crier de douleur, tournant sur lui-même, tandis que son dentier était toujours coincé sur ses fesses. Tous les indigènes étaient alors sortis de leur cachette et applaudissaient le pauvre animal en le voyant souffrir. Puis ils finissaient par rire aux éclats devant la fuite du carnivore. La scène fut sûrement coupée dans les années 1950, car à l'époque, elle devait déjà être répréhensible moralement, surtout pour un programme à destination de la jeunesse. Impossible, en effet, de se moquer de la souffrance d'un individu, soit-il un animal et un dangereux carnivore. Comme quoi, sur ce sujet, la mentalité avait vite évolué en à peine 25 ans... Il faudra ainsi attendre l'édition en DVD dans la collection des Walt Disney Treasures pour que le grand public puisse revoir cette scène censurée, telle que prévue à l'origine.

Cannibal Capers est un cartoon qui peut paraître anecdotique au premier abord mais qui est particulièrement intéressant d'un point de vue historique et technique pour les studios Disney.

L'équipe du film

1900 • 1986
1907 • 1979
1901 • 1966

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