L'Animalerie

L'Animalerie est un cartoon de Mickey Mouse qui marque la fin d'une ère dans la carrière de la souris.

Le récit commence alors que Mickey passe devant la vitrine d'une boutique d'animaux sur laquelle un écriteau indique que le propriétaire est à la recherche d'un commis. Le héros rentre alors pour postuler. Le spectateur comprend dès les premières secondes que le tenancier est italien. Déjà, le nom de la boutique, Tony's Pet Store, le confirme. Ensuite, il est aussi possible de l'entendre fredonner avec un fort accent italien. Une fois à l'intérieur, son apparence ne fait alors plus de doute, étant une caricature des camelots de la Botte, notamment via ses habits, sa moustache et ses boucles d'oreilles. Le personnage est étrangement humain, et non pas un animal anthropomorphe comme c'est souvent le cas dans les aventures de Mickey. Il préfigure aussi, plus de six ans avant, le méchant Stromboli du film d'animation Pinocchio, à la différence près que Tony est ici bien plus sympathique. Les détails de la nationalité du vendeur sont aussi distillés dans les différentes pancartes disséminées dans la boutique, écrites de façon phonétique comme si le mot anglais était prononcé avec un accent italien.

Mickey est alors tout de suite embauché par Tony. Son rôle est simple : il doit s'occuper de la boutique pendant que son patron part déjeuner. Le héros se met alors à continuer le ménage, époussetant la poussière un peu partout. Il est amusant de voir de nombreux gags visuels lorsque Mickey utilise certains animaux comme des outils à l'exemple du bec d'un pélican qui lui sert de poubelle ou encore du corps d'un autre volatile qu'il transforme en longue pince. C'est à ce moment précis que Minnie pénètre dans la boutique. Débute alors une séquence chantée où elle se met à fredonner, suivie ensuite par les animaux tandis que Mickey vient la chercher pour danser doucement avec elle. Il s'agit ici de l'une des dernières fois où un cartoon de Mickey propose un long interlude musical sans récit ; les artistes Disney ayant compris que ce procédé était désormais passé de mode et qu'il valait mieux construire une histoire solide mettant en scène les personnages. En attendant, la séquence propose quelques gags à l'image de l'autruche enfermée dans une cage trop petite qui avale d'abord un appeau lui donnant un gazouillis trop aigu pour sa taille, puis après engloutit l'ombrelle de Minnie qui s'ouvre ensuite malencontreusement dans sa gorge.

Apparaît alors un personnage qui s'avère être un antagoniste que Mickey a déjà rencontré dans plusieurs cartoons de sa filmographie. Il est en effet d'abord vu en 1930 dans le cartoon Gare au Gorille où il est un simple gorille de cirque effrayant le voisinage, dont Mickey et Minnie. Le féroce animal revient ensuite en 1933 dans Mickey Mécano. Il est alors appelé The Kongo Killer sur une affiche annonçant la bataille du siècle entre l'homme mécanique de Mickey et lui. Il est enfin vu une troisième fois, quelques mois plus tard, dans le cartoon de 1933 L'Animalerie, où il prend son nom définitif de Beppo. Enfin, pour être tout à fait complet, un personnage lui ressemblant apparaît dans le cartoon en couleur Donald et le Gorille, sorti en 1944, qui est une sorte de remake de Gare au Gorille sauf que les premiers rôles sont tenus par le fameux canard et ses trois neveux.

S'il est bien l'antagoniste, Beppo n'est ici pas fatalement un animal méchant. Les scénaristes ont ainsi trouvé une excellente manière de le présenter pour montrer qu'il n'est pas obligatoirement féroce mais joue juste un rôle. Ce dernier se trouve donc, comme les autres animaux, dans l'une des cages du Tony's Pet Store. Il sifflote en souriant, comme ses compères de la boutique, sur l'air qu'entonne Minnie. Il feuillète aussi un magazine qui se trouve à côté de lui. La une du périodique propose d'ailleurs une photo de Stan Laurel, l'un des membres du duo Laurel et Hardy. Beppo se recoiffe et plisse les yeux afin de lui ressembler dans un beau moment de caricature. Ensuite, dans une page intérieure, se trouve une publicité du film King Kong, avec la fameuse image du gorille géant, tenant dans sa main une jeune femme et affrontant des avions au sommet d'un gratte-ciel. Le long-métrage, sorti aux États-Unis six mois avant le cartoon, a ainsi fortement inspiré les artistes Disney et s'est ancré depuis dans la culture populaire. Beppo n'a alors qu'une envie : imiter son modèle !

Le gorille profite alors de sa force pour se libérer puis kidnappe Minnie tout en envoyant valdinguer le pauvre Mickey qui s'écrase sur des cages, les détruisant et libérant les animaux. Le plan suivant voit alors Beppo escalader une haute montagne de cartons qui possède une cage d'oiseau vide au-dessus. L'apparence fait ici clairement penser à l'Empire State Building, dans un parallèle évident avec le film ; impression appuyée par le fait qu'il tient Minnie dans l'une de ses mains comme l'était l'actrice Fay Wray. Minnie essaye évidemment de se défendre tandis que les autres animaux de la boutique commencent à attaquer Beppo, notamment les oiseaux et les singes. De nombreux gags visuels se produisent aussi à ce moment-là comme le volatile qui perd ses plumes en rentrant dans la gueule du gorille ou Mickey qui reçoit tout le contenu de la caisse enregistreuse sans oublier tous les ustensiles envoyés conte Beppo qui l'atteignent aussi. Mais la bête finit par lâcher Minnie et Mickey la récupère vite. Ils s'enfuient alors tous les deux de la boutique, replaçant honteusement le panneau de recherche d'emploi avant de quitter les lieux. Ils ne veulent en outre surtout pas croiser Tony, qui est en train de revenir tout joyeux de son repas, fredonnant au loin, sans se douter de l'état chaotique où il va retrouver son magasin.

L'Animalerie est un excellent cartoon plein de références où, pour une fois, Mickey s'enfuit la queue entre les jambes, tout penaud.