Titre original :
Beauty and the Beast : The Beast's Tale
Éditeur :
nobi nobi !
Date de publication France :
Le 26 avril 2017
Genre :
Manga
Auteur(s) :
Mallory Reaves (Texte)
Studio Dice (Dessin)
Autre(s) Date(s) de Publication :
TOKYOPOP (US) : Le 25 avril 2017
Nombre de pages :
176

Le synopsis

Transformé en une Bête hideuse, un prince arrogant apprend à se faire aimer et à aimer en retour pour briser le charme qui l'emprisonne...

La critique

rédigée par
Publiée le 05 juillet 2024

En 2017, Mallory Reaves et Studio Dice réalisent deux mangas en noir et blanc reprenant l'histoire de La Belle et la Bête, dépeignant respectivement le point de vue de Belle et celui de la Bête. Édités chez Tokyopop le 25 avril 2017, les deux mangas sont proposés dès le lendemain par l'éditeur nobi nobi ! au public français. Publiés à l'occasion de la sortie au cinéma du remake « live » La Belle et la Bête sorti en 2017, les deux couvertures reprennent d'une part l'habit porté par Emma Watson, et d'autre part le nouveau design de la Bête, bien différent de celui de 1991. En 2022, Tokyopop ressort les mangas, cette fois-ci en couleurs.

D'origine américaine, l'auteure Mallory Reaves se fait connaître par ses adaptations de mangas aux États-Unis, tels que L'Infirmerie Après les Cours de Setona Mizushiro (2005-2008, publié chez Asuka en France) et Black Sun, Silver Moon de Tomo Maeda (2001-2006, inédit en France). En 2013, elle coécrit le roman The Silver Dream (Harper Collins, 2013) avec nul autre que Neil Gaiman et son propre père, Michael Reaves. Connue également pour ses collaborations avec Tokyopop, elle est la coauteure de The Nightmare Before Christmas : Mirror Moon, un manga sorti en 2022 qui offre une suite à L'Étrange Noël de Monsieur Jack (1993).

À l'instar du manga reprenant le point de vue de Belle, La Belle et la Bête : Le Destin de la Bête permet de découvrir les pensées du prince ensorcelé, ainsi que les événements précédent l'arrivée de la fée. Dans ces scènes, l'auteure s'inspire principalement de la version de 2017 en représentant le bal blanc avec toutes les femmes venues séduire le prince. Mallory Reaves établit d'ailleurs que la raison pour laquelle il lance ce genre de bal est pour rencontrer l'amour. Il ne crée de véritable lien avec personne et il lui semble qu'il ne peut pas être lui-même avec les femmes qu'il rencontre. Cela fait écho à L'Histoire de la Bête de Serena Valentino (Disney Press (US), 2014 ; Hachette Heroes (France), 2017) dans la série Disney Villains : lorsque Belle se retrouve au château parmi les convives et que le prince la remarque, son originalité lui attrape l'œil. Cette quête de l'amour permet au lecteur de mieux comprendre le puissant attrait qu'il éprouvera pour Belle, laquelle, par essence du fait de l'apparence de la Bête et de la situation, ne ressentira pas le besoin de lui plaire : elle est simplement elle-même. Compte tenu de la manière dont est représenté le prince dans le film d'animation de 1991 et dans le remake « live » de 2017, comme quelqu'un au cœur sec, cela permet au lecteur de ressentir plus d'empathie pour le prince et la Bête, une ambition que n'avaient guère les principaux longs-métrages. En effet, dans La Belle et la Bête 2 : Le Noël Enchanté (1997), le jeune prince réagit comme un adolescent capricieux, sans doute très marqué par la mort de ses parents. Dans la version de 2017, le prince adulte semble être là encore quelqu'un de cruel, au vu de la façon dont il traite ses convives et la fée déguisée en vieille femme.

Les illustrations de la Bête sont excellemment réalisées, offrant une vue de tous les angles et développant la bestialité du personnage. Vers la fin de l'histoire, le lectorat sera ravi de voir la fameuse scène de la transformation reproduite avec brio et avec de nouveaux plans. Le style de la Bête, les différentes actions du récit, les objets enchantés, la magie et les décors sont parfaitement retranscrits dans le format manga. Les scènes du château enneigé sont notamment particulièrement réussies.

Les raisons fournies concernant l'égoïsme notoire de la Bête sont en revanche malheureusement trop simplistes et peu réalistes, mais il est clair que cela permet de justifier nombre d'éléments du récit. L'auteure approfondit d'ailleurs la raison pour laquelle il tombe amoureux de Belle : ce n'est pas seulement parce qu'elle est la seule femme au château, il l'aime pour ce qu'elle est. Tout comme Belle, la Bête recherche un cœur pur et ne donne pas facilement leur chance aux êtres humains qui l'ont trop déçu par le passé. Belle est évidemment la personne toute trouvée pour le séduire, étant la bonté incarnée. Ce virage permet aussi au lecteur de comprendre la violence de la réaction de la Bête envers Maurice, qui d'habitude est expliquée par le fait que les roses sont tout ce qui lui reste de beau au château et qu'il ne veut pas qu'on les lui prenne. Grâce à l'accès direct aux pensées de la Bête, le lectorat a une vision plus claire que jamais des raisons de ses agissements.

Le manga permet même, par certains aspects, de dépasser les limites du film d'animation Disney concernant par exemple la représentation de la Bête du point de vue de Maurice, qui est absolument terrifié. De la même façon que le manga se plaçant du point de vue de Belle, le livre commence par une lettre d'introduction et un guide de lecture japonais. Puis, il est parsemé de sketchs qui agrémentent les différents chapitres, ainsi que d'un lot de dessins préparatoires à la fin du livre.

Le style de narration du livre et sa structure permettent de rentrer réellement dans la tête de la Bête en partageant ses pensées. Cet accès est peut-être bien plus enrichissant que dans le cas de Belle étant donné que la Bête est un personnage plus mystérieux et taciturne. Le lectorat prend alors connaissance de toutes ses pensées, ses doutes, ses sentiments et ses souvenirs, surtout lorsqu'il se retrouve seul.

Tout comme dans la version de 2017, la Bête sait lire, contrairement au film d'animation de 1991 où, au milieu de la chanson coupée Humain à Nouveau, le spectateur découvrait un moment de complicité entre les deux héros où Belle aide la Bête à lire. Inspiré davantage du remake « live » que du film d'animation, le récit ne reprend pas les chansons du film, mais il retranscrit certaines phrases-clés, comme « qui pourrait aimer une bête », pensé par la Bête cette fois-ci.

Belle et la Bête se retrouvent sur la mort de leurs parents respectifs ; le fait qu'il la laisse partir pour aller sauver Maurice prend donc tout son sens, grâce à l'histoire de sa propre mère. Lui n'a pas pu sauver son parent chéri, mais elle le peut encore. Qui plus est, un transfert s'opère en quelque sorte dans leurs rapports, où la Bête prend soin de Belle comme Maurice le faisait, et Belle ressemble en beaucoup de points à la mère de la Bête. Ils ont tous les deux vécu une sorte de réclusion jusqu'ici, au-delà de leur état actuel de prisonniers du château : le père de Belle l'a isolée physiquement en l'amenant à Villeneuve pour qu'elle n'attrape pas la peste et les villageois veulent l'enfermer dans une catégorie bien précise. Le père de la Bête, lui, l'a suffisamment terrorisé pour que son fils fasse au moins semblant d'être comme lui et l'a de la sorte isolé lui aussi. Au contact de Belle, il retrouve qui il était avant le décès de sa mère et ose être lui-même au lieu de la personne sans cœur que son père a créée. Belle, elle aussi, se sent enfin comprise.
Finalement, comme dans beaucoup d'ouvrages littéraires Disney, l'auteure justifie certains points laissés en suspens dans les films, tels que la raison pour laquelle Belle n'utilise pas le livre magique pour aller voir Maurice, comme le gant dans la version de La Belle et la Bête de Jean Cocteau (1946).

Tout comme le manga précédent consacré à Belle, La Belle et la Bête : Le Destin de la Bête vaut la peine, tant par ses illustrations somptueuses que l'interprétation de l'histoire et les révélations qui y sont faites. Un ouvrage de qualité donc pour tous les fans de La Belle et la Bête, de mangas shōjo et de Disney en général !

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