L'Histoire de la Bête
Titre original : The Beast Within : A Tale of Beauty’s Prince Éditeur : Hachette Romans Date de publication France : Le 01 mars 2017 Genre : Disney Villains |
Auteur(s) : Serena Valentino Autre(s) Date(s) de Publication : Disney press (US) : Le 22 juillet 2014 Nombre de pages : 192 |
Le synopsis
Mais ce que le Prince ignore, c'est que Circé et ses sœurs, versées dans les arts occultes, viendront rapidement se venger, en lui jetant une terrible malédiction, le condamnant à se transformer lentement en une bête abominable...
La critique
Écrire un roman sur le personnage de la Bête et l'inscrire dans la collection Disney Villains, qui revisite l'histoire des plus grands méchants de Disney, était un pari particulièrement ambitieux. En effet, et contrairement au premier tome de la série, Miroir, Miroir : L'Histoire de la Méchante Reine, qui dépeignait la vie de la Reine Grimhilde, l'une des plus grandes méchantes de Disney, l'auteure Serena Valentino a cette fois choisi d'inventer le passé du Prince devenu Bête dans La Belle et la Bête. Héros chéri du public à n'en point douter, tour à tour bourru et attendrissant, la charismatique Bête ne semble guère avoir sa place dans une collection consacrée aux figures diaboliques de Disney. Avec L'Histoire de la Bête, l'auteure ambitionne donc de raconter le passé du Prince, que le spectateur du film sait vaniteux et insensible pour avoir un jour refusé le gîte à une enchanteresse grimée en mendiante. En choisissant d'axer son récit dans le passé, Serena Valentino s'assure ainsi de pouvoir développer les traits les plus cruels du Prince pour servir au mieux son récit et lui octroyer le titre de véritable méchant Disney. Sous la plume de l'auteure, le Prince comme la Bête se meuvent alors en monstres assoiffés de pouvoir et de sang ; le pari du roman est donc pleinement réussi. Sans doute l'est-il trop, d'ailleurs.
Serena Valentino est née le 7 avril 1970 à San Jose, dans l'État de Californie aux États-Unis. Élève appliquée, elle révèle très tôt un talent certain pour l'écriture, impressionnant d'ailleurs ses professeurs qui l'invitent à développer ses qualités littéraires. Serena Valentino n'en a pourtant cure ; elle lorgne en effet bien davantage sur une carrière théâtrale. La jeune femme entreprend d'ailleurs des études dans cette direction, désireuse d'enseigner l’art du théâtre. Pour autant, la jeune artiste n'a jamais abandonné complètement l'écriture. La vingtaine bien consommée, elle fait découvrir à son ami, Ted Naifeh, une historiette qu’elle a écrite, empreinte d’une ambiance gothique et mettant en scène des personnages de contes de fées modernes. Ted Naifeh, charmé par le récit de la jeune auteure, entreprend aussitôt de l’illustrer, persuadé que le genre du comics est parfait pour raconter l’histoire de Valentino. De cette collaboration entre les deux artistes naît alors le premier des 28 numéros de la série de comics GloomCookie, éditée à partir de 1999 par Slave Labor Graphics.
En 2002, toujours chez le même éditeur, Serena Valentino signe une nouvelle série de comics, intitulée Nightmares & Fairy Tales, dont le personnage principal, Annabelle, est une poupée de chiffon racontant les histoires plus ou moins tragiques des personnes l'ayant possédée. Serena Valentino, au cours des 23 numéros que comporte la série, fait se côtoyer tour à tour des créatures mystiques issues du folklore et des personnages emblématiques de contes de fées, dans des histoires macabres teintées d'humour noir.
Impressionnés par les talents de conteuse de Serena Valentino après avoir lu la série de comics Nightmares & Fairy Tales, les éditeurs de Disney Press contactent l’auteure pour lui soumettre un projet de roman. Lui proposant d'écrire une histoire centrée autour d'un ou de plusieurs personnages issus des films des Walt Disney Animation Studios, l'auteure jette immédiatement son dévolu sur les méchants Disney, et plus particulièrement sur le personnage de la Reine Grimhilde. Miroir, Miroir : L'Histoire de la Méchante Reine sort alors dans les librairies étasuniennes le 18 août 2009. Prévu au départ comme un roman unique, son succès convaincra néanmoins rapidement Disney Press de poursuivre sa collaboration avec Serena Valentino, en lui proposant d'écrire un nouveau roman explorant le passé d'un nouveau méchant. C'est alors la Bête qui, curieusement, est choisie par l'auteure pour figurer dans son deuxième livre, L'Histoire de la Bête, qui sort le 22 juillet 2014. Lié au roman précédent grâce à la présence de personnages inédits et récurrents, il faudra toutefois attendre le troisième tome, Pauvre Âme en Perdition : L'Histoire de la Sorcière des Mers, édité le 26 juillet 2016, pour que la série trouve une véritable unité au sein de la collection Disney Villains. C'est d'ailleurs depuis ce roman, présentant le passé de la terrible Ursula, que les histoires sont non seulement bien davantage connectées entre elles mais, surtout, que la publication des livres devient annuelle.
Le 3 octobre 2017, Maléfique fait une entrée fracassante dans la collection, avec Maîtresse de Tous les Maux : L'Histoire de la Fée Noire, précédant Mère Gothel qui, le 7 août 2018, voit à son tour son passé exploré dans N'Écoute que Moi : L'Histoire de la Vieille Sorcière. Le 2 juillet 2019, enfin, le sixième tome, Les Étranges Sœurs : L'Histoire des Trois Sorcières, se concentre pour la première fois non pas sur un méchant emblématique de Disney, mais plutôt sur les personnages inédits imaginés par Serena Valentino et présents depuis le premier tome de la collection. Face au succès tant critique que public de la série Disney Villains, trois nouveaux romans sont prévus dès l'été 2019, dont le premier, centré sur le personnage de Cruella d'Enfer, est annoncé pour sortir au mois de juillet 2020 aux États-Unis.
Dès les premières pages de L'Histoire de la Bête, le lecteur sera sans doute frappé de constater que le roman est en tout point le contre-pied du roman précédent, Miroir, Miroir : L'Histoire de la Méchante Reine. Si le premier tome de la série Disney Villains présentait en effet une charmante paysanne devenue reine sombrant peu à peu dans la folie jusqu'à commettre des crimes abominables, L'Histoire de la Bête, tout à l'inverse, expose directement son personnage comme un monstre sans la moindre qualité rédemptrice, empêchant ainsi fatalement le lectorat d'accorder au Prince la moindre étincelle de compassion, voire même d'intérêt.
L'Histoire de la Bête s'ouvre ainsi sur une scène présentant le personnage principal assis dans sa roseraie la nuit, alors que Belle vient tout juste d'arriver au château. La Bête reçoit rapidement la visite de Lucinda, Martha et Ruby, les cruelles sorcières qui ont allègrement participé à la chute de la Reine Grimhilde dans le tome précédant. Jouant avec ses nerfs, s'amusant de le voir si torturé, les trois furies rappellent une nouvelle fois au personnage les termes de la malédiction dont il est victime, avant d'abandonner à ses pensées une Bête complètement désabusée. Les railleries des mégères, qui semblent réellement briguer le titre de personnages les plus agaçants jamais écrits, ont en réalité pour but d'exposer au lecteur la malédiction subie par les habitants du château. Contrairement à l'enchantement dépeint dans le film d'animation La Belle et la Bête, le roman ajoute à la malédiction de la Bête une dimension cauchemardesque. C'est ainsi que le personnage ne peut par exemple plus converser avec ses serviteurs, qu'il ne voit plus que comme des objets inanimés, au contraire de Belle qui, elle, peut à loisir trouver du réconfort auprès de Lumière, Big Ben et Madame Samovar. De la même manière, le cruel Prince déchu a fréquemment l'impression que des statues du château se déplacent discrètement, toujours lorsqu'il a le dos tourné, et qu'elles n'attendent qu'un moment d'inattention de la part du maître des lieux pour l'attaquer. En imaginant de nouveaux tourments subis par la Bête, Serena Valentino tente alors de plonger son personnage dans un état d'anxiété constant. Plutôt que de susciter la compassion du lecteur, la solitude de la Bête, couplée à une certaine paranoïa, ôtent alors au personnage le peu d'humanité qui lui reste, d'autant que l'auteure appuie sur la bestialité de l'ancien Prince et sur ses instincts sanguinaires, ce qui surprendra très certainement le fan du film d'origine. Toute la magie du premier tome, qui faisait que le lecteur parvenait à s'attacher à la Reine Grimhilde, à la comprendre même, parfois, est ici complètement absente. Seul subsiste alors le sentiment malheureux que l'auteure en fait trop pour justifier la place qu'elle accorde au personnage dans sa série, en multipliant les aspects les plus sombres de l'âme de la Bête, occultant de facto (et quelle erreur !) l'attachement que le lecteur et spectateur du film a, au départ, pour le personnage.
Pour rédiger L'Histoire de la Bête, il est évident que Serena Valentino s'est largement inspirée de deux œuvres monumentales, l'une cinématographique, l'autre littéraire. La première est alors La Belle et la Bête de Jean Cocteau. Sorti en 1946, le film dépeint le château de la Bête comme un lieu à la fois merveilleux et effrayant, fait de couloirs où les candélabres sont maintenus par des bras nus sortant des murs et de cariatides éternellement fixées au manteau de la cheminée, observant de leurs yeux perçants les protagonistes leur tournant le dos. Au fil de sa lecture, le lecteur trouvera certainement de multiples échos à l'œuvre de Cocteau dans L'Histoire de la Bête, l'auteure ayant tenté, avec plus ou moins de succès, d'instaurer dans son roman une ambiance sombre où s'entremêlent onirisme et visions cauchemardesques.
La seconde œuvre ayant très certainement inspiré Valentino est le roman d'Oscar Wilde Le Portrait de Dorian Grey, publié en 1890. Dans L'Histoire de la Bête, l'auteure a, en effet, imaginé que la malédiction frappant le Prince était dégénérative. Repoussant sa fiancé, Circé, après avoir appris qu'elle n'est pas de sang noble mais une simple fille d'un fermier – du moins le croit-il –, le jeune Prince vaniteux scelle son destin. La jeune femme à la beauté extraordinaire lui jette alors un sort, le condamnant à se métamorphoser peu à peu, imperceptiblement au début, en une bête effroyable, son apparence physique venant épouser la noirceur de son cœur. Totalement absente du film d'animation, cette idée que la transformation du Prince est à la fois lente et inexorable est très certainement la plus ingénieuse du roman, tant elle plonge le personnage dans un état de constante panique dès lors qu'il croit observer les premiers signes de transformation sur son visage jadis parfait. Serena Valentino convie alors dans son roman le personnage de Maestro qui, tel Basil Hallward dans Le Portrait de Dorian Grey, est un peintre de talent. Le personnage, qui porte le même prénom que Maestro Forte, l'antagoniste de La Belle et la Bête 2 : Le Noël Enchanté, excelle lui aussi dans son art, et il est surtout pour l'auteure le moyen de donner de l'importance au portrait lacéré du Prince, remisé loin des regards indiscrets dans l'aile ouest du château. Reconnu pour ses peintures photoréalistes, capable de restituer avec la plus grande fidélité les traits de ses sujets, Maestro apportera en effet au Prince la preuve définitive, par le truchement de son art, de sa lente transformation en bête. Toutefois, alors que les tableaux de Maestro sont le témoin de la beauté autrefois resplendissante du Prince, c'est bel et bien le physique de ce dernier qui, chaque jour, portera les marques de son ignominie, renversant ainsi la relation établie entre le tableau et Dorian Grey dans le roman d'Oscar Wilde.
Car le cœur du roman est bien ici : L'Histoire de la Bête relate les longs mois durant lesquels le Prince se transforme inéluctablement en monstre. Et si l'idée d'une malédiction distillant ses effets dans le temps est des plus appréciables, il s'observe pourtant dans le même temps un manque d'équilibre flagrant dans le roman. La première partie de L'Histoire de la Bête est alors consacrée à la vie du prince avant que Circé ne jette sa malédiction sur le personnage. L'auteure s'autorise des petites piques plutôt amusantes à l'égard des autres princes de Disney, moquant par exemple le Prince Philippe, parti sauver la Princesse Aurore des griffes d'un dragon crachant des flammes avant de danser une valse énamourée avec sa bien-aimée, portant pour l'occasion une robe aux couleurs pastels. Le Prince, lui, ne veut décemment pas de cette vie, et tout conscient qu'il est de sa stature et du pouvoir qu'il possède, il sait déjà que le respect de chaque personne vivant dans son royaume lui est acquis et dû. C'est ainsi qu'il préfère mener une vie vaine, motivée seulement par les parties de chasse avec son meilleur ami Gaston et la séduction de jeunes femmes, et c'est d'ailleurs sa vacuité, autant que sa superficialité, qui causeront sa perte. La très grande majorité du roman entreprend ensuite de raconter la transformation de la Bête, avant que les derniers chapitres ne tentent vainement de rattraper l'histoire telle que le lecteur ayant vu La Belle et la Bête la connaît. Il faut ajouter au manque d'équilibre du roman et à la superficialité dont sont traités les derniers chapitres que l'écriture de L'Histoire de la Bête est moins raffinée que ne l'était celle de Miroir, Miroir : L'Histoire de la Méchante Reine ; bien davantage centré sur l'action, le roman délaisse fatalement les moments d'introspection qui faisaient toute la richesse de l'histoire de la Reine Grimhilde.
L'Histoire de la Bête ne brille pas non plus par le développement des personnages déjà connus du lecteur, et ce sont alors les deux nouveaux personnages récurrents de la série Disney Villains introduits dans le roman qui parviennent à lui procurer une attache suffisamment grande pour qu'il ne soit pas tenté de poser l'ouvrage définitivement.
Le lecteur sera en effet certainement perplexe face au développement du Prince et, plus tard, de la Bête. Si La Belle et la Bête avait déjà présenté dans son extraordinaire prologue le personnage du Prince comme un être cruel et dénué de compassion, la Bête avait ensuite rapidement montré dans le film de nombreuses qualités rédemptrices. De ces qualités, aucune ne subsiste dans le roman de Valentino, le personnage restant, de bout en bout, un être colérique et vaniteux. À trop vouloir présenter la Bête comme « un méchant » digne de figurer dans sa série littéraire, l'auteure livre à son lectorat un personnage qui ne suscite à aucun moment ni l'attachement, ni la compassion. Pire, la dernière partie du roman tente tant bien que mal d'aborder les sentiments d'amour naissant entre Belle et la Bête, en reprenant le fil de l'histoire présentée dans le film d'animation, mais cela est amené si maladroitement et traité de manière si succincte que le lecteur, qu'il ait vu ou non La Belle et la Bête d'ailleurs, sortira déconcerté de sa lecture.
Gaston est un autre personnage important du roman, et celui sur lequel Serena Valentino s'est vraisemblablement calquée pour développer la personnalité du Prince, tant les deux hommes sont identiques. Meilleur ami du Prince qu'il accompagne tant à la chasse que dans les soirées pour courtiser de jeunes femmes, le personnage de Gaston n'est pas réellement mieux développé que celui de la Bête dans le roman. Valentino introduit pourtant une relation de pouvoir et d'ascendance entre les deux hommes qui aurait pu être particulièrement intéressante, si seulement elle avait été développée plus longuement. Le rôle de Gaston est alors, en l'état, sensiblement le même que celui qu'arborait Verona dans Miroir, Miroir : L'Histoire de la Méchante Reine : celui d'un simple personnage-fonction, qui sert à l'occasion de levier scénaristique. Une véritable occasion manquée.
Les autres personnages de La Belle et la Bête occupent quant à eux des rôles plus ou moins marqués dans L'Histoire de la Bête, sans qu'aucun ne brille jamais véritablement ; le charme français de Lumière n'est alors plus qu'un lointain souvenir, Big Ben et Madame Samovar sont souvent évoqués mais rarement mis en scène, quant à Belle, elle fait seulement acte de présence dans les derniers chapitres. En réalité, l'absence des objets enchantés est véritablement à déplorer dans le roman, puisque si l'idée d'enfermer la Bête dans une malédiction solitaire est réellement séduisante sur le papier, l'exécution qu'en fait l'auteure est, en revanche, largement perfectible. Sans les conseils avisés de ses serviteurs pour le guider ou lui intimer de faire preuve de tempérance, la Bête n'a en effet jamais l'occasion de se montrer sous un jour favorable, et il est à se demander comment Belle pourrait, dans ces conditions, éprouver autre chose que du dégoût pour lui.
Les personnages inédits, eux, oscillent entre le bon et l'horripilant. Les trois sorcières, Lucinda, Ruby et Martha, sont ainsi plus que jamais des caricatures : de véritables resucées des Sœurs Sanderson, vues dans Hocus Pocus : Les Trois Sorcières, l'humour en moins.
Circé, la quatrième sœur sorcière, à la beauté telle que le prince a failli l'épouser, non par amour, mais bien plutôt pour l'exhiber comme l'ultime joyau à sa couronne, est en revanche bien plus intéressante. Personnage effacé aux pouvoirs démesurément grands, si bien que même ses sœurs la craignent, Circé est souvent la voix de la raison dans sa famille, et telle une bouée de sauvetage, le lecteur s'y accrochera désespérément pour ne pas se noyer parmi les caquètements infâmes du trio infernal. Valentino esquisse, à travers son personnage, des pistes qui s'annoncent véritablement intéressantes pour la suite de sa série, et le lecteur attendra avec impatience de savoir ce qu'il advient de la belle sorcière dans les tomes suivants.
La princesse Tulipe Morningstar, enfin, est le dernier personnage récurrent qu'installe Valentino dans L'Histoire de la Bête. Jeune ingénue dotée d'une beauté irréelle contrebalancée par une gaucherie sans pareille, le personnage se révèle au fil des pages bien plus profond qu'il n'y paraît. Il est en réalité pour l'auteure le moyen de livrer une réflexion intéressante sur le caractère particulier de Belle, en totale opposition à la majorité des femmes de son époque. Car si Belle, à travers ses lectures et la liberté offerte par son père, est parvenue à se forger un fort caractère et le cœur d'une aventurière, Tulipe, tout à l'inverse, est restée prisonnière des carcans de la royauté, lui intimant de laisser parler pour elle sa jolie figure plutôt que d'ouvrir la bouche.
Avec autant de personnages à gérer qui souffrent d'un traitement franchement inégal, quand ils sont seulement traités d'ailleurs, il est certain que Serena Valentino s'est perdue lors de l'écriture de L'Histoire de la Bête. Contrairement à Miroir, Miroir : L'Histoire de la Méchante Reine, qui se concentrait magistralement sur la psyché de la Reine Grimhilde, L'Histoire de la Bête multiplie les personnages secondaires qui gravitent autour de la Bête durant sa transformation, sans toutefois apporter nécessairement des éléments pertinents à l'intrigue. Le roman aurait également gagné à être plus long, pour harmoniser le rythme et les différentes parties du récit entre elles, mais également pour exploiter au mieux les nouveaux éléments de la malédiction mis en place par l'auteure. Enfin, il aurait été salutaire que la Bête puisse obtenir une véritable rédemption ; elle reste alors prisonnière du début à la fin du roman de son tempérament cruel. En présentant sa série de romans comme « l'autre versant des histoires connues de tous », allant jusqu'à reprendre des scènes et des dialogues issus du film, Serena Valentino explore des pistes pertinentes qui rentrent pourtant en totale contradiction avec le long-métrage originel, tout en essayant de raccrocher les wagons à la fin, péniblement. L'Histoire de la Bête semble en réalité s'être perdue dans la mauvaise collection, les carcans imposés par la série empêchant le roman d'atteindre son plein potentiel.
L'Histoire de la Bête est au final un petit roman décevant. Si le style littéraire de Serena Valentino est toujours fluide et efficace dans les scènes d'action, la richesse des descriptions et des moments d'introspection du tome précédant font ici cruellement défaut. Le développement de la malédiction jetée sur le château enchanté ainsi que sur ses occupants est alors ce qui sauve en partie le roman, mais encore aurait-il fallu que cela soit traité de manière plus efficace, ou du moins sans venir contredire les éléments mis en place par le long-métrage de référence. Une fois L'Histoire de la Bête refermé, c'est un lecteur dépité qui ira bien vite se consoler devant un énième revisionnage de La Belle et la Bête, ou qui préférera se replonger dans la lecture de Miroir, Miroir : L'Histoire de la Méchante Reine, qui lui était autrement supérieur.