Clochette et le Secret des Fées
Le synopsis
Au-delà de la Vallée des Fées, la Forêt Blanche est un royaume où il est interdit de s’aventurer : l’hiver y est roi et les Fées n’y sont pas les bienvenues. Mais la curiosité de Clochette est trop forte pour résister à l’envie de pénétrer dans ces lieux aussi austères qu’étranges... |
La critique
Clochette et le Secret des Fées est le cinquième épisode de la saga de La Fée Clochette mais seulement le quatrième long-métrage.
La saga de La Fée Clochette, composée jusqu'alors des longs-métrages La Fée Clochette, Clochette et la Pierre de Lune et Clochette et L'Expédition Féerique et du moyen-métrage Clochette et le Tournoi des Fées, est un immense succès ! Le troisième opus s'est par exemple écoulé à plus de trois millions d'exemplaires, démontrant, s'il en était encore besoin, l'incroyable potentiel de la licence. La réussite est telle qu'il est vite décidé de la soutenir par un cinquième film venant se rajouter aux quatre premiers initialement prévus, chacun devant tourner autour d'une saison. Ainsi, après le printemps, l'automne et l'été, l'hiver allait avoir son œuvre attitrée, intitulée d'abord, Tinker Bell and the Mysterious Winter Woods puis Clochette et le Secret des Fées. Pourtant, au grand étonnement de tous, Disney repousse l'opus à 2012 et annonce qu'il intercale ce qui devait constituer la cinquième aventure et réunir toutes les saisons sous le titre provisoire de Tinker Bell: Race through the Seasons, formant, de la sorte et finalement, un moyen-métrage de télévision Clochette et le Tournoi des Fées. Clochette et le Secret des Fées vient donc clore plus précisément le cycle des quatre opus de la saga tournant autour des saisons. Normalement, cette quatrième (ou cinquième si le moyen-métrage est pris en compte) aventure aurait du être la dernière de la saga. Mais le succès de la franchise fait qu'elle n'est pas prête de s'arrêter. Un cinquième et apparemment sixième films sont déjà en chantier ; avec un fil rouge totalement différent puisque le cycle des saisons est arrivé à son terme...
Il n'empêche. A son stade, Clochette et le Secret des Fées s'auréole
de deux grandes premières.
D'une, c'est la première aventure de Clochette à bénéficier d'une sortie massive
au cinéma.
Certes, aux USA, les trois premiers volets, La
Fée Clochette, Clochette et la
Pierre de Lune, et
Clochette et L'Expédition Féerique, ont eu droit à être quelques
semaines à l'affiche du El Capitan Theater à Los Angeles, le cinéma que possède
Disney dans le quartier d'Hollywood ; histoire de leur permettre de prétendre à
la course aux Oscars du Meilleur Film d'Animation. De même, à l'étranger,
quelques membres de la presse et quelques pays se comptant sur les doigts d'une
main (comme la Belgique avec
Clochette et L'Expédition Féerique) ont pu apprécier ces productions en
salles ; le grand public devant lui se limiter à une sortie directement en
vidéo, voir un simple passage à la télévision...
Disney semble donc avoir changé son fusil d'épaule en proposant Clochette et
le Secret des Fées de façon généralisée au cinéma à l'international,
notamment en Europe, Amérique du Sud et Australie. C'est
John Lasseter lui-même qui a souhaité
tenter l'expérience du grand écran à cette échelle pour Clochette. Le même
tentative sera d'ailleurs faite en 2013 avec Planes, le spin-of de Cars - Quatre Roues,
toujours produit par DisneyToon Studios...
De deux, c'est la première aventure de Clochette à disposer du rendu en 3-D.
S'il amène une certaine profondeur et immersion, cet apport - dont le résultat
n'a rien de révolutionnaire au regard des enjeux placés dedans - relève ici
manifestement du gadget...
La plus grande force de Clochette et le Secret des Fées se trouve dans ce qu'il contribue à construire : il participe en effet au développement déjà bien engagé d'un univers vraiment charmant. Foisonnant, il permet ainsi au spectateur de prendre plaisir à y replonger une nouvelle fois. Alors qu'il s'agit là - et déjà - du quatrième opus (au format long-métrage), l'ennui et la redite n'ont toujours pas leur place. Le fait d'avoir choisi le rythme des saisons pour chacun des films contribue, il est vrai, grandement à la sensation de renouveau de l'ensemble, invitant sans mal à sa nouvelle découverte. Dans ce contexte, Clochette et le Secret des Fées est, à n'en pas douter, le mieux écrit. Les auteurs ont, sur lui, visiblement gagné en maturité et idées pour enrichir la saga. C'est, de la sorte, tout un nouveau monde qui est proposé, ou plutôt, une partie cachée de la Vallée de Fées existante. Jubilatoire, l'hiver est logiquement une saison qui ouvre la voie royale à la magie et au mystère. Clochette visitant la Forêt Blanche : et c'est le spectateur qui passe allègrement de l'émerveillement à l'enchantement ! Plus encore que dans les opus précédents, tout est ici mignon est adorable, offrant en sus, quelques frissons bienvenus dans un final finement intense. Une belle première pour la saga toute entière...
Surfant sur le succès, Clochette et le Secret des Fées reprend peu ou
prou tous les personnages qui ont ensoleillé les précédents opus. Il y a ainsi
Clochette, la Fée bricoleuse, mais aussi Ondine, la Fée de l'eau ; Noa, la Fée
des animaux ; Rosélia, la Fée des jardins ; Iridessa, la Fée de la lumière ;
Vidia, la Fée des vents ; Clark et Gabble, les deux Fées mâles du bricolage ; la
Reine Clarion et la Fée Mary... Tous ces personnages disposent à l'évidence d'un
capital-sympathie tellement grand que le public les accueille de nouveau avec
plaisir.
Coté nouveaux venus, la Fée du givre, Cristal, joliment doublée en français par
Amel Bent, développe un joli potentiel. Son alchimie avec la Fée Clochette fait
des merveilles au point de bouleverser leurs deux mondes, non sans l'appui du
sage Darwin, gardien du savoir de la Vallée des Fées. Auteur de toutes les
encyclopédies utilisées par les Fées, il aide, en effet, Clochette et Cristal à
enfreindre les lois pour leur permettre de se voir.
Enfin, Lord Malori, le sage souverain de la Forêt Blanche est à remarquer tant
ce monarque plein de bonté mais aussi rongé par une infinie tristesse dispose
d'un ressort narratif impressionnant via sa possession d'un secret qui dicte les
us et les coutumes de tout un peuple.
Comme c'est devenu l'habitude dans la saga : Joel McNeely se charge de la musique de Clochette et le Secret des Fées. Il fait là aussi des merveilles en mélangeant ses mélodies avec des sonorités celtiques. Il amène, en effet, cette saveur à la fois magique et merveilleuse qui a tant fait jusqu'à présent pour le succès de l'ensemble, même si dans l'opus, à l'image de Clochette et L'Expédition Féerique, il met un bémol sur les aspérités celtes. Des chansons viennent, également agrémenter le long-métrage mais restent globalement du même acabit que celles des autres épisodes, c'est-à-dire - et malheureusement ! - anecdotiques et sans véritable intérêt. Le public français s'étonnera en outre de constater que Disney France n'a pas souhaité traduire la chanson du générique de fin. Si la décision peut se défendre commercialement (le titre est chantée par l'égérie de Disney Channel du moment, China McClain, venue de Section Génius), elle est contestable éditorialement parlant. L'air commence, en effet, pendant les images de fin alors que Clochette et ses amis sont toujours à l'écran ! Or, comme le reste des chansons est en français, et que le film est à destination des petites filles francophones assurément pas polyglottes, cette intrusion Shakespearienne dénote vraiment et manque de cohérence... Dommage.
Clochette et le Secret des Fées marque l'étape de la maturité de la saga : l'univers de Clochette et ses personnages sont remarquablement installés tandis que l'écriture - bien meilleure ! - sert un scénario où l'action est prenante et le suspense au rendez-vous ! Décidément, un bien joli « petit » film apte à ravir toute la famille.