Joan Plowright
Date de naissance : Le 28 octobre 1929 Lieu de Naissance : Brigg, en Angleterre, au Royaume-Uni Date de Décès : Le 16 janvier 2025 Lieu de Décès : Northwood, en Angleterre, au Royaume-Uni |
Nationalité : Britannique Profession : Actrice |
La biographie
Au milieu des années 1950, une toute nouvelle génération de comédiens émerge au sein du théâtre anglais. À l’affiche des salles les plus prestigieuses de Londres et de Broadway, tous marquent dans le même temps l’Histoire du cinéma, à l’image de Joan Plowright, disparue le 16 janvier 2025.
Joan Ann Plowright voit le jour le 28 octobre 1929 à Brigg, dans le Lincolnshire, au nord de l’Angleterre. Sa mère, Daisy Margaret Burton, est une actrice amatrice et une chanteuse d’opéra qui enseigne la danse. Son père, William Ernest Plowright, travaille quant à lui comme journaliste tout en menant en parallèle une carrière de comédien amateur au sein du Scunthorpe Little Theatre Club dont il est le fondateur. Comme les deux autres enfants de la famille, Joan Plowright étudie sur les bancs de la Scunthorpe Grammar School. Imitant ses parents, elle joue de temps à autre la comédie dans divers festivals. L’une de ses prestations lui vaut d'ailleurs de recevoir un prix. Elle n’a ainsi que quinze ans et envisage désormais de dédier sa vie au théâtre. Pour ce faire, elle quitte l’école à dix-sept ans et rejoint le Laban Art of Movement Studio de Manchester puis la célèbre Old Vic Theatre School, l’une des écoles de théâtre les plus renommées de Londres.
Après avoir joué dans une revue, Joan Plowright a dix-neuf ans lorsqu’en 1948, elle fait ses débuts de comédienne en incarnant Hope dans If Four Walls Told montée au Croydon Repertory Theatre. Après son mariage avec l’acteur Roger Gage en septembre 1953, elle s’installe à Londres et apparaît en 1954 dans The Duenna, l’opéra-comique de Thomas Linley à l’affiche du Westminster Theatre. Elle enchaîne ensuite les castings mais échoue à décrocher le rôle de Bianca dans Othello mise en scène par Orson Welles. Celui-ci est malgré tout séduit par son talent. Se souvenant d’elle, il la rappelle quelque temps plus tard pour lui proposer le rôle de Pip, le garçon de cabine, dans l’adaptation de Moby Dick jouée au Duke of York’s Theatre. Elle est alors l’unique femme d’une distribution rassemblant les comédiens Patrick McGoohan, Kenneth Williams, Gordon Jackson et Welles lui-même dans le rôle du Capitaine Achab.
En 1956, Joan Plowright intègre l’English Stage Company, la troupe du Royal Court Theatre. Au milieu de cette nouvelle génération de comédiens qui émergent dans les années 1950, à l’instar d’Albert Finney, Alan Bates, Eileen Atkins, Billie Whitelaw, Judi Dench, Michael Redgrave, Derek Jacobi, Michael Gambon ou bien encore Robert Stephens et Maggie Smith, elle multiplie alors les apparitions dans Les Sorcières de Salem d’Arthur Miller, Dom Juan de Molière, Cards of Identity et La Bonne Âme de Se-Tchouan. En 1957, elle apparaît dans le rôle de Margery Pinchwife, l’un des personnages de la pièce La Provinciale de William Wycherley. Donnant la réplique à George Devine qui incarne Mr. Pinchwife, elle retrouve ce dernier dans Les Chaises et La Leçon, deux pièces d’Eugène Ionesco produites au Phoenix Theatre de New York. En 1958, elle récupère le rôle de Jean Rice initialement offert à Dorothy Tutin dans Le Cabotin de John Osborne. Jouée au Palace Theatre de Londres, la pièce portée par Laurence Olivier traverse l’Atlantique et arrive bientôt à l’affiche du Royale Theatre de Broadway. De retour à Londres, Joan Plowright partage l’affiche avec Alan Webb, Frances Rowe et Paul Daneman dans Major Barbara de George Bernard Shaw (1958).
À l’affiche des plus belles salles d’Angleterre, Joan Plowright dévoile toute l’étendue de son talent et sa capacité à tout jouer avec les pièces Roots d’Arnold Wesker (1959), Rhinocéros d’Eugène Ionesco mis en scène par Orson Welles (1960), The Chances de John Fletcher (1962) et Oncle Vania d’Anton Tchekhov (1962-1963). Son incarnation de Josephine dans A Taste of Honey, la pièce de Shelagh Delaney produite au Booth Theatre de Broadway avec Angela Lansbury (1960), lui vaut d’être récompensée par le Tony Award de la Meilleure Actrice. En 1963, elle endosse le costume de Jeanne d’Arc dans Saint Joan, une autre pièce de Shaw pour laquelle elle gagne l’Evening Standard Theatre Award de la Meilleure Actrice.
En 1961, Joan Plowright épouse en secondes noces son partenaire de scène, Laurence Olivier, qui vient de divorcer après vingt ans de mariage aux côtés de l’actrice Vivien Leigh. Ensemble, le couple donne naissance à trois enfants, Richard, Tamsin et Julie-Kate. Tous les deux poursuivent alors l’aventure avec l’Old Vic Theatre. La comédienne joue ainsi dans Hobson’s Choice d’Harold Brighouse (1964), Solness le Constructeur d’Henrik Ibsen (1964), Les Trois Sœurs de Tchekhov (1967-1968), Tartuffe de Molière (1967-1968), The Advertisement de Natalia Ginzburg (1968), Back to Methuselah, Part II de Shaw (1969), ainsi que Beaucoup de Bruit pour Rien (1967-1968), Peines d’Amour Perdues (1968) et Le Marchand de Venise (1970) de Shakespeare.
Devenue une figure incontournable du théâtre anglais, Joan Plowright ne tarde pas à attirer l’attention des caméras. Apparue à la télévision dès 1951 dans la série Sara Crewe, elle reprend son rôle de Pip dans le téléfilm Moby Dick (1955), une captation de la pièce dont les bobines ont depuis été égarées. Dans le même temps, elle joue dans différentes pièces filmées pour la télévision et retransmises dans les émissions BBC Sunday-Night Theatre (1954-1956), Theatre Night (1959), ITV Television Playhouse (1959), ITV Play of the Week (1959) et World Theatre (1959).
Le cinéma fait tout autant appel à elle pour y rejouer ses meilleurs rôles au théâtre. Joseph Losey la choisit ainsi pour interpréter Agnes Cole dans Temps Sans Pitié avec Michael Redgrave et Ann Todd (1957). Tony Richardson lui redonne l’occasion d’incarner Jean Rice dans Le Cabotin (1960), l’adaptation cinématographique de la pièce de John Osborne qui lui vaut, comme Laurence Olivier, d’être nommée aux BAFTA. Elle retrouve par ailleurs à deux reprises le rôle de Sonya dans le long-métrage Uncle Vanya de Stuart Burge (1963) et un épisode de la série NET Playhouse (1967). Son mari Laurence Olivier et le réalisateur John Sichel la dirigent dans Les Trois Sœurs (1970), la transposition sur grand écran de la pièce de Tchekhov, l’occasion pour elle de retrouver le personnage de Masha. Elle se remet enfin dans la peau de Portia dans le téléfilm Le Marchand de Venise (1973).
Élevée en 1970 au rang de Commandeur de l’Ordre de l’Empire Britannique par la Reine Elizabeth II, Joan Plowright n’arrête jamais de jouer et apparaît dans Une Femme Tuée dans la Douceur (1971), Le Jeu des Rôles (1971), La Mégère Apprivoisée de Shakespeare (1972), Rosmersholm (1973), Eden End (1974), Qui a Peur de Virginia Woolf ? (1981), Le Train du Monde (1984) et La Maison de Bernarda Alba (1986-1987). Récipiendaire du Society of West End Theatre Award (actuel Olivier Award) pour Filumena Marturano (1978, 1980), elle reste en outre fidèle à Tchekhov en jouant dans La Mouette (1975) et La Cerisaie (1983), ainsi qu’à Shaw avec Le Dilemme du Docteur (1972) et La Profession de Madame Warren (1985). Elle-même met en scène la pièce Married Love de Marie Stopes en 1988.
À la télévision, Joan Plowright inscrit son nom aux génériques des téléfilms Daphne Laureola (1978), Le Journal d’Anne Frank (1980) et And a Nightingale Sang (1989). Au cinéma, elle partage l’écran avec Richard Burton et Peter Firth dans Equus de Sidney Lumet (1977), film pour lequel elle est nommée aux BAFTA. Après Britannia Hospital (1982), elle joue Norma Bates dans Brimstone & Treacle de Richard Loncraine avec Sting et Denholm Elliott (1982). Aux côtés d’Al Pacino, Donald Sutherland et Nastassja Kinski dans Révolution d’Hugh Hudson (1985), Peter Greenaway lui offre le rôle de Cissie Colpitts dans Triple Assassinat dans le Suffolk (1988). Nellie dans The Dressmaker de Jim O’Brien (1988) et Nadja dans Je t’Aime à Tuer de Lawrence Kasdan avec Kevin Kline, Tracey Ullman et William Hurt (1990), elle croise Aidan Quinn et Elizabeth Perkins sur le plateau d’Avalon de Barry Levinson (1990).
Suite au décès de Laurence Olivier le 11 juillet 1989, Joan Plowright décide de se retirer progressivement des planches. En 1990, elle fait l’une de ses dernières apparitions au théâtre dans Time and the Conways. La pièce est alors mise en scène par son fils, Richard Olivier. Elle y partage la scène avec ses deux filles, Julie-Kate et Tamsin, et Simon Dutton, le mari de cette dernière.
Joan Plowright poursuit néanmoins sa carrière au cinéma et allonge sa filmographie avec le long-métrage Avril Enchanté de Mike Newell (1991) qui lui vaut de remporter le Golden Globe du Meilleur Second Rôle Féminin et une nomination aux Oscars. À la télévision, elle triomphe dans les téléfilms La Maison de Bernarda Alba (1991), Miss Daisy et son Chauffeur (1992) et Staline (1992), une production HBO qui lui vaut de remporter un second Golden Globe et une nomination aux Emmy Awards. C’est alors la deuxième fois qu’une comédienne remporte deux Golden Globes la même année, quatre ans après Sigourney Weaver primée à la fois pour Working Girl et Gorille dans la Brume. Dans un style totalement différent de tout ce qu’elle a pu tourner avant, Joan Plowright se retrouve à l’affiche de Last Action Hero de John McTiernan (1993). Incarnant une enseignante, elle côtoie un casting quatre étoiles composé d’Arnold Schwarzenegger, F. Murray Abraham, Anthony Quinn, Jim Belushi, Chevy Chase et Ian McKellen.
Toujours en 1993, Joan Plowright obtient l’un de ses rôles les plus populaires et mémorables, celui de Martha Wilson dans Denis la Malice, l’adaptation de la bande dessinée d’Hank Ketcham réalisée par Nick Castle avec Walter Matthau et Mason Gamble. Mia Farrow, Natasha Richardson et elle sont les héroïnes de Parfum de Scandale (1994). Couronné par un Women in Film Crystal Award, Plowright est rayonnante dans le costume de Mrs. Appletree dans le téléfilm Tip Top et Jim Jam de Joan Tewkesbury (1994). Suivent deux autres productions pour la télévision, La Dernière Chance d’Annie de John Gray (1994) et The Return of the Native de Jack Gold (1994), et les longs-métrages A Pin for the Butterfly (1994), Hotel Sorrento (1995) et Pyromanic Love Story (1995).
En 1995, Roland Joffé tourne Les Amants du Nouveau Monde, une production Hollywood Pictures avec Gary Oldman, Demi Moore, Robert Duvall et Joan Plowright. En 1996, la comédienne joue sous la direction de Franco Zeffirelli dans Jane Eyre avec William Hurt et Charlotte Gainsbourg. Joan Plowright incarne la mère de Bill Pullman dans Mr. Wong, une comédie de Nick Castle produite par Touchstone Pictures (1996). Elle campe une autre maman, celle de Françoise Gilot dans le biopic Surviving Picasso de James Ivory avec Anthony Hopkins (1996).
Devenue avec le temps l’incarnation même de la maman ou de la grand-mère de cinéma, Joan Plowright poursuit sa collaboration avec les studios Disney qui lui offrent le rôle de Nanny dans Les 101 Dalmatiens (1996), le remake en prises de vues réelles du classique animé de 1961. Deux nouveaux longs-métrages se succèdent, The Assistant (1997) et Danse Passion (1998), avant que la comédienne retrouve ses amies Maggie Smith et Judi Dench dans Un Thé avec Mussolini, une nouvelle fois sous la direction de Franco Zeffirelli (1999). À l’affiche de Tom’s Minight Garden (1999), Plowright ajoute une nouvelle corde à son arc en prêtant sa voix à la femelle brachiosaure Baylene dans Dinosaure (2000).
D’autres productions viennent s’ajouter au début des années 2000. Joan Plowright est créditée dans les téléfilms Back to the Secret Garden (2000), Le Rêve de Frankie (2000), Le Souvenir en Héritage (2000), Scrooge et Marley (2001), ainsi que dans les longs-métrages Au Cœur du Rock (2002), I Am David (2003), George et le Dragon (2004), Mrs. Palfrey and the Claremont (2005), Goose on the Loose (2006), Les Chroniques de Spiderwick (2008) et Knife Edge (2009). Voix de Madame Plushbottom dans George le Petit Curieux (2006), la comédienne retrouve Franco Zeffirelli pour Callas Forever (2002). Pour les studios Disney, elle tourne dans Bronx à Bel-Air (2003).
Après plus de vingt ans d'absence, Joan Plowright signe son ultime apparition au théâtre du 20 mai au 13 septembre 2003 dans la pièce Absolutely! (Perhaps), une adaptation de l’œuvre de Luigi Pirandello mise en scène au Wyndham’s Theatre de Londres par Martin Sherman. Si elle ne monte plus sur les planches par la suite, la comédienne officie comme présidente honoraire de l’English Stage Company dès mars 2009. Elle succède alors à John Mortimer, décédé deux mois plus tôt. Elle reste à ce poste durant cinq ans et participe en 2013 aux festivités liées au cinquantième anniversaire du National Theatre. Pour l’occasion, elle reprend son rôle de Jeanne d’Arc au cours d’un enregistrement spécial de la pièce de George Bernard Shaw.
Élevée au rang de Dame Commandeur de l’Empire Britannique par la reine Elizabeth II lors d’une cérémonie organisée au Palais de Buckingham en 2004, Joan Plowright décide de se retirer en 2014. Atteinte de dégénérescence maculaire liée à l'âge, elle est en effet en train de perdre progressivement l’usage de la vue. En 2018, elle accepte toutefois de reprendre un peu la lumière en apparaissant une dernière fois dans Tea With the Dames, un documentaire de Roger Michell produit par la BBC et dans lequel elle partage ses souvenirs avec ses amies et partenaires Maggie Smith, Eileen Atkins et Judi Dench.
Auteur d’une autobiographie, And That’s Not All, parue en 2001, Dame Joan Plowright s’éteint le 16 janvier 2025 à Denville Hall, la maison de retraite de Northwood dédiée aux personnalités du théâtre. Elle avait quatre-vingt-quinze ans. Décrite par la revue Variety comme étant « peut-être la plus grande comédienne anglophone du XXe siècle », elle laisse derrière elle une carrière au théâtre et une filmographie absolument remarquables.
« Elle a profité d’une longue et brillante carrière au théâtre, au cinéma et à la télévision avant que la cécité ne l’oblige à se retirer », note sa famille au moment de l’annonce du décès, « Elle a chéri les dix dernières années de sa vie dans le Sussex aux côtés de ses amis et de ses proches avec qui elle a continué de partager rires et souvenirs ». « La contribution de Dame Joan Plowright est inestimable », ajoute Rufus Norris, le directeur du National Theatre, « Elle restera dans les mémoires comme une amie personnelle et un vrai soutien pour le théâtre ». « Dame Joan Plowright était une figure respectable et iconique du théâtre. Elle a laissé une marque indélébile sur cette industrie qu’elle a aidé à façonner avec son talent et son dévouement », écrit pour sa part Hannah Essex, la président de The Society of London Theatre.
Pour commémorer la mémoire et l’héritage de la comédienne, les lumières de tous les théâtres du West End sont tamisées le mardi 21 janvier 2025 à 19h00. C’est également le cas du Plowright Theatre de Scunthorpe, le théâtre de sa ville d’enfance nommé en son honneur durant les années 1990.
La filmographie
001 |
Avril Enchanté
Actrice : Madame Fisher • Drame • Royaume-Uni
1993
Vidéo
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1993
Vidéo
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002 |
Last Action Hero
Actrice : L’Enseignante • Fantastique • Columbia Pictures
1993
Cinéma
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1993
Cinéma
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003 |
Tip Top et Jim Jam
Actrice : Mrs. Appletree • Drame
1994
Télévision
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1994
Télévision
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004 |
Pyromaniac Love Story
Actrice : Mrs. Linzer • Comédie dramatique
1995
Cinéma
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1995
Cinéma
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005 |
Les Amants du Nouveau Monde
Actrice : Harriet Hibbons • Drame
1995
Cinéma
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1995
Cinéma
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006 |
Mr. Wrong
Actrice : Madame Crawford • Comédie
1996
Cinéma
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1996
Cinéma
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009 |
Bronx à Bel-Air
Actrice : Mrs. Arness • Comédie
2003
Cinéma
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2003
Cinéma
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010 |
Les Chroniques de Spiderwick
Actrice : Tante Lucinda Spiderwick • Fantastique • Paramount Pictures
2008
Cinéma
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2008
Cinéma
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