Didier Fouret
Date de naissance : Le 25 juin 1927 Lieu de Naissance : Paris, en France Date de Décès : Le 05 juillet 1989 Lieu de Décès : Paris, en France |
Nationalité : Française Profession : Dirigeant Éditeur |
La biographie
Le 11 avril 1997, Disneyland Paris est sur le point de fêter ses cinq ans d’existence. Pour l’occasion, The Walt Disney Company décide de délocaliser la cérémonie des Disney Legends Awards à Marne-la-Vallée et d’honorer tout spécialement les Européens ayant contribué depuis cinquante ans au succès de l’entreprise. Dix-huit personnalités sont ainsi récompensées, parmi lesquelles le Français Didier Fouret.
La Librairie Hachette sur le Boulevard Saint-Germain, à Paris, en 1909.
Didier Fouret naît le 25 juin 1927 à Paris. Son père, Jacques, et son grand-père, Edmond, occupent respectivement à l’époque les postes d’administrateur et de président-directeur-général de la librairie Hachette. Fondée en 1826 par Louis Hachette, l’entreprise a acquis ses lettres de noblesse dès les années 1860 en devenant le premier éditeur européen et le spécialiste français dans le domaine des manuels scolaires. Également réputée pour ses guides de voyage, elle poursuit son essor au début du XXe siècle en acquérant notamment en 1914 la maison d’édition de Pierre-Jules Hetzel et les droits sur l’œuvre de Jules Verne. Cotée en bourse en 1919, la librairie Hachette se lance dans la publication d’ouvrages pour la jeunesse. Grâce à son association avec Paul Winkler, elle lance Le Journal de Mickey en 1934.
Scolarisé sur les bancs du prestigieux Lycée Janson de Sailly, dans le 16e arrondissement de la capitale, Didier Fouret obtient son baccalauréat en 1943. La Seconde Guerre mondiale fait à l’époque toujours rage. Le jeune homme ne tarde dès lors pas à rejoindre les rangs de l’Armée française de la Libération. Née de la fusion entre l’Armée d’Afrique giraudiste et des Forces de la France Libre du Général de Gaulle, elle participe aux campagnes de Tunisie et d’Italie avant de prendre part au Débarquement le 6 juin 1944. Fouret intègre ensuite la 2e Division Blindée. Sous les ordres du Général Leclerc, il est ainsi présent lors de la Libération de Paris, le 25 août 1944.
Après la Guerre, Didier Fouret accepte l’offre de son grand-père, Edmond, qui lui propose un poste chez Hachette. Là, il se consacre alors en particulier à la publication de livres pour enfants. C’est un secteur dans lequel la maison d’édition s’est lancée très tôt. Elle s’est notamment fait un nom dans les kiosques avec Le Journal de Mickey et dans les librairies avec des titres comme Les Animaux de Thompson et Ostroga, Buster Brown, Bicot, Zig et Puce, Les Fables de la Fontaine et Les Contes de Perrault. Les adaptations de films animés ont également la cote. Félix le Chat et Tarzan font partie des titres les plus vendus. Les personnages de Disney sont eux aussi à l’honneur dans la collection des Albums illustrés. Après la signature d’un accord avec les studios Disney le 17 novembre 1930, une série est en particulier consacrée à Mickey dès 1931. Les Silly Symphonies sont à leur tour adaptées à partir de 1934, tout comme Blanche Neige et les Sept Nains en 1938. La Seconde Guerre mondiale impacte cependant fortement les ventes entre 1939 et 1947.
La connexion avec les studios Disney est ainsi déjà opérée lorsque Didier Fouret prend les rênes de la division jeunesse d’Hachette. Le 9 juillet 1947, un nouveau contrat est alors signé entre l’éditeur et les studios Disney représentés en France par Armand Bigle, bientôt promu représentant pour l’Europe. Cet accord prévoit de poursuivre la publication des Albums illustrés et la sortie en kiosque de trois revues, Hardi Présente Donald paru entre mars 1947 et mars 1953, Les Belles Histoires de Walt Disney qui disparaît en 1952, et Le Journal de Mickey qui revient en juin 1952 grâce au travail des équipes de Fouret avec celles de Paul Winkler. Pour ce dernier titre, les ventes atteignent rapidement 700 000 exemplaires par semaine. Devenus des licences Hachette, Mickey, Donald, Dingo et Pluto rencontrent un succès incroyable. La maison d’édition est au passage autorisée à les mettre en scène dans ses propres albums sans obligation de reprendre telles quelles les publications américaines.
Promu directeur de la section jeunesse en 1954, Didier Fouret participe par ailleurs à rationaliser et moderniser la production des différents ouvrages pour la jeunesse tout en multipliant les collections. Lancés dès 1950 à destination des tout-petits, Les Albums Roses deviennent l’une des séries principales de la maison d’édition. Fouret publie également de nouvelles histoires mettant en scène Babar ou bien l’album Gulliver inspiré des (Les) Voyages de Gulliver des studios Fleischer. D’autres protagonistes voient dans le même temps le jour comme Nandor et Papillote de Noëlle Lavraire et surtout Caroline et ses compagnons Pitou, Youpi et Boum créés en 1953 par Pierre Probst.
Mais ce sont bien les personnages de Disney qui occupent le premier rang. Le 11 mars 1960, un accord est signé entre Hachette et les Éditions des Deux Coqs d’Or, la filiale française de la Western Publishing, Co., l’éditeur américain chargé de publier les livres et les bandes dessinées estampillés Disney. Ensemble, les deux sociétés fondent alors une nouvelle entité, Les Éditions Graphiques Internationales (EGI), dirigée par Didier Fouret. Une nouvelle collection est créée dans la foulée, Les Petits Livres d’Or inspirés du concept américain des (The) Little Golden Books. Dès 1961, une autre firme est mise sur pied, la Western Publishing Hachette International (WPHI) dont le rôle est d’acquérir les droits sur différents personnages tout en gérant l’adaptation des livres parus en France dans le reste du monde.
À la tête d’Hachette, Didier Fouret nourrit dans le même temps sa passion pour l’histoire et l’art. En 1960, il publie la version française de L'Histoire de Walt Disney, la biographie de Walt Disney écrite par sa fille Diane. Surtout, de nouvelles séries d’ouvrages sont créées sous sa direction. La première, Chefs-d’Œuvre de l’Art, sort en librairie en 1963. Elle est suivie en 1966 par le premier numéro de Chefs-d’œuvre de l’Art - Les Grands Peintres consacré à Goya. Fernand Léger, Jean-Auguste-Dominique Ingres, Paul Gauguin, Raoul Dufy, Diego Rivera, Nicolas Poussin ou bien Michel-Ange sont à leur tour mis à l’honneur au cours des années suivantes. Le 12 avril 1967, L’Empire Byzantin et les conquêtes de l’Islam inaugure pour sa part la collection Connaissance de l’Histoire qui se poursuit, entre autres, avec des études sur les avions de la Première Guerre mondiale, la Guerre du Vietnam, Napoléon, La Légion, Le Concorde, la Guerre au Liban, la Bataille de Normandie...
En décembre 1980, le groupe Hachette est racheté par l’industriel Matra. Une vague de licenciements marque alors l’entreprise à présent dirigée par Jean-Luc Lagardère qui s’assoit dans le fauteuil de Président du conseil d’administration jusque-là occupé par Jacques Marchandise. Dès janvier, une partie des dirigeants quitte l’entreprise à son tour. Parmi eux, Didier Fouret abandonne sa place d’administrateur. L’heure de la retraite n’a toutefois pas encore sonné. Surtout, le lien avec Disney n’est pas rompu. Dès 1979, Didier Fouret manifeste le plus grand intérêt pour Epcot, alors en cours de construction. Observant l’édification du World Showcase, il suggère à la direction de l’époque d’ouvrir un restaurant gastronomique au cœur du Pavillon français. Paul Bocuse, Gaston Lenôtre et Roger Vergé sont rapidement mis dans la boucle. Possédant chacun plusieurs étoiles au Michelin, les trois pontes s’associent bientôt avec Fouret pour fonder le restaurant Les Chefs de France inauguré en 1982 en même temps qu’Epcot.
Au cours d’une carrière longue de plus de quarante ans, Didier Fouret n’aura eu de cesse de promouvoir les personnages Disney en France mais aussi l’image de la France aux États-Unis, et ce jusqu’à son décès survenu le 5 juillet 1989. Il avait soixante-deux ans... « Didier était un très bon ami de Disney », notait Card Walker, jadis Président des Walt Disney Productions, « Il nous a aidés dans le domaine de l’édition durant de nombreuses années et a permis de développer des publications devenues très populaires en France ».