Marge Champion
Date de naissance : Le 02 septembre 1919 Lieu de Naissance : Los Angeles, en Californie, aux États-Unis Date de Décès : Le 21 octobre 2020 Lieu de Décès : Los Angeles, en Californie, aux États-Unis |
Nationalité : Américaine Profession : Actrice Danseuse Chrorégraphe |
La biographie
En 1937, Walt Disney révolutionne le cinéma en offrant au public le premier long-métrage animé et en couleur jamais réalisé, Blanche Neige et les Sept Nains. Présenté le 21 décembre lors d’une formidable avant-première organisée au sein du prestigieux Carthay Circle Theater de Los Angeles, le film entre alors dans l’Histoire et continue, des décennies plus tard, d’enchanter le public de tous âges. Lancée en 1934, la production du chef-d’œuvre n’a cependant pas été de tout repos. Première expérience du genre pour les artistes des studios, le long-métrage a nécessité en effet que chacun retravaille son art pour l’amener à une perfection jusqu’alors jamais égalée. Pour définir l’apparence de l’héroïne, la belle princesse Blanche Neige, les dessinateurs se sont alors notamment inspirés de certaines actrices de l’époque à la mode parmi lesquelles la charmante Janet Gaynor. Et pour lui donner vie avec des mouvements et des attitudes réalistes, ils ont surtout pu compter sur la participation d’un tout jeune talent, la ravissante Marjorie Belcher.
Marjorie Celeste Belcher est née à Los Angeles le mardi 2 septembre 1919. Son père, Ernest, est alors un professeur de danse renommé à Hollywood. Parmi ses élèves figurent en effet notamment d’incroyables vedettes telles que Shirley Temple, Betty Grable, Cyd Charisse, Gwen Verdon, Joan Crawford et Gower Champion. Sa mère, Gladys Lee Baskette, est elle aussi une artiste dans l’âme. Sa demi-sœur, Lina Basquette, née d’un premier mariage entre sa maman et Frank Baskette, a elle-même démarré une carrière d’actrice dans le muet dès l’âge de douze ans.
Marjorie Belcher s’épanouit donc dans cette famille d’artistes et commence la danse dès le plus jeune âge. Suivant les leçons de son père, elle quitte Los Angeles pour New York alors qu’elle n’a que cinq ans. Là-bas, elle débute modestement une carrière d’enfant-star et se produit notamment aux côtés de Louis Hightower. En 1930, de retour sur la côte Ouest, elle fait ses débuts sur la scène du prestigieux Hollywood Bowl dans le ballet Le Carnaval de Venise. Un an plus tard, elle commence même à enseigner la danse au sein de l’école de son père. Dans le même temps, elle suit son cursus scolaire à l’Hollywood High School où elle chante sur la scène du Girls’ Senior Glee Club et participe à l’opérette The Red Mill dans le rôle de Tina.
Diplômée dès 1936, elle est engagée dès 1935 par les studios Disney qui cherchent alors un modèle pour aider les animateurs à dessiner de la manière la plus réaliste possible la vedette de leur nouveau projet, Blanche Neige. Pour ce faire, les directeurs de casting joignent Ernest Belcher qui leur propose de passer à son école pour examiner les candidates potentielles. Marjorie, du haut de ses seize ans à peine, est choisie au milieu d’une quinzaine d’autres jeunes filles. Dans les jours suivants cette audition improvisée, elle est invitée à venir aux studios. Vêtue d’un costume semblable à celui de la princesse, elle exécute des jours durant quelques pas de danse et mime certaines scènes devant les dessinateurs, en particulier Grim Natwick et son équipe qui n’en perdent pas une miette et réalisent des centaines de croquis de référence. Des photographies sont par là même réalisées. Belcher endosse aussi au passage un costume un peu bizarre pour figurer la danse que Simplet, monté sur les épaules d’Atchoum, exécute avec Blanche Neige. Hasard des castings, la jeune femme apprend que son ancien partenaire à la scène, Louis Hightower, a quant à lui été embauché pour servir de modèle au prince ! Hasard de la vie, Majorie Belcher croise la route d’Arthur Babbitt, l’artiste responsable de l’animation de la Reine. Tous les deux se marient en 1937.
Après Blanche Neige et les Sept Nains, Marjorie Belcher est une nouvelle fois appelée par les studios Disney. Cette fois, il s’agit d’incarner la magnifique Fée Bleue, l’enchanteresse qui donne vie à Pinocchio dans le deuxième grand classique animé mis en chantier par Disney dès 1937. Dans le même temps, la jeune femme exécute quelques pas de danse étudiés par les animateurs au travail sur La Danse des Heures, l’une des séquences de Fantasia inspirée de la partition d’Amilcare Ponchielli dans laquelle des hippopotames, des autruches, des éléphantes et des alligators dansent le ballet. Belcher se rappelle en outre avoir servi de modèle à la cigogne de Dumbo.
La carrière de Marjorie Belcher se poursuit hors des studios Disney avec une apparition dans le court-métrage Sunday Night at the Trocadero, dans Delinquent Parents et Honor of the West où son nom est changé en Marjorie Bell, puis aux côtés de Fred Astaire et Ginger Rogers dans le long-métrage La Grande Farandole réalisé par H. C. Potter en 1939. Elle joue aussi le rôle d’une étudiante dans What a Life de Theodore Reed. La jeune femme n’est pas créditée mais elle prend tout de suite goût pour la comédie. Elle imagine déjà débuter une carrière sur les planches de New York. Sa taille modeste termine de doucher ses espoirs. Belcher n’est soi-disant pas assez grande. Les portes des ballets se ferment les unes après les autres. À la même époque, son mariage avec Art Babbitt commence à battre de l’aile. Leur divorce est prononcé en 1940.
À l’affiche des spectacles What’s Up, Dark of the Moon et Beggar’s Holiday, Marjorie Belcher devient Marge Champion en 1947 suite à son mariage avec Gower Champion, l’une des grandes vedettes de la danse de l’époque qu’elle avait rencontré des années plus tôt à la Bancroft Junior High School ainsi que dans l’école de son père. Tous les deux forment alors un couple magnifique qui se produit à Broadway et apparaît au cinéma. Placés sous contrat par la MGM, ils jouent ainsi ensemble durant près de deux décennies dans des films comme La Pluie qui Chante de Richard Whorf, Show Boat de George Sidney, Les Rois de la Couture de Vincente Minnelli et Mervyn LeRoy, et obtiennent même les premiers rôles dans Donnez-Lui une Chance de Stanley Donen et Tout le Plaisir est Pour Moi de H. C. Potter. Parents de deux fils, Blake et Gregg, Marge et Gower Champion remplissent les salles et deviennent de véritables stars du petit et du grand écran. En 1955, elle triomphe dans 3 for Tonight, son dernier spectacle à Broadway pour des décennies. Avec Gower, elle apparaît dans The Red Skelton Show, General Electric Theater, The United States Steel Hour, The Dinah Shore Chevy Show, Toast of the Town... Durant l’été 1957, le couple obtient sa propre émission de télévision, The Marge and Gower Champion Show, dans laquelle elle joue une danseuse et lui un chorégraphe. En 1964, Marge Champion est engagée comme consultante pour les chorégraphies d’Hello, Dolly !.
Marge et Gower Champion divorcent finalement en janvier 1973. Leur carrière a déjà sévèrement ralenti. Durant la décennie 1960, Marjorie n’apparaît que dans deux longs-métrages, La Party de Blake Edwards et Le Plongeon de Frank Perry et Sydney Pollack. Toujours présente sur les planches, elle devient coach vocal sur la série télévisée The Awakening Land. Professeur de danse et chorégraphe à New York, elle participe à la mise en scène de spectacles comme Whose Life Is It Anyway?, The Day of the Locust et Queen of the Stardust Ballroom qui lui vaut d’être récompensée par un Emmy Award. Recevant comme Gower son étoile sur le Hollywood Walk of Fame , elle utilise en outre sa renommée pour s’engager dans diverses œuvres caritatives. Avec la comédienne Marilee Zdenek et le chorégraphe John West, elle participe à des actions pour le compte de l’Église presbytérienne de Bel Air. Avec Zdenek, elle signe deux livres, Catch the New Wind et God Is a Verb.
Marge Belcher se remarie une troisième fois en 1977 avec le réalisateur Boris Sagal. Leur romance s’arrête brusquement quatre ans plus tard, le 22 mai 1981, lorsque ce dernier est tué dans un accident d’hélicoptère durant le tournage de la série Word War II. Apparaissant furtivement dans la série Fame en 1982 où elle incarne le rôle d’une professeur de danse raciste, sa peine est d’autant plus immense en 1987 lorsque son fils Blake se tue dans un accident de voiture. Mettant dès lors sa carrière entre parenthèses, la comédienne ne revient à Broadway qu’en 2001 aux côtés de Donald Saddler dans une nouvelle version de Follies. Elle a alors quatre-vingt-un ans !
Six ans plus tard, en 2007, les studios Disney l’élèvent au rang de Disney Legend, la même année que son premier mari, Art Babbitt. En 2009, son nom est inscrit au National Museum of Dance’s Mr. & Mrs. Cornelius Vanderbilt Whitney Hall of Fame qui honore les grandes vedettes de la danse. Un Douglas Watt Lifetime Achievement Award couronne sa carrière en 2019 durant la cérémonie des Fred and Adele Astaire Awards.
Véritable star aux États-Unis, Marge Belcher est décédée le mercredi 21 octobre 2020 à l’âge de cent-un ans. Assez méconnue hors d’Amérique, sa mort a alors provoqué une vague d’hommages à travers tout le pays, synonyme de cette affection pour celle qui, dans les années 1930 et 1940, a marqué à sa manière l’Histoire des studios Disney.