Betty Lou Gerson
Date de naissance : Le 20 avril 1914 Lieu de Naissance : Chattanooga, dans le Tennessee, aux États-Unis Date de Décès : Le 12 janvier 1999 Lieu de Décès : Los Angeles, en Californie, aux États-Unis |
Nationalité : Américaine Profession : Actrice |
La biographie
Lorsqu’il s’attèle à la production d’un nouveau projet de long-métrage animé, Walt Disney mise systématiquement sur quatre ingrédients qu’il juge absolument indispensables : un script rythmé et plein de vie, la virtuosité de ses artistes et de ses animateurs, une bande originale mélodieuse et imaginative et des voix remarquables pour chacun de ses personnages. Parmi ses acteurs favoris, figure alors notamment une comédienne de grand talent, Betty Lou Gerson, restée à la postérité pour son inoubliable interprétation de Cruella d’Enfer dans Les 101 Dalmatiens.
Betty Lou Gerson est née le 20 avril 1914 à Chattanooga, dans le Tennessee, au sein d’une famille aisée qui, très tôt, s’installe à Birmingham, en Alabama, où la comédienne passe une bonne partie de son enfance au sein de différentes écoles privées. Elle a alors six ans lorsqu’elle monte pour la première fois sur les planches dans une pièce créée par sa classe. Suivant ses parents jusqu’en Floride, la jeune Betty poursuit sa scolarité à Miami avant un ultime déménagement à Chicago, dans l’Illinois, où son père a obtenu un poste de président dans une entreprise de sidérurgie. C’est là que Gerson débute sa carrière de comédienne à la radio en 1935 dans l’émission The First Nighter Program, un feuilleton quotidien mis à l’antenne sur NBC Blue Radio le 27 novembre 1930 avec Charles P. Hughes en tête d’affiche. Elle se fait immédiatement un nom en devenant en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire la « Soap Opera Queen of Chicago ».
Donnant souvent la réplique au comédien Don Ameche dans des séquences de comédie romantique, Betty Lou Gerson quitte la série en 1936. Mariée à Joseph T. Ainley, le directeur radio de la Leo Burnett Company à qui elle dit "oui" lors d’une cérémonie à la Fourth Presbyterian Church de Chicago, elle part alors s’installer à New York. Là, elle continue sa carrière d’actrice en participant à différents programmes radiophoniques. En 1938, elle incarne ainsi Constance dans Arnold Grimm’s Daughters puis le rôle principal de Julia dans Midstream. Elle joue Karen Adams dans Women in White puis se glisse dans la peau de l’infirmière Helen Gowan dans Road of Life. Elle interprète également le personnage de Marilyn Larimore aux côtés de l’actrice Barbara Luddy dans Lonely Women, un soap-opera qui dure un an et dont le premier épisode est diffusé sur les ondes de NBC le 29 juin 1942. Retrouvant ce dernier rôle dans Today's Children en 1943, Gerson poursuit en jouant Charlotte Wilson dans The Guiding Light, l’une des séries radiodiffusées les plus populaires de l’époque créée par Irna Phillips et Emmons Carlson.
Dans les années 1940, Betty Lou Gerson quitte la côte Est pour Los Angeles, où elle est engagée sur les séries The Whistler, Mr. President, Crime Classics, Escape, Yours Truly et Johnny Dollar. Membre récurrente de la troupe du Lux Radio Theater, elle incarne aussi Glinda dans la version radiophonique du (Le) Magicien d’Oz. Le cinéma lui ouvre alors finalement ses portes à la fin des années 1940. Betty Lou Gerson apparaît ainsi dans Le Charlatan, un film noir d’Edmund Goulding avec Tyrone Power et Joan Blondell. Elle enchaîne ensuite avec The Red Menace, une production anti-communiste réalisée par R. G. Springsteen avec Robert Rockwell et Hannelore Axman (1949), puis avec Undercover Girl de Joseph Pevney (1950).
Son travail à la radio, très plébiscité par le public, vaut bientôt à Betty Lou Gerson d’être repérée par Walt Disney, qui lui offre la narration de Cendrillon. Interprète de Johnny Modero dans Pier 23, elle marque ensuite les esprits en jouant dans l’épisode The Soap Opera Caper de la série policière The Adventures of Sam Space, diffusé à la radio sur les ondes de la station NBC le 16 février 1951 et dans lequel elle incarne un personne dont les intonations et l’hystérie ne sont pas sans rappeler une sorte de Cruella avant l’heure. La comédienne complète en parallèle sa filmographie avec des apparitions dans An Annapolis Story de Don Siegel, avec John Derek et Diana Lynn (1955). Suit A Day in the Sun, un épisode de la série télévisée The Walter Winchell File, diffusé sur ABC, puis les longs-métrages The Green-Eyed Blonde de Bernard Girard, dans lequel elle n’est pas créditée, La Mouche Noire, un film d’horreur de Kurt Neumann avec Vincent Price (1958), et enfin le western The Miracle of the Hills de Paul Landres avec Rex Reason (1959).
La consécration arrive cependant grâce à un rôle tout à fait inattendu, celui de Cruella d’Enfer dans le classique animé Les 101 Dalmatiens réalisé par Clyde Geronimi, Hamilton Luske et Wolfgang Reitherman d’après l’œuvre de Dodie Smith. Betty Lou Gerson offre en effet une prestation époustouflante dans le rôle de l’hystérique et incontrôlable Cruella. Donnant la réplique à Ben Wright dans le rôle de Roger Radcliff, Lisa Davis dans celui d’Anita et Frederick Worlock et J. Pat O’Malley qui forment le duo Horace et Jasper Baddun, l’actrice est absolument formidable lors des enregistrements. Également tenancière du rôle de Miss Birdwell, elle devient une source d’inspiration extraordinaire pour l’animateur Marc Davis qui donne vie sur le papier à celle qui devient rapidement l’une des plus grandes méchantes de Disney. « Cette voix était la meilleure chose avec laquelle j’ai eu la chance de travailler », déclarait alors l’artiste dans un entretien réalisé à la fin des années 1990, « Une voix telle que celle de Betty Lou vous donne du grain à moudre. Vous avez en effet entre les mains une superbe performance et si vous ne sautez pas sur l’occasion, c’est que vous êtes carrément à côté de la plaque ».
Bien que Walt Disney ait avoué ne pas avoir du tout aimé le style graphique des (Les) 101 Dalmatiens, il ne peut nier que Gerson a donné au film un souffle incroyable. Le succès est d’ailleurs au rendez-vous et le dessin animé devient l’un des plus grands succès de l’année aux États-Unis et dans le monde. Disney donne alors à Gerson l’occasion de refaire une très courte apparition au cinéma dans Mary Poppins (1964), dans lequel elle incarne brièvement la vieille mendiante qui terrorise Jeanne et Michael Banks après qu'ils se sont enfuis de la banque dans laquelle leur père travaille.
À la télévision, Betty Lou Gerson devient un visage familier des spectateurs en apparaissant dans trois épisodes de la série Perry Mason ainsi que dans des dizaines d’autres séries parmi lesquelles The Twilight Zone, The Dick Van Dyke Show, Gang Busters, Schlitz Playhouse, The Pepsi-Cola Playhouse, Les Incorruptibles, The Mickey Rooney Show, Papa a Raison, The Loretta Young Show, Hazel, Wanted Dead or Alive, 77 Sunset Strip et The Rifleman. Après la mort de son mari survenue en 1965, l’actrice se retire toutefois des plateaux en 1966 et collabore ensuite dans l’ombre avec son second mari, Louis R. (Lou) Lauria qu’elle épouse en 1966.
Membre de la Screen Actors Guild, soutien important du Motion Picture Television Fund, l’association venant en aide aux artisans du cinéma dans le besoin, et présidente du comité de soutien du Parti démocrate en Californie, Betty Lou Gerson ne revient au cinéma qu’en 1985. Cette année-là, elle incarne Rosella dans le drame Mémoires du Texas de Peter Masterson avec Geraldine Chaplin et John Heard. Veuve pour la seconde fois en 1994, elle sort une nouvelle fois de sa retraite en 1997 pour prêter sa voix au personnage de Frances Albacore dans le long-métrage animé Danny, le Chat Superstar de Mark Dindall. C’est alors son ultime rôle.
Honorée par un Disney Legends Award en 1996, Betty Lou Gerson disparaît le 12 janvier 1999 des suites des complications provoquées par une crise cardiaque. Elle avait quatre-vingt-quatre ans. Méconnue en dehors des États-Unis, elle laisse alors en héritage son interprétation extraordinaire de Cruella, certainement son plus grand rôle élevé en 2003 à la 39e place des cent meilleurs héros et méchants du cinéma désignés par l’American Film Institute. « Cruella était un personnage si extravagant », confiait-elle lors d’une interview réalisée à la fin de sa vie, « et c’est exactement comme cela que je l’ai jouée. Elle était si drôle, mais jamais je n’aurais imaginé qu’elle deviendrait un personnage culte. C’est incroyable de se dire que dans quarante, cinquante, soixante ans, ce travail continuera d’être connu et apprécié ».