Bill Garity
Date de naissance :
Le 02 avril 1899
Lieu de Naissance :
Brooklyn, dans l’État de New York, aux États-Unis
Date de Décès :
Le 16 septembre 1971
Lieu de Décès :
Los Angeles, en Californie, aux États-Unis
Nationalité :
Américaine
Profession :
Ingénieur

La biographie

rédigée par
Publié le 19 septembre 2024

Dès le début de sa carrière, Walt Disney a cherché à se démarquer de la concurrence en offrant aux spectateurs des expériences inédites. Pour ce faire, il s’est attaché les services des meilleurs artistes mais également des meilleurs techniciens afin de concevoir des films et des modes de projection totalement novateurs. Au milieu des nombreux talents dont il s’est entouré, figure notamment l’ingénieur Bill Garity, un pionnier à l’origine, entre autres, de la perspective dans le dessin animé et du son stéréophonique dans les salles de cinéma.


Mary Weiser, Walt Disney et Bill Garity

William E. (Bill) Garity voit le jour le 2 avril 1899 dans l’arrondissement de Brooklyn, au sud de New York. Quatrième fils de John Joseph Garity et Mary Anne Kane, il grandit aux côtés de ses frères Thomas et Charles, mais ne connaît pas Edward, décédé deux ans avant sa naissance. Élève du Pratt Institute of Art, il intègre l’armée américaine, alors engagée dès avril 1917 dans la Première Guerre mondiale. Durant deux ans, il travaille ainsi pour la section Recherche et Développement de l’U.S. Signal Corps, la branche chargée de tester et fournir les systèmes de communication. De retour à la vie civile en 1919, Garity fait bientôt la rencontre de Lee De Forest, l’un des grands pionniers américains dans le domaine des transmissions et de l’électronique avec qui il travaille notamment sur un système innovant de son optique intégré à la pellicule d’un film.


Lee De Forest et sa caméra Phonofilm (1927)

Alors que le cinéma sonore n’en est encore qu’à ses premiers balbutiements, ce nouveau système, nommé Phonofilm, est absolument révolutionnaire. Imaginé dès 1919, il permet d’enregistrer le son sous la forme d’une ligne dont l’épaisseur, variable, est directement imprimée sur la pellicule 35 mm. Au moment de la projection, celle-ci est alors lue et reconvertie en ondes sonores parfaitement synchronisées avec les images diffusées sur l’écran. La société De Forest Phonofilm Company souffre cependant rapidement d’un manque d’intérêt flagrant de la part des grands studios hollywoodiens. L’invention est par ailleurs concurrencée par le Photophone de RCA et le Vitaphone développé par Warner Bros.. Après la faillite de De Forest en 1926, son invention est reprise par Fox sous l’appellation Movietone. En juin 1927, le producteur Pat Powers débauche par ailleurs certains de ses partenaires, en particulier William Garity qui, à l’époque, vient d’installer au sein du Capitol Theatre de New York un tout nouveau système audio pour accompagner la projection des premières actualités sonores montrant au public la grande réception organisée à Washington en l’honneur de Charles Lindbergh après sa traversée de l’Atlantique.


Walt Disney, Wilfred Jackson, Earl Duvall et Bill Garity

À présent employé par Pat Powers, Bill Garity est chargé de concevoir une copie du Phonofilm baptisée Powers Cinephone. Croulant sous les dettes, Lee De Forest est alors dans l’incapacité totale d’attaquer Powers et Garity pour plagiat et contrefaçon. Durant l’été 1928, quelques mois seulement après l’invention du Powers Cinephone, William Garity fait la rencontre de Walt Disney. Celui-ci cherche en effet à damer le pion de la concurrence en produisant le tout premier court-métrage animé et sonore. Son choix se porte sur la troisième aventure de Mickey Mouse, Willie, le Bateau à Vapeur. Pendant que ses artistes dessinent le petit héros et ses compagnons, Walt se rend à New York afin de trouver un partenaire pour la création d’une bande sonore. La démonstration du Photophone de RCA à laquelle il assiste ne le convainc pas. Surtout, le procédé est jugé trop cher et trop compliqué. Lors d’une rencontre en septembre 1928, Pat Powers lui propose finalement son aide. Disney accepte de s’engager à ses côtés. Durant dix ans, il pourra utiliser à sa guise le procédé Cinephone en échange du paiement du matériel puis d’une redevance de 26 000 dollars par an. Bill Garity est alors missionné pour mettre en place toute l’installation nécessaire pour enregistrer les effets sonores et la partition de Willie, le Bateau à Vapeur dirigée par Carl Edouarde, l’ancien chef d’orchestre du Strand Theatre.


Willie, le Bateau à Vapeur (1928)

Grâce à l’aide de William Garity, Walt Disney parvient à finir son dessin animé. Projeté pour la première fois sur l’écran du Colony Theatre de New York, Willie, le Bateau à Vapeur subjugue alors le public. Mieux, le film marque d’une pierre blanche toute l’Histoire du cinéma. D’autres cartoons suivent rapidement, en particulier ceux de la collection des Silly Symphonies dont les intrigues reposent en grande partie sur la musique elle-même. Fort de ses succès, Walt Disney ne tarde pas à mettre sur pied une nouvelle société, The Disney Film Recording Company. Son objectif est alors simple : rapatrier à Los Angeles tout le système d’enregistrement installé dans les locaux de Pat Powers à New York. Pour stocker tout ce matériel, Walt loue l'un des entrepôts des Tec-Art Studios situés sur Melrose Avenue. Invité à rejoindre les équipes des studios, Bill Garity est lui-même nommé directeur de ce qui est à l’époque le tout premier studio d’enregistrement de la côte Ouest.


Les Tec-Art Studios (1929)

Engagé en 1929, William Garity est supposé rester à Los Angeles pour une durée de deux mois, le temps de former les équipes de Disney. Finalement, il ne retourne pas à New York et devient un employé à part entière des studios. Il est bientôt rejoint par George Lowerre, ainsi que par C.O. Slyfield et Robert O. Cook, deux anciens employés des Tec-Art Studios. Ensemble, les quatre hommes se servent du Cinephone de Powers pour constituer une bibliothèque contenant des milliers d’effets sonores ensuite utilisés dans les différents cartoons en production. Les studios Disney étant des précurseurs dans le domaine du son, ils sont parfois mis à la disposition de la concurrence. Bill Garity collabore ainsi à la création de films comme Firebrand Jordan (1930), Beyond the Rio Grande (1930) et Ridin’ Law (1930). L’ingénieur intègre par ailleurs au même moment la Mickey Team, l’équipe de polo des studios à laquelle appartiennent aussi Walt, Roy et quelques artistes tels que Jack Cutting et Dick Lundy.


La Caméra Multiplane (1937)

Sans cesse à la pointe de la technologie, Walt Disney lance bientôt un nouveau défi à ses ingénieurs. Juste après avoir démarré la production de Blanche Neige et les Sept Nains, le premier long-métrage sonore et en couleur de l’Histoire, il leur demande en effet de concevoir un nouveau système permettant d’offrir de la profondeur de champ à ses films. Garity et ses collègues disposent alors d’une enveloppe confortable de 75 000 dollars. Pendant plusieurs semaines, tous réfléchissent au meilleur moyen de créer cette perspective que Walt Disney désire tant. Épaulés par les animateurs James Algar, Ken Anderson et Cy Young, ils mettent au point une nouvelle caméra surnommée la Multiplane. L’idée consiste à remplacer le traditionnel décor réalisé sur un panneau par un fond divisé en sept plans distincts peints sur des plaques de verres indépendantes les unes des autres. Placées sur les différents étages d’une structure métallique, celles-ci sont filmées par une caméra placée au sommet. Au fur et à mesure que la caméra zoome, les éléments les plus prêts de l’objectif disparaissent ainsi pour laisser apparaitre les plans suivants. Testée lors de la production du (Le) Vieux Moulin, l’invention de Garity et de ses collègues permet d’obtenir un résultats remarquable. Magistralement utilisée pour Blanche Neige et les Sept Nains puis Pinocchio et Bambi, la multiplane leur vaut de remporter un Oscar technique en 1938.


Oscar remis à Walt Disney pour Le Vieux Moulin (1938)

Chargé de réaliser la bande-annonce de Blanche Neige et les Sept Nains durant laquelle Walt présente chacun des petits bonshommes au public ainsi que le documentaire A Trip Through the Walt Disney Studios dans lequel sont dévoilés les secrets de fabrication des films Disney, William Garity est associé à la production de L’Apprenti Sorcier. Avec les compositeurs Leigh Harline et Edward Plumb, c’est notamment à lui qu’incombe la mission de préparer le plateau d’enregistrement sur lequel le maestro Leopold Stokowski enregistrera la partition de Paul Dukas. Les locaux de Disney étant trop exigus, l’orchestre de quatre-vingt-cinq musiciens est installé dans l’un des studios de David O. Selznick à Culver City. Nécessitant des méandres de câbles et une régie placée à l’extérieur, l’enregistrement a lieu dans la nuit du 9 au 10 janvier 1938. Le résultats n’est cependant pas à la hauteur, Stokowski faisant fis de la cadence réglée en amont par les animateurs, au grand dam de Garity, Harline, Plumb et Disney.


John N.A. Hawkins et Bill Garity au travail sur le système Fantasound (1940)

Lorsque L’Apprenti Sorcier donne naissance à un véritable concert filmé, Fantasia, Bill Garity collabore avec le mixeur John N.A. Hawkins et les ingénieurs de la société RCA pour concevoir un système sonore capable d’enchanter les spectateurs comme s’ils étaient assis dans une véritable salle de spectacle. Pour créer cette illusion, les deux techniciens inventent un nouveau procédé. Baptisé le Fantasound, celui-ci est composé de deux séries de haut-parleurs placés derrière l’écran et tout autour de la salle. Des amplificateurs et des caissons de basse sont ajoutés. Chacune des enceintes émet alors le son de l’une des trois pistes optiques sur lesquelles ont été imprimées tout ou partie de la musique. Bien que difficilement utilisé à l’époque, les salles de cinéma ne pouvant tous s’offrir ce nouvel équipement coûteux, le Fantasound marque la naissance du son stéréophonique. Walt Disney est primé de la Médaille du progrès. William Garity, John Hawkins et la société RCA sont récompensés par un Oscar d’honneur décerné en 1942.


Bill Garity (à droite) durant la construction des studios de Burbank (1939)

Chargé, parmi d’autres, de superviser la construction des tout nouveaux studios de Burbank inaugurés en 1940, Bill Garity se retrouve à la tête d’un département technique employant dix-huit ingénieurs chevronnés. Devenus l’un des plus grands esprits techniques d’Hollywood, il fait cependant le choix de quitter Disney en 1942. Toujours à la recherche de nouvelles innovations permettant de faire progresser l’industrie du cinéma, il sert durant la Seconde Guerre mondiale avant de quitter l’armée avec un grade de capitaine de l’U.S. Navy. Après le conflit, William Garity retrouve son épouse Madeleine. Professionnellement, il rejoint les rangs des studios Walter Lantz. Nommé directeur technique et superviseur de productions, il travaille sur la collection de cartoons avec Woody Woodpecker, en particulier les films Who’s Cookin’ Who? (1946), Bathing Buddies (1946), The Coo Coo Bird (1947), Woody the Giant Killer (1947), The Mad Hatter (1948), Wet Blanket Policy (1948), Wild and Woody! (1948) et Hypnotic Hick (1953). Garity collabore aussi à la création de certains épisodes de la série animée The Woody Woodpecker Show diffusée sur ABC entre 1957 et 1958, ainsi qu’à l’émission Spook-A-Nanny, un opus spécial réalisé pour les fêtes d’Halloween et distribué en salle le 10 octobre 1964.

Promu directeur de production et vice-président des Walter Lantz Studios, Bill Garity disparaît à Los Angeles le 16 septembre 1971 à l’âge de soixante-douze ans. « Bill reste un héros trop méconnu de l’histoire de Disney », notait Dave Smith, jadis chef émérite des archives des studios, « Grâce à ses efforts pionniers dans les domaines des caméras et du son, il a contribué à distinguer l’entreprise de ses concurrents. Dans le même temps, son expertise en matière de planification et de supervision a abouti à l’édification d’un studio particulièrement performant à Burbank ». En 1999, un Disney Legends Award couronne à titre posthume sa carrière.

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