Le Prix de la Victoire
L'Escadron Alphabet - 3
Titre original : Victory's Price Éditeur : Pocket Date de publication France : Le 08 décembre 2022 Genre : Science-fiction Label : Star Wars - Univers Officiel |
Auteur(s) : Alexander Freed Autre(s) Date(s) de Publication : Del Rey (US) : Le 2 mars 2021 Nombre de pages : 662 |
Le synopsis
La critique
L'Escadron Alphabet - 3 : Le Prix de la Victoire est le dernier volet d'une trilogie qui se déroule juste après Star Wars : Le Retour du Jedi.
Cette trilogie est confiée à Alexander Freed, un auteur surtout connu pour avoir été le scénariste des arcs du comics Légendes The Old Republic : Le Sang de l'Empire dans les numéros #4 à #6 mais aussi Soleils Perdus des numéros #7 à #11. Il a également scénarisé le comics Légendes Le Poing du Tyran de La Purge des Jedi et publié trois nouvelles : une relevant de l'Univers Légendes (The Last Battle of Colonel Jace Malcom) et deux de l'Officiel (One Thousand Levels Down et La Fin de l'Histoire). En 2015, il signe aussi son premier roman dans l'Univers Officiel, Battlefront : Twilight Company, dont le récit adapte le jeu vidéo sorti la même année avant d'enchaîner en 2017 sur la novélisation de Rogue One : A Star Wars Story.
Après deux tomes, L'Escadron Alphabet et L'Escadron Alphabet - 2 : Où l'Ombre s'Abat, au mieux poussifs, le troisième subit malheureusement encore quelques travers vus dans les précédents. L'auteur a décidément une propension à proposer un récit de guerre où les batailles, ici principalement spatiales, sont décrites avec précision. Elles sont d'ailleurs au nombre de deux dans le roman : celle de Chadawa et celle de Jakku. Dans les deux cas, tout y est souvent confus et brouillon si bien que le lecteur perd régulièrement le fil. Heureusement que l'emblématique Bataille de Jakku, qui va marquer la victoire définitive de la Nouvelle République face à l'Empire, un an après la Bataille d'Endor, est largement mieux racontée dans les romans Étoiles Perdues et Riposte : Chute de l'Empire. Dans L'Escadron Alphabet - 3 : Le Prix de la Victoire, Alexander Freed se concentre uniquement sur les escarmouches entre l'Escadre de l'Ombre de l'Empire et ce qu'il reste de l'Escadron Alphabet mené par la Nouvelle République ; le reste des combats étant laissé de côté dans un tumulte indistinct. Les combats sont intéressants mais ne donnent absolument pas une vision globale de ce qui passe au-dessus de la planète désertique, future terre d’accueil de Rey dans Star Wars : Le Réveil de la Force.
Pour autant, L'Escadron Alphabet - 3 : Le Prix de la Victoire s'avère le meilleur des trois tomes de la trilogie. Les efforts de l'auteur pour décrire et incarner ses personnages pendant deux tomes ont fini par payer. Si en trois romans, il a inutilement allongé son histoire, il arrive ici à se rattraper. Les enjeux de chacun des personnages sont en effet clairs et tous se rendent enfin attachants. Il aura donc fallu qu'ils soient poussés dans leurs limites psychiques, voire physiques pour certains, pour qu'ils révèlent tout leur potentiel. Alors qu'ils étaient presque tous antipathiques, ils arrivent désormais à être particulièrement humains malgré leurs failles et leurs blessures. Mieux encore, Alexander Freed propose pour chacun une vraie fin avec une conclusion satisfaisante. Le récit ne se termine ainsi pas en deux pages après la Bataille de Jakku ; au contraire, elle se donne le temps de proposer un vrai épilogue où les protagonistes profitent d'une nouvelle existence dans une galaxie en paix. Pour certains, il s'agit d'une vie encore plus improbable qu'ils n'auraient pu l'imaginer.
Pour Yrica Quell, la mort de Caern Adan, l'agent de la sécurité qui l'a engagée dans la Nouvelle République après sa désertion de l'Escadre de l'Ombre, ainsi que la mise hors-service d'IT-O, son droïde psychiatre, ne lui ont pas laissé beaucoup de choix. Leur disparition lors de la Bataille de Cerberon, alors que le reste de l'Escadron Alphabet venait d'apprendre ses responsabilités dans le massacre de Nacronis quand elle était une impériale, l'ont obligée à trouver une porte de sortie. Elle retourne ainsi auprès de son ancien mentor, Soran Keize, qui a repris le commandement de l'Escadre de l'Ombre. En retrouvant la confiance du haut gradé, elle a peut-être encore la possibilité d'aider la Nouvelle République. Elle tente donc de décortiquer le plan d'action de l'ennemi, de prévenir les troupes de la Générale Hera Syndulla des mouvements des Impériaux, de comprendre le pourquoi de l'existence de l'Escadre de l'Ombre, de découvrir les secrets du Messager de l'Empereur donnant ses ordres aux exterminateurs et, surtout, de sauver le maximum de vies pour enfin trouver l'absolution et se pardonner les crimes odieux qu'elle a commis.
Wyl Lark, pour sa part, ne se remet pas non plus de la Bataille de Cerberon. Il a dû prendre sur lui et devenir un officier de confiance, lui qui justement ne s'est jamais senti l'âme d'un chef. Il essaye donc de servir au mieux ceux qui restent de l'Escadron Alphabet, mais aussi d'autres escouades, ceci afin de mener la Nouvelle République à la victoire. En traquant l'Escadre de l'Ombre, il espère épargner le maximum de vies, qu'elles soient d'ailleurs républicaines ou impériales. Profondément humain, il est persuadé qu'il existe une part de bonté même parmi les pires assassins chez ses ennemis et il va tout faire pour ouvrir une brèche dans ce mur de violence. Quitte pour cela à mettre sa vie en jeu, alors qu'en réalité, il ne cherche qu'une chose : rentrer dans son monde natal Polyneus. Après tout, il est le dernier des 120, un groupe de volontaires de sa planète partis combattre l'Empire, à ne pas être rentré au bercail, vivant ou mort.
Nath Tensent s'est lui donné comme objectif de surveiller le jeune Lark. Mais depuis la Bataille de Cerberon où il l'a forcé à prendre ses responsabilités, leur relation amicale - si elle en a été vraiment une, se résumant plutôt en une franche camaraderie entre coéquipiers - s'est distendue. Il continue alors à protéger le gamin, mais de loin, tout en tenant le rôle d'agent du renseignement de la Nouvelle République qui lui est tombé dessus un peu par hasard. Et il se tient prêt à corriger les bourdes de Wyl Lark, s'il venait à flancher. Nath Tensent est et reste, même s'il ne veut pas l'admettre, la bouée de sauvetage des troupes de la Générale Syndulla. Du moins, tant qu'il réfrène sa nature profondément égoïste qui l'a gardé en vie jusqu'ici mais qui risque de lui faire préférer sa propre sécurité à toute autre considération...
Son passage dans la secte des Enfants du Soleil Vide n'a pas laissé Chass na Chadic indemne non plus. La Theelin a toujours eu du mal à savoir quoi faire de sa vie et elle appréhende la fin de la guerre plus que tout autre chose. Elle n'arrête ainsi pas de se poser des questions sur qui elle et ce qu'elle cherche. La secte, lors de son passage forcé sur Cerberon, lui avait en réalité fourni un échappatoire même si elle savait pertinemment que s'enfermer dans des préceptes faussement religieux n'était pas pour elle. L'apparente trahison de Yrica Quell lui donne un autre but : celui de traquer celle qui s'est considérée comme leur supérieure dans l'Escadron Alphabet mais qui au final leur a menti. Et si elle venait à mourir dans sa mission, celle-ci ou une autre, cela ne dérangerait pas Chass na Chadic. Cela réglerait, une bonne fois pour toutes, ses questionnements sans fin.
Le cinquième membre de l'Escadron Alphabet, Kairos, n'est pas en reste. Gravement blessée lors de la Bataille de Cerberon, les médecins ont dû dévoiler son apparence, qu'elle cherchait à garder secrète, pour la sauver. Depuis, le personnage qui était resté très mystérieux dans les deux précédents livres se sent incomplet. Alexander Freed donne enfin toutes les explications sur Kairos : d'où elle vient, pourquoi elle agit et pense si étrangement, ce qui lui est arrivé pour détester l'Empire au point de chercher à le stopper dans ses exactions. Son parcours est intéressant mais il n’empêche pas, malgré la tentative de l'auteur d'être original, d'avoir ici le personnage le moins intéressant des cinq membres de l'escadron. Arrivé au milieu du roman, une fois tout révélé, l'auteur ne sait visiblement plus trop quoi en faire. Il l'utilise comme il peut à la fin du récit avant de lui donner une conclusion en queue de poisson.
Parmi le reste des personnages, il sera apprécié l'impérial Soran Keize, désormais à la tête de l'Escadre de l'Ombre. Cet antagoniste est particulièrement intéressant car il n'est pas fatalement mauvais. Ayant certes perpétré des massacres, des génocides et des exterminations, il est parfaitement conscient des atrocités dont il est coupable. Il sait que rien ne peut les justifier mis à part avoir obéi aveuglément aux ordres. Mais persuadé que l'Empire perdra la guerre contre la Nouvelle République, il n'a alors qu'une obsession en tant qu'homme d'honneur : c'est de protéger au maximum ses hommes de la justice qu'il pense expéditive si ses soldats sont faits prisonniers par leur ennemi.
Il est également plaisant de retrouver le personnage de la Générale Hera Syndulla. Le roman fait ainsi le pont avec elle entre la fin de la série animée Star Wars : Rebels et la prochaine à prises de vues réelles Star Wars : Ahsoka. Le lecteur découvre ainsi comment la Twi'lek gère la fin de la guerre, notamment lors de la Bataille de Jakku. Le livre permet aussi d'en apprendre un peu plus sur sa vie personnelle, notamment les quelques lignes sur le devenir du fils qu'elle a eu avec Kanan Jarrus.
L'Escadron Alphabet - 3 : Le Prix de la Victoire aurait pu être aussi rébarbatif et ennuyeux que les deux premiers romans de la trilogie. Si ces derniers auraient pu être résumés en un seul, l'auteur se rattrape sur ce tome de conclusion en rendant enfin ses personnages attachants et en leur apportant une vraie fin tout en plaçant leurs destins lors d'un moment charnière de l'histoire galactique de l'Univers Star Wars.