Barbare
Titre original : Barbarian Production : New Regency Productions Almost Never Films Hammerstone Studios BoulderLight Pictures Vertigo Entertainment Date de sortie USA : Le 9 septembre 2022 Distribution : 20th Century Studios Genre : Horreur |
Réalisation : Zach Cregger Musique : Anna Dubrich Durée : 102 minutes |
Le synopsis
En déplacement à Détroit pour un entretien d’embauche, Tess Marshall s’arrête dans une maison reculée qu’elle a louée pour la nuit. À sa grande surprise, elle découvre que la demeure est déjà occupée par Keith, un homme étrange. Malgré cette situation inattendue, Tess accepte de cohabiter et de passer la soirée à ses côtés. S’ensuivent plusieurs évènements inquiétants et terrifiants… |
La critique
Produit par 20th Century Studios, distribué en salles aux États-Unis et diffusé sur Disney+ en France, où il n’a, injustement, pas les honneurs d’une sortie au cinéma, Barbare est une belle surprise dans le domaine de l’horreur, un film déconcertant, angoissant et intelligent qui ne lâche jamais son spectateur pour mieux le plonger dans son intrigue malsaine et cruelle.
Barbare est, avant tout, né de l’imagination de Zach Cregger, acteur, scénariste, réalisateur, producteur et vidéaste américain ayant fait ses premiers pas à la télévision dans l’émission à sketches The Whitest Kids U’ Know diffusée entre 2007 et 2011 aux États-Unis sur Fuse TV et IFC. Il est également connu pour ses rôles dans diverses sitcoms dans lesquelles il intègre le casting principal : Friends With Benefits, Guys With Kids et Wrecked. Au cinéma, il co-réalise les comédies Miss March et The Civil War on Drugs, dont il rédige également le scénario, et joue dans les Love & Air Sex, Date and Switch, Opening Night et Doubting Thomas. Barbare est donc le premier film d’horreur mis en scène par Zach Cregger, mais aussi son premier film en tant qu’unique réalisateur.
Zach Cregger a l’idée du scénario après avoir lu le livre La Peur Qui Vous Sauve : Comment Reconnaître et Prévenir la Violence (The Gift of Fear : Survival Signals That Protect Us from Violence) de Gavin de Becker. Paru en 1997, l’ouvrage décrit comment reconnaître divers signes précurseurs et avant-coureurs d’un danger, afin d’éviter des préjudices ou traumatismes potentiels et ce, en listant toute une série de contextes dans lesquels la violence peut être trouvée (l’école, le foyer, les espaces publics, le lieu de travail, les fréquentations). L’auteur apprend comment percer le mensonge dans un discours, réagir à une sympathie douteuse, déceler une intention cachée face à une attention non sollicitée et ainsi, anticiper un comportement déviant et y faire face pour éviter toute situation périlleuse. Conçu comme un thriller, La Peur Qui Vous Sauve est le livre le plus vendu en langue anglaise sur la violence dans la société, les abus et la sécurité.
Un des chapitres du livre retient particulièrement l’attention de Zach Cregger : il s’agit d’une section qui encourage les femmes à se fier à leur instinct et à déceler tous les signaux de danger dans leurs interactions avec les hommes pour se prémunir d’une agression potentielle et dont le sous-titre « Signaux de survie qui nous protègent contre la violence » sera prépondérant dans la rédaction du script. Fasciné par cette partie, Cregger rédige en effet dans un premier temps, uniquement par plaisir et sans projet en tête, un traitement de trente pages comprenant autant de signes d’alertes décrits dans l’ouvrage que possible, sans avoir de ligne directrice précise. Le scénario part d’un postulat assez simple, à savoir une femme devant faire face à un inconnu avec lequel elle fait connaissance et ignorant tous les signes avant-coureurs de danger qui pourraient l’inciter à se méfier de lui. Mais Cregger est convaincu de tenir un script suffisamment fourni et dense pour en faire un long-métrage et poursuit l’écriture, bien que n’ayant pas de plans à long terme, le scénariste craignant une intrigue trop prévisible. Il parvient néanmoins à conclure son histoire en incluant un twist au beau milieu de l’action, qui change totalement la structure du film afin de mieux surprendre le public et donner une autre interprétation au métrage.
Le scénario est alors proposé à différents distributeurs, dont les sociétés de productions A24 et Neon, spécialisées dans le cinéma indépendant, tandis que Cregger essuie plusieurs refus. Ce seront finalement BoulderLight Pictures et Vertigo Entertainment qui financeront le métrage, lequel prend dès lors le titre de Barbare. En 2020, le budget du film est plafonné à 3,5 millions de dollars, en grande partie grâce à un financement étranger, la plupart provenant de la société de production française Logical Pictures. Hélas, le fondateur de ladite entreprise décède en avril 2021. Incertain de l’avenir du film, Roy Lee, fondateur de Vertigo Entertainment, réussit malgré tout à obtenir le soutien financier de New Regency, qui a augmenté le budget à 4,5 millions de dollars et par conséquent, 20th Century Studios, maison mère de New Regency, devient le distributeur du film, qui sera donc réalisé par Zach Cregger.
Au casting de Barbare, les premiers rôles sont attribués à Georgina Campbell et Bill Skarsgård.
Actrice et mannequin anglaise, Georgina Campbell débute à la télévision (Casualty, Holby City, Doctors et Meurtres au Paradis) avant de remporter le British Academy Television Award de la meilleure actrice pour son rôle dans le téléfilm Murdered by My Boyfriend. Dès lors, elle se fait un nom auprès des téléspectateurs britanniques en intégrant le casting de plusieurs séries et mini-séries dont Flowers, Broadchurch et After Hours, puis aux États-Unis dans des séries fantastiques ou de science-fiction, dont Krypton, Black Mirror et Philip K. Dick’s Electric Dreams. Après être apparue dans quelques films au cinéma (Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur, All My Friends Hate Me), Barbare est le premier long-métrage dans lequel Campbell tient le rôle principal.
Face à elle, Bill Skarsgård, issu d’une fratrie essentiellement composée d’acteurs, démarre sa carrière en obtenant le rôle principal du film Simple Simon, qui lui vaut une nomination pour un Prix Guldbagge, haute distinction suédoise récompensant chaque année les meilleures performances au cinéma. Il enchaîne ensuite avec la série fantastique Hemlock Grove pour Netflix, puis quelques films dont Atomic Blonde et Divergente 3 : Au-Delà du Mur. Mais c’est surtout son interprétation de l’inquiétant clown Grippe-Sou dans les films d’horreur Ça et Ça : Chapitre II qui le fait connaître du grand public. L’acteur multiplie dès lors les personnages complexes au cinéma comme à la télévision dans des productions assez sombres (les films Assassination Nation, Villains, Le Diable, Tout le Temps, John Wick : Chapitre 4, les séries Castle Rock et Welcome to Derry) et d’autres destinées à un public plus large (Deadpool 2, Eternals). En 2022, il décroche le rôle principal d’Eric Draven dans une adaptation cinématographique de la bande dessinée The Crow de James O’Barr, trente ans après Brandon Lee.
À leurs côtés, figure également à la distribution Justin Long, acteur, réalisateur et scénariste, notamment dans des comédies (Galaxy Quest, Même Pas Mal ! (Dodgeball), La Coccinelle Revient, La Rupture, Idiocracy, Zack et Miri Font Un Porno, Alpha et Omega) et des films d’horreur (Jeepers Creepers, Jusqu’en Enfer, Tusk, House of Darkness), ainsi que des séries télévisées et du doublage (Ed, F is For Family, Skylanders Academy). Parmi les autres membres du casting, sont à noter Richard Brake (les films Batman Begins, 31, Mandy, 3 From Hell et les séries Game of Thrones, Absentia et Peaky Blinders) et Kurt Braunohler, humoriste, comédien et podcasteur américain.
Il serait assez regrettable d’évoquer Barbare en dévoilant toutes les péripéties qui s’enchaînent et les différents chemins empruntés par le scénario, qui ne s’autorise aucune limite en termes de rebondissements. Il faut reconnaître que le film n’a pas pour ambition de prendre le spectateur par la main tant l’intrigue, pourtant simple au premier abord, change complètement de dimension dans la seconde partie, donnant lieu à une interprétation totalement contraire.
Tess, une jeune femme en déplacement professionnel, arrive à la maison qu’elle a louée pour son court séjour, tard dans la nuit et sous une pluie battante, dans un quartier mal éclairé. Mais les clés de l’entrée ne sont pas dans le coffre-fort et un homme mystérieux nommé Keith l’accueille et affirme avoir lui aussi réservé les lieux pour la nuit. Tess, épuisée par le trajet et à court d’options, accepte de partager la maison avec cet étranger, mais alors que Keith apaise son appréhension, l’infortunée héroïne ne se rend pas compte du danger qui la menace. Keith dit-il la vérité ? Peut-elle se fier à cet inconnu ? Et d’où vient ce sentiment d’insécurité qui lui traverse l’esprit ? Est-ce le fait de passer une nuit avec un étranger ? Ou bien est-ce cette maison qui semble cacher de sombres secrets ?
Barbare crée d’emblée un malaise implacable. Tout dans les situations vécues par Tess est source d’ennuis ou de frustration, mais le scénario emprisonne constamment sa protagoniste sur place, ne lui laissant nulle part où aller. L’averse torrentielle combinée à l’inquiétude de voir que le lieu réservé pour la nuit est déjà occupé ne lui laisse qu’un bref instant pour s'apercevoir à quel point la rue est calme, déserte et plongée dans le noir. Un entretien d’embauche prévu le lendemain ne lui laisse pas non plus d’alternative et la jeune femme n’a pas d’autre choix que d’accepter la proposition de Keith de partager la maison. Toutes les chances possibles d’échapper à un sort funeste lui sont donc retirées et le spectateur attentif s’inquiète progressivement pour elle devant la multiplication des signaux avant-coureurs de danger. La tension est palpable et la méfiance laisse place à une peur constante, tant la menace ne provient pas forcément d’où elle est attendue. Tout se met en place de façon exponentielle et sans temps mort, non seulement pour laisser le temps au public de se familiariser avec Tess et d’instaurer cette sensation de malaise et d’incertitude.
Bien que la nuit se déroule plutôt agréablement, quelque chose ou quelqu’un dans la maison prend rapidement le dessus et donne à l’histoire une toute nouvelle direction. Dans presque chaque scène, le film surprend et défie les attentes. Les mouvements de caméra et la mise en scène de Cregger, accentuant les plans sombres et jouant avec l’obscurité, rendent la maison particulièrement froide et menaçante et insistent beaucoup sur la vision de son héroïne pour faire ressentir ses appréhensions et la crainte qui s’empare d’elle. Les deux protagonistes sont rarement filmés ensemble lors des scènes de dialogue, illustrant avec ingéniosité la distance et le sentiment d’inquiétude chez le spectateur. Barbare explore ainsi plusieurs sous-genres intelligemment placés et repousse les limites du thème classique de la maison hantée, ici agréablement remis au goût du jour. L’interprétation de Bill Skarsgård, habitué des productions fantastiques et des rôles complexes, parvient à semer le trouble sur les vraies intentions de Keith. Impossible de déceler avec certitude s’il est sincère ou si sa maladresse et ses attentions cachent une personnalité dérangée. Chacune de ses tentatives pour rassurer une Tess méfiante et dubitative nourrit les soupçons. Le duo formé par Georgina Campbell et Bill Skarsgård renforce cette sensation d’inconfort qui s’empare du spectateur.
Et soudain, sans prévenir, alors que le spectateur prend tout juste conscience de ce qui se produit sous ses yeux, tout bascule avec l’introduction d’un nouveau personnage. Il s’agit d’AJ, un acteur sur le point de voir sa carrière prendre l’eau - il apprend être impliqué dans une sombre affaire d’agression sexuelle - et actuel propriétaire de la maison où se déroule l’action. Une rupture de ton brutale et inattendue, qui transporte le métrage vers d’autres horizons, comme s’il racontait une histoire totalement différente avec juste quelques points communs : la fameuse maison où se sont déroulés les événements de la première partie. Par ce biais, Barbare enchaîne les fausses pistes en donnant des indices sur la nature du danger et sa provenance, sans jamais être clair. Le film encourage le public à se préparer à l’inattendu, tout en restant ambigu. Il devient alors impossible de prévoir ou même d’imaginer de quoi sera faite la suite des événements. Une manœuvre intelligente, maîtrisée et surprenante, qui dynamise l’intrigue pour captiver son audience, instaure une frayeur persistante et empêche le film de sombrer dans les clichés et la caricature.
C’est à cet instant que le métrage dévoile sa véritable nature, la terreur prend un autre visage et les vrais monstres, plus humains qu’il n’y paraît, font leur apparition. Il sera à noter l’interprétation très convaincante de Georgina Campbell, qui porte pratiquement le film à elle seule. Subissant une grande partie de l’action dans la première partie du film, Tess cache en parallèle une personnalité torturée, un passé traumatisant qui semble l’avoir profondément marquée, ce qui la pousse à être en permanence sur ses gardes, utilisant sa méfiance comme un mécanisme de défense. Fuyant heureusement le cliché de la demoiselle en détresse fragile, pleine de ressources, elle reprend peu à peu contrôle de la situation pour se transformer en survivante risquant sa vie pour sortir de cette maison en un seul morceau. Bill Skarsgård incarne un personnage mystérieux victime de cauchemars que Barbare s’amuse à présenter comme l’antagoniste, dont la courtoisie inquiète, mais qui paraît tout aussi victime des événements. Justin Long excelle en homme détestable, inconscient du mal qu’il sème autour de lui, mais qui devra faire preuve de courage et d’empathie pour atteindre la rédemption. Le film se permet également quelques notes d’humour afin d’adoucir la violence de son propos, notamment à travers AJ, qui n’a aucune conscience du danger qu’il encourt, ainsi que les petits moments de gêne lors des échanges tendus entre Tess et Keith.
En conséquence, ce qui semblait au départ un thriller classique prend dès lors des allures de comédie noire, avant de basculer dans des coins nettement sombres pour aborder une horreur beaucoup plus sordide et insidieuse, qui provoque autant la terreur que le dégoût. En toile de fond, Barbare aborde tout simplement la masculinité toxique et abusive, plus précisément le mal causé par la gent masculine et les abominations qu’elle laisse sur son passage. Très discrète sur son parcours, Tess dissimule des blessures internes qui semblent avoir un lien avec quelqu’un de son passé, d’où son choix de tout quitter pour démarrer une nouvelle vie dans une ville qu’elle ne connaît pas et y exercer un nouveau travail. Il est donc compréhensible qu’elle ait des difficultés à faire confiance à Keith et le soupçonne d’avoir des arrière-pensées. Du côté des personnages masculins, les attentions de Keith accusent une gentillesse douteuse et mal intentionnée propre à tout pervers narcissique, malgré sa volonté de bien faire. Quant à AJ, son arrogance, sa lâcheté et ses accusations d’agression sexuelle le font presque passer pour un monstre. Si ses actions n’égalent pas les horreurs commises par le véritable antagoniste et qu’il tente de se racheter au fil de l’intrigue, son caractère suffisant et autocentré le discrédite entièrement, même lorsqu’il essaie d’être héroïque. Or dans Barbare, les monstres ne sont pas toujours ceux que le film laisse croire. Il peut autant s’agir d’une personne aux intentions cachées que d’une abomination vivant cachée dans une galerie souterraine, un voisin faussement sympathique ou une célébrité se croyant intouchable du fait de son statut. Progressivement, les vérités éclatent, les secrets sont dévoilés et le spectateur assiste à une lente et épouvantable descente aux enfers.
Le réalisateur et scénariste Zach Cregger place de manière experte une imprévisibilité inébranlable et pour cela, renonce à la structure narrative traditionnelle qui veut que l’histoire se déroule sur une période prédéterminée et fluide. Le premier acte ressemble à une fiction complète et autonome avant que le script ne rompe complètement avec son intrigue de base et que de nouveaux éléments et personnages viennent enrichir un récit déjà dérangé et tortueux. Il joue avec les angoisses primaires du spectateur, telles la claustrophobie et la peur du noir, pour créer l’attente et l’interrogation, avant de tout dévoiler frontalement sans faire usage de jumpscares grossiers ou maladroits. En témoignent ce flashback pop et coloré, mais très inquiétant, qui revient au source du mal, ce mouvement de caméra montrant le quartier où est située la maison ou encore cette terrifiante traversée dans le sous-sol de la demeure où les hors-champs sont légion, indirectement inspirée du roman La Maison des Feuilles de Mark Z. Danielewski. De même, la figure horrifique met aussi mal à l’aise qu’elle inspire la pitié au fur et à mesure des révélations, au point que le spectateur finit presque par la prendre en sympathie et partager sa souffrance.
Tel un château de cartes, Cregger imbrique chaque intrigue dans une autre jusqu’à une révélation à la fois terrible et malaisante. Son objectif est clair, à savoir surprendre sans cesse son spectateur, qui ne sait jamais ce qui l’attend, jouer avec ses nerfs et son attente, lui laissant croire qu’il peut prédire ce qui va se passer pour mieux le prendre en traître. En ressort un thriller horrifique sadique et terrifiant qui n’a pas peur d’être aussi mordant avec son humour noir que ses scènes d’horreur. Bien qu’il y ait un commentaire à faire sur la façon dont Tess réagit et gère certaines situations par rapport à ses compagnons aussi malchanceux qu’elle, chaque coin sombre, silence ou interrogation est la promesse d’un moment de terreur. Personne n’est à l’abri d’un sursaut et chaque tressaillement est brutal. Certains spectateurs pourront néanmoins reprocher une dernière partie exagérément longue et explicative une fois le mystère dévoilé, sous forme de survival pur et simple, et ce, en dépit d’une découverte à l’impact durable et violent, sans oublier un final certes dantesque, digne des plus grandes fictions d’horreur, mais un peu expédié, qui achève le métrage sur une note légèrement frustrante.
Co-produit entre Regency Enterprises, Almost Never Films, Hammerstone Studios, BoulderLight Pictures et Vertigo Entertainement et distribué par 20th Century Studios, Barbare devait initialement être mis en ligne sur Hulu aux États-Unis. Or, les retours extrêmement positifs des projections tests encouragent Disney à préférer une distribution au cinéma. Ainsi, Barbare sort le 9 septembre 2022 dans les salles américaines, après une projection à la Comic-Con de San Diego le 22 juillet 2022. À l’international, le film sort le 20 octobre 2022 en Australie, le 27 octobre en Nouvelle-Zélande et le 28 octobre au Royaume-Uni. Dans certains pays européens dont la France, il est relégué directement sur la plateforme Disney+ en vidéo à la demande le 26 octobre 2022.
Au cinéma, Barbare démarre devant 2 340 salles et rapporte 10 millions de dollars le premier week-end, puis 6,3 millions lors du second. Une performance saluée par les spécialistes, lesquels ont analysé que la majorité des films d’horreur perdent nettement plus de spectateurs sur cette période. Le succès du métrage pousse les studios à projeter le film dans 550 salles américaines supplémentaires pour le troisième week-end, au cours duquel il rapporte 4,8 millions de dollars. Au total, il rapporte 40,9 millions de dollars de recettes aux États-Unis et au Canada, et 4,5 millions à l’international, pour un total mondial de 45,4 millions, contre un budget de production de seulement 4,5 millions de dollars. Sur les plateformes de vidéo à la demande, Barbare confirme ses bonnes performances sur grand écran, puisqu’il est le cinquième programme le plus visionné toute plateforme confondue la semaine du 26 octobre 2022, le deuxième plus visionné aux États-Unis la semaine du 24 octobre 2022 et le sixième celle du 7 novembre 2022. Selon l’agrégateur des performances de streaming JustWatch, Barbare est alors le second film le plus visionné en vidéo à la demande aux États-Unis du 31 octobre au 13 novembre 2022. Un grand succès pour un film d’horreur à petit budget que personne n’attendait et auquel les exécutifs ne croyaient pas entièrement, sans doute en raison de critiques très positives.
Le film est, en effet, très bien accueilli par la critique, qui trouve Barbare « intelligent, plein d’humour noir et surtout effrayant », salue la prestation des acteurs et félicite Zach Cregger de « proposer une aventure à sensations fortes et toujours imprévisible pour les amateurs d’horreur ». Parmi les points négatifs, les spécialistes notent une légère baisse de rythme dans la seconde partie du film et considèrent que la révélation n’a pas autant d’impact qu’espéré.
Il n’empêche que l'opus reçoit plusieurs récompenses au cours de certaines cérémonies, dont les Portland Critics Association Awards, les Phoenix Critics Circle et les Critics Choice Super Awards, au cours desquelles il remporte à chaque fois le Prix du Meilleur Film d’Horreur. Le film figure également parmi ceux ayant le plus respecté la parité dans la composition des équipes techniques, que ce soit l’écriture, le son, l’image et la mise en scène, en 2022, ce dans une volonté de meilleure représentation des femmes dans l’industrie du cinéma.
Redoutablement efficace, porté par un excellent casting, Barbare est un film d’horreur unique et inattendu, à l’ambiance oppressante et dérangeante, bien que souffrant çà et là de quelques longueurs. N’ayant pas peur de choquer et de secouer son public au détour de twists bien orchestrés, son réalisateur Zach Cregger signe une œuvre provocatrice et perturbante qui risque de déranger certains spectateurs.